Atteindre l'orgasme littéraire.

AccueilLes toposComment atteindre l’orgasme ? Ou comment écrire une scène érotique qui marche…

01/12/17

Comment atteindre l’orgasme ? Ou comment écrire une scène érotique qui marche…

En littérature, une scène érotique réussie nécessite un immense travail de fond. Elle requiert une exigence de tous les instants aussi bien au niveau narratif, descriptif que lexical. Voici cinq conseils pour atteindre l’orgasme (littéraire) !

Par Mélanie Carpentier

Partager sur Facebook Twitter

 

Le contexte avant l’acte

Avant d’envisager tout passage à l’acte, il faut privilégier la structure de votre roman ou de votre nouvelle. En effet, toute bonne scène érotique doit s’inclure dans une histoire de qualité qui ait du sens. À vous de bien travailler le contexte général car le lecteur doit impérativement s’identifier et s’attacher aux personnages pour apprécier leurs ébats amoureux. Vos protagonistes doivent être « normaux », c’est-à-dire proches de notre quotidien ( Pas d'accord : on peut très bien utiliser la vie de gens qui ne nous ressemblent pas pour mieux cerner notre propre existence ) . C’est en pointant leurs failles que vous arriverez à les plonger dans des situations de vulnérabilité.

 

Le choix du narrateur

Dès le départ de votre écriture érotique, il vous faut vous positionner en tant que narrateur. Trois possibilités s’offrent à vous : le point de vue omniscient (vous savez tout sur vos personnages, à la fois ses sentiments et ses pensées), le point de vue interne (vous percevez la scène uniquement à travers un personnage) (C'est ce que je tente d'appliquer ) et le point de vue externe (vous restez un simple observateur de l’histoire). Gardez-le tout au long de l’histoire sous peine de perdre votre lecteur en cours de route.

Ecriture et caméra intérieure

L'écriture

La problématique de l'écriture (roman et spiritualité)

Evolution de l'écriture

 

Le poids des mots

Une fois que votre trame narrative est bien posée, il est temps d’emmener vos personnages au royaume de tous les plaisirs sexuels. Une scène érotique exige une écriture assez technique car, pour qu’elle soit réussie, elle doit faire monter le désir à travers des détails anatomiques. Le choix des mots est essentiel et c’est à vous de définir un champ lexical collant au ton général de votre roman. Plutôt délicat ou cru ? Avec poésie ou vulgarité ? C’est à vous de choisir votre bataille afin de contrôler au mieux l’ambiance et les personnages créés. Vous pouvez également doser subtilement le langage soutenu et les expressions plus « hard ».

Le piège des répétitions

Autre piège à éviter : celui des répétitions ! (C'est valable pour n'importe quel domaine... Quand j'écris un roman d'alpinisme, je constitue un panel de mots précis afin d'éviter les répétitions.)

Dans une scène érotique, certaines actions peuvent revenir. Pour s’en sortir brillamment, notez sur une feuille un lexique de mots se référant au sexe ou à un domaine précis du corps. Selon le ton de votre histoire, employez ensuite les expressions les plus appropriées qui colleront à la scène. Cette variété lexicale permet au lecteur d’entrer plus facilement dans la scène érotique.

 

Le plaisir par les sensations

Le lecteur mord à l’hameçon lorsqu’il ressent pleinement le plaisir ressenti par les personnages. Pour y parvenir, jouez sur les cinq sens afin de montrer toutes les facettes de leur bonheur sexuel. L’usage du champ-contrechamp (exemple : que regarde Monsieur lorsque Madame lui fait une fellation ?) ou des confidences intimes (exemple : Madame ressent une gêne terrible lorsque Monsieur tente de la caresser sous la table du restaurant) permettent d’exprimer les sensations des personnages. Jouez également sur les moments de silence ou sur les sons prononcés durant l’acte sexuel pour donner du rythme à la scène.

 

Un peu de surprise pour finir

Enfin, si le ton général doit rester réaliste, rien n’empêche vos personnages d’emprunter quelques sentiers inhabituels ! Vous pouvez, par exemple, rédiger une scène de strip-tease très stimulante qui se termine par une surprise ou alors faire avorter une scène qui s’annonçait prometteuse (exemple : Madame se caresse mais s’interrompt au moment où son amant entre dans l’appartement)

 

Lire et faire lire

Pour rapidement maîtriser ce difficile exercice de style, n’hésitez pas à faire relire votre texte par quelques proches avant de le publier. C’est le meilleur moyen de savoir si la potion érotique fonctionne. Et n’oubliez pas de lire des romans de référence pour s’inspirer du meilleur. Quelques auteurs qu’on vous conseille : Sade, Henry Miller, Charles Bukowski ou encore Esparbec.

