De l'écriture à la terre.

Je ne sais plus à quand remonte ma décision de ne plus écrire de romans. Plusieurs mois, assurément.

Ce dont je suis certain, par contre, c'est de l'absence totale de regrets au regard de cette décision alors que ça me semblait improbable il y a un an. Et totalement inconcevable il y a quelques années.

Je me souviens de tout ce que j'ai écrit ici sur l'importance capitale pour moi d'écrire ces romans. Quatorze en tout, sept sont publiés. Ceux qui ne le sont pas ne seront pas repris, ni proposés à mon éditrice. Le dernier en cours d'écriture ne sera pas fini. 

Je n'en ai absolument plus envie. 

Et j'en suis même arrivé à me demander si tout ce temps consacré à l'écriture de romans est parfaitement justifiable. 
Si je regarde tout ce que j'ai lu ou visionné depuis que j'ai "récupéré" tout ce temps libéré, je me dis que j'ai gâché des milliers d'heures à écrire.

Mais si je prolonge cette réflexion, je réalise que ce constat n'est valable qu'à l'intant où je l'écris mais que si je me projette dans le passé, la nécessité d'écrire ces textes était réelle et parfaitement justifiée. Il s'agissait avant tout d'un cheminement personnel. Je sais ce que j'ai appris à travers ces histoires.

Par conséquent, j'en déduis que ce cheminement était tout simplement arrivé à son terme. La priorité n'était plus là. Il aurait donc été absurde et même inconvenant que je m'obstine. D'autres horizons m'appelaient. Je l'ai écrit, il y a quelques jours, je devais passer à la matérialisation d'un cheminement intellectuel. L'achat de cette nouvelle maison représente le point de départ de cette mise en forme. Aujourd'hui, je travaille de mes mains, j'use de mon corps pour donner forme à un jardin, à un terrain, à des cultures et à tous les aménagements nécessaires. Je ne travaille pas dans l'optique exclusive d'atteindre l'autonomie alimentaire la plus grande mais également la limitation des pensées. C'est à dire la concentration de mes pensées à la réalisation d'un projet. Je sais combien l'écriture de mes romans a produit en moi une frénésie de pensées, un état d'euphorie qui en était devenu addictif. Je sais aussi combien cet état a pu me couper de mes proches et les faire souffrir, ma femme et mes enfants.

Le projet actuel est un projet commun, entre Nathalie et moi, un aboutissement de couple et non plus une voie individuelle dans la réflexion. Je travaille pour elle et pour moi et peut-être aussi pour nos enfants, selon la tournure que prendra ce monde humain...

J'ai donc posé la "plume" et je vis désormais avec la terre dans les mains. 

 

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