Une nouvelle année
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/12/2019
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Compteur de la population mondiale :
http://www.compteur.net/compteur-population-mondiale/
Le 23 décembre 2019 à 10 h 30
Population mondiale : 7 652 179 502
Ce compteur va si vite qu'il est impossible d'identifier les unités. L'augmentation est constante.
Il est tout autant impossible de réaliser ce que ce nombre représente.
Est-ce que quelqu'un a une idée exacte du nombre de personnes présentes à un match de foot ou de rugby ou de toutes autres concentrations humaines ?
Le stade de France peut accueillir 81 338 personnes.
Essayez sur une image arrêtée de compter ces gens par paquets de dix. C'est hallucinant la vitesse à laquelle vous allez vous perdre.
« Est-ce que je l'ai déjà compté celui-là ? Oui, je crois bien. Ou alors, c'était l'autre à côté. »
Imaginez 800 000 personnes dans une même lieu.
Imaginez 1 800 000 personnes.
Imaginez que nous serons un jour prochain 8 000 000 000.
Oui, c'est étourdissant. Ou effrayant. Ou fascinant. Tout dépend le regard qu'on pose sur ces chiffres.
Imaginez maintenant la multiplicité affolante de situations que ce nombre contient, à chaque instant.
A chaque lettre que je tape sur mon clavier, en écrivant ce texte, il n'est même pas envisageable d'identifier tout ce qui se produit au même instant, dans cette masse gigantesque d'humains. L'idée même de tenter de saisir en un dixième de seconde tout ce qui se produit dans cette humanité est totalement absurde. Irréalisable.
Combien meurent au moment même où j'écris le mot ?
Combien naissent ?
Combien souffrent ? Combien aiment, rient, pleurent, contemplent, s'émerveillent ?
Combien sont morts le temps que j'écrive ces questions ? Combien sont nés ?
Non pas dans un délai subjectif mais juste à l’instant où j’écris la question. Le temps que je finisse cette phrase, dix personnes sont mortes, dix autres sont nées, onze sans doute, puisque cette population globale augmente.
Dans quelles circonstances ces individus sont décédés ?
Seules ou accompagnées, apaisées ou terrifiées, dans leur sommeil ou dans d’atroces douleurs, dans une souffrance morale insupportable ou dans une grande sérénité ?
C’est effrayant.
Les naissances se produisent-elles dans des circonstances protégées ou dans une totale incertitude ? Combien de bébés morts-nés, combien de mères décédées ?
Ce ne sont pas que des mots. Ce sont des faits. A chaque seconde.
Tout cela reste supportable parce que nous en sommes éloignés, parce que nous n’assistons pas réellement, de visu, à cette confrontation permanente entre la vie et la mort, entre ce chaos éternel de la création.
Qu’en est-il de ces milliers de décès le jour de Noël ou le jour de l’An ? Juste des dates insérées dans un mécanisme irréversible, une fausse réalité qui en vient à ignorer le Réel.
Nous allons donc souhaiter une bonne année aux gens qui nous sont proches, à ceux que nous aimons. Comme si cela pouvait avoir un quelconque effet sur ce Réel. C’est totalement immature, enfantin, désuet, dérisoire.
Mais nous allons le faire avec un amour réel. C’est là que se situe l’importance. Il n’en reste pas moins que nous devrions porter cette attention à l’ensemble de l’Humanité et plus vaste encore à l’ensemble de la Création, car si nous avons la possibilité de le faire, c’est que nous sommes en vie.
Bienvenue sur Terre à tous les petits d’hommes qui voient le jour.
Que ceux qui quittent ce séjour terrestre connaissent une fin la plus douce possible.
Est-ce qu'il serait juste et bon de souhaiter une bonne année aux animaux, aux végétaux, à la Terre entière ? On pourrait penser, dans nos esprits cartésiens d'occidentaux, que ça serait ridicule, que ça n'aurait aucun sens, que l'humain, au sommet de la création, n'a pas à se soucier de la vie qui l'entoure.
Mais qui serait-il en dehors de cette vie qui l'entoure ? Rien. Il serait mort.
Alors, oui, mes pensées se portent vers cette Création et je ne lui souhaite aucunement, pour autant, une bonne année.
Je souhaite juste que les Humains la préservent davantage. Non pas dans un quelconque intérêt mais par pur amour.
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