Bernard Moitessier

"LA LONGUE ROUTE"

Bernard Moitessier.

Le livre de mer par excellence.

Un beau documentaire de Thalassa pour découvrir cet homme.

"Je dois sauver mon âme, j'abandonne la course."

  • « La Longue Route »

La Longue Route

La Longue Route

de

Editeur : Arthaud Parution : 14 Décembre 1990 Commandez avec 5% de remise sur Fnac.com - livraison gratuite

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résumé du livre

Cette première course autour du monde en solitaire, sans escale, devait rendre Moitessier célèbre : alors qu'il avait pratiquement bouclé son périple, le navigateur décidait d'abandonner, ou plutôt de poursuivre sa route vers Tahiti et les eaux bleues du Pacifique. Une remarquable performance devenait pied de nez à la civilisation, aventure humaine unique et précieuse. Et ce journal de bord, un livre-culte. Grands calmes ensoleillés, aurores australes, vagues-pyramides émeraude ou déferlantes neigeuses jalonnent ce récit, où l'homme peu à peu gagne sa paix intérieure, construit sa liberté. Et, par la grâce d'une écriture poétique, simple et naturelle, nous emporte dans son sillage, 'blanc et dense de vie le jour, lumineux la nuit comme une longue chevelure de rêve et d'étoiles'.

La longue route

Naissance d'un écrivain

À trente-quatre ans, sans métier ni diplômes, Moitessier repart à zéro. Dans sa chambre de bonne parisienne, il médite sur ses mésaventures successives. Pour survivre, il accepte un job de visiteur médical. Un journaliste lui conseille d'écrire un livre dans lequel il raconterait ses joies et ses infortunes de navigateur solitaire. Ce sera Vagabond des mers du Sud, écrit dans les chambres d'hôtel et les cafés de province. Le livre publié en 1960 chez Flammarion dans la collection " L'aventure vécue " aura des milliers de lecteurs. Deux d'entre eux proposent gracieusement leurs services au navigateur pour construire un nouveau bateau. Baptisé Joshua en hommage au célèbre marin Joshua Slocum, le voilier de 12 m fait ses armes dans une école de croisière en Méditerranée. Puis Moitessier avec sa compagne Françoise met le cap sur Tahiti via l'Atlantique et le Pacifique. Le voyage du retour est un exploit sans précédent dans le monde maritime : 126 jours de mer, sans escale, par la route difficile et dangereuse du légendaire cap Horn. L'éditeur Jacques Arthaud publiera le récit de cette aventure hors du commun sous le titre : Cap Horn à la voile. Un écrivain est né.

La course folle

Alors qu'il rejoint son bateau en rade à Toulon, Moitessier est abordé par un journaliste du Sunday Times qui lui propose de participer à la première course en solitaire et sans escale. Le journal londonien, sponsor de l'épreuve, lui a donné le nom de Golden Globe. Le règlement est simple : chaque navigateur engagé dans la course devra faire un tour du monde en solitaire par les trois caps sans toucher terre, sans aide extérieure ni ravitaillement. Le premier à franchir la ligne d'arrivée encaissera la coquette somme de cinq mille livres sterling et le trophée du Golden Globe. Après avoir envoyé balader le journaliste, Moitessier accepte de participer à la course sans cacher son mépris pour ce genre de compétition. Il n'a rien à prouver, ce sera sa course. Cet été 1968, neuf navigateurs s'élancent autour du monde sur des petits voiliers équipés d'un simple sextant pour se positionner et d'un poste radio pour communiquer que certains comme Moitessier refuseront d'embarquer. Jamais un tel défi n'avait été relevé. Une course folle qui restera la plus grande aventure maritime de tous les temps.

Seul entre mers et ciels

Le 22 août 1968, Moitessier quitte Plymouth en Angleterre à bord du Joshua. Il est âgé de quarante-quatre ans et file à sept nœuds dans un brouillard absolu vers le plus long voyage en solitaire de sa vie. Tel un éclair, il traverse l'océan Atlantique laissant loin derrière lui les autres concurrents comme Chat Blyth qui apprendra à naviguer dans les Quarantièmes Rugissants ! Le 24 octobre, Joshua franchit le cap de Bonne-Espérance pour continuer sa route sur l'océan Indien en direction de l'Australie. Six mois ont passé quand le ketch d'acier passe le cap Horn. " Joshua fonce vers le Horn sous l'éclat des étoiles et la tendresse un peu lointaine de la lune… Je ne sais plus très bien où j'en suis, si ce n'est que nous courons depuis longtemps au-delà des frontières du trop. " En France et en Angleterre, le navigateur solitaire est d'ores est déjà considéré comme le vainqueur de la course. On s'apprête à lui envoyer une armada de bateaux pour l'accompagner jusqu'à Plymouth. Le 18 mars, alors qu'il atteint les côtes de l'Afrique du Sud, qu'il vient de boucler le tour du globe, Moitessier annonce officiellement (avec un lance-pierres) sa décision d'abandonner la course pour " sauver son âme " et poursuivre sa " longue route ". Rentrer déjà, écrira-t-il dans ses mémoires, reviendrait à n'être jamais vraiment parti. Il laisse derrière lui les honneurs et l'argent pour mettre le cap vers le soleil, vers les îles du Pacifique. Enfin Tahiti, où il accostera après dix mois de navigation sans toucher terre et l'exploit d'avoir réalisé un tour du monde et demi. L'épilogue de la course sera tragique. Un seul des concurrents franchira la ligne d'arrivée. L'un d'entre eux, Crowhurst, se suicidera après avoir fait croire qu'il était en tête de la course alors qu'il errait le long des côtes… La folie et la mort avaient dominé le Golden Globe. Moitessier s'en était détourné pour réaliser son rêve de liberté.

