Une anticipation dépassée par l'Histoire
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/12/2024
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J'espère que mon éditrice ira au bout de la publication de ma quadrilogie parce que plus on avance et plus ce que je raconte prend une tournure réaliste.
Je l'ai déjà écrit ici : ces quatre romans qui au départ sont rangés dans la catégorie "anticipation" finiront par devenir un récit historique.
En Suède, payer par carte ou via mobile est la norme. Mais avec le risque de guerre et de cyberattaques venues de l’Est, la Banque de Suède souhaite faire marche arrière en réintégrant l’argent en espèce dans le quotidien des Suédois.
Article rédigé par franceinfo - Ottilia Ferey
Radio France
Publié le 12/12/2024 16:20
Temps de lecture : 3min
La Suède aspirait encore récemment à devenir totalement "cashless" d'ici à 2030. Illustration. (OLASER / ISTOCK UNRELEASED/ GETTY)
La Suède est un eldorado de l’argent dématérialisé et pour trouver un distributeur, il faut s'armer de patience. On peut tout payer digitalement, sans minimum d’achat, que ce soit un paquet de chewing-gum, un ticket de bus ou même pour verser son obole à l’église. Quatre transactions sur cinq se font de façon électronique. Et la carte bleue est presque devenue "has been". Les Suédois utilisent Swish depuis 2012, un service de paiement instantané électronique mis en place par les banques du pays.
Le pays compte 10 millions d'habitants, technophiles et connectés pour la plupart, à l’image d’Anika qui fait ses courses au supermarché. "Je ne sais pas la dernière fois que j’ai eu de l’espèce sur moi, s'exclame-t-elle. J’y suis si peu familière que je ne sais même plus à quoi certaines pièces ressemblent." Même si on arrive à mettre la main sur des billets, encore faut-il pouvoir s’en servir, parce qu’en Suède, de nombreux commerces n’acceptent tout simplement pas le liquide. Même dans des cafés, bars, restaurants et magasins du centre de Stockholm, les commerçants répondent le plus souvent : "Swish ou carte, personne ne prend de l’espèce ici."
Une force transformée en talon d'Achille
Alors que la Banque de Suède est la plus ancienne banque centrale du monde - elle a été la première à imprimer des billets en Europe au XVIIe siècle - le royaume, connu comme précurseur, aspirait encore récemment à devenir totalement "cashless" d'ici à 2030. Mais la paix s’est fragilisée et les menaces en provenance de la Russie ont changé la donne. Dans le climat de tension actuel, la force digitale de la Suède et sa dépendance au numérique est un peu devenue son talon d’Achille.
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Si le système bancaire est attaqué, qu’Internet et l’électricité sont coupés, il faut avoir de l’espèce car les téléphones et autres cartes bancaires ne serviraient plus à rien. C’est d’ailleurs ce qui est recommandé dans la brochure envoyée en novembre 2024 à tous les Suédois. Ce petit guide explique quoi faire en cas de crise ou de guerre. Il faut bien se rendre compte que dans la région, la menace n'en est plus au stade de scénarios fictifs. En mars 2024, une cyberattaque d’ampleur(Nouvelle fenêtre) menée par un groupe de hackers russes sur un data center suédois a fortement perturbé les systèmes de paiement en ligne.
Pour lutter sur ce front-là, la Riksbank souhaite faire changer la loi pour que les commerçants qui vendent des biens essentiels, comme de la nourriture, des médicaments ou du carburant, soient obligés d'accepter les espèces. C'est déjà le cas de la Norvège, qui, depuis le 1er octobre, a introduit des amendes pour les magasins physiques qui refusent d'accepter les espèces.
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