De royales allégeances (politique)

 

Tous les gens censés savent très bien que les décisions évoquées dans cet article ne sont pas dues à une éventuelle intelligence de Mme Royal mais uniquement aux diverses allégeances envers les financiers et le monde politique. 

Pitoyable. 

Je n'arrive pas à comprendre comment ces individus arrivent à se supporter eux-mêmes, comment on peut tomber aussi profondément dans la fange excrémentielle des intérêts personnels, des plans de carrière, de l'enrichissement, de l'ego, de la suffisance et du mépris ...

 

Je n'ai plus de colère, juste du dégoût. 

 

Ségolène Royal lors d'une conférence de presse à Paris, le 9 février 2016 (WITT/SIPA)

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1490531-nucleaire-biodiversite-l-ecologie-de-segolene-royal-ou-l-art-d-avoir-tout-faux.html

  

Prolonger de 10 ans la vie des centrales nucléaires françaises : en voilà, une idée qu’elle est bonne ! Intelligente, audacieuse, grosse d’un avenir radieux…

 

Tuer tous les loups : en voilà un plan qu’il est indispensable pour notre élevage ! Innovant, réfléchi, rationnel, en aucun cas démagogique…

 

Madame Ségolène Royal propose de placer nos centrales atomiques en soins intensifs. Elle ferait mieux de les transférer dans une unité de soins palliatifs. Prémices à la mort attendue d’une filière que certains, jadis, avaient pu qualifier d’"excellence" !

 

Non contente d’avoir ordonné l’exécution de 36 loups en 2015 (alors que la population de l’espèce est en régression : autour de 300 sujets), madame Royal s’apprête à entériner le fait que plus de 40 de ces animaux ont été réellement flingués cette année. Elle semble même avoir déjà accepté un contingent de massacre en augmentation de 6 (ou de 10 ?) unités pour 2016.

 

Un changement de titre ministériel inquiétant

 

Madame Royal a un problème avec la nature, avec les écosystèmes, avec la question des énergies. Examinons son cas en le replaçant dans le contexte. Lors du récent remaniement gouvernemental, cette femme politique a changé son intitulé officiel. Elle était "ministre de l’Écologie" : au moins, c’était clair. L’écologie est une science, on peut s’en inspirer, y compris dans les lieux du pouvoir. Elle s’enorgueillit à présent d’un titre plus long à écrire, mais qui n’a aucun sens : "ministre de l’Environnement".

 

Je rappelle que l’homme n’a pas un "environnement". Il fait partie d’une biosphère, d’une sphère de la vie dont il n’incarne qu’un élément, probablement pas le plus important. L’Homo sapiens ne s’agite pas comme un acteur shakespearien sur une scène de théâtre, avec en arrière-plan un décor, un "environnement" qu’il pourrait larder de coups de poignard sans en subir les conséquences. Il dépend de milliers d’interactions entre le soleil, la terre, l’eau, les flux d’énergie, les microbes, les végétaux, les animaux. S’il persiste à la jouer "perso" (en multipliant les saccages et les pollutions), cela finira mal.

 

Ce changement de titre ministériel est inquiétant. Madame Royal pratique l’"environnementalisme" aux dépens de l’écologie.

 

La biodiversité selon Royal ? Un biocarnage

  

Dans le domaine de la biodiversité, elle devient insupportable. Elle dit "amen" à toutes les requêtes de battues, piégeages, "prélèvements", "régulations" et autres "tirs d’effarouchement" formulées par le lobby hyperactif et volontiers violent des chasseurs. Elle accepte (y compris en fermant les yeux) que ceux-ci exterminent non seulement les loups et les lynx, mais les vautours, les renards, les blaireaux, les fouines, les sangliers, les corbeaux, les étourneaux, les cormorans, les goélands, les oies bernaches, demain les grues cendrées, les cigognes, les ortolans, pourquoi pas les mésanges ?

 

La bouche de notre ministre de l’Environnement a appris à formuler le mot "biodiversité". Mais on peut prononcer un mot sans le comprendre. La biodiversité selon Royal ressemble à un biocarnage.

 

Sur le nucléaire, des objectifs pas tenables

 

Au chapitre du nucléaire, notre "ministre de l’Environnement" n’est guère plus inspirée. Sa décision d’offrir aux réacteurs atomiques français un sursis de 10 ans est motivée par deux idées.

 

Primo, que la France conserve un outil de production qui a fait ses preuves, même si la loi de transition énergétique exige que la part du nucléaire dans le "paquet électricité" national passe de 75% aujourd’hui à 50% en 2025. Et, secundo, que les Français bénéficient, grâce à la bonne fée Électricité de France, d’une électricité "peu chère".

 

Ces deux objectifs ne sont, hélas, pas tenables. Pour rénover et conserver un parc nucléaire en état normal de fonctionnement, EDF devrait investir 100 milliards d’euros d’ici à 2030. Or, la firme est prise à la gorge : elle n’a plus d’argent. Pour en gagner, elle devrait augmenter fortement ses tarifs, ce qui serait contradictoire avec le "secundo" de la ministre.

 

Il faut fermer les centrales, et non les réparer !

 

La filière nucléaire française va mal. Mais qui pourrait la soigner ? EDF est gravement malade. Sa demi-sœur, Areva, se trouve à l’agonie. EDF a reçu la mission de sauver cette dernière en lui rachetant ses réacteurs… Mais la filière "révolutionnaire" EPR, dans laquelle les deux firmes sont impliquées (en Finlande, à Flamanville et ailleurs), constitue un gouffre sans fond, un tonneau des Danaïdes où les milliards d’euros perdus s’ajoutent aux milliards d’euros engloutis.

 

Madame Royal ne dit rien de la contradiction qui existe entre le projet d’abaisser de 75 à 50% la part du nucléaire dans le "paquet électricité", et la volonté de rénover le parc vieillissant de nos réacteurs. Si nous voulions respecter les objectifs pourtant modestes de la transition écologique, nous devrions fermer 17 de ces grosses machines, et non pas les réparer toutes !

 

Ségolène Royal affirme, pour conclure, qu’elle ne prendra aucune décision sans l’avis positif de l’Autorité de sûreté nucléaire (l’ASN). Encore heureux : ce n’est que la loi ! La ministre de l’Environnement n’a aucune compétence juridique pour décider dans cette matière.

 

Biodiversité, nucléaire : Ségolène Royal a tout faux

 

Madame Royal a, pour le moment, tout faux…

 

Au chapitre de la biodiversité, je lui dis : laissez vivre nos frères animaux, dont nous avons besoin pour être heureux en conservant notre âme d’enfants.

 

En matière nucléaire, je lui conseille de regarder la situation sans œillères. D’un côté, il y a le gouffre financier de la mise sous perfusion de plus d’une cinquantaine de réacteurs brinquebalants et potentiellement dangereux ; de leur passage en unité de soins intensifs… De l’autre, il existe une possibilité de regarder réellement vers l’avenir – à l’horizon de l’écologie, la vraie…

 

Si la France dispose de quelques finances, je recommande que nous les investissions résolument dans les énergies renouvelables. Celles du vent, du soleil, de la géothermie ou de la biomasse ; sans oublier celles de la mer (vagues, courants, gradients de températures ou de salinité) que, voici plus de 30 ans, nous préconisions déjà d’adopter avec le commandant Cousteau…

YVES PACCALET


 

 

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