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  • Inondations : est-ce la faute du changement climatique ?

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    Inondations : est-ce la faute du changement climatique ?

     

    https://bonpote.com/inondations-est-ce-la-faute-du-changement-climatique/

    Publication :

    14/09/2021

    Mis à jour :

    04/01/2024

    Picture of Thomas Wagner

    Thomas Wagner

    Inondations

    Les terribles inondations en Belgique et Allemagne de l’été 2021 ont marqué les esprits. Comme si les pays occidentaux, et plus globalement du Nord, se rendaient compte que le changement climatique pouvait également les toucher et que personne n’était à l’abri.

    Bien sûr, certain(e)s n’ont pas attendu pour minimiser les évènements et les morts, en disant “qu’il y avait toujours eu des inondations, que ça avait toujours existé, et que cela n’avait rien à voir avec le changement climatique”. Au même titre que les sécheresses, les ouragans, les mégafeux ou les canicules, les inondations sont un phénomène complexe et multifactoriel, parfois sous-estimées dans l’imaginaire collectif.

    Quel rôle a joué et jouera le changement climatique dans les inondations ? A quel point l’artificialisation des sols est à prendre en compte ? La prévention et l’adaptation sont-elles à la hauteur, notamment en France ? Pour y répondre, nous avons reçu l’aide de Florence Habets, Directrice de recherche CNRS en hydrométéorologie, professeure à l’École normale supérieure (ENS) – PSL.

    Sommaire

    Comment définir une inondation ?

    Caractéristiques et évolution des inondations

    Personne n’est à l’abri des inondations

    Comment le changement climatique aggrave les inondations

    Des inondations plus fréquentes, plus intenses, et combinées avec le changement climatique

    Changement climatique, cycle de l’eau et relation Clausius-Clapeyron

    Comment le risque d’inondation en France est-il géré ?

    La France n’est pas prête à gérer les inondation d’ici 2050

    Inondations, réchauffement climatique et désinformation

    Peut-on attribuer chaque inondation au réchauffement climatique ?

    L’urgence de s’adapter au risque d’inondation

    Quelles solutions pour prévenir les risques d’inondations ?

    Les points clefs à retenir sur les inondations

    Comment définir une inondation ?

    Dans son rapport spécial 1.5, le GIEC définit une inondation (ou crue) comme le “gonflement d’un cours d’eau ou d’une autre masse d’eau au-delà des limites normales ou accumulation d’eau dans des zones qui, en temps normal, ne sont pas submergées“. On englobe sous ce terme :

    les inondations fluviales,

    les crues éclair,

    les crues en milieu urbain,

    les inondations pluviales,

    les inondations côtières,

    les vidanges de lac glaciaire,

    les inondations par remontée de nappe.

    Au même titre qu’il existe plusieurs types de sécheresses, il existe donc plusieurs types d’inondations, mais leur médiatisation diffère considérablement. Celles qui ont le plus d’impact sur les habitations humaines, sur les industries ou encore sur des zones agricoles retiennent forcément plus notre attention que des inondations extrêmes là où il n’y a quasiment aucune présence humaine.

    C’est la même logique que pour un pic de chaleur au milieu de l’Amazonie, et un qui aurait lieu en région parisienne…

    Caractéristiques et évolution des inondations

    Pour les inondations fluviales (qui sont historiquement les cas les plus fréquents), l‘importance de l’inondation dépend de trois paramètres : la hauteur d’eau, la vitesse du courant et la durée de la crue. Ces paramètres sont conditionnés par les précipitations, mais également par l’état du bassin versant et les caractéristiques du cours d’eau.

    Météo-France précise que

    “les pluies intenses apportent sur une courte durée (d’une heure à une journée) une quantité d’eau très importante. Cette quantité peut égaler celle reçue habituellement en un mois (normale mensuelle) ou en plusieurs mois. Dans le Sud de la France, les cumuls observés peuvent dépasser 500 mm (1 mm = 1litre/m2) en 24 heures. Pour les phénomènes les plus violents, le cumul dépasse les 100 mm en une heure“.

    Crue “décennale” ou “centennale”

    On entend également souvent parler de crue “décennale” ou “centennale“. La définition est très simple. Comme la crue d’un cours d’eau est mesurée par son débit, si une crue a une chance sur dix de se produire chaque année, on dit qu’elle est décennale. Si elle a une chance sur 100 d’arriver chaque année, on dit alors qu’elle est centennale.

    Bien sûr, c’est une probabilité. Nous pourrions avoir deux crues décennales en l’espace de 10 ans, voire en seulement 5… La notion de stationnarité qui implique ces probabilités vole totalement en éclats avec le changement climatique !

    Quelques idées reçues sur les inondations et le changement climatique…

    Premièrement, un important épisode de pluie n’aboutira pas forcément à une inondation ! Cela dépendra de la géographie, de l’urbanisation, de l’état des sols (humidité…), etc. Une pluie torrentielle n’a par exemple pas la même configuration dans la Drôme qu’à la Réunion (un tout autre monde !).

    Ensuite, il n’est pas pertinent de comparer des inondations entre elles en prenant comme point de comparaison le nombre de morts (nous y reviendrons). Les comparaisons qui prennent en compte uniquement le coût des dégâts causés sont aussi à prendre avec des pincettes. Non seulement les dégâts d’une inondation peuvent varier selon de multiples facteurs (notamment via l’adaptation et la résilience), mais leur estimation peut parfois prendre plusieurs années !

    Enfin, nous voyons une tendance se dessiner au fil des années. Les inondations pluviales, notamment à cause du changement climatique, sont de plus en plus fréquentes. Ce qu’il s’est passé à New-York au début du mois de septembre 2021 (conséquences de l’ouragan Ida) est un très bon exemple : des pluies torrentielles et une inondation pluviale mortelle, sans rapport avec les crues des cours d’eau.

    Métro New-Yorkais en pleine inondation, sept 2021

    Personne n’est à l’abri des inondations

    La vidéo précédente du métro New-Yorkais est à l’image des 3 mois de l’été 2021 : des catastrophes climatiques en chaine, avec un réchauffement global qui n’est pour l’instant que de +1.1°C. Il semblerait pourtant que certains évènements aient un peu plus touché l’opinion publique dans les pays occidentaux.

    Après le dôme de chaleur au Canada, se sont les inondations en Allemagne, Belgique, au Luxembourg puis à New-York qui ont marqué les esprits. Comme si certain(e)s réalisaient que le changement climatique ce n’était pas que pour les pays pauvres, les plus loin de nous. Bien au contraire : personne n’est à l’abri, y compris les pays industrialisés.

    Les pays asiatiques ne sont d’ailleurs pas en reste. Le 14 août, le Japon a observé des pluies sans précédent dans certaines régions, menant à des inondations meurtrières (tout comme à l’été 2020). 1.8 million de Japonais ont tout même été invités à quitter leur domicile après les précipitations… Le 21 juillet à Zhengzhou (Chine), il a plu 200mm en 1H. A titre de comparaison, il pleut environ 650mm par an à Zhengzhou, comme à Paris…

    Et toujours les mêmes qui subissent…

    Puisque nous parlons ici d’extrêmes climatiques, il est indispensable de rappeler que ce sont les populations les plus démunies qui en souffrent les premières. Ceci est documenté dans la littérature scientifique (notamment par le groupe 2 du GIEC) et nous l’observons malheureusement à chaque catastrophe.

    Lors du dôme de chaleur au Canada, ce sont les personnes sans climatisation qui ont le plus souffert, et/ou ont fini par en mourir. Pour les inondations, c’est pareil. En Belgique et en Allemagne, ce sont les personnes vivant dans des appartements au rez-de-chaussée qui ont été les plus touchées.

    Même chose à New-York avec les basement appartment (situés au rez-de-chaussée), ou des locaux tout simplement insalubres au fond des caves d’immeubles. Les (au moins) 45 morts sont très majoritairement des habitants de cette catégorie. Il a tout de même fallu qu’Alexandria Ocasio-Cortez rappelle ‘de ne pas demander de livraison à domicile‘ au plus fort de la tempête, certains n’ayant pas compris que c’était dangereux pour un type à vélo de leur livrer leur uberEATS en pleine tempête…

    Ces inondations ne doivent plus être considérées comme ‘improbables’. Si nous entrons dans une ère où les aléas climatiques seront plus nombreux et plus intenses, ce n’est pas un hasard, et le changement climatique en est l’une des causes.

    Comment le changement climatique aggrave les inondations

    Au cas où nous aurions pu avoir un doute, les conclusions du rapport du groupe 1 du GIEC sorti le 9 août dernier sont très claires concernant les inondations et le changement climatique :

    La fréquence et l’intensité des épisodes de fortes précipitations ont augmenté depuis les années 1950 sur la plupart des zones terrestres pour lesquelles les données d’observation sont suffisantes pour une analyse des tendances (confiance élevée). Le changement climatique d’origine humaine est probablement le principal facteur.

    Le changement climatique d’origine humaine affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde. A noter que l’emplacement et la fréquence de ces événements dépendent des changements prévus dans la circulation atmosphérique régionale, y compris les moussons et les trajectoires des tempêtes aux latitudes moyennes.

    Les preuves des changements observés dans les phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux, et, en particulier, leur attribution à l’influence humaine, se sont renforcées depuis le cinquième rapport d’évaluation.

    Source : 6ème rapport du GIEC FAQ 8.1
    Traduction : @YannWeb

    Des inondations plus fréquentes, plus intenses, et combinées avec le changement climatique

    Le GIEC a donné plusieurs conclusions importantes quant aux aléas climatiques à venir. Avec la poursuite du réchauffement, chaque région pourrait subir de façon différenciée plus d’évènements climatiques extrêmes, parfois combinés, et avec des conséquences multiples. Cela a plus de chance d’arriver avec un réchauffement à +2°C que 1,5°C (et d’autant plus avec des niveaux de réchauffement supplémentaires).

    Traduisez “combinés” par ‘plusieurs en même temps ou à la suite’. Il n’est pas rare par exemple d’observer une sécheresse suivie d’une inondation. Un autre exemple pourrait être l’ouragan Ida, suivi de pluies torrentielles à New-York : deux aléas climatiques qui arrivent l’un après l’autre, le premier provoquant le deuxième.

    Nous savons également que l‘élévation relative du niveau de la mer contribue à augmenter la fréquence et la gravité des inondations côtières dans les zones de faible altitude et à l’érosion côtière le long de la plupart des côtes sableuses (confiance élevée).

    Avec le réchauffement climatique, nous observons et observerons donc des inondations plus fréquentes et plus intenses, avec une intensité plus ou moins forte (avec un degré de confiance à chaque fois) selon la région.

    Changement climatique, cycle de l’eau et relation Clausius-Clapeyron

    Nous savons qu’une atmosphère plus chaude devrait contenir plus de vapeur d’eau, qui peut tomber en pluie et parfois sur une courte période. On retrouve ce même impact de la vapeur d’eau dans l’atmosphère avec les tempêtes. Une atmosphère plus chaude transporte en moyenne 7% d’humidité en plus par degré de réchauffement : c’est la relation Clausius-Clapeyron.

    Il est important de noter qu’il s’agit d’une moyenne, car à l’échelle locale, ce 7% peut être bien plus important, en raison des rétroactions convectives des nuages et des changements de la circulation atmosphérique qui entraînent une augmentation de l’humidité aspirée par les tempêtes.

    Les précipitations à Uccle (Belgique) sont un bon exemple pour l’expliciter : les observations ont mis en évidence une augmentation de 14% des précipitations horaires les plus intenses pour chaque degré de plus. On retrouve cette relation mise en évidence sur ce graphique :

    Pour les pluies relativement intenses, elles suivent plutôt une augmentation de 7% par degré. Mais avec des températures plus élevées, on atteint plutôt 14% d’augmentation.
    Source

    Encore une fois, et l’été 2021 est un parfait exemple pour l’illustrer, nous observons de plus en plus d’inondations pluviales. L’hydrologue Emma Haziza évoquait récemment une ‘nouvelle ère hydrologique, où le ruissellement domine les types de réponses au sol‘. L’eau n’a plus le temps de venir tranquillement gonfler les cours d’eau, le ciel nous tombe sur la tête et les quantités d’eau qui s’abattent forment des rivières là où elles rencontrent le sol.

    Nous le savons, les scientifiques alertent depuis au moins 30 ans sur ces risques (le 1er rapport du GIEC en 1990 en parlait déjà), la littérature scientifique réduit les incertitudes et le consensus est très clair. Pour les plus curieuses et curieux, voici un excellent site où vous retrouverez une méta analyse de 173 articles scientifiques qui mettent en évidence que le changement climatique accroît les précipitations extrêmes et les risques d’inondation :

    Aucun article ne réfute l’impact du réchauffement climatique sur les précipitations extrêmes
    Source

    Comment le risque d’inondation en France est-il géré ?

    La France dispose d’un service consacré à la prévision des inondations : le SCHAPI. Il produit et diffuse une information continue de vigilance sur les crues publiée sur le site www.vigicrues.gouv.fr. Il anime et pilote le réseau de la prévision des crues et de l’hydrométrie de l’État (Services de Prévision des Crues et Unités d’Hydrométrie rattachés aux services régionaux DREAL ou à la direction inter-régionale Sud-Est de Météo-France).

    C’est extrêmement bien fait, et vous pourrez cliquer n’importe où sur la carte pour avoir des informations sur chaque région française :

    Source : Vigicrues

    Cela permet d’avoir en détail, et par station, des relevés d’hydrométrie, par hauteur d’eau ou débit, les dernières inondations historiques, etc. Au même titre que ceux sur les autres aléas climatiques, ces services d’observation sont très importants, dans la mesure où ils sont en charge de prévenir des risques d’inondations à venir.

    Ne pas prévenir assez tôt, c’est ne pas pouvoir prévenir la population afin qu’elle puisse évacuer les lieux assez vite, et se retrouver avec des catastrophes humaines. L’État Français a par ailleurs mis en place en août 2021 APIC et Vigicrues flash. Ces services d’avertissement automatique basés sur l’observation complètent la Vigilance météorologique et Vigicrues (informations sur les dangers dans les prochaines 24 heures).

    Alors que ces stations sont extrêmement importantes et que l’observation (et analyse humaine) est fondamentale dans la gestion des risques, et que nous anticipons des aléas climatiques de plus en plus fréquents et intenses, nous pourrions nous inquiéter (c’est peu dire) des baisses de budget et d’effectif en pleine urgence climatique…

    La France n’est pas prête à gérer les inondation d’ici 2050

    C’est une erreur de penser que les inondations qui feront des morts et des centaines de millions de dégâts sont uniquement réservées aux pays exotiques, et/ou en voie de développement. Au risque de nous répéter : la France est mal préparée aux risques d’inondations.

    Dans son rapport annuel 2021, le Haut Conseil pour le Climat met en évidence les risques d’inondations en France :

    Trente-huit inondations ont eu lieu entre 1964 et 1990, contre 103 entre 1991 et 2015. Les précipitations intenses qui causent des inondations génèrent un engorgement en eau des sols, une baisse du rayonnement solaire et des maladies fongiques qui affectent les rendements des cultures, comme cela a été observé en 2016.

    Occupation des sols : l’attractivité des littoraux ou de certaines vallées fluviales explique, par exemple, la forte exposition des habitations, infrastructures et entreprises au risque de submersion et d’inondation. Ces implantations peuvent évoluer en quelques décennies, en fonction des dynamiques démographiques ou économiques.

    De nombreux établissements accueillant des enfants (crèches, écoles, collèges) sont exposés au risque d’inondation. En 2016, par exemple, 23 % des maternelles de Paca sont exposées au risque inondation, 42 % dans le Vaucluse. En 2017, on estimait que 20 500 jeunes étaient exposés en Bourgogne-Franche-Comté (216 écoles et 41 établissements du secondaire).

    Les inondations dans les vallées de la Tinée et la Roya en 2019 ont conduit à envisager de possibles relocalisations en interrogeant l’habitabilité.

    Malgré les conclusions scientifiques du GIEC et du HCC, la prudence est requise lorsque l’on communique sur un sujet aussi complexe que les inondations, notamment lorsque certains climatosceptiques et climatorassuristes s’invitent dans le débat public.

    Inondations, réchauffement climatique et désinformation

    L’une des causes principales de l’inaction climatique est la désinformation. A chaque aléa climatique, vous entendrez toujours quelqu’un pour dire ‘c’est pas nouveau, ça a toujours existé, ça n’a rien à voir avec le changement climatique‘. C’est systématique.

    Un cas d’école est arrivé en septembre 2020 avec les inondations dans les Cévennes. Des chercheurs comme Robert Vautard ont mis en évidence que l’intensité des précipitations extrêmes des “événements cévenols” a augmenté d’environ 20 % depuis 1960 en raison du changement climatique. Ribes & al. ont confirmé cette tendance.

    Mac Lesggy, présentateur télé qu’on ne présente plus, avec 50000 followers sur Twitter, a quand même déclaré qu’il n’y avait “aucune preuve que le réchauffement climatique amplifie les épisodes cévenols“, avant de pointer du doigt l’artificialisation des terres et l’urbanisation. Manque de chance, plusieurs scientifiques ont très vite repéré ce mensonge et ont rectifié les faits :

    Cette déclaration provoque pourtant 800 likes, plus de 200 retweets … et circulation d’informations erronées auprès de milliers de personnes qui n’iront pas vérifier les faits par eux-mêmes. Les commentaires sont très instructifs et montrent à quel point il est encore difficile aujourd’hui de lutter contre la circulation d’informations fausses. Le tweet de correction, publié le lendemain, aura 10 fois moins de réactions. 10 jours après, C. Cassou a d’ailleurs publié ce tweet :

    Source : https://twitter.com/cassouman40/status/1311229202646040576?s=20

    Autre argument qui revient souvent, le fameux ‘oui mais cette inondation a fait moins de morts qu’en 1932‘. Comparer les épisodes d’inondation en comparant le nombre de morts n’a pourtant aucun sens. Le nombre de morts dépend, en plus des paramètres météorologiques, des infrastructures, de la préparation de la population (prévention et alerte), du type d’inondation (lente ou éclair), à quel moment (le jour ou la nuit), et de la densité de la population.