D'île en île

Un goût de paradis

Durant deux ans, dans la cale de son bateau en mouillage à Papeete, Moitessier écrira son troisième livre, La longue route, le récit de ses dix mois passés seul en mer. Un dur labeur littéraire pendant lequel il rencontre sa seconde femme, Iléana. Leur fils Stéphan naît en 1971. La petite famille décide de repartir avec Joshua. Un voyage de deux ans avec escales en Nouvelle-Zélande, Paris et Jérusalem, puis le retour en Polynésie sur l'atoll de Ahé.
Sur l'îlot paradisiaque de Poro-Poro, le navigateur construit son faré, habitation traditionnelle tahitienne. Le rêve de l'oasis prend forme. Une vie paisible de Robinson au soleil, rythmée par la pêche, le jardinage et la chasse aux rats qui déciment les cocotiers de l'île… Quelques visiteurs aussi qui partagent la soif de liberté du navigateur comme le chanteur Antoine ou un jeune journaliste Dominique Charnay (voir entretien) qui sera le confident des vingt dernières années.

Le naufrage de Joshua

En 1978, le marin nomade s'installe à Moorea où il rencontre le véliplanchiste Arnaud de Rosnay qu'il conseille pour son expédition en planche à voile des Marquises à Hawaï. Après dix années passées en Polynésie, las de la torpeur tropicale, Moitessier part à San Fransisco, dans l'idée aussi de se renflouer financièrement. Le fidèle Joshua malgré les blessures de l'âge accoste Sausalito après trente-huit jours de traversée. Dans cette bourgade dans la baie de San Francisco, Moitessier n'aura que des déconvenues. La terre promise s'avère ingrate envers le navigateur. Après avoir réalisé quelques maigres économies en exerçant des petits boulots, il songe à mettre le cap vers le Mexique. Un admirateur incongru aux cheveux hirsutes lui propose alors 30 000 dollars pour l'emmener à Tahiti et lui apprendre à naviguer. L'inconnu salutaire n'est autre que l'acteur Klaus Kinski, le conquérant génial du film de Werner Herzog, Aguire, la colère de Dieu. Au dernier moment, pour des raisons de tournage, le comédien annule le voyage, mais demande tout de même à Moitessier de l'embarquer avec lui jusqu'au Mexique. Au large des côtes mexicaines, le navigateur invite Kinski à rester quelques jours en plus sur Joshua pour parfaire son apprentissage. Un brusque et inhabituel cyclone force Moitessier à débarquer le comédien sur la terre ferme d'où il assiste au naufrage de Joshua. Au dernier moment, Moitessier abandonne son bateau pour rejoindre Kinski sur la plage. Ce sera la fin de Joshua pris dans les éléments déchaînés et la colère des dieux de la mer…

La dernière vague

Un nouveau départ

L'écho du naufrage de Joshua s'est répercuté dans le monde entier. La solidarité des gens de la mer et des amis fidèles permettent à Moitessier de construire un nouveau bateau qu'il baptise Tamata. En 1982, il hisse les voiles pour Hawaï, puis Tahiti et Papeete. Il y rencontre Véronique sa dernière compagne qui l'incite à faire escale à Issy-les-Moulineaux, en banlieue parisienne. L'aventure continue à terre avec l'écriture de ses mémoires. Une aventure qu'il juge aussi rigoureuse et difficile que celle de la mer. Méthodiquement, il rassemble ses souvenirs, prend des notes, hésite, rature… Six années seront nécessaires pour mener à terme Tamata et l'Alliance.

La " bête "

Lors de la rédaction de son livre, Moitessier apprend qu'il est atteint d'un cancer de la prostate. Il songe même à confier l'achèvement de Tamata à son ami Dominique Charnay. Il décide alors de combattre la " bête " avec autant d'acharnement dont il faisait preuve face à des vagues de 25 m dans les mers démontées. Il visite la Bretagne où il retrouve des vieux amis comme Jean-Yves Le Toumelin, un autre grand navigateur solitaire qui, avec son voilier Kurun fit un tour du monde en 1949 ! Retrouvailles également avec son Joshua acquis et restauré par le musée maritime de La Rochelle. En février 1992, il remet enfin à Charles-Henri Flammarion le manuscrit de Tamata et l'Alliance. Les dernières pages seront écrites au bord du lagon de Raïatea, près de Bora Bora. La boucle est bouclée. Elle le sera vraiment quand Moitessier pour la revue Voiles et Voiliers réalise un court voyage au Vietnam. La maison familiale est en ruines. Au bord du golfe de Siam, le navigateur retrouve quelques amis d'enfance. Peu sensible aux complaintes nostalgiques, il ne s'attarde pas, pressé déjà de repartir. Grâce aux droits d'auteur de Tamata, qui est en tête des ventes, il aide quelques personnes dans le besoin comme la navigatrice Anita Conti. Affaibli, il reçoit ses amis allongé dans un divan, avec un sarong autour de la taille. Le 16 juin 1994, il meurt chez lui, entouré de ses proches, dans la sérénité et la tranquillité. " La mort est naturelle, la vie est merveilleuse ", disait-il.

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