 

Il me semble, à la lecture de cet article et des "recettes" qu'il propose qu'il manque un élément essentiel, vital, la source même de l'érotisme : l'exploration des pensées. Les sensations génèrent des pensées et les pensées stimulent les sensations. Il n'est pas de sensation qui ne soit conscientisée pour être exprimée et donc qui ne soit pas pensée. Il ne s'agit donc pas pour moi de me satisfaire d'une description sensorielle mais bien d'analyser le champ intime des pensées et c'est là, justement, que le transfert entre le lecteur-lectrice et le personnage peut se faire. Non pas seulement dans une dimension corporelle mais également spirituelle. 


 

26731317 537711629930780 2570118583488522104 n

KUNDALINI

 

""La respiration qui accélère, le soleil dans son dos, sur ses fesses, l’air autour d’elle comme un cocon silencieux et la verge de Sat comme un piston accordé à ses souffles. Elle entendit une voix qui gémissait et elle comprit étrangement que c’était elle, comme un écho lointain qui remontait des entrailles, la pression des pubis électrisant son clitoris, des décharges lumineuses, des bouffées d’air brûlant qui remontaient de son ventre et fusionnait avec l’air qu’elle inspirait, comme un circuit fermé mû par un mouvement perpétuel. Elle voyait en elle des courants pétillant, un cheminement précis, une circumnavigation interne, de sa bouche à son sexe, une boucle chargée de particules.

Elle se cambra et tendit les seins, la tête en arrière, les cheveux tombant, la bouche ouverte, cette conscience de son corps impudique, elle n’en voulait plus, elle aimait la verge de Sat, elle aimait son corps, elle aimait la jouissance qui montait, l’impudeur était une morale humaine, rien dans l’amour en elle ne devait s’accorder à une morale, elle voulait jouir, être la femme réelle qu’elle devinait et de s’autoriser ainsi une nudité aussi totale, elle sentit fondre des chaînes mentales, des résistances inquiètes, des images fausses consumées par le feu de ses entrailles, par le brasier de ses fibres, par le ruissellement de son sexe, des flamboyances qui jaillissaient avec de plus en plus d’ampleur.

Elle n’avait rien à retenir, elle n’avait rien à protéger, il n’y avait aucun danger, aucune menace, aucun objectif à tenir. Juste être là, dans le vide et se remplir de tout ce qu’il était.

La verge de Sat comme un créateur d’Univers.

Alors, elle voulut tout connaître, tout explorer, aller au-delà du connu puisqu’il n’était qu’une prison, que la mémoire était une geôle et qu’il fallait l’ouvrir pour qu’elle se charge du réel.

Elle ne comprenait plus vraiment ce qu’elle pensait et elle se dit d’ailleurs que les pensées pensaient toutes seules, qu’elles existaient au dehors et qu’elles tombaient en elle. 

Elle se retira, fit demi-tour, passa une jambe de chaque côté du visage de Sat et prit sa verge dans ses mains. Elle la lissa, doucement et posa les lèvres sur le gland.

Les doigts de Sat sur ses fesses, écartant les monts, sa langue fouissant entre les plis des lèvres nacrées.

Elle continua à user de son souffle pour régler les mouvements de succion. Inspiration, elle absorbait la tige écarlate jusqu’aux racines.

Expiration.

Elle remontait jusqu’à la cime.

Elle imagina un court instant les jets de sperme dans sa bouche. Des queues luisantes de comètes, des laitances épaisses comme des étoiles liquides.

Le sperme de Laurent. Elle n’en aimait ni la matière ni le goût. Elle n’y percevait qu’une soumission nauséeuse et avait fini par la rejeter.

Insignifiance des ressentis primaires. Elle voulait vivre l’instant et ne plus rien s’interdire, franchir les limites imaginaires, dépasser le cadre étroit de la matière.

L’amour n’a pas de mémoire. Elle le comprenait enfin.