    La difficulté de l’exercice, au-delà des observations, est de déterminer si un aléa climatique a été provoqué par le changement climatique.

    Peut-on attribuer chaque inondation au réchauffement climatique ?

    Nous savons que l’effet de serre accentue les deux extrêmes du cycle hydrologique, et qu’il y aura plus d’épisodes de pluies extrêmement abondantes et plus de sécheresses prolongées (cf Clausius-Clapeyron). Cependant, comment peut-on savoir si un évènement est arrivé à cause du changement climatique ?

    Des inondations se sont produites dans le passé et nous ne pouvons affirmer qu’une inondation donnée est due au réchauffement climatique. 

    Nous pouvons néanmoins affirmer que la probabilité d’occurrence de ces évènements météorologiques a fortement augmenté du fait du changement climatique anthropique. Pour aborder l’attribution d’un évènement, une notion est très importante : la période de retour (durée moyenne au cours de laquelle, statistiquement un événement d’une même intensité se reproduit). Celle-ci est toujours accompagnée de son intervalle de confiance, la fourchette de valeurs possibles, qui quantifie l’incertitude liée au calcul.

    La science de l’attribution

    Comment procèdent les scientifiques pour savoir si l’on peut attribuer un évènement météorologique extrême au changement climatique ?

    Le calcul est fait alternativement dans le monde factuel (incluant l’influence humaine, donc plus instable) et dans le monde contrefactuel (sans perturbation humaine du climat). Sont alors comparées les deux probabilités obtenues pour quantifier l’importance de l’influence humaine.

    Le même procédé est utilisé pour évaluer l’impact sur l’intensité, cette fois-ci en raisonnant à probabilité d’occurrence donnée. Les climatologues s’interrogent enfin sur l’évolution future de ce type d’évènement en utilisant des projections climatiques, c’est-à-dire des simulations couvrant le futur (souvent le 21ème siècle), en faisant une ou plusieurs hypothèses sur l’évolution des concentrations atmosphériques des gaz à effet de serre.

    Cas pratique : inondations en Allemagne et en Belgique

    La science de l’attribution a fait des progrès formidables ces dernières années. Grâce à cela, nous n’avons plus à attendre des années pour savoir si un évènement climatique extrême est arrivé à cause du changement climatique. Désormais, seules quelques semaines suffisent.

    Avec une méthodologie bien précise, le World Weath Attribution (WWA) a pu donner des résultats en quelques semaines quant aux inondations qui ont touché l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, du 12 au 15 juillet 2021.

    Ses scientifiques ont analysé comment le changement climatique induit par l’homme a affecté les précipitations maximales sur 1 et 2 jours pendant la saison estivale (avril-septembre) dans deux petites régions où les récentes inondations ont été les plus graves (Ahr-Erft en Allemagne et la Meuse en Belgique), et partout ailleurs dans une zone géographique plus importante comprenant l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas.

    Les conclusions sont les suivantes :

    Le changement climatique a augmenté l’intensité des précipitations maximales journalières pendant la saison estivale dans cette grande région d’environ 3 à 19 % par rapport à un climat mondial plus froid de 1,2 °C qu’aujourd’hui. L’augmentation est similaire pour l’événement de deux jours.

    La probabilité qu’un tel événement se produise aujourd’hui par rapport à un climat plus froid de 1,2 °C a augmenté d’un facteur compris entre 1,2 et 9 pour l’événement d’un jour dans la grande région. L’augmentation est à nouveau similaire pour l’événement de deux jours.

    Dans le climat actuel, pour un endroit donné de cette grande région, nous pouvons nous attendre en moyenne à un événement de ce type tous les 400 ans.

    Ils s’attendent à ce que de tels événements se produisent plus fréquemment qu’une fois tous les 400 ans dans la grande région de l’Europe occidentale.

    Inondation en Belgique, juillet 2021. Crédit : @brunoFahy

    Tous les éléments disponibles (compréhension physique + observations sur une plus grande région et différents modèles climatiques régionaux) donnent aux chercheurs du WWA une grande confiance dans le fait que le changement climatique induit par l’Homme a augmenté la probabilité et l’intensité de la survenue d’un tel événement et que ces changements vont se poursuivre dans un climat qui se réchauffe rapidement.

    L’urgence de s’adapter au risque d’inondation

    Il est urgent d’agir pour limiter le réchauffement climatique, et pour cela nous avons deux options. La première, l’atténuation : baisser nos émissions de gaz à effet de serre. Cette unique option était peut-être valable en 1980, mais comme nous ne l’avons pas fait, nous sommes obligés d’actionner le 2ème levier : l’adaptation. Elle est indispensable, et voici pourquoi :

    Les études réalisées par les assureurs montrent que le changement climatique est responsable de 30 à 40% de l’augmentation du coût des catastrophes. Le reste est notamment lié à l’augmentation de l’exposition et de la vulnérabilité.

    Les modélisations réalisées par les assureurs convergent vers une augmentation d’au moins 50% de la sinistralité à horizon 2050.

    Outre les morts et les blessés, les risques climatiques menacent les biens et infrastructures (bâtiments, réseaux). Les entreprises et industries qui sont par exemple sur un relief de type plateau ne sont pas du tout préparées aux inondations pluviales (risque industriel important avec les produits chimiques).

    Un Français(e) sur 4 vit en zone inondable par les cours d’eau, la mer, les nappes phréatiques ou les orages. Une commune sur deux a tout ou partie de son territoire exposé.

    Quelles solutions pour prévenir les risques d’inondations ?

    La (très) bonne nouvelle, c’est qu’il existe des solutions et que chacun peut agir à son niveau. Au lieu de vouloir construire à tout prix des parkings, une terrasse… la solution est pourtant simple : végétaliser ! Et interpeller les élu(e)s locaux sur les risques de l’artificialisation des sols et des extrêmes climatiques à venir.

    Il est indispensable de changer d’approche et d’intégrer le fait que l’adaptation demande des investissements et des solutions long-terme. C’est parfois plus coûteux à court-terme, mais les gains seront sans comparaison possible sur le long terme, notamment en cas d’aléas climatiques. Certaines villes ont déjà intégré ces risques, à l’instar de Douai, qui “souhaite se préparer au changement climatique“.

    En d’autres termes, il faudra du courage politique et ne plus chercher le profit à court terme. Nous devons réduire nos émissions et nous adapter aux aléas climatiques, nous n’avons plus le choix. Les morts partout dans le monde durant l’été 2021 montrent que parler d’écologie punitive n’a aucun sens et que ce n’est qu’un prétexte à l’inaction climatique, aujourd’hui meurtrière.

    Les points clefs à retenir sur les inondations

    Une inondation (ou crue) est le “gonflement d’un cours d’eau ou d’une autre masse d’eau au-delà des limites normales ou accumulation d’eau dans des zones qui, en temps normal, ne sont pas submergées“.

    L’importance des inondations pluviales dépend de trois paramètres : la hauteur d’eau, la vitesse du courant et la durée de la crue.

    Personne n’est à l’abri des inondations, pas même les pays industrialisés. L’injustice climatique est encore une fois vérifiée, puisque ce sont les personnes les plus démunies qui seront le plus touchées par cet aléa climatique. La justice climatique, au cœur de l’Accord de Paris, est ici centrale.

    La fréquence et l’intensité des épisodes de fortes précipitations ont augmenté depuis les années 1950 sur la plupart des zones terrestres pour lesquelles les données d’observation sont suffisantes pour une analyse des tendances (confiance élevée). Le changement climatique d’origine humaine est probablement le principal facteur.

    On ne peut pas attribuer chaque inondation au réchauffement climatique, mais nous savons que nous observons et observerons des inondations plus fréquentes et plus intenses.

    Une atmosphère plus chaude peut transporter en moyenne 7% d’humidité en plus par degré de réchauffement.

    La France est mal préparée aux risques d’inondations. Il est urgent de s’adapter aux aléas climatiques à venir et de suivre les recommandations scientifiques. Nous ne pouvons plus miser uniquement sur l’atténuation de nos émissions. L’adaptation au changement climatique est urgente.

  • Casting

    Les heros sont tous morts

    Tome 1 : Les héros sont tous morts (publié)

    Tome 2 : Tous, sauf elle ( en attente de publication pour 2024)

    Tome 3 : Le désert des barbares

    Tome 4 : Terre sans hommes

     

    Je travaille à l'écriture du tome 4.

    Peu, depuis quelques temps.

    Je lis beaucoup, beaucoup, beaucoup et je visionne des conférences ou documentaires. Toujours sur l'état du monde, non pas humain mais celui de la nature. L'avenir de l'humanité dépend de l'état de la nature et les choses s'aggravent fortement.

    Je serai probablement mort lorsque la situation deviendra vraiment critique. À moins que mes prévisions ne se révèlent caduques et que ça aille encore plus vite. C'est possible.

    Il est certain, en tout cas, que l'humanité toute entière, n'est pas disposée à changer. La situation n'est pas encore assez grave. Caractéristique humaine.

    Pour l'instant, les gens comme moi sont appelés des "catastrophistes" ou des complotistes ou des survivalistes. C'est tellement facile de cataloguer, d'étiqueter, d'encadrer, de réduire. Ce qui est certain, c'est que le gouvernement, celui-ci comme les prochains, ne nous aime pas. Tout est bon à prendre quand il s'agit de dénaturer la réflexion, de la salir, de l'encombrer avec des individus effectivement peu recommandables. Tout le monde dans le même sac et on le jette à l'eau. Ca ne change rien à la réalité.

    Mais comme disait Chirac, "ça m'en touche une sans faire bouger l'autre".

    Parfois, je me dis que cette quadrilogie pourrait être un écrit prémonitoire.

     

    "L'homme est capable du meilleur comme du pire, mais c'est vraiment dans le pire qu'il est le meilleur. »

    Grégoire Lacroix (dit Corbin).

     

    CASTING

    Laure Bonpierre : sportive professionnelle, adepte de l'ultra-trail et records d'ascension.

    Gaston Floc’h: chasseur

    Lucas Marcieux : lieutenant à la SRPJ, ancien compagnon de Laure

    Lucie : compagne actuelle de Lucas

    Moses : guide africain, accompagnateur de Laure au Kilimandjaro (Tanzanie)

    Fabien Dumont : lieutenant de police

    Mathieu Denis : lieutenant de police

    Francis Thiébaut : flic, équipier de Mathieu et Fabien

    Thomas Blanchard : militaire, ami de Lucie.

    Alfonso : ami italien de Francis, receleur (Italie)

    Vincenzo : ami italien d’Alfonso, faussaire (Italie)

    Raphaël Guérini : truand

    Paolo Midugno : porte-flingue

    Martin Kravanski : diamantaire, receleur.

    Figueras : Indien Aruhaco, ami des Indiens Kogis. (Colombie)

    Kalèn ; Mamu (sage) Indien Kogi (Colombie)

    Ayuka : Indien, guide. (Colombie)

    Pierre Favre : deuxième identité de Francis Thiébaut

    Walter Zorn : Chef suprême de l’Ordre des Immortels. Concepteur du plan Nemesis. (Nouvelle-Zélande)

    Fabiola Mesretti : banquière, première femme intégrant l’Ordre des Immortels (Nouvelle-Zélande)

    Jonas : père de Walter Zorn (Nouvelle-Zélande)

    Abraham : grand-père de Walter Zorn (Nouvelle-Zélande)

    Tariq : fanatique islamiste de Daech (Irak)

    Farid : frère de Tariq, mort à Mossoul (Irak)

    Jacques : flic

    Martial : flic

    Laurent : flic

    Zack : garde du corps de Walter Zorn. (Nouvelle-Zélande)

    Docteur Flaurent : chirurgien, hôpital sud de Grenoble

    Terence : trader pour Walter Zorn

    Nacer : islamiste, coordonnateur des attentats à Paris.

    Sélim Karmaz : banquier à Istanbul (Turquie)

    Akram : homme de main de Sélim Karmaz

    Aziz : islamiste, héberge Tariq à Paris.

    Tian : étudiant

    Louna : étudiante

    Elizabeth : mère de Tian

    Antoine : père de Tian

    Boris Strogo: milliardaire russe, membre de l’Ordre des Immortels

    Hans Van de Kerkoff : milliardaire belge, membre de l’Ordre des Immortels

    Yves : père de Laure Bonpierre

    Lisette : mère de Laure Bonpierre

    Tim : Frère de Laure Bonpierre (Nouvelle-Zélande)

    Aurore : compagne de Tim

    Alec : radio-amateur (Ecosse)

    Gros Bill : tenancier à Christchurch (Nouvelle-Zélande)

    Langlois : flic, patron de la brigade

    Didier : père de Louna

    Fabienne : mère de Louna

    Anne : compagne de Didier

    Sophie et Tristan : le couple qui a fondé un groupe de survivalistes 

    Emma et David : couple ami

    Moussad : ancien combattant de Daech, intégré au groupe de Sophie

    Kenza : ancienne otage de Daech, libérée par Moussad

    Delphine et Jean Mangin : Couple survivalistes voisins du groupe de Sophie

    Martha : fille de Delphine et Jean

    Joachim Nichols : colonel américain, ami de Walter Zorn (USA, Pentagone)

    Valentin Volkoff : ancien militaire russe

    Fanfan : ami de Valentin

    Markus Solberg : norvégien, homme d’entretien de l’université de biologie de Longyaerbyen. (Svalbard)

    Ahmed , Kevin, Mouloud, Dylan, Jason, Ernesto, Domi, Kimberley, Rihanna, Stacy, Aldo, Romuald, Diego : des barbares.

    Loris : frère de Emma.

    Stella et Isabelle : étudiantes en fuite.

    Harry Boyd : ami de Tim (Nouvelle-Zélande)

    Kathleen : épouse de Harry

    Matt : fils de Harry et Kathleen

    Jodie : fille de Harry et Kathleen

    Daniel et Mireille : couple de survivalistes du groupe de Valentin

    Francine : amie de Daniel et de Mireille

    Josh Randall, ancien Marines, tireur d'élite. (USA, Maryland)

    Larry Hammet : pasteur, leader du groupe de L'arche. (USA, Maryland)

  • L'édaphon

    Nous marchons sur une terre dont nous ne connaissons quasiment rien de la vie qui s'y trouve.

     

    Édaphon

     

    https://www.aquaportail.com/dictionnaire/definition/10394/edaphon

    nom masculin

    Sommaire :

     | Définition | Explications | Division | Flore et faune... | Composition
     |
    Synonymes | Mots à proximité | En rapport

    Définition

    L'édaphon est l'ensemble des organismes et micro-organismes (animaux, végétaux, champignons, bactéries), la biocénose du sol, toute la biodiversité de la pédosphère. L'euédaphon rassemble les espèces (géobiontes) qui vivent continûment dans le sol, ceux qui y vivent temporairement (géophiles) forment l'hémiédaphon et ceux qui vivent à la surface forme l'épiédaphon. Les organismes vivant dans la couche herbacée forment l'hyperédaphon.

    Les collemboles sont des édaphons :
    Un édaphon : les collemboles Protaphorura armata
    Dans le sol, les édaphons comme ces
    larves de collembole arthropode Protaphorura armata sont peu pigmentés ou complètement blancs.

    Explications

    Le terme a été inventé au début du 20ème siècle par le botaniste et microbiologiste Raoul Heinrich Francé. Les édaphons sont étudiés en édaphologie. L'édaphon constitue environ 5 % du volume du sol.

    Division

    Les édaphons sont généralement divisés en plantes (flore du sol, pédoflore) et animaux (faune du sol, pédofaune). Dans le sol vivent de nombreux micro-organismes eucaryotes à une ou plusieurs cellules, les protistes, et les bactéries. En plus des espèces végétales, animales et bactérienne, ils comprennent les champignons (mycètes) et des bio-effecteurs.

    L'habitat édaphique est en outre divisé en :

    hyperédaphique : vivant dans la couche herbacée;

    épiédaphique (épigée) : vivant dans la litière;

    hémiédaphique (hypogée) : vivant dans la couche d'humus;

    euédaphique (hypoge#l_endoge">endogée) : vivant dans le sol (haut).

    Flore et faune édaphiques

    ⭐ La flore du sol comprend notamment des champignons, des algues, des bactéries et des lichens. Les bactéries se nourrissent principalement de matières organiques mortes. La flore du sol a un rôle important à jouer au sein de l'écosystème à travers cette humification et minéralisation de la matière organique. Les racines des plantes ne font pas partie de la flore du sol. En se basant sur le terme "nanoplancton", Francé a décrit la microflore autochtone comme "nanoédaphon". Celui-ci peuvent changer de façon cyclique mais sont toujours présents dans tous les climats terrestres. C'est une "forme de profondeur" de l'édaphon, car cette microflore est la moins exigeante en lumière et en air et se rencontre souvent à des profondeurs d'un mètre.

    ⭐ La faune du sol joue également un rôle important dans le déchiquetage et la décomposition des restes de plantes mortes et des cadavres d'animaux. Les chenilles et les vers assurent notamment le mélange, la ventilation et la relaxation du sol. Ces animaux édaphiques sont subdivisés par taille :

    microfaune (< 0,2 mm) : amibes, ciliés, vers ronds et méiofaune.

    mésofaune (< 2 mm) : acariens, collemboles.

    macrofaune (<20 mm) : cloportes, araignées, vers de terre, Coléoptères et autres insectes.

    mégafaune (> 20 mm) : vertébrés tels que les taupes, les campagnols et les musaraignes.

    La microfaune assume la fonction de minéralisation. La mésofaune assure une bioturbation, une fragmentation et une bioaccumulation à petite échelle. Les macrofaunes et mégafaunes fournissent une bioturbation à grande échelle, une fragmentation par dispersion et une formation d'agrégats. De plus, tous les composants de la faune du sol favorisent l'activité microbienne.

    Composition

    La totalité des organismes vivant dans le sol joue un rôle important dans le processus de compostage. Les valeurs suivantes de l'édaphon sont approximatives et peuvent varier en fonction du type de sol :

    40 % de bactéries, en particulier des actinomycètes.

    40 % d'algues et de champignons.

    12 % de vers (vers de terre).

    5 % macrofaune restante : Polychètes, gastéropodes, arachnides...

    3 % microfaune restante : Nématodes, acariens, collemboles...

    La présence d'édaphon est le facteur sol-sol le plus important après l'érosion et, dans le sol déjà créé, il est responsable du maintien de son caractère. Il affecte les caractéristiques physico-chimiques du sol, et donc sa structure, sa capacité de rétention d'eau, sa respirabilité. Cependant, au sens fondamental, il est responsable de sa fertilité, car c'est la présence d'édaphon qui détermine la décomposition des composés organiques et accélère la libération des minéraux, ainsi que la formation d'humus dans le sol.

  • A CŒUR OUVERT :lâcher prise

     

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    « Salut Philippe ! Comment ça va ?

    - Salut Francis. Impeccable. Et toi ?

    - Pas mal. Du boulot par-dessus la tête mais moins que toi, j’imagine. »

    Brasserie de la rue Saint-Jacques. Les deux hommes s’étaient donné rendez-vous. Juste un intermède dans le chaos de la journée.

    « C’est clair que depuis que j’ai récupéré toutes les parts de la société, je n’ai pas une minute à moi. Je n’aurais jamais imaginé une situation pareille. Ça m’est tombé dessus avant même que j’y pense. C’est pour ça que je t’ai appelé. On commande ?

    - Oui, j’ai un rendez-vous dans une heure. Faut pas traîner. T’as des nouvelles de Paul ?

    - J’ai eu Alice au téléphone avant-hier. Elle m’a dit qu’il est parti s’installer dans un coin paumé, dans le Massif Central. Mais je serais incapable de te dire où exactement.

    - C’est dingue quand même ce changement dans sa vie. Je sais bien qu’il a failli mourir mais de là à tout plaquer comme ça. Il aurait pu juste réduire la voilure. Au lieu de ça, il disparaît du jour au lendemain.

    - Tu sais, je crois que tu aurais du mal à le reconnaître si tu le voyais. La dernière fois que je l’ai rencontré, ça m’a foutu mal à l’aise. L’impression de parler avec un gars un peu dérangé. J’ai essayé de lui montrer que le marché explosait et qu’il y avait un fric fou à se faire, qu’on avait obtenu toutes les exclusivités dont il avait rêvé et pour lesquelles il s’était battu comme un mort de faim, que c’était pas le moment de lâcher l’affaire.

    - Qu’est-ce qu’il a répondu ?

    - Il m’a regardé sans rien dire. Mais pire que ça encore, je dirais que c’était comme s’il n’y avait eu personne en face de moi. Tu sais, il était vachement nerveux avant, il bougeait tout le temps, ça m’énervait quand il tapotait des doigts sur la table.

    - Moi aussi, c’était vraiment crispant.

    - Oui, c’était une vraie pile électrique et tu connais sa capacité à abattre un boulot de dingue, hein. Il épuisait tout le monde autour de lui. Vraiment, ce gars-là m’impressionnait énormément. Eh bien, là, il était face à moi, totalement inerte, sans aucun geste, droit comme un lampadaire. Je lui ai même demandé si ça l’emmerdait ce que je disais. Il m’a dit que si c’était important pour moi, je pouvais bien continuer. Il n’en avait rien à foutre quoi. Je crois même que j’aurais pu continuer pendant trois plombes sans qu’il ne bouge. C’est moi qui suis parti.

    - Et ben dis donc, impressionnant. C’est le cerveau qu’ils lui ont enlevé ou quoi ?

    - En tout cas, il n’a plus ce qui faisait de lui le gars qu’on a connu. Et c’était un sacré bon pourtant. Tu te rends compte de la force de frappe de la boîte aujourd’hui ! Il a pulvérisé tous les concurrents. C’était un visionnaire ce gars. Je n’ai pas hésité un seul instant quand il m’a proposé ses parts. C’était inespéré d’un point de vue financier. Et surtout à ce prix-là ! Par contre, au niveau boulot, je ne m’en sors plus. C’est pour ça que je t’ai appelé, Francis. Ça te dirait de venir bosser avec moi ? »

    Chloé ne l’avait pas reconnu. Plusieurs semaines qu’elle ne l’avait pas vu. Elle ne savait même pas où il s’était installé et elle ne voulait pas le savoir. Il les avait abandonnées, elle et sa mère. Comme si elles ne comptaient plus pour lui.

    Il lui avait donné rendez-vous dans le parc aux alouettes. Le banc, prêt du manège aux chevaux de bois. N'importe quoi. Une galerie marchande, là au moins, elle aurait pu en profiter pour faire les vitrines. Il le savait bien pourtant. C'était n'importe quoi.

    Il était déjà là quand elle est arrivée. Assis sur son banc. Il s'était levé.

    Il avait un pantalon et une chemise en lin. Blanc cassé. Des sandales. Plus de costume, plus de cravates ni les chaussures en crocodile.

    Une transformation radicale. Elle pensa à un nostalgique de Woodstock.

    « Bonjour Chloé.

    - Bonjour papa. »

    Elle n’avait pas aimé son regard inquisiteur, cette façon insistante de la dévisager. Elle ne se souvenait pas lui avoir connu un tel flamboiement dans les prunelles.

    « Comment tu vas, papa ?

    - Je vis. Et c’est tout récent alors je découvre.

    - Maman m’a dit que tu allais quitter la région.

    - Oui, j’ai loué une petite maison meublée près du village de la Godivelle, dans le Massif Central.

    - Mais qu’est-ce que tu vas faire là-bas ?

    - Marcher.

    - Marcher ?

    - Penser en marchant si tu préfères. Il est temps que j’apprenne.

    - Et tu as le droit de faire des efforts comme ça ?

    - Je ne me suis pas donné ce droit jusqu’ici et la vie s’est chargée de me le rappeler. J’ai la chance d’avoir une deuxième vie. Ou peut-être même une première finalement.

    - Ah bon, une première ! Sympa pour maman et moi ça.

    - Oui, tu as raison. Vous n’êtes pas concernées. Je ne peux pas vous reprocher d’avoir vécu ce que je vous proposais et que j’entretenais. C’est ce qui convenait à tout le monde. Mais ça ne me convient plus justement. Et ça n’est pas un choix, c’est une nécessité.

    - Et tu vas vivre de quoi maintenant que tu n’as plus de travail ?

    - Je vais vivre justement.

    - Et maman et moi ?

    - Vous êtes tranquilles de ce côté-là, aucun souci. Financièrement parlant. Tout comme moi.

    - Tu sais combien ça va coûter mes études ?

    - Ta mère a touché de quoi te payer mille fois tes études et un cabinet d’architecte d’intérieur en supplément. »

    Elle n’aimait pas ce détachement, cette façon qu’il avait de répondre à tout avec une singulière facilité, comme si tout était sans problème, comme si tout était déjà réglé. Elle l’avait toujours connu agité, impatient, pressé, nerveux mais efficace et déterminé. Rien ne lui résistait. Et là, elle avait l’impression que rien ne lui résistait également mais à travers une indifférence totale. Et pourtant, il était toujours aussi opérant. C’est ce mot-là qui l’interpella.

    « Depuis ton opération, tu as changé.

    - Et ça ne te plaît pas ?

    - Je ne comprends pas ce qui s’est passé.

    - J’ai failli mourir, tout simplement.

    - Mais tu es toujours vivant ! Alors, pourquoi tu ne continues pas ? Tu pourrais travailler moins mais continuer à t’occuper de ton entreprise, tu y as consacré toute ta vie. Et puis là, ça ne compte plus.

    - Parce que je ne compte plus justement.

    - Attends, c’est toi qui ne comptes plus ou tu veux dire que tu ne comptes plus l’argent que tu possèdes ?

    - C’est parce que je comptais l’argent que je possède et plus encore celui que je voulais posséder que ma vie ne comptait plus. Il a suffi que je pense à mon travail pour avoir envie de partir en courant. Je n’ai même pas envie d’essayer quoi que ce soit. C’est fini tout ça.»

    Rien à faire, il avait réponse à tout, elle sentait bien qu’il était inébranlable. Elle ne parlait pas avec son père mais avec un individu qui n’existait pas comme elle. Il était ailleurs. Dans un autre monde. Et ce regard illuminé lui devenait insupportable.

    Ce cliché éculé du millionnaire qui vend tous ses biens et part vivre en ermite. C'était tellement ridicule. Elle en avait honte pour lui.

    « Il faut que j’y aille papa. J’ai un rendez-vous. »

    Elle aurait pu inventer n’importe quoi pour sortir de ce malaise.

    « Quand je serai installé, je te préviendrai. Il y aura une chambre pour toi.

    - Oui, on verra. »

    Elle se leva, l’embrassa et s’enfuit.

    Il avait un rendez-vous lui aussi.

    Il se présenta à l’agence bancaire et il fut immédiatement reçu par Monsieur Blain, son attaché de compte.

    « Je suis ravi de vous revoir, Monsieur Laskin. Comment allez-vous ?

    - Du mieux possible, merci. »

    Il n’avait rien à reprocher à cet homme affable et il le savait sincère.

    « Je suis venu signer les documents pour mon ex-femme et ma fille, les virements permanents dont je vous ai parlé par téléphone.

    - Oui, j’ai déjà préparé les documents. Nous aurons vite terminé. Je vous demanderai juste de les relire intégralement, par sécurité. Je m’en voudrais d’avoir commis une erreur. »

    Il s’attacha à analyser chaque terme. Rien à signaler. Une signature sur les feuillets.

    « Je sais que je n’ai aucun conseil à vous donner sur la gestion de votre compte, Monsieur Laskin. Et je n’en donnerai pas.

    - Je vous en remercie.

    - Je suppose que vous voulez prendre le repos qui vous est dû.

    - Exactement.

    - Alors, je vous souhaite le meilleur pour les années à venir, Monsieur Laskin.

    - Cinq ans, pour l’instant. C’est la durée de mon nouveau cœur. »

    Une interrogation dans les yeux du conseiller.

    « C’est un cœur artificiel, Monsieur Blain et il a une durée de vie limitée. Il est possible qu’entre temps, je puisse bénéficier d’une transplantation avec un greffon humain ou qu’on recommence avec le même type de cœur. L’histoire n’est pas finie.

    - C’est très impressionnant.

    - Effectivement. Prenez soin de vous et de votre famille, Monsieur Blain. »

    Il se leva et tendit la main.

    « Je m’en souviendrai, Monsieur Laskin. »

    Il passa à l’entreprise et rencontra Philippe. Il demanda la liste des relevés d’identité bancaire des vingt-sept salariés à la comptable et fit verser trois mille euros de prime à chacun.

    « Philippe, je compte sur toi pour souhaiter bonne continuation à tous les salariés. »

    La voix était chaleureuse et Philippe s’en réjouit.

    «  Je compte sur eux aussi pour pérenniser tout le travail que j’ai accompli. Et sur toi, bien évidemment. Je ne veux pas de pot d’adieu. Les gens ont autre chose à faire. Dis leur de prendre soin d’eux et de leur famille, c’est tout. Et que je ne les oublierai pas. Remercie-les de leur travail. »

    Il s’approcha et posa une main sur l’épaule de Philippe.

    «  Je t’ai déjà remercié de m’avoir sauvé la vie et je continuerai intérieurement à le faire tous les jours. Propose une formation aux gestes d’urgence à tous les employés. Je n’y ai jamais pensé et c’est une erreur de ma part.

    - Tu es sûr que tu ne vas rien regretter ?

    - Regretter quoi ? »

    Un ton froid, cinglant, un regard qu’il ne parvint pas à soutenir. Il regretta sa question.

    « Non, rien, Paul, c’est idiot, je te souhaite le meilleur pour la suite.

    - C’est déjà le cas, Philippe. Juste une dernière chose.

    - Oui ?

    - Ne te fais pas avoir. »

    Il lui serra la main et sortit.

     

  • La ligue de protection des vers de terre

    « Les vers de terre ont joué un rôle dans l’histoire du monde, plus important que ce que la plupart des gens peuvent le supposer … et l’humus qui couvre, comme un manteau, la surface de la terre a traversé plusieurs fois leur corps» (Darwin, 1881). 

     

    Fondée en Haute-Vienne, la Ligue de protection des vers de terre veut donner à ces animaux une existence juridique

     

    https://www.lepopulaire.fr/compreignac-87140/actualites/fondee-en-haute-vienne-la-ligue-de-protection-des-vers-de-terre-veut-donner-a-ces-animaux-une-existence-juridique_

    Publié le 20/04/2024 à 10h54

    Fondée en Haute-Vienne, la Ligue de protection des vers de terre veut donner à ces animaux une existence juridique

    Christophe Gatineau profite du Jour de la Terre pour lancer la Ligue de protection des vers de terre. © Juliette Benhaim

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    Christophe Gatineau entend protéger les vers de terre alors que les pratiques agricoles actuelles menacent leur survie.

    Christophe Gatineau n’en a pas fini avec la vie sous terre. Pour l’auteur du livre L’Éloge du ver de terre, particulièrement remarqué lors de sa publication en  2018, le combat ne fait même que commencer.

    « Tant que cet animal n’existe pas dans la loi, il n’existe pas tout court, et on ne peut pas défendre un animal qui n’existe pas », argumente-t-il depuis son jardin de Compreignac.

    L'utilité des vers de terre

    Le Haut-Viennois fonde ce 22 avril, pour le Jour de la Terre, la Ligue de protection des vers de terre, afin de préserver les lombrics, contribuer à leur protection juridique et réhabiliter leur habitat. « Il y a bien des associations de défense du loup, de l’ours, du hérisson, des oiseaux… » Et le ver de terre n’est pas un « sous-animal », continue-t-il.

    « Les vers de terre et les microbes nourrissent les sols qui nourrissent les plantes qui nous nourrissent. ». Ils transforment la matière organique en nourriture assimilable par les végétaux – azote, phosphore, potasse, fertilisants –, comme ils permettent à l’eau de s’infiltrer dans leurs galeries verticales, évitant ainsi le ruissellement.

    Une lettre au ministre

    Pour accompagner la naissance de la nouvelle association, l’agronome a envoyé une lettre au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. « Plus de la moitié des sols agricoles sont dégradés à divers degrés, et leur altération prend sa source dans la dégradation de l’habitat des vers de terre. Une dégradation qui entraîne l’érosion des sols vers les cours d’eau et la raréfaction des vers de terre ! », écrit-il.

    « Le sujet peut paraître risible, mais il ne l’est pas », commente en aparté ce fils de paysan, qui espère toujours une prise de conscience des décideurs, sans ignorer le poids des lobbys. Les lombrics sont menacés par la monoculture, les engrais, les pesticides ou le labour profond.  « Avec les produits chimiques, les rendements ont explosé, mais ils stagnent, voire baissent depuis 1998. On arrive au bout de la technologie et il faut repasser par des auxiliaires comme le ver de terre si l’on ne veut pas voir les rendements continuer de chuter. »

     

    Donner une information aux agriculteurs

    Le but n’est pas d’élever le ver de terre au rang de l’humain, nuance Christophe Gatineau. « Juste de le préserver et de mettre à la disposition de l’agriculteur des informations afin qu’il puisse toujours choisir le produit, l’outil ou la technique la moins délétère pour ces animaux. »

    Les paysans ne connaissent pas par exemple les conséquences de pesticides sur les lombrics. « Et pour une raison simple : la toxicité des pesticides n’est pas évaluée sur les vers de terre qui vivent dans les sols cultivés », commente un brin amère le Haut-Viennois.

    L'importance des vers de terre

     

    https://agronomie.info/fr/limportance-vers-de-terre/

     

    L'importance des vers de terre

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    L’importance des vers de terre est connue depuis des siècles. Au temps de la Grèce antique, le mode de vie et l’utilisation des vers de terre étaient bien connus et Aristote (350 av J.C) les appelait « Les intestins de la terre » probablement du fait qu’ils vivent et se déplacent sous la terre, “tout en la digérant” (Minnich, 1977 ; Kevan, 1985).


    Charles Darwin est l’un des premiers scientifiques fondateurs de l’écologie des
    sols, à donner foi à la logique sur les effets bénéfiques des vers de terre sur les sols et la croissance des plantes, et donc sur la survie humaine. En 1881, il publie son dernier livre « La formation de la terre végétale par l’action des vers de terre avec des observations sur leurs habitudes ». Ce livre illustre l’importance de l’activité des vers de terre dans une grande variété de thèmes qui restent d’actualité : la pédogénèse, les processus d’altération, la différenciation d’horizons du sol et la formation de la terre végétale…etc. Il disait : « les vers de terre ont joué un rôle dans l’histoire du monde, plus important que ce que la plupart des gens peuvent le supposer … et l’humus qui couvre, comme un manteau, la surface de la terre a traversé plusieurs fois leur corps» (Darwin, 1881). 


    En effet, ils ont une importance primordiale dans la production primaire ; puisque qu’ils jouent un rôle essentiel dans la formation et l’entretien des sols fertiles et de leurs effets sur le recyclage des éléments nutritifs, le maintien de la fertilité et la structure des sols (Lee, 1985 ; James, 1991 ; Bohlen et al., 1997).