Comme si cela participait au processus. Sans qu’elle ne sache vraiment ce que le processus contenait de découvertes ni même en quoi il consistait. Une évidence. Ce monde qu’elle avait aperçu tout à l’heure dans une étreinte incompréhensible s’ouvrait intégralement à ce que la vie proposait, sans rejet, ni colère, ni adoration, ni suffisance, ni peur, ni espoir, ni attente. Le monde jouissait de ce qui le constituait. Intégralement.

La terre n’a jamais rejeté la moindre graine.

Elle absorberait le sperme de Sat comme des rosées salutaires. Ou qu’il jaillisse.

Et ce fut en elle comme une terre chaude qui s’ouvrait à la pluie.

 

Elle glissa vers les pieds de Sat et le remercia intérieurement de son abandon à ses désirs. Elle posa les mains sur ses tibias, totalement dénués de poils, elle les trouva beaux et s’étonna de cette émotion. Des tibias…

Une étrange contemplation, l’impression de voir crépiter des couleurs.

Et là surgit la conviction que l’orgasme n’avait aucune importance, qu’autre chose était possible. Ce qu’elle avait déjà vécu dans les bras de Sat n’était pas l’objectif final. Il y avait un horizon aussi vaste que ce qu’elle avait connu lorsque le monde était entré en elle. C’est là qu’elle voulait aller.

 

Elle le chevaucha de nouveau, les mains appuyées sur son torse. La verge comme une baguette de sourcier.

Un déversement continu.

Il était en elle comme la sève au cœur de l’arbre, comme le soleil sur le monde, la lumière nutritive. Il ne la pénétrait pas, il lui permettait d’être nourrie. Oui, c’était ça. La verge de Sat comme un cordon ombilical qui la reliait à la vie. Et coulait en elle le courant de la source, l’énergie de toutes choses.

Les fleurs donnent un sens à la vie des bourdons. Sa matrice donnait vie à la verge de Sat. L’un et l’autre redevables de la conscience révélée de l’énergie créatrice.

Les larmes de nouveau, un voile liquide qui noyait le paysage. Elle regarda les montagnes en descendant et montant sur la trompe butineuse et sa bouche ouverte aspirait des molécules parfumées.

Elle varia l’angle de frottement du membre en elle, le point sublime qui l’avait fait couler, elle en adorait la rosée.

Elle n’étouffa plus aucun de ses gémissements et elle voyait s’envoler dans les airs les souffles de sa voix, les aigus de ses râles, le chant de son corps.

Jouir dans la nature et se réjouir de la nature en soi.

Un papillon coloré passa devant elle, un vol chaotique empli de joie. Elle croisa son regard pétillant et elle en éclata de rire.

Le plaisir l’enivrait et la verge engloutie agissait comme un alcool déversé, les vertiges l’emportaient et c’était délicieux, le brasier de son ventre remontait dans son dos et elle aurait pu dessiner à la perfection chacune de ses vertèbres, l’impression de les voir s’illuminer comme une guirlande, étage par étage, puis le courant lumineux redescendit entre ses seins et inonda son vagin. 

Ne pas succomber à l’orgasme comme un bourgeon qui s’ouvrirait dès les premiers flux de sève, constituer une boule d’énergie, plus forte encore, plus vaste, plus dense, accueillir et ne pas vouloir se consumer, s’emplir jusqu’à l’ultime débordement.

Elle se dégagea de la verge et se déplaça. Il ne bougea pas. Elle s’accroupit au-dessus de son visage, comme si elle s’apprêtait à uriner, posant son sexe sur sa bouche, dans une posture qu’elle n’aurait jamais pensé initier. Et le bonheur de cette liberté l’envahit comme un souffle tiède, une risée de câlins chauds qu’elle regarda s’étendre.

La langue de Sat fouillait en elle et ses mains pétrissaient ses fesses. 

« La puissance de ton hommage à l’amour de la vie nourrira mon plaisir. »

Il l’avait dit, elle n’oubliait plus rien désormais, aucune parole, comme un enregistreur inépuisable.

Elle s’était fabriqué des limites. Il n’y en aurait plus.

Pour la première fois de sa vie, elle invitait un homme à la caresser. Sans retenue, sans culpabilité, sans aucune peur, comme elle le souhaitait, sans que rien ne bride son désir et elle découvrait, en regardant le visage de Sat entre ses cuisses, ce bonheur du plaisir reçu sans que rien ne soit dû.

Il glissa deux doigts entre les lèvres, s’insinua lentement entre les parois intérieures.

Elle s’abandonna aux pressions, elle se délecta des rotations, elle absorba le moindre frémissement.