    A l’époque babylonienne, ils étaient utilisés en médecine comme des lumbagos (Michaelsen, 1930) et dans l’Empire égyptien, ils servaient d’indicateurs météorologiques (Righi, 1997), l’importance des vers de terre dans la vallée du Nil étaient reconnue, à tel point que Cléopâtre (69-30 av J.C) décréta le ver de terre comme un animal sacré (Minnich, 1977). De l’antiquité à l’époque de Darwin, de rares informations sur les vers de terre sont disponibles (Agricola, 1549 cité par kevan 1985). Tout au long du 19ème siècle et jusqu’au début du 20ème siècle, la majorité des gens considéraient le ver de terre comme nuisible (White, 1789 ; Château neuf, 1844 ; Walton, 1928; Graff, 1983). Quelques côtés positifs des vers de terre ont été mentionne, notamment pour certaines médecines et comme aliments pour certains peuples indiens ou comme appât pour la pêche (Feller et al., 1997, 2003).


    Les lombriciens font partie des animaux terrestres les plus anciens. Ils sont omniprésents dans tous les sols capables de soutenir les plantes. Ils se reproduisent partout, mais rarement dans les déserts, lieux constamment enneigés, les sommets des montagnes et les zones manquant presque ou entièrement en sol et végétation. Ils constituent un composant important de la communauté invertébrée dans la plupart des sols, où ils peuvent dominer l’ensemble de la macrofaune du sol sur le plan densité et biomasse souterraine globale. Ils peuvent atteindre respectivement 1 million d’individus à l’hectare et 2 tonnes par hectare (Lavelle, 1983). Dans les forêts tropicales, les lombriciens représentent environ 50% de la biomasse de la macrofaune du sol (Fragoso et Lavelle, 1992).


    Les lombriciens sont également d’intérêt phylogénétique et biogéographique puisqu’ils sont un ancien groupe avec des déplacements généralement faibles et surtout confinées dans leur région d’origine. A tous les stades de leur cycle de vie, leur mobilité est généralement limitée aux petites zones, exceptions pour les espèces euryhaline (tolérante au sel), et d’autres qui peuvent profiter d’une aide naturelle en s’accrochant sur des troncs d’arbre flottants en aval ou de transport dans la boue sur les pieds des oiseaux ou entre les sabots des animaux. La plupart sont incapables de survivre aux dessèchements ni aux expositions de soleil ou ni encore à l’eau salée.
    De tels dispositifs sont les barrières naturelles contre la dispersion ou la migration des espèces de ver de terre (Lavelle, 1992).
    Puisqu’ils sont mous, les fossiles sont rares. Leur répartition biogéographique est interprétée par les événements géologiques tel que les théories de la tectonique des plaques et de la dérive des continents qui cherchent toujours la validation de distribution actuelle et passée des diverses familles de ces vers de terre (Lavelle et Martin, 1992).
    Certaines espèces de ver de terre sont largement distribuées à cause des transports involontaires, suivant les traces de pérégrinations humaines liées particulièrement à l’agriculture et au commerce.

     

    Les vers de terre : les alliés indispensables pour une agriculture durable

     

    https://fermedebalon.com/vers-de-terre-agriculture-durable/

     

    30/10/2023 par

    Le secret bien gardé des agriculteurs : pourquoi les vers de terre sont essentiels pour une agriculture durable !

    Découvrez pourquoi les vers de terre sont les alliés indispensables pour une agriculture durable. Les vers de terre jouent un rôle crucial dans la santé des sols et la production agricole. Leur présence favorise la fertilisation naturelle, l’aération du sol et la rétention d’eau. Ces petites créatures souterraines améliorent ainsi la qualité des cultures, augmentent leur rendement et réduisent le besoin d’utiliser des produits chimiques. De plus, leur activité contribue à la formation de micro-agrégats, qui permettent aux racines des plantes de se développer plus facilement. Les vers de terre sont de véritables ingénieurs du sol, offrant une solution écologique pour une agriculture durable et respectueuse de l’environnement. Découvrez comment profiter de leurs bénéfices dans notre article complet !

    Les vers de terre : des agents de fertilité du sol

    Les vers de terre sont des organismes essentiels pour maintenir et améliorer la qualité du sol. En effet, leurs activités contribuent à la formation des structures du sol, à l’amélioration de sa fertilité et de sa rétention d’eau. Les vers de terre ont une influence sur la productivité agricole et peuvent être utilisés pour la gestion durable des sols. Il est donc indispensable pour les agriculteurs de comprendre l’importance des vers de terre et leurs interactions avec les autres composants du sol.

    Ces organismes souterrains se nourrissent principalement de matière organique végétale, ce qui est très utile car ils contribuent à l’amélioration du sol en transformant rapidement la matière organique en nutriments disponibles pour les plantes. En même temps, leur action provoque la formation d’une couche riche en humus, bien meuble et riche en minéraux. Les vers de terre produisent également des excréments qui constituent un engrais naturel très apprécié par les agriculteurs.

    Enfin, les vers de terre peuvent également favoriser l’infiltration et le drainage des eaux souterraines. En travaillant la terre, ils créent des tunnels où circule plus facilement l’air et l’eau. De plus, ces organismes réduisent le tassement du sol et améliorent sa capacité d’absorption de l’eau, ce qui limite les pertes par évaporation et augmente son rendement. Tout cela explique pourquoi les vers de terre sont considérés comme une ressource précieuse pour l’agriculture.

    L’importance des vers de terre dans la santé du sol

    Les vers de terre sont des organismes essentiels à la bonne santé du sol, et leur présence est extrêmement importante dans les systèmes agricoles. Les vers de terre peuvent recycler les nutriments et les matières organiques du sol, ce qui améliore la qualité des sols sur lesquels poussent les plantes. Ils aident également à préserver l’humidité et à créer des habitats pour d’autres organismes vivant dans le sol. En tant qu’agents responsables de la fertilité et de la structure du sol, ils sont importants pour la croissance des cultures.

    Les vers de terre sont capables de régénérer le sol grâce à leurs processus métaboliques, en libérant des nutriments dont les plantes ont besoin pour survivre et pousser. Ces vers de terre peuvent modifier rapidement l’alcalinité du sol, ce qui permet aux cultures de mieux absorber les nutriments dont elles ont besoin. Ils sont capables de retenir l’humidité du sol afin que les plantes aient accès à une plus grande quantité d’eau, ce qui aide à améliorer leur croissance et leur productivité.

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    Ces vers de terre produisent un produit appelé humus, qui est riche en minéraux et en matière organique. L’humus est essentiel pour fournir aux plantes suffisamment de nutriments pour se développer correctement.

    Comment les vers de terre favorisent la décomposition des matières organiques

    Les vers de terre sont des organismes essentiels à l’agriculture, car ils favorisent la décomposition des matières organiques. En effet, les vers de terre se nourrissent des déchets organiques dans le sol et y ajoutent des nutriments importants pour les cultures. De plus, les vers de terre produisent du compost riche en nutriments qui améliorent la qualité et la structure du sol et augmente ainsi ses rendements. Par ailleurs, leurs tunnels d’aération améliorent la capacité des racines des plantes à absorber l’eau et les éléments nutritifs. Les vers de terre sont donc un excellent moyen d’améliorer la fertilité du sol et de contribuer aux objectifs agricoles.

    En particulier, les vers de terre sont responsables de l’augmentation des niveaux d’azote, de phosphore et de potassium dans le sol. Ces minéraux sont essentiels à la croissance des plantes. En outre, ils stimulent également la production en augmentant la photosynthèse et en réduisant le stress hydrique causé par une mauvaise irrigation. Les vers de terre contribuent donc grandement à une croissance plus rapide et plus productive.

    De plus, en décomposant les matières organiques, les vers de terre libèrent également différents nutriments qui favorisent l’activité microbienne nécessaire au maintien d’un sol sain. Grâce à ces bactéries, l’ensemble du cycle biologique est maintenu et permet aux plantes de se développer correctement et ainsi optimiser le rendement des cultures.

    Les vers de terre et l’aération du sol : un duo gagnant pour les cultures

    Les vers de terre : les alliés indispensables pour une agriculture durable

    Les vers de terre constituent une partie essentielle du cycle nutritif dans l’agriculture. Ils fournissent une aération supplémentaire au sol, ce qui favorise l’accès au sol des racines. Les vers de terre sont considérés comme des travailleurs agricoles, car ils produisent et stockent des nutriments très importants pour les cultures. Leur activité à travers le sol améliore la qualité des sols, ce qui améliore encore la production agricole et la santé des cultures. En outre, la présence des vers de terre stimule le développement et la croissance des racines, ce qui leur permet d’accéder plus facilement aux nutriments du sol. De plus, les vers de terre aident à contrôler l’humidité du sol, ce qui est utile pour maintenir un niveau approprié d’humidité pour réduire le stress hydrique et les maladies des plantes.

    Les bénéfices des galeries creusées par les vers de terre

    Les vers de terre sont des organismes qui jouent un rôle important dans l’agriculture. Ils creusent des galeries dans le sol, ce qui permet un meilleur drainage et une meilleure aération du sol. Ces galeries permettent aux racines des plantes de mieux se développer. Les vers de terre éliminent aussi les mauvaises herbes et décomposent le compost pour améliorer la structure et la fertilité du sol. Voici les bénéfices que les galeries creusées par les vers de terre apportent à l’agriculture :

    Amélioration de la qualité du sol ;

    Augmentation des matières organiques ;

    Meilleure absorption des nutriments ;

    Réduction de la compaction du sol ;

    Meilleure rétention en eau ;

    Empêche les mauvaises herbes de proliférer.

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    Les vers de terre fournissent une source abondante de richesses organiques au sol, ce qui améliore sa structure, sa fertilité et sa santé globale et permet aux plantes de produire plus. De plus, leurs tunnels protègent les racines des plantes contre le gel et aident à maintenir une humidité optimale du sol.

    Le rôle des vers de terre dans le maintien d’un bon équilibre biologique du sol

    Les vers de terre sont très utiles pour la préservation de l’équilibre biologique du sol. Ils contribuent à la fertilité des sols en recyclant les nutriments et en améliorant le drainage et l’aération des sols. En outre, ils aident aussi à garder le sol meuble, favorisant la croissance des cultures. Les vers de terre peuvent également contribuer à réduire les mauvaises herbes et à accroître la biodiversité en augmentant les populations d’insectes.

    Les vers de terre sont essentiels pour l’amélioration et le maintien des qualités physiques et chimiques du sol. Ils convertissent les matières organiques en humus, un composant riche en nutriments qui aide à nourrir les plantes. Ils produisent également de nouvelles particules de sol qui améliorent le formage et l’aération des particules de sol plus anciennes. L’activité biologique des vers de terre peut également augmenter la capacité du sol à retenir l’eau.

    Les vers de terre jouent également un rôle important dans la biodiversité du sol en aidant à maintenir une population variée d’insectes et d’autres organismes vivants. Les vers créent des galeries qui fournissent des habitats pour différents micro-organismes, ce qui permet aux plantes d’accéder plus facilement aux nutriments dont elles ont besoin pour se développer. Les vers creusent également des tunnels qui aident à transporter l’eau et les nutriments du sol profond jusqu’à la surface, ce qui permet aux plantes d’accéder rapidement aux ressources dont elles ont besoin.

    Les espèces de vers de terre les plus courantes en agriculture

    Les vers de terre sont considérés comme un type d’insecte qui jouent un rôle vital dans l’équilibre et la santé des sols agricoles. Les vers de terre sont connus pour leur capacité à aérer, améliorer la structure et l’infiltration des sols, à stocker de l’azote et à améliorer la fertilité du sol. Ils aident également à renforcer les racines des plantes en fournissant aux racines une alimentation plus riche en nutriments. Les espèces de vers de terre les plus courantes en agriculture sont les suivantes : Lumbricus terrestris, Aporrectodea longa, Dendrobaena veneta, Allolobophora chlorotica, Octolasion cyaneum, entre autres. Ces vers produisent des tubes poreux qui aident à améliorer la circulation de l’air et de l’eau, ce qui permet aux plantes d’absorber plus facilement les nutriments dont elles ont besoin pour se développer. Les vers aident également à décomposer les matières organiques et à libérer des nutriments essentiels dans le sol, ce qui contribue à l’augmentation de la productivité agricole.

    Des pratiques agricoles respectueuses des vers de terre pour une production durable

    Les vers de terre jouent un rôle important dans l’agriculture durable et leur survie est essentielle pour le maintien de la qualité des sols. Lorsqu’ils se déplacent à travers la terre, ils aident à ameublir les sols, ce qui permet aux plantes de mieux absorber l’eau et les nutriments. De plus, en mangeant des matières organiques, ils sont responsables de l’amélioration et du renouvellement des sols cultivés. Les vers sont également connus pour être hautement efficaces pour recycler le carbone et le phosphore organiques, ce qui les rend très utiles à l’agriculture durable.

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    Les pratiques agricoles respectueuses des vers de terre peuvent entraîner une production durable et une réduction des intrants chimiques nécessaires à la fertilité du sol. L’utilisation d’engrais organiques tels que le compost ou le fumier augmentera la biodiversité microbienne, ce qui entraînera une augmentation du nombre de vers de terre dans les sols. Cela fournira aux plantes plus d’ingrédients nutritifs et contribuera également à la rétention des nutriments dans les sols. D’autres pratiques telles que limiter le surpâturage et la surcultivation aideront également à maintenir une population saine de vers dans un environnement agricole durable.

    La gestion intelligente et responsable des terres est indispensable pour améliorer la qualité des sols par le biais de pratiques agricoles respectueuses des vers de terre et créer une agriculture durable.

  • Ensemencement des nuages

    Je renvoie à cet ancien article : La guerre des nuages

     

    Monde

    Modifié hier à 22:25

    Les pluies record à Dubaï pourraient avoir été causées artificiellement

     

    Une pluie diluvienne provoque d'importantes inondations à Dubaï

    Une pluie diluvienne provoque d'importantes inondations à Dubaï / L'actu en vidéo / 38 sec. / hier à 10:49

    Vidéos et audio

    Une pluie diluvienne provoque d'importantes inondations à Dubaï 38 sec.

    Une pluie diluvienne provoque d'importantes inondations à Dubaï

    L'actu en vidéo

    hier à 10:49

    Des intempéries inédites frappent la péninsule arabique. Un premier bilan s’élève à au moins 18 morts 1 min.

    Des intempéries inédites frappent la péninsule arabique. Un premier bilan s’élève à au moins 18 morts

    19h30

    hier à 19:30

    Les trombes d'eau ont provoqué d'importantes inondations aux Emirats arabes unis et dans d'autres pays du Golfe. [Keystone - AP Photo/Jon Gambrell] 21 sec.

    Tempête "exceptionnelle" à Dubaï, l'aéroport détourne une partie des vols

    Le Journal horaire

    mardi à 21:02

    Les pluies record aux Emirats arabes unis survenues mardi pourraient avoir été déclenchées artificiellement, selon plusieurs hypothèses. Mercredi, les autoroutes géantes de Dubaï étaient encore inondées, les écoles fermées et le trafic aérien perturbé.

    D'énormes files se sont formées sur des autoroutes à six voies dont certains tronçons ont été submergés mardi, les Emirats ayant enregistré 254 millimètres de pluie en une journée, l'équivalent de près de deux ans de précipitations dans ce pays désertique.

    >> Relire : Une pluie diluvienne s'abat sur Dubaï et d'autres régions du Golfe

    Au moins une personne a péri, un homme de 70 ans passager d'une voiture dans l'émirat de Ras el-Khaïmah, a annoncé la police. A Oman, un autre pays du Golfe où la tempête s'est d'abord abattue dans la nuit de lundi à mardi, au moins 18 personnes, dont plusieurs enfants, ont été tuées.

    Voir des images des inondations provoquées par ces pluies à Dubaï

    Ensemencement de nuages

    Selon plusieurs hypothèses relayées par les agences Bloomberg et au Benelux, les conditions météorologiques extrêmes aux Emirats pourraient être le résultat de pluies générées artificiellement. Le Centre national de météorologie (NCM) a confirmé que des avions avaient décollé lundi et mardi pour influencer la météo.

    Au moins sept avions ont décollé de l'aéroport international d'Al-Aïn (ouest du pays) entre lundi soir et mardi après-midi pour ensemencer les nuages, c'est-à-dire libérer des produits chimiques dans l'atmosphère afin de favoriser les précipitations. Les avions ont profité des cumulus qui passaient à ce moment-là.

    >> Ecouter le sujet de La Matinale pour en savoir plus sur cette technique :

    Des fusées hygroscopiques sont libérées lors d'un vol d'ensemencement de nuages effectué par le Centre national de météorologie, entre Al Ain et Al Hayer aux Émirats arabes unis, le 24 août 2022. [Reuters - Amr Alfiky]

    Science qui peut!- La technique d'ensemencement des nuages utilisée pour faire tomber la pluie / La Matinale / 2 min. / le 5 mai 2023

    En 2002, les Émirats arabes unis ont commencé à ensemencer les nuages ​​pour lutter contre la chaleur et la sécheresse, mais aussi le manque de drainage dans de nombreuses régions peut provoquer des inondations. Selon le météorologue du NCM, Ahmed Habib, qui s'est entretenu avec l'agence de presse Bloomberg, la pluie est en partie due à la technologie.

    "Les terrains désertiques ont besoin de plus de temps que les autres pour que l'eau s'y infiltre. La quantité de pluie tombée était trop importante pour être absorbée", a affirmé Maryam Al Shehhi, du Centre national de météorologie, en assurant que le pays n'avait pas eu recours à l'ensemencement des nuages.

    Cette technologie, souvent utilisée dans le pays pour générer de la pluie artificielle, n'a pas été déployée car la tempête "était déjà forte", a-t-elle affirmé.

    >> Lire également : Modifier les nuages pour faire tomber la pluie ne résoudrait pas la sécheresse mondiale

    Malgré les maisons et routes inondées et les vols annulés, l'agence de presse locale a parlé mardi de "pluies de bonté".

    Vie bousculée

    Les voyageurs ont été invités à ne pas se rendre à l'aéroport de Dubaï, le plus fréquenté au monde en terme de trafic international, "sauf en cas d'absolue nécessité".

    "Les vols continuent d'être retardés et détournés (...). Nous travaillons d'arrache-pied pour rétablir les opérations le plus rapidement possible dans des conditions très difficiles", a déclaré un porte-parole de Dubai Airports.

    La compagnie aérienne Emirates, fleuron de Dubaï, a suspendu les enregistrements mercredi, en raison des difficultés d'accès à l'aéroport pour le personnel et les passagers, les routes étant bloquées et certains services de métro suspendus.

    Les voyageurs ont été invités à ne pas se rendre à l'aéroport de Dubaï, le plus fréquenté au monde en terme de trafic international, "sauf en cas d'absolue nécessité".

    Le gouvernement de Dubaï a conseillé mercredi aux habitants de travailler à domicile en raison des conditions météorologiques. Les écoles sont également fermées.

    ats/juma

    Publié hier à 12:34 Modifié hier à 22:25

    Changement climatique

    Friederike Otto, maître de conférences en sciences du climat au Grantham Institute de l'Imperial College de Londres, avait jugé probable, mardi, que le réchauffement climatique ait joué un rôle.

    "Il est très probable que les pluies meurtrières et destructrices à Oman et Dubaï aient été rendues plus fortes par le changement climatique provoqué par l'homme", a-t-il dit.

    Les gouvernements émirati et omanais ont averti précédemment que le changement climatique risquait d'entraîner davantage d'inondations.

  • La pleonexie

    C'est inutile que je commente.

    C'est juste pour information.

     

    "Toupictionnaire" :
    Le dictionnaire de politique

    Pléonexie


    https://www.toupie.org/Dictionnaire/Pleonexie.htm

    Définition de pléonexie


    Etymologie : du grec ancien pleoneksía, excès composé de pléon, plus, davantage et de echein, avoir.

    Le terme pléonexie désigne le désir de posséder toujours plus, d'avoir plus que les autres en toute chose, de prendre plus que ce qui nous revient ou, inversement moins de cette chose si elle est néfaste ou si elle présente un désagrément.
    Synonymes : avarice, avidité excessive, convoitise,
    cupidité, rapacité, voracité.

    Ce terme, peu usité, a été employé en particulier par le sociologue français Marcel Mauss (1872-1950) dans son ouvrage Essai sur les variations saisonnières des sociétés eskimos / Étude de morphologie sociale (1904-1905). La pléonexie de l'homme moderne casse le cycle de l'échange dans les
    sociétés traditionnelles "donner, recevoir, rendre" en le remplaçant simplement par "prendre".
    .
    Dans la société contemporaine, la pléonexie correspond au désir démesuré de posséder et d'accumuler des
    biens matériels ou de l'argent sans prendre en considération les conséquences de cette avidité sur les autres, sur l'environnement ou sur la société en général.

    Le philosophe Dany-Robert Dufour lui a consacré un livre,
    Pléonexie : [dict. : " Vouloir posséder toujours plus "] (Le bord de l'eau, 2015) pour aborder sous un nouvel angle la critique du capitalisme moderne et l'hyper-concentration des richesses. Il met en évidence les risques de conflits internes, de guerres, de menaces environnementales, de déséquilibres psychiques ou symboliques pour les individus ou les groupes sociaux.

    Le pléonexe est celui qui est atteint de pléonexie, celui qui veut plus que sa part.

  • Paul PREUSS.

     

    Quand j'étais adolescent, j'étais fasciné par les alpinistes solitaires et plus particulièrement par Paul PREUSS.
    Je n'ai jamais été fasciné par les footballeurs, ni même les cyclistes, ni aucun sportif pratiquant des sports médiatisés. Certains ou certaines ont pourtant des carrières mémorables. Mais rien, à mes yeux, n'a la puissance de l'alpinisme et l'alpinisme solitaire relève de la quête ultime.

    L'histoire de Paul PREUSS et de toutes ses ascensions restent et restera dans la mémoire de tous les grimpeurs de montagnes.

     

    Solo (2/3) : Les Dolomites, la Mecque

     

    Par Philippe Poulet

    Publié le 7 avril 2024 à 08:00

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    Une fois les principaux sommets des Alpes conquis, pendant une cinquantaine d’années, les « pionniers de l’inutile » s’attelèrent aux cimes secondaires puis, méthodiquement, à chaque versant des montagnes. Pile à la frontière entre l’alpinisme et l’escalade, les quinze massifs distincts des Dolomites prirent alors une place totalement à part, offrant aussi bien des pinacles encore vierges qu’une multitude de faces inviolées puisqu’infranchissables au premier abord. 

    Depuis 150 ans, les plus vaillants de toutes les générations vinrent ainsi y graver leur nom pour la postérité : Dibona, Dülfer, Cassin, Livanos… Mais comme nulle part ailleurs, les « Dolos » sont le terrain de jeu privilégié des plus intrépides, les soloïstes, marchant dans les pas de Preuss : Piaz, Comici, Barbier, Messner, Huber, Auer et aujourd’hui Dani Arnold, Simon Gietl, Alex Honnold ou encore l’étoile filante Jonas Hainz, tombé l’automne dernier.  

    ARTICLE RECOMMANDÉ : Solo (1/3) : soloïstes avant l’heure

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    Versant nord des Tre Cime di Lavaredo dans les Dolomites. De gauche à droite : Cima Piccola (2 857 m), Cima Grande (2 999 m) et Cima Ovest (2 973 m). © Inu/Shutterstock

    Eugen Guido Lammer : le précurseur

    On peut considérer que l’expérimentation des premiers « solo » en rocher a commencé dès les années 1883/84 et fut l’œuvre d’un tout jeune alpiniste autrichien (20 ans) qui fit, seul, de nombreuses premières d’exploration dans les Alpes de Zillertal, entre Autriche et Italie. Il commença tout d’abord par les 1 000 m du versant nord de la tour Tamischbach, certes pas très difficiles (des passages de 2 et de l’herbe très raide) mais encore fallait-il avoir le courage de se lancer dans une telle face ! 

    Fort de cette expérience, en 1884, il continua ses aventures en haute montagne sur divers sommets de plus de 3 000 m qu’il atteint par des itinéraires cette fois totalement rocheux avec des passages allant jusque dans le niveau 4. En 1887, il parvint ensuite, toujours seul, au sommet des 4 000 plus connus du Zinalrothorn (4 222 m) et du Weisshorn (4 506 m). Lammer était alors en concurrence directe avec un grimpeur allemand, encore plus jeune que lui, Georg Winkler, mais qui était très inspiré par ses aventures et partageait une philosophie similaire reposant sur une énorme confiance en soi pour vaincre le danger « par sa propre force, son propre savoir-faire, sa propre présence d'esprit et son endurance incessante ». Lammer avait montré le chemin et Winkler était bien décidé à marcher dans ses pas. 

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    Eugen Guido Lammer (1863-1945).

    Georg Winkler : le pionnier

    Pris de passion pour l’escalade dès son adolescence, il effectua ses ascensions d’ampleur à partir de ses 14 ans avant de se lancer, en solo, à 18 ans, dans un projet monumental pour l’époque : l’élancée tour nord-est du Vajolet encore vierge. Il ne mettait toutefois rien de côté et s’entraînait quotidiennement en faisant des exercices de gymnastique. Il fut également l’un des tout premiers à mettre au placard les fameuses chaussures à clous en faisant remplacer les semelles par de la corde, nettement plus adhérente sur le rocher. Jusqu’alors, dans les pas les plus délicats, les grimpeurs posaient leurs chaussures pour les franchir… en chaussettes.

    Le 17 septembre 1887, Winkler réussit ce qui est encore difficilement imaginable aujourd’hui : une ligne de 160 m, très raide, avec un pas de 5 (actuel) au milieu de la face et les 70 derniers mètres en 4+ ! La tour et la fissure du crux porteront à tout jamais son nom mais subsiste tout de même un doute sur le fameux passage : l’a-t-il franchi intégralement en libre ou s’est-il aidé d’un petit grappin de son invention ? Les avis des historiens divergent…

    Une cordée du Club alpin français fit la voie en 1911 encadrée par les guides Pierre Turc, de Saint-Christophe-en-Oisans, et Angelo Gaspari de Cortina d’Ampezzo. L’un des participants, Antoine Mazas, relata avec émoi leur ascension dans la revue fédérale La Montagne en ayant surtout une pensée pour Winkler « au cœur entouré d’une triple cuirasse d’airain pour avoir osé cela ». Quant à la difficulté du passage, ils eurent toute la peine du monde à la différencier du mètre étalon du 5e degré, la fameuse fissure Mummery du Grépon, que l’un des membres de la cordée venait justement de gravir : « Peut-être un effort un peu plus dur dans la Mummery mais avec une sortie plus hasardeuse dans le dernier pas de la Winkler. » Aujourd’hui, d’ailleurs, la fissure Winkler n’est plus vraiment parcourue car elle peut être évitée par un passage plus à droite.

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    Georg Winkler (1869-1888).

    L’année suivante, en 1888, toujours en solo, Georg Winkler ouvrit la traversée du Zinalrothorn le 14 août avant de disparaître sur le Weisshorn, le 16 ou le 17 août, dans une avalanche. L’équipe de recherche ne récupéra que son chapeau et une photo au milieu d’une coulée récente, et son corps ne fut finalement retrouvé qu’en 1956 sur le glacier au pied de la montagne. 

    Winkler fut aussi l’un des tout premiers à écrire sur le solo. Dans son carnet de courses, il mentionnait ainsi : « Je suis depuis longtemps conscient du danger que représentent mes ascensions et je me suis vite rendu compte que c'est en fait la recherche et la maîtrise de ce danger même qui procure au grimpeur une satisfaction illimitée. L'union de ce danger avec la magnificence infinie de la haute montagne exerce une attraction irrésistible, démoniaque. » 140 ans plus tard, strictement rien n’a changé et le discours est totalement identique dans la bouche des soloïstes modernes…

    Winkler était un peu « l’Alex Honnold » de la confrérie des alpinistes allemands qui furent très touchés par sa disparition soudaine, en pleine pratique de sa passion, et la publication en 1906 de son journal sous le titre Empor ! [Vers le haut !] renforça la dimension iconique du personnage qui inspira la nouvelle génération d’alors.

    Paul Preuss : la légende

    Un des plus grands fans de Winkler avait même une photo de son « idole » punaisée au mur de sa chambre d’ado : un certain Paul Preuss qui n’avait que deux ans le jour de la disparition de celui qu’il choisit comme modèle spirituel. Preuss était alors loin de se douter qu’en fait c’était lui, le petit Austro-hongrois de bonne famille, qui allait révolutionner la pratique de l’alpinisme et de l’escalade et devenir le plus emblématique de tous les soloïstes.

    Au-delà de ses incroyables réalisations, Preuss est aussi connu pour ses prises de position tranchées mais visionnaires quant à l’éthique de l’escalade. Critiqué par quasiment tous les grands de son époque (même ses meilleurs amis), on ne peut toutefois, avec le recul, que le remercier d’avoir fait avancer à grands pas le débat en édictant bien avant l’heure les règles de l’escalade libre. Rappelons que la pratique alpine du moment consistait, globalement, à « se tirer sur tout ce qui bouge » pour vaincre les passages, le but étant uniquement d’accéder au sommet ou de déflorer une face. Preuss considérait au contraire qu’il fallait y mettre les formes et n’utiliser que le rocher : « les pitons ne doivent servir qu’en cas d’urgence et non comme une aide. » Il fustigeait également leur emploi trop fréquent qui, finalement, permettait à n’importe qui de passer n’importe où sans avoir les réelles compétences techniques pour s’affranchir des réelles difficultés posées là par Dame nature.

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    Sculpture du mémorial Paul Preuss à Altausse (Autriche), sa ville natale.

    La corde, bien qu’il évoluait évidemment souvent encordé, était aussi remise en question : « Elle ne doit pas être un moyen de rendre une ascension possible. » Cette affirmation doit toutefois être remise dans le contexte de l’époque puisque le leader de « cordée » grimpait souvent sans s’assurer et le lien en chanvre n’était là que pour sécuriser ceux qui le suivaient.

    Il mettait également en garde sur les qualités que devait avoir, selon lui, un grimpeur, « pouvoir redescendre par où on était monté », et en limitant donc au strict minimum la pose de rappels. Il redescendit ainsi de nombreuses montagnes en désescaladant tout simplement ses parcours de montée.

    « Aucun autre alpiniste n’aura une plus grande importance pour
    notre milieu. »

    Il était aussi affirmatif dans le fait qu’un membre d’une « cordée », moins fort que les autres, mettait immanquablement en péril la vie des autres et évoquait la possibilité « d’assurer » le leader en tenant la corde mais sans pour autant y être relié de façon à pouvoir la lâcher en ultime recours avant d’être entraîné dans le vide. Il sera d’ailleurs le témoin direct de ce cas de figure durant l’été 1912…

    Son manifeste « Aides artificielles dans les voies alpines » publié dans le numéro du 1er août 1911 du Deutsche Alpenzeitung (le journal alpin allemand) souleva un tollé général au sein de la communauté, aux traditions fortement ancrées dans le « il faut passer à tout prix ». Vint alors le temps du fameux « The Piton Dispute », un jeu de va-et-vient avec ses détracteurs (Tita Piaz, Franz Nieberl, Paul Jacobi et Hans Dülfer) qui attaquaient chacun leur tour les préconisations de Preuss qui, lui, se faisait un malin plaisir à leur répondre par presse interposée. Des « coms facebookiens » en quelque sorte, mais en un peu moins instantanés. Outre des considérations purement techniques, le principal reproche qui était fait à Preuss était d’être un véritable « pousse au crime » trop extrémiste. Ce qui finalement n’était pas tout à fait faux puisqu’il fut la propre victime de ses convictions deux ans plus tard…

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    Paul Preuss (1886-1913).

    Enfant chétif car atteint de la polio, Preuss se forgea ensuite un corps d’athlète, adepte des tractions qu’il réussissait, selon la légende, même d’un bras ! La première ascension qui compta à ses yeux fut la voie Pichlweg en face nord du Planspitze (du 2/3 sur 1 000 m) durant l’été 1908. À partir de 1910, il se mit à tenir un carnet de courses, ce qui permit de disposer d’informations fiables sur ses réalisations : 1 200 sorties dont 150 premières et 300 solos en l’espace de seulement quelques années puisqu’il disparut trois ans plus tard, en 1913.

    Pionnier, il le fut dans plusieurs domaines. Déjà en tant que montagnard complet avant l’heure : grimpeur hors pair, il était également un glaciériste averti mais aussi un grand adepte du « ski de randonnée » (par exemple, 22 sommets réalisés du 4 au 8 juin 1911 puis 30 autres dans les 15 jours qui suivirent !) mais également de la « pente raide » avant l’heure (premières du Grand Paradis et du Picco Dei Tre Segnori, entre autres). On ne peut qu’imaginer la maîtrise technique qu’il fallait avoir avec le matériel de l’époque ! 

    Il fut aussi le premier à imaginer le concept d’enchaînements, en parcourant quatre voies dans la journée sur le Kleine Zinne/Cima Piccola (2 857 m) dans les Dolomites. Une nouvelle fois visionnaire, il estimait d’ailleurs que les pratiques du ski, de l’alpinisme et de l’escalade étaient certes un peu liées mais devaient se développer distinctement.

    « Aucun autre alpiniste n'aura une plus grande importance pour notre milieu. »

    On peut aussi estimer qu’il s’agissait du premier alpiniste « professionnel » puisque, bien que docteur en phytobiologie, il préférait vivre de sa passion en écrivant des essais et des articles dans des revues spécialisées tout en donnant des conférences sur ses ascensions et sa vision très personnelle de la montagne. En Allemagne, Italie et Suisse, dans des bars, refuges ou salles de spectacle, Preuss faisait salle comble à chacune de ses interventions et surtout, il attirait également un public de non-connaisseurs. Son succès fut tel qu'en 1912 et 1913, il donna plus de 150 « représentations » et qu’au jour de son décès, en octobre 1913, plus de 50 soirées étaient déjà programmées pour l’année suivante.

    Personne n’a donc rien inventé par la suite, et même le « dieu » Messner l’idolâtre : « Aucun autre alpiniste n'aura une plus grande importance pour notre milieu. » En écrivant deux livres sur ce légendaire pionnier, la notoriété de Messner a aussi grandement contribué à faire connaître l’extraordinaire personnage qu’était Preuss.

    Parmi la multitude de ses solos, on peut toutefois retenir celui de la face ouest du Totenkirchl (5b, 600 m) alors considérée comme l’une des voies les plus difficiles des Alpes. Les premiers ascensionnistes, dont le fameux Titia Piaz, avaient mis 7h. Le 24 juillet 1911, Preuss met 2h45 pour le solo, de fait, le plus difficile jamais réalisé à cette époque-là, tout en choisissant de sortir plus directement au sommet par une fissure vierge. Cette variante sera cotée ultérieurement comme « très difficile ».

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    Paul Preuss et sa soeur Mina photographiés par leur ami Paul Relly lors de l’ascension de la Guglia (Campanile Basso) di Brenta, le 28 juillet 1911.

    Quatre jours plus tard, départ pour les Dolomites. Il emmène sa sœur Mina et son fidèle copain de cordée Paul Relly, son futur beau-frère également, à la Guglia di Brenta (la toponymie changera ultérieurement en Campanile Basso). 