Elle leva les yeux vers les arbres, elle contempla les feuillages et sans pouvoir le comprendre, elle sentit dans son corps les pressions des sucs de la terre, le déversement des subsistances, la dispersion des flux énergétiques les plus infimes, la lumière absorbée pour que la vie se forme. Comme un envahissement libérateur, une invasion bénie des Dieux.

Elle vit en elle, sans en expliquer l’apparition soudaine, les lumières rasantes du lever du jour, ce moment suspendu où la marée solaire gagne les territoires, où la terre endormie par les câlins de la nuit se réveille, ces ondes délicieuses de la chaleur qui s’installe, l’apparition de l’astre par-dessus les crêtes et l’ascension inexorable vers le zénith.

Elle était au zénith.

Elle se tendit, le souffle bloqué, bouche ouverte, les mains pressant la poitrine de Sat et l’explosion l’emporta.

Une fois.

L’énergie se rechargea immédiatement.

Nouvelle ascension, deuxième vague contre la digue, un rouleau surpuissant qui balaya l’ouvrage, son sexe déversant des incendies liquides.

Deux fois.

Elle pensa un instant au visage de Sat, à sa bouche avide, à sa langue fouisseuse. Il ne se retirait pas, il accueillait ce qu’il déclenchait. Cet amour offert, cet homme entre ses cuisses ouvertes, cette attention sublime qu’il lui accordait. Elle voyait son regard aimant en elle et ce fut comme une fournaise.

Trois fois.

 

Elle se laissa tomber sur le côté.

« C’est trop fort, je ne tiens plus. »

 

Elle roula sur le dos. Il se dégagea et se plaça entre ses cuisses. Il souleva ses fesses et amena son pubis étoilé de cyprine à hauteur de son visage.

Les regards qui se croisent.

Il caressa de sa bouche la fine toison et lécha les lèvres avant de venir épouser le capuchon de son bouton érigé.

Elle ne voulait plus le quitter des yeux, elle s’évertuait à plonger en lui, à se réjouir de chacun de ses gestes, à capter l’intégralité des offrandes, qu’elles soient visuelles ou autres, les parfums de la sueur de Sat, les fragrances de son sexe mâle, le goût de son vagin sur sa bouche quand il l’embrassait, elle voulait goûter à tous les sens et que ses pensées se taisent.

C’est là que la contradiction apparut. Vouloir, c’était encore une pensée. Il lui restait encore à savoir taire ce mental, elle en devinait les résistances, comme des peurs qui s’accrochaient désespérément au-dessus des vides sensoriels.

Aller au plus profond de l’ouverture de son corps.

Le territoire de l’amour n’a pas de pensées.

Le corps de Sat entre ses cuisses ouvertes. Il avait reposé doucement ses fesses sur la couverture. Ses regards sur elle. Il était si bon de se sentir aimée.

Mais qu’aimait-il réellement ? Elle ou l’amour de la vie en elle ?

Elle ne chercha pas la réponse. Elle accueillit sa verge et les pensées s’enfuirent.

C’est lui qui adopta le protocole de la respiration et elle sentit à chaque souffle l’invasion délicieuse du membre et la chaleur insérée lorsqu’il se retirait. Elle aima l’alternance car elle ne souffrait plus de l’attente. Il ne restait que l’instant et sa complète absorption.

Le visage béat de Sat et cette flamboyance dans ses prunelles, comme si la vie brûlait à l’intérieur mais qu’il gardait la maîtrise du feu.

Elle accompagna ses souffles en synchronisant les contractions de son périnée lorsqu’il s’introduisait au plus profond, enserrant la verge dans son cocon et elle imagina son vagin comme un bourgeon extasié.

Elle aimait les muscles de son dos et la fermeté de ses fesses, les sangles tendues de ses abdominaux, toute cette force contrôlée. Sat aimait la vie en lui et non pas l’image qu’il avait de lui. Elle le savait. L’explication de cette joie qui émanait de chacun de ses regards, la fluidité de ses gestes, la profondeur de ses paroles, cette observation bienveillante de l’existence. Et la sensualité de son corps, cette beauté naturelle qu’il préservait religieusement.

Lui vint à l’esprit cette image des familles croyantes qui prient avant d’entamer un repas, ces paroles qui honorent et remercient.

Elle regrettait de n’avoir pas prié avant de jouir et se promit de combler l’oubli, de remercier désormais avant de consommer la joie des corps.""

 

Ajouter un commentaire