    La course envisagée, par la voie normale, était déjà d’ampleur, puisque le sommet n’avait été gravi, en 12 ans depuis la première ascension, que par seulement 80 personnes. La Guglia est composée d’un premier socle, d’environ 150 m de haut, entrecoupé d’une vire médiane qui donne ensuite accès aux 110 m d’un monolithe final bien raide. 

    Outre le tracé de la voie normale de 1899, une autre ligne avait été ouverte en 1908 en versant sud-ouest par l’Allemand Rudolf Fehrmann et le très fort Américain Oliver Perry-Smith qui avait, deux ans auparavant, en 1906, réussi le premier 6a au monde. La face est, très raide et sans ligne de faiblesse évidente, était alors considérée non pas comme un « problème » mais comme « impossible à gravir », de la bouche même de Titia Piaz.

    Le premier bastion franchi, la petite cordée menée par Preuss fit halte sur la vire de la Strada Provinciale. Il demanda alors à son copain de « l’assurer » pour aller jeter un œil à cette redoutable face est. Preuss revint, plia la corde, la mit en anneaux autour du buste (en prévision d’un éventuel rappel) et disparut dans l’angle de la paroi. 2h plus tard, il était au sommet avant de désescalader par le même itinéraire pour rejoindre ses compagnons, de les découvrir en train de s’embrasser tendrement, et de les emmener au sommet cette fois par la voie normale. Preuss, en solo et à vue, venait donc d’ouvrir la ligne la plus dure des Dolomites créditée par Angelo Dibona « de la voie qui symbolisait le futur de ce massif ». Son temps de parcours est d’ailleurs assez significatif des difficultés rencontrées : 2h pour faire les 100 m alors que quelques jours plus tôt, il avait mis 2h45 pour parcourir les 600 m du Totenkirchl. Cotée aujourd’hui 5a/b, la voie Preuss ne fut répétée que 13 ans plus tard, en 1924, et le second solo sera réalisé par une autre légende de l’alpinisme, Emilio Comici, en 1936. 

    Patrick Berhault, en hommage, y fera également un tour en reprenant exactement la formule de Preuss, montée-descente en solo. Ce ne sont que deux exemples parmi ses 300 solos, des ouvertures extrêmes qui posent la dimension du personnage et qui ne sont pas sans rappeler un certain Alain Robert qui évolua également sans corde aux limites de son niveau intrinsèque en escalade.

    Durant l’été 1912 mais surtout en 1913, Preuss s’intéressa ensuite au versant italien du mont Blanc. La première saison s’avéra toutefois un peu compliquée car il assista en direct à la chute d’une cordée d’amis lors de l’ascension de l’arête nord du mont Rouge de Peuterey (2 941 m). 

    Les jours précédents, l’alpiniste gallois Humphrey Owen Jones venait de réaliser deux belles premières avec l’autre fort Britannique Geoffrey Winthrop Young et les guides suisses Joseph Knubel et Julius Truffer : la traversée du col de l’Innominata (3 205 m) et l’ascension de l’aiguille Isolée (3 577 m) dans le secteur des Dames Anglaises. Le 15 août, alors qu’ils étaient en pleine lune de miel, Jones et sa femme, elle aussi bonne grimpeuse, partirent avec Julius Truffer et Paul Preuss en direction du mont Rouge. Comme bien souvent, Preuss ouvrait l’itinéraire en solo. Après avoir franchi une fissure, il s’arrêta pour observer le guide qui, arrachant les prises de mains, bascula dans le vide, entraînant dans sa chute le couple qui était relié à lui par la corde… Le lendemain, les trois corps furent retrouvés 300 m plus bas. Finalement, cela ne fit que renforcer la conviction du jeune Autrichien qui assenait que le solo était plus sûr puisque ne mettant en jeu que sa propre vie.
     

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    Lors de cet accident, Preuss était en fait déjà en repérage pour une incroyable ligne qu’il imaginait : la plus longue arête du massif, qui partirait de la vallée jusqu’au sommet du mont Blanc, soit une course au format himalayen : 8 km de long pour 4 000 m de dénivelé. En août 1913, il repéra consciencieusement les autres sections qui lui paraissaient les plus problématiques : les aiguilles Noire et Blanche et la section rocheuse entre les deux, les Dames Anglaises. À partir de la fin août, il attendit les bonnes conditions pour se lancer dans ce solo mémorable mais l’arrivée précoce de la neige dès septembre le contraint à retourner chez lui, à Altaussee. Son projet, une nouvelle fois visionnaire, avait du sens mais était tellement en avance sur son époque qu’il ne sera réalisé que 60 ans plus tard (!), en 1973, par la cordée allemande Braun-Elwert/Kirmeier. Il prendra le nom d’Intégralissime de Peuterey. En 1991, le cheminement sera repris par Patrick Berhault dans sa traversée du massif (en ouvrant en solo un nouvel itinéraire en face sud du mont Rouge) puis, plus d’un siècle plus tard, en 2020, l’Italo-Polonais Filip Babicz reprendra la ligne originale dans un solo express de 17h.

    Preuss était donc rentré bredouille de sa saison estivale de 1913, sans réelles ascensions majeures, et il va alors se « venger » en gravissant de nombreuses voies dans sa région. Son organisme, épuisé, dit stop, et le médecin lui diagnostiqua une « angine de poitrine », lui prescrivant une semaine d’alitement. 

    Quatre jours plus tard, la fièvre ayant un peu baissé, il considéra qu’il était grand temps de retourner en montagne. Bien fatigué, il fit une course encordée puis un petit solo avant de se diriger, le 3 octobre, vers le dernier grand problème du secteur du Dachstein : la face nord, encore vierge, du Mandkogel (2 279 m). Il passa la nuit dans un refuge avant de se lancer dans l’ascension, le but étant d’atteindre une raide arête rocheuse qui, en 200 m, menait au sommet. Son retour était prévu pour le 8 octobre. Le 10, son retard fut signalé et une opération de secours enclenchée. Vu la renommée du personnage, la communauté des alpinistes locaux s’activa immédiatement, impliquant entre autres son fidèle ami Paul Relly et même Hans Dülfer qui grimpait dans la région. Mais les conditions s’étaient bien dégradées, la neige avait fait son apparition et l’accès au pied de la montagne devint compliqué. Le 14 octobre, en sondant la neige, son corps fut retrouvé portant les stigmates d’une importante chute. Preuss avait 27 ans.
     

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    Comme dans chaque accident de ce type, les spéculations allèrent bon train et il fallut attendre 10 ans pour qu’une cordée reprenne le même itinéraire et trouve dans le bas de la face un canif ouvert et un sac à dos rempli d’anneaux de corde, l’équipement de Preuss ! Une fumante théorie mentionna qu’un cairn avait été érigé sur l’arête sommitale, pile à l’aplomb du matériel retrouvé. Preuss aurait donc sorti la voie et pour x raisons (en voulant rattraper son couteau ?) chuté dans la face. Le problème, c’est que cette histoire du cairn fut notifiée neuf ans avant que l’itinéraire ne soit répété, en 1923, et que les découvreurs n’ont jamais mentionné avoir vu le moindre tas de cailloux… Ses amis de l’époque eurent toutefois une conclusion nettement plus simple : il était tombé. Point. Tout exceptionnel grimpeur qu’il était, les causes pouvaient être multiples : une prise arrachée de ce rocher douteux ? Les conditions météorologiques s’étant vite dégradées, s’était-il retrouvé pris dans une tempête de pluie ou déséquilibré par une bourrasque de vent ? Ou encore plus simplement, n’avait-il pas toutes ses capacités physiques puisqu’encore malade, il aurait dû être au lit et non pas pendu au milieu d’une face inconnue ?

    Qui, mieux que ses pairs, souvent rivaux mais quelquefois amis, pouvait lui rendre hommage pour la perpétuité : « Personne n’égalera jamais Preuss » (Georges Mallory), « Le maître absolu » (Hans Dülfer), « Le seigneur des abîmes » (Giovanni Battista « Tita » Piaz), « Le maître insurpassable de l’escalade pure » (Emilio Comici), « Le très fort, inégalé et inégalable » (Giusto Gervasutti)…

  • Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter ?

     

    Inutile de régler le son de votre ordinateur, il n'y a aucun bruit, aucun son, rien que le silence et c'est tout sauf rien...

    13 avril 2024, lac de la Creuse, à 650 mètres d'altitude. Premer bain de l'année.

    Faut-il s'en réjouir ou s'en inquiéter ?

     

     

     

     

     

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  • Ainsi fond, fond, fond l'Antarctique.

     

     

    Records de chaleur en Antarctique, quelles conséquences possibles en France ?

     

    Jeudi 11 avril 2024

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-biais-d-heidi-sevestre/records-de-chaleur-en-antarctique-et-consequences-possibles-en-france-

    -9,4°C relevé à la station franco-italienne Concordia, en Antarctique, une température caniculaire pour l'endroit ©AFP - Guy Clavel

    Des records de chaleur ont été enregistrés en Antarctique : -9,4°C au lieu des -40°C habituels. Un constat inquiétant quand on sait que le continent a assez de glace pour augmenter le niveau des océans de 58 mètres. De quoi faire disparaître 8000 hectares de côtes en France.

     

    Le plus grand excès de températures jamais enregistré par une station météo a été détecté dans une des régions les plus froides de la planète : en Antarctique. Le 18 mars 2022, l’automne s’installe en Antarctique de l’Est à la station Franco-Italienne de Concordia, située à 3200 m d’altitude et à plus de 1000 km à l’intérieur des terres. La moyenne des températures en mars tourne d’habitude autour d’un piquant -40° C, voire -50° C. Sauf que ce jour-là, à la plus grande surprise des scientifiques, la station météo mesure -9,4° C. Une température quasi tropicale pour l’est de l’Antarctique. Jamais auparavant un record de température n’avait été battu de plus de 38°C !

    À écouter : Un hiver en Antarctique

    La Méthode scientifique

    58 min

    Pourquoi fait-il si chaud en Antarctique ?

    Par un véritable concours de circonstance. Des vents venant tout droit de l’océan Indien, chauds et chargés d’humidité, ont pu pénétrer loin au-delà des côtes Antarctique. En arrivant sur la calotte est, ils ont pu générer des conditions menant à un réchauffement ultra-intense. On appelle ça des rivières atmosphériques.

    Malheureusement, les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent de plus en plus fréquents en Antarctique. Et cela pourrait avoir des conséquences dévastatrices. Rappelons que le continent a assez de glace pour augmenter le niveau des océans de 58 mètres. Même la perte d’une fraction de cette glace ne laisserait pas un pays du globe indemne.

    À lire aussi : "C'est extrêmement terrifiant" : quatre questions sur le record de chaleur en Antarctique

    La France pourrait être touchée par la hausse du niveau des mers

    Rappelons que le niveau des océans augmente aussi parce que plus les océans se réchauffent, plus ils prennent de la place. Aujourd’hui le niveau des océans augmente de plus en plus vite, il faut s’y adapter. Le CEREMA — le Centre d'études et d'expertises sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement — vient justement de publier une série de rapports et de cartes accessibles à tous sur le recul du trait de côte en France.

    D'ici à 2028, un millier de bâtiments seraient concernés en métropole et outre-mer. Les départements comptant le plus de bâtiments potentiellement touchés sont par exemple la Seine-Maritime, Guadeloupe, Martinique, Pyrénées-Atlantiques, Alpes-Maritimes. En surface touchée, cela représenterait 8000 hectares impactés d'ici à 2050, et un demi-million en 2100, équivalent de la surface des Alpes-de-Haute-Provence, dont 90% seraient des surfaces agricoles ou forestières.

    À écouter : La montée des eaux et l'érosion des côtes

    La Terre au carré

    56 min

    En France, on sabote la mission "écologie, développement et mobilités durables"

    Déjà étudier les conséquences de ces changements, comme fait le CEREMA, c’est un premier pas vers l’adaptation. Mais dans une récente lettre au Premier ministre, le Haut conseil du climat souligne l’urgence d’une direction claire et stable pour protéger les Français des impacts du changement climatique. Le gouvernement doit encore adopter des mesures ambitieuses et cohérentes pour continuer à réduire ses émissions et aussi s’adapter aux défis climatiques croissants.

    On ne peut pas parler de cohérence sans questionner les victimes des dernières coupes budgétaires. Alors que le programme européen Copernicus annonce que mars 2024 fut le 10ᵉ mois consécutif à battre un record de chaleur mondial, en France, on sabote la mission "écologie, développement et mobilités durables" qui représente 20 % des coupes budgétaires annoncées.

    Tant que l’on n’aura pas compris que le cout de l’inaction est largement supérieur au cout de l’action, on ne se donnera pas les moyens de nos ambitions.

    À lire aussi : L'écologie, l'emploi et la recherche, principales victimes des 10 milliards d'économies du gouvernement

     

    Changement climatique

     

    "C'est extrêmement terrifiant" : quatre questions sur le record de chaleur en Antarctique

     

    Par

    Publié le mardi 22 mars 2022 à 13h14 (regardez la date...)

    4 min

    Un iceberg en Antarctique, dans la "Paradise bay".Un iceberg en Antarctique, dans la "Paradise bay".

    © AFP - Michael Nolan / Robert Harding

    Records de chaleur en Antarctique. Les températures sont exceptionnellement élevées. Pour preuve, il fait environ -11 degrés alors qu'il devrait normalement faire -50. Un climatologue que France Inter a contacté évoque "quelque chose d'extrêmement terrifiant." Décryptage de cette vague de chaleur.

    Près de 40 degrés au-dessus de la normale. Le thermomètre explose depuis ces derniers jours en Antarctique et a ainsi atteint des températures exceptionnellement élevées. Un phénomène qui ne surprend pas forcément les climatologues mais les préoccupe néanmoins. Un exemple de plus d'un "réchauffement qui s'accélèrerait en Antarctique" selon l'un d'entre eux, contacté par France Inter. Décryptage de cette vague de chaleur en quatre questions. 

    Quelles températures ont été enregistrées ?

    La base de recherche de Concordia, installée sur le Dome C du plateau antarctique à plus de 3 000 mètres d'altitude, a par exemple enregistré vendredi dernier une "chaleur" record de -11,5°C. Il devrait normalement faire -50. Il s'agit d'un "record absolu tous mois confondus, battant les -13,7°C du 17 décembre 2016", selon Etienne Kapikian, prévisionniste chez Météo-France. 

    Les températures devraient pourtant avoir chuté avec la fin de l'été austral mais la base Dumont d'Urville, installée elle sur la côte de la Terre Adélie, a établi un record de douceur pour un mois de mars, avec +4,9°C, et une température minimale record de +0,2°C le 18 mars.  "Les journées sans gel sont occasionnelles à (Dumont d'Urville), mais elles ne s'étaient jamais produites après le 22 février (en 1991)", note Gaëtan Heymes, lui aussi de Météo-France. Il décrit un "événement historique de douceur sur l'est" du continent glacé.

    Comment expliquer cette vague de chaleur ?

    "On a une situation exceptionnelle qui est due au fait qu'il y a un anticyclone très fort sur l'océan australe avec, plus à l'ouest, des basses pressions et donc ça laisse place à ce que l'on appelle une rivière atmosphérique" explique Françoise Vimeux, climatologue. La directrice de recherche à l’Institut de Recherche pour Développement, ajoute que "c'est donc un courant atmosphérique qui transporte de l'air chaud et humide vers ce secteur de l'Antarctique."

    Quelle principale conséquence ?

    La fonte de la glace. Voilà l'une des conséquences directes de cette vague de chaleur analyse Jean-Baptiste Sallée, océanographe et climatologue au CNRS, contacté par France Inter. La perte de glace est déjà observable et "va continuer dans le futur", pouvant provoquer une "augmentation du niveau des mers globale". Il y a donc "un impact direct de cette fonte sur nos côtes en France."

    Comment réagissent les scientifiques ? 

    Même s'il n'est pas possible au moment précis où un événement se produit de l'attribuer au changement climatique, un des signes les plus clairs du réchauffement de la planète est la multiplication et l'intensification des vagues de chaleur. Les pôles se réchauffent encore plus vite que la moyenne de la planète, qui a gagné en moyenne environ +1,1°C depuis l'ère pré-industrielle.  Cette vague de chaleur dans l'est de l'Antarctique intervient alors que fin février, la banquise de l'Antarctique avait atteint sa superficie la plus petite enregistrée depuis le début des mesures satellites en 1979 : moins de 2 millions de km2, selon le centre de recherche américain National Snow and Ice Data Center.

    Quelque chose qui est pour nous, scientifiques, extrêmement terrifiant

    Françoise Vimeux ne se dit "pas vraiment surprise parce que si je rappelle les conclusions du rapport du GIEC l'été dernier, on s'attend à ce que les impacts du changement climatique s'intensifient et se généralisent et, en particulier les événements extrêmes comme les vagues de chaleurs. On sait que le changement climatique vient exacerber à la fois l'intensité et la fréquence de ces événements extrêmes." 

    Même avis du côté Jean-Baptiste Sallée, océanographe et climatologue au CNRS, qui ajoute que les pôles ne sont donc "pas épargnés". Il estime que c'est "quelque chose qui est pour nous, scientifiques, extrêmement terrifiant et surprenant de voir cela arriver devant nos yeux." Le climatologue l'affirme : "On voit un possible changement qui se passe en Antarctique, des choses assez surprenantes. Cette année, on a le plus gros minimum depuis que l'on observe la banquise en Antarctique. On voit ces événements extrêmes et on se demande si on est pas en train d'être dans un changement d'état du système en Antarctique, c'est à dire un réchauffement qui s'accélèrerait."

    "Des épisodes comme cela font réfléchir

    On parle beaucoup depuis de nombreuses années de l'impact de l'Homme sur l'environnement. Ce phénomène marque les esprits et "c'est vrai que des épisodes comme cela font réfléchir" déclare Hervé Le Treut, climatologue et membre de l'Académie des sciences, contacté par France Inter. "Il faut en tout cas prendre cela comme des indices très forts à partir desquels on doit travailler." D'après cet ancien membre du GIEC, "derrière cela, il y a certainement des choses qui peuvent se produire de manière naturelle mais c'est évident aussi qu'il y a la présence humaine qui change énormément la donne aujourd'hui." D'après Hervé Le Treut, il faut donc "anticiper ce qui va se produire. S'il y a des démarches à faire pour avoir un monde qui soit un peu différent, il faudra le faire. Ce ne sont pas des petits gestes généralement qui vont permettre de résoudre ces problèmes-là."

    À lire aussi : Agriculture, urbanisme : le Giec recommande d'accélérer les efforts pour s'adapter au changement climatique

  • Sabrer l'écologie.

    Notre plus jeune garçon a un doctorat en écologie et il travaille à l'Université de Chambéry.

    Ce qu'il nous dit des finances, c'est qu'il s'agit d'une lutte perpétuelle, très chronophage et avec des études qui doivent être abandonnées par manque de subventions...

    Qu'on ne nous dise pas que l'écologie est une priorité.

     

    Déficit public

    L'écologie, l'emploi et la recherche, principales victimes des 10 milliards d'économies du gouvernement

     

    Par

    https://www.radiofrance.fr/franceinter/l-ecologie-l-emploi-et-la-recherche-principales-victimes-des-10-milliards-d-economies-du-gouvernement-9959601

    Publié le jeudi 22 février 2024 à 12h50

    3 min

    Gabriel Attal, Premier ministre, et Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, le 21 février 2024Gabriel Attal, Premier ministre, et Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, le 21 février 2024

    © AFP - ALAIN JOCARD

    Le décret précisant le détail des 10 milliards d'euros d'économies annoncés par Bruno Le Maire dimanche dernier vient d'être publié au Journal officiel. Pour faire face à des prévisions de croissance décevantes, le gouvernement va notamment sabrer 2,1 milliards d'euros consacrés à l'écologie.

    "La politique que je mènerai sera écologique ou ne sera pas", assurait Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2022. Elle sera sans doute un peu moins écologique que prévu, semble lui répondre à distance Bruno Le Maire cette semaine : sur les 10 milliards d'euros d'économies annoncés ce week-end par le ministre de l'Économie, un peu plus de 2 milliards se feront sur le dos de "l'Écologie, du développement et de la mobilité durables", selon le décret publié ce jeudi au Journal officiel.

    À lire aussi : Plan d'économies du gouvernement : "On verra dans les prochains mois si on a besoin d'aller plus loin"

    L'invité de 8h20 : le grand entretien

    22 min

    C'est deux fois plus que le deuxième domaine sur le podium du plus gros serrage de ceinture, le poste "Travail et emploi", une autre priorité affichée de l'exécutif, qui perd 1,1 milliard d'euros. Suivent la "Recherche et l'enseignement supérieurs" (900 millions en moins), les "Engagements financiers de l'État (900 millions également), l'Aide publique au développement (742 millions), la Cohésion des territoires (737 millions), et même... l'Enseignement scolaire (presque 692 millions qui disparaissent). Un comble pour un gouvernement mené par un (certes éphémère) ministre de l'Éducation, Gabriel Attal, qui promettait "d'emmener avec lui, à Matignon, la cause de l'école".

    On peut bien sûr arguer qu'il s'agit de "seulement" 10 milliards, sur les 480 milliards de dépenses du budget de l'État en 2024. Mais au-delà du fait que ces économies correspondent notamment à des postes en moins dans les différentes administrations concernées, l'effet symbolique est fort.

    Les coupes, secteur par secteur

    Si l'on détaille les économies réalisées autour de l'écologie, plus de la moitié (soit 950 millions d'euros) se feront dans le domaine de l'énergie et du climat, et plus de 20 % sur les infrastructures et les services de transports.

    Côté emploi, près de 80 % des 1,1 milliard d'euros d'économies prévues se feront sur "l'Accompagnement des mutations économiques et le développement de l'emploi".

    Dans le domaine de la Recherche et de l'Enseignement supérieur, qui perd 904 millions d'euros, ce sont principalement la recherche scientifique et technologique, mais aussi la recherche spatiale qui sont les plus touchées.

    Enfin, dans l'Enseignement scolaire, qui voit ses ressources diminuées de 691,6 millions d'euros, ce sont principalement les dépenses liées à la vie de l'élève et à l'enseignement public (premier et second degré) qui diminuent.

    Parmi les domaines, à l'inverse, relativement préservés par ces coupes, on peut citer la Santé (qui ne perd "que" 70 millions d'euros), l'Outre-mer (78,8 millions en moins), l'Immigration (174,7 millions) ou l'Agriculture (70,5 millions).

    En pourcentage, l'aide au développement, les sports et l'écologie perdent le plus

    Si l'on met en relation le montant de ces économies et le montant total qui était alloué à chaque domaine dans le budget 2024, on constate que certains secteurs perdent parfois un dixième de ce qu'ils devaient recevoir, et jusqu'à 12,52 % du budget prévu en ce qui concerne l'aide publique au développement (qui comprend l'aide économique et financière au développement, mais aussi la solidarité à l'égard des pays en développement).

    Mais même en analysant ces chiffres proportionnellement, l'écologie fait toujours partie des plus mal lotis : elle perd 9,89 % du budget qui lui était initialement alloué, juste derrière le Sport, la jeunesse et la vie associative, qui occupe la deuxième place du podium avec 9,94 % de coupes sur son budget.

    En revanche, on constate que la Défense, l'Enseignement scolaire, ou la Sécurité perdent moins que les autres par rapport au total de leur budget 2024

  • L'extrémisme environnemental

     

     

    Un texte de Philippe Pereira :

    L’extrémisme environnemental existe"

    Et enfin, à propos de « l’extrémisme » environnemental. Je crois effectivement qu’il existe des extrémistes environnementaux. Je crois que faire disparaître 200 espèces par jour relève de l’extrémisme. Je crois que causer, comme le dit le biologiste Michael Soulè, la fin de l’évolution des vertébrés, relève de l’extrémisme. Je crois que faire baigner le monde dans les perturbateurs endocriniens relève de l’extrémisme. Je crois que déverser tellement de plastique dans les océans, qu’on y retrouve 10 fois plus de plastique que de phytoplancton (imaginez que sur 11 bouchées que vous prenez, 10 soient du plastique), relève de l’extrémisme.

    Je crois qu’avoir une économie basée sur une croissance infinie sur une planète finie, relève de l’extrémisme. Je crois qu’avoir une culture basée sur l’incitation « Soyez féconds et multipliez-vous » sur une planète finie, relève de l’extrémisme. Je crois que détruire 98 % des forêts anciennes, 99 % des zones humides natives, 99 % des prairies, relève de l’extrémisme. Je crois que continuer à les détruire relève de l’extrémisme.

    Je crois que vider les océans, tellement que si on pesait tous les poissons dans les océans, leur poids actuel correspondrait à 10 % de ce qu’il était il y a 140 ans, relève de l’extrémisme. D’impassibles scientifiques nous disent que les océans pourraient être dépourvus de poissons durant la vie de la prochaine génération.

    Je crois qu’assassiner les océans relève de l’extrémisme. Je crois qu’assassiner la planète entière relève de l’extrémisme. Je crois que produire en masse des neurotoxines (e.g. des pesticides) et les relâcher dans le monde réel, relève de l’extrémisme. Je crois que changer le climat relève de l’extrémisme. Je crois que voler les terres de chaque culture indigène relève de l’extrémisme. Je crois que commettre un génocide contre toutes les cultures indigènes relève de l’extrémisme. Je crois qu’une culture envahissant la planète entière relève de l’extrémisme.

    Je crois que croire que le monde a été conçu pour vous relève de l’extrémisme. Je crois qu’agir comme si vous étiez la seule espèce de la planète relève de l’extrémisme. Je crois qu’agir comme si vous étiez la seule culture sur la planète relève de l’extrémisme.

    Je crois qu’il y a effectivement des « extrémistes environnementaux » sur cette planète, et je crois qu’ils sont appelés capitalistes. Je crois qu’ils sont appelés « les membres de la culture dominante ». Je crois qu’à moins d’être arrêtés, ces extrémistes tueront la planète. Je crois qu’ils doivent être arrêtés.

    Nous sommes des animaux. Nous avons besoin d’eau propre pour boire. Nous avons besoin d’une nourriture propre et saine pour manger. Nous avons besoin d’un environnement habitable. Nous avons besoin d’un monde viable. Sans tout cela, nous mourrons.

    La santé du monde réel est la base d’une philosophie morale soutenable, fonctionnelle, et saine. Il doit en être ainsi, parce qu’elle est la source de toute vie."

  • Une inévitable sobriété

     

    "Lorsque je regarde les différents scénarios de « décarbonation », aucun n’est atteignable sans sobriété. Le laboratoire a pour objectif de nous préparer à ce futur inévitable où la sobriété deviendra la solution évidente et tant attendue. Le réel va nous l’imposer."

    Le réel, c'est le monde naturel. La réalité, c'est l'illusion de croissance infinie dans laquelle vit l'humanité.

    D'autres articles du blog sur la sobriété :

    La sobriété

    Austérité ou sobriété

    Dominique Bourg : la sobriété

    Quel niveau de sobriété faut-il viser?

     

     

     

    EntretienGiec

    Yamina Saheb : « Quand on n’aura plus à manger, la sobriété s’imposera à nous »

     

    https://reporterre.net/Yamina-Saheb-Quand-on-n-aura-plus-a-manger-la-sobriete-s-imposera-a-nous?

    Yamina Saheb : «<small class="fine d-inline"> </small>Quand on n'aura plus à manger, la sobriété s'imposera à nous<small class="fine d-inline"> </small>»

    Yamina Saheb, experte du Giec et membre de l’association Négawatt, souhaite créer un laboratoire mondial de la sobriété. Une notion qui demeure peu définie et rarement appropriée par les pouvoirs publics.

    Yamina Saheb fut l’une des coautrices du rapport du groupe 3 du Giec [1], publié en 2022, qui mentionnait la sobriété comme l’un des puissants leviers pour atteindre les objectifs affichés de neutralité carbone en 2050. Une évidence qu’il a fallu marteler devant des délégations sceptiques.

    Pugnace, la chercheuse spécialisée dans l’efficacité énergétique des bâtiments — passée par le Centre de recherche de la Commission européenne (JRC), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et membre de l’association Négawatt — souhaite désormais créer un laboratoire mondial de la sobriété [2], chargé d’infuser le concept à tous les niveaux de décision.

    Reporterre — A-t-il été facile d’imposer le concept de sobriété dans un rapport du Giec ?

    Yamina Saheb — Il a fallu batailler ! Quand j’ai postulé pour le Giec en 2018, ma motivation principale était d’introduire le concept de sobriété dans le rapport final. J’avais essayé de l’imposer au Centre de recherche de la Commission européenne (JRC) ou à l’Agence internationale de l’énergie (AIE), en vain. Le Giec était ma planche de salut, en quelque sorte. Ce que j’ignorais, c’est que je n’allais pas trouver de références à la sobriété dans la littérature scientifique.



    Quelles ont été les difficultés pour imposer ce concept ?

    Ce mot — sufficiency, en anglais — a provoqué le plus grand nombre de commentaires négatifs, notamment de la part des Américains. Mes coauteurs m’ont donc demandé de définir ce concept à travers des études. Je me suis plongée dans la littérature scientifique et, à ma grande surprise, le concept n’était jamais défini. Je trouvais des « mesures de sobriété », mais pas de recherche en tant que telle.

    « Le fait que la sobriété soit inscrite dans la loi de 2015 en France a joué un rôle très important dans l’acceptation du concept », explique Yamina Saheb. © NnoMan Cadoret / Reporterre

    Le fait que la sobriété soit inscrite dans la loi française de 2015 sur la transition énergétique a joué un rôle très important dans l’acceptation du concept par mes coauteurs, mais là encore, sans définition précise. Comme c’est du bon sens, personne ne peut être contre, pourtant, il a fallu insister pour que les Américains acceptent l’introduction du mot dans le rapport.

    « La sobriété va au-delà de l’efficacité et du comportement individuel »

    C’est en partie grâce à une négociatrice indienne que cela a été approuvé. La sobriété parle beaucoup aux cultures et aux sociétés qui ne sont pas très industrialisées. Étant d’origine kabyle, c’est une évidence pour moi de vivre en harmonie avec la nature et de la protéger, car en la protégeant, on se protège.

    Quand je faisais ma thèse en 2003, l’Ademe élaborait des campagnes pour apprendre aux gens à éteindre la lumière en sortant de la pièce. J’apprends à mon fils de 3 ans à faire cela. C’était un peu surréaliste.



    Sur quelle définition l’ensemble des auteurs sont-ils tombés d’accord ?

    La sobriété est un ensemble de politiques publiques de long terme qui évitent en amont la demande de matériaux, d’énergie, de terres, d’eau et d’autres ressources naturelles tout en livrant un niveau de vie décent pour tous dans le cadre des limites planétaires.

    Par niveau de vie décent, on entend un ensemble de conditions matérielles essentielles au bien-être humain (logement, alimentation, équipements de base, soins de santé, transport, information, éducation et espace public). La sobriété résout le problème d’une consommation équitable de l’espace et des ressources. Elle va au-delà du cadre dominant de la demande énergétique, au-delà de l’efficacité et du comportement individuel.



    La sobriété n’englobe donc pas les fameux petits gestes individuels ?

    Si, mais ils représentent au niveau mondial moins de 10 % de nos marges de manœuvre pour réduire nos émissions. Ce n’est pas à la hauteur, d’autant que ces gestes ne s’inscrivent pas forcément dans le temps long. Où est la sobriété tant vantée en 2022 ? En réalité, la sobriété s’appuie sur des politiques publiques de long terme qui déclenchent et font durer dans le temps des pratiques sociales.

    Par exemple, si on peut faire du vélo dans Paris en masse, c’est parce que la mairie mène une politique volontariste. Les pratiques ou normes sociales de nos modes de consommation et de vie sont générées par les politiques publiques. Celles-ci — climatiques, budgétaires, agricoles, etc. — sont désormais européennes. Le levier se situe donc à ce niveau-là !



    Dans quel pays trouve-t-on une politique de sobriété substantielle ?

    Nulle part sauf... en Thaïlande. Le pays a mis en place des politiques de sobriété dès les années 90, sur la base d’un document élaboré en 1974, baptisé « Philosophie d’une économie sobre » et qui est à présent signalé dans le rapport du Giec [3]. L’approche thaïlandaise repose sur « la modération, le caractère raisonnable et l’auto-immunité » et cela réoriente leur développement vers la durabilité.

    En Europe, le mot a été utilisé pour la première fois pour la transition énergétique par Wolfgang Sachs en 1993. Cela a traversé la frontière, notamment avec les travaux de l’association Négawatt qui en a parlé dès ses débuts [en 2001].

    Lire aussi : Sobriété énergétique, la solution oubliée : l’enquête de Reporterre

    En 2005, un chercheur du MIT, Thomas Princen, publie The Logic of Sufficiency aux États-Unis, le livre le plus complet à ce jour sur le sujet. Il n’a pas connu le succès qu’il méritait, car il ne peut avoir d’écho politique dans ce pays ! Dans l’OCDE, seule la France fait apparaître le mot dans sa loi de 2015, mais sans dire précisément ce que cela recouvre.

    Nous sommes aussi le seul pays où, face à la crise énergétique de 2022, le président de la République et la Première ministre ont annoncé des plans de sobriété au chaud dans leurs cols roulés.

    Pour Yamina Saheb, la question de la sobriété devrait être au cœur des politiques publiques. © NnoMan Cadoret / Reporterre

    En réalité, ces plans ne sont ni plus ni moins que des plans de changement de comportements. Or, la sobriété s’appuie sur quatre piliers : la politique publique pour diffuser à tous les niveaux ; l’évitement en amont de l’utilisation des ressources naturelles ; l’équité, qui se traduit dans l’accès au bien-être pour tous ; et enfin, le respect des limites planétaires, qu’il s’agisse du budget carbone, de l’utilisation des sols, des ressources en eau, etc.

    Dans ce contexte, baisser sa consommation de chauffage dans l’urgence s’apparente plus à un problème de précarité ou d’approvisionnement qu’à de la sobriété !



    À quoi va donc servir votre laboratoire mondial ?

    À mettre en place une communauté scientifique et politique, je dirais même idéologique, de la sobriété. Pour avancer, il faut de la science, de la recherche et des retours d’expérience. Depuis la publication du rapport du Giec, je suis sursollicitée, mais seule, je ne peux rien faire !

    Il y a tout un travail de coordination à mener pour imposer la sobriété dans tous les rapports, les groupes de travail, les ministères et toutes les institutions internationales, dans la recherche. Nous allons bénéficier d’antennes en Australie, aux États-Unis, en Allemagne, en Corée du Sud…

    « Il faudrait que les citoyens se saisissent de ce terme pour l’imposer aux politiques »

    Avec David Ness, professeur à l’Université de South Australia, nous avons coorganisé le premier sommet international sur la sobriété en mai 2023 qui a rassemblé scientifiques, décideurs, praticiens, industrie et société civile afin de travailler de concert à l’intégration du concept de « suffisance ».

    Nous avons plus de 700 inscrits, un record pour un sujet méconnu avant la publication du rapport du Giec en 2022. Notre premier rapport s’attellera à ce qui manque dans l’Union européenne pour plus de politiques publiques sobres.



    Si vous étiez aux manettes demain, par quoi démarreriez-vous ?

    Je m’attaquerais aux termes du Pacte de stabilité et de croissance, car c’est l’instrument de gouvernance de la zone euro qui coordonne l’ensemble des politiques budgétaires des pays. Avec la politique monétaire de l’UE, il constitue le cœur du réacteur pour s’attaquer à la logique de croissance.

    Ensuite, intégrer la notion dans les accords commerciaux permettrait idéalement de ne plus faire du commerce et d’échanges surexploitant les ressources — y compris humaines — dans le monde entier.

    « Quand on aura de plus en plus d’inondations et de canicules, on ne pourra pas indéfiniment sortir la lance à eau »

    Toutes nos politiques publiques — loi climat européenne, PAC, etc. — découlent des règles de ce pacte. Mais comme on risque d’avoir un Parlement de droite, voire d’extrême droite, aux prochaines élections, c’est loin d’être gagné. Il faudrait que les citoyens se saisissent de ce terme pour l’imposer aux politiques.



    Justement, comment rendre la sobriété acceptable – ou désirable – dans une société inflationniste et polarisée par les enjeux environnementaux ?

    Je vais être cynique, mais la période est propice à la sobriété, car les impacts des changements climatiques commencent à se faire sacrément sentir. Quand on entendait parler des inondations au Bangladesh ou des famines dues à la sécheresse en Afrique, on s’en fichait un peu, c’était loin.

    Désormais, cela touche nos habitations – dans le Nord-Pas-de-Calais par exemple –, nos agriculteurs, etc. Le laboratoire veut permettre de mieux s’approprier le terme, d’en mesurer les implications au quotidien et d’en débattre.



    Ainsi, les catastrophes aideraient à transformer la société ?

    Historiquement, c’est souvent en situation de crise qu’on prend de bonnes décisions, comme la création de la Sécurité sociale au sortir de la Seconde Guerre mondiale, par exemple. Quand on n’aura plus à manger, que les prix grimperont en flèche et qu’il n’y aura plus de récoltes, la sobriété s’imposera naturellement à nous.

    Yamina Saheb a coorganisé le premier sommet international sur la sobriété en mai 2023. © NnoMan Cadoret / Reporterre

    Une crise alimentaire va survenir en Europe, je ne peux dire quand, ni dans quelle intensité et encore moins comment les politiques décideront de réagir. Mais nous aurons besoin de nous réinventer, sinon, on va s’entretuer !



    Lors des dernières crises — Covid, guerre en Ukraine, etc. — l’État a sorti un « quoiqu’il en coûte » et un bouclier tarifaire pour amortir la réalité d’un monde fini aux ressources comptées et, ainsi, acheter la paix sociale.

    Ils peuvent éteindre un incendie, mais pas dix ! Quand on aura de plus en plus d’inondations, de canicules, de sécheresses, on ne pourra pas indéfiniment sortir la lance à eau. Une étude du Lancet, sortie l’année dernière, montrait que Paris, en 2050, serait l’une des capitales les plus meurtrières d’Europe.

    Lorsque je regarde les différents scénarios de « décarbonation », aucun n’est atteignable sans sobriété. Le laboratoire a pour objectif de nous préparer à ce futur inévitable où la sobriété deviendra la solution évidente et tant attendue. Le réel va nous l’imposer.

  • La vie à vélo.

     

     

    Une belle semaine sportive :

     

    4 avril 2024 à 11:12 : Trail le midi

    Distance 20,11 km

    Allure 7:22 /km

    Temps 2h 28min

    5 avril 2024 à 17:20 Vélo dans l'après-midi

    Sortie de récupération du trail d'hier, le mollet gauche n'est pas content, il va de travers.

    Distance 37,67 km

    Dénivelé 507 m

    Temps 1h 32min

    Hier à 10:12 Vélo du matin

    Distance 64,91 km

    Dénivelé 833 m

    Temps 2h 49min

    Aujourd'hui à 10:36 Vélo du matin

    Distance 84,17 km

    Dénivelé 1 144 m

    Temps 3h 28min

     

    Et l'extase aujourd'hui, cet état si extraordinaire. Je me suis dit qu'il fallait que je raconte ça...Et puis, j'ai pensé que j'en avais déjà parlé ici. Alors, j'ai recherché les anciens articles et je les ai copiés dans l'ordre de parution.

     

     

    Vertiges de l'Amour à vélo.

     

    Le 22/10/2011

     

    Oui, je sais, c'est un titre un peu inhabituel ici ^^

    Mais encore une fois, j'ai pu réaliser aujourd'hui à quel point cette activité ouvre un espace extraordinaire.

    La Savoie n'est pas réputée pour ses mornes plaines et une virée en vélo, par ici, est toujours redoutable, dès lors qu'on s'attelle à maintenir un rythme élevé. Bosses, descentes, faux plats montants, murs, longues montées en lacets et quelques plats en fond de vallée.

    On entre vite dans la concentration si on veut tenir...

    "Appuie, monte la jambe, souffle, souffle, serre le ventre, pousse avec les abdos, ne bouge pas les épaules, arrondis le dos, ne t'occupe pas de la brûlure, oublie-la, oublie tout, laisse les gestes trouver leur auto-suffisance."

    C'est là qu'il est possible de franchir un seuil. Lorsque tout se fait mécaniquement, lorsque le corps a trouvé cette symphonie intérieure, un accord parfait entre les muscles, le souffle, la circulation du sang, l'exploitation totale de l'énergie cachée.

    Il arrive toujours un moment où il n'y a plus rien de pensé, plus aucune intention, plus rien de réfléchi. Tout se fait. C'est d'ailleurs à partir de là que la vitesse augmente encore. Parce qu'il n'y a aucune inquiétude, aucune idée d'économie, aucune réticence à aller puiser au plus profond. Il ne s'agit pas d'ivresse parce que sinon, la maîtrise du geste volerait en éclat. Je l'appelle l'euphorie. Un sentiment extraordinaire de puissance. Combien de fois il m'est arrivé de sourire et même de rire dans ce bien-être.

    Aujourd'hui, j'essaie d'appliquer cette méthode à d'autres domaines. Tout lâcher. Ne rien retenir, plonger au plus profond et découvrir l'immensité de ce pouvoir. Etre là et soustraire toute forme de pensées réductrices, craintives, toute idée d'économie.

    On pourrait penser que c'est épuisant mais c'est secondaire à mes yeux. Ce qui m'importe, c'est de ne rien manquer de ce que je suis.

    Alors bien sûr, en fin de virée, tout à l'heure, j'ai pris des crampes. Mais je n'avais rien mangé depuis le matin. Hypoglicémie. La leçon est évidente. Il ne faut rien négliger...

    Il est en tout cas déconcertant de constater, quand on observe ce jaillissement de l'énergie, qu'il est dépendant du retrait complet du mental, comme si celui-ci, dans ses arabesques chaotiques, instaurait un fardeau, une sorte d'enceinte et que le corps ne pouvait pas se révéler à lui-même tant que le mental l'entravait.

    Il n'est jamais aussi beau de faire l'amour que dans cette complète absence de pensées. Et c'est là que l'osmose des partenaires est la plus flamboyante. Parce qu'ils sont eux-mêmes en osmose avec ce corps et l'énergie qu'il contient.

    On ne s'endort jamais aussi bien que dans cette absence de pensées.

    On ne travaille jamais aussi bien que dans cette absence de parasites, lorsqu'il ne reste qu'une unique pensée, associée à ce travail à mener.

    Il me semble que cette exploration corporelle est un cheminement indispensable. Je ne parle pas d'une activité physique liée à une activité professionnelle, quotidienne ou même une activité physique modérée. Il s'agit bien d'une recherche effrénée de l'énergie, une tentative prolongée pour entrer dans ce champ démentalisé.

    Les adeptes du zazen le pratiquent mais il me manquerait le bonheur du geste et les horizons des montagnes; Ca n'est pas pour moi. Ou pas encore tout du moins. Peut-être qu'avec l'âge et les limitations naturelles.

    Je sais bien aussi que dans le cas d'efforts physiques intenses, les endorphines entrent dans la danse et que leurs effets sont puissants mais dans ce que je cherche à atteindre, il y a une part volontaire, il ne s'agit pas uniquement de pousser la machine jusqu'à l'extase endomorphique mais d'accompagner ce fonctionnement naturel par un travail mentalisé, dans un premier temps, puis une concentration sur un geste particulier pour finir par m'extraire de ce travail pour n'être plus que le geste simple.

    S'il ne s'agissait que de l'effet des endorphines, il me faudrait bien plus de vingt minutes de vélo pour y parvenir.

    Je ne suis pas mes pensées, c'est une évidence. Je ne suis pas non plus mon corps étant donné que celui-ci se renouvelle et se transforme constamment. Les scientifiques nous ont expliqué qu'en sept ans, les cellules d'un individu se sont totalement transformées. Les cellules apparaissent et meurent mais "je" survis.

    Le corps est une partie de ce "je" qui survit mais il n'en est pas la Source. Il est absurde et totalement insignifiant de nous identifier à notre enveloppe tout autant qu'à notre mental.

    La seule entité qui soit identifiable durant toute la vie d'un être vivant, c'est l'Energie. Et c'est elle qui me fascine. Mes "performances" physiques n'ont aucun intérêt pour elles-mêmes. Elles ne sont qu'un moyen. Le moyen d'entrer dans cet Amour de l'Energie, dans ce vertige incommensurable, non pas un vertige nauséeux mais une montée verticale vers les altitudes de la conscience. En sachant qu'il n'y a aucune limite, aucun plafond, aucune zone infranchissable. C'est un sommet sans fin.

    Je ne sais pas où j'en suis et ça m'est totalement égal. Je suis là où je peux être.

    C'est ce vertige de l'Amour qui m'émeut jusqu'aux larmes.

     

     

    La zone

    Le 25/03/2012

    "« Ce n'est pas un état dans lequel on se met, c'est un état qu'on trouve. Et si vous prenez conscience que vous êtes en train d'accomplir quelque chose d'extraordinaire, vous vous déconcentrez, et vous sortez donc de “la zone.” »

    Un tour de vélo aujourd'hui et il y avait longtemps que je n'avais pas expérimenté cette fameuse "zone" à vélo. L'avantage de prendre de l'âge, c'est que le potentiel physique se réduit et que le temps nécessaire pour basculer dans cet état "second" se raccourcit. C'est en tout cas le cas pour moi. Je l'ai vécu dernièrement dans une sortie de trail. Cet espace temps pendant lequel la fatigue se révèle intense, où les muscles sont en feu et où pourtant, il devient impossible de ralentir parce que le plaisir est plus puissant que la brûlure musculaire, où l'euphorie est plus stimulante que l'envie de tout relâcher.

    Et c'est délicieux.

    Mais la suite l'est encore plus. Jusque-là, cette euphorie est consciente, on est encore dans la pensée, on est concentré, on s'applique, on cherche le geste juste, on se parle intérieurement, on récite les connaissances, on fait appel à l'expérience, on est dans le savoir. On pourrait penser que sur un vélo, il n'y a pas grand-chose à savoir : on pédale et c'est tout. J'en suis environ sur le plan kilométrique à cinq fois le tour de la Terre et je sais combien le cyclisme n'est pas qu'une histoire de force musculaire. C'est certain qu'entre les premières sorties en janvier et maintenant, les muscles sont plus affûtés. Mais ça ne fait pas tout. Le contrôle mental, l'observation de la consommation d'énergie, la position du corps, le relâchement des épaules, la rotation des jambes et le mouvement du pied, la poussée de la jambe vers le bas et la traction de l'autre vers le haut, l'analyse du relief, l'usage juste des vitesses, le souffle, l'usage du poids du corps en danseuse, il existe de multiples paramètres incontournables. Et lorsque tout ça est en place, alors, l'entrée dans la "zone" est envisageable.

    Mais il reste un point essentiel : que le corps devienne le maître et que le mental se retire puis que tout disparaisse. Corps et mental et que tout se fasse dans un "no man's land" que j'appelle la "zone tampon". Et c'est cette dimension que j'aime par-dessus tout dans les activités d'endurance. 

    Il s'agit en fait d'être là, totalement là.  

    La "zone, ça n'est pas pour moi un état "qu'on trouve", c'est elle qui nous trouve. Parce que la volonté est une pensée, et de vouloir trouver la zone, c'est l'empêcher d'advenir. 

    Inspiration, expiration...Les mouvements du ventre et de la poitrine. Tant que j'y pense, comme à tout ce que j'ai cité avant, c'est un état de pensée. Et la "zone" est un état de "non pensée". C'est un état de perfection.

    La concentration est une forme de pensée silencieuse qui visualise un phénomène intérieur et le fait d'en prendre conscience et de le verbaliser est une autre forme de pensée.

    Arrêter volontairement de se concentrer c'est encore un état de pensée. Et même à chercher à saisir ce qui reste implique la réflexion et le fonctionnement cérébral.

    Il faut aller vers l'état de conscience qui consiste à réaliser qu'on ne pense à rien... Puis il faut se placer dans cet espace où s'établit la césure entre la conscience et la pensée...Car comment concevoir qu'une pensée puisse prendre conscience d'elle-même ? Une pensée pense mais elle n'agit pas en dehors d'elle-même, elle ne peut pas se séparer de ce qu'elle est ou alors, c'est qu'elle ne penserait plus. La pensée ne peut pas se conscientiser sans s'évaporer. Une pensée concientisée n'est plus une pensée, elle est la conscience. Et nous devrions ne penser que consciemment pour penser vraiment. Sinon, ça serait comme imaginer qu'une pomme puisse se manger elle-même. Elle ne peut qu'être mangée. La pensée, de la même façon, ne peut pas vouloir s'observer elle-même au risque de se dévorer. C'est donc qu'il y a une autre entité. Et c'est là que la conscience surgit.

    Alors, dans cet espace qui marque la césure entre ma pensée et la conscience que j'en ai, il y a un lieu où rien ne se passe. Ni pensée, ni même conscience. Rien. C'est la zone tampon. C'est là que se situe le "no man's land". Et rien n'est plus intense que cet homme-là alors qu'il semble ne plus être là... Il est même possible et incommensurablement intense de le vivre dans le cadre de la sexualité. Lorsque l'étreinte amoureuse n'est plus la rencontre entre deux individus mais l'état de pureté absolu de l'amour. Et lorsque l'activité physique entre dans cette dimension-là, qu'il s'agisse du trail, du vélo, de la marche en montagne, comme de n'importe quelle activité associée à la durée, c'est d'amour qu'il s'agit. L'amour de la vie en soi, la puissance de l'énergie et elle peut s'avérer ne plus avoir de limites connues. C'est là que courent par exemple les ultra-trailers, au-delà du connu, dans une dimension nourrie par la puissance de vie, nourri par l'amour de la vie en soi. 

    Et c'est pour cela que j'aime autant l'endurance dans le sport. Il y a inévitablement dans cet état des moments de rupture, des instants pendant lesquels la conscience revient puis les pensées et alors il faut de nouveau se concentrer, rétablir les rituels, l'usage contrôlé du souffle, l'application physique, la quintessence des gestes, une forme de douceur envers soi-même, sans chercher à forcer, pour que le mental retourne se coucher, puis laisser venir l'absence ou la présence mais une présence qui ne relève pas de la conscience de soi. Juste de la conscience d'être au-delà. Et l'au-delà de soi n'a pas besoin de conscience. C'est la beauté ineffable de la "zone". 

     

     

    Tour de vélo

     

    Le 19/05/2012

     

    Il faisait beau, j'ai pris mon vélo. Evidemment, la machine à penser s'est mise en route en même temps que les jambes.

    Toujours cette interrogation par rapport à l'espoir et l'intention.

    Et puis, alors, que j'attaquais une belle côte, le flash, la lumière !!

    Tout au long de mon parcours de vie, j'ai été confronté à des épreuves qui m'ont placé dans une situation de dépendance au regard de la médecine. Mon frère d'abord. Puis moi ensuite. Et là, j'ai compris que je détestais la notion d'espoir parce que j'en ai immensément souffert. Cet espoir que les médecins allaient sauver mon frère, puis qu'ils allaient me sauver. Je ne pouvais rien faire, j'étais dans une impuissance totale, du moins c'est ainsi que je le vivais. Même si je m'engageais autant que possible, cet espoir restait omniprésent et prioritaire. Mes actes passaient au second plan. 

    Je n'avais aucune intention étant donné que je m'en remettais à leur toute puissance. Habitude éducative de l'abandon, l'image sacrée de la science.

     Cet espoir concernait par conséquent l'intention des autres. Pas la mienne.

    J'ai appris peu à peu, au fil du temps à élaborer un autre cheminement. A me détacher intégralement de toute forme de soumission et de dépendance. Les espoirs appartenaient aux autres. Moi, je m'en tenais à l'intention. C'est à dire à ce que je pouvais mener à terme sans aucune aide extérieure.

    J'ai repensé à cette expérience du canyoning, lorsqu'on s'est fait coincer Nathalie et moi et qu'on a failli se noyer sous les yeux de Léo. Je sais que je n'ai eu aucun espoir mais une détermination absolue, une force et une capacité de décision phénomènale, au-delà de tout ce que j'avais connu.

    DÉLIVRANCE  (cliquer sur le titre)

    J'avais une intention, celle de sauver Nathalie et de rester en vie. Et chaque geste, chaque décision, chaque pensée se joignait à une énergie fabuleuse. J'étais détaché de toute forme d'espoir. Et tout dépendait de moi. Nathalie comptait sur moi, même si elle aussi se retrouvait largement au-dessus de ses possibilités habituelles. Un saisissement extrême de chaque instant, une vie qui ne pouvait pas se projeter dans un futur inexistant. Etre là était la seule chance de rester en vie. L'espoir aurait été un dévoreur d'énergie.

    Je sais que tout remonte à l'hôpital avec Christian que je veillais, jours et nuits. Toute ma vie a pris forme là-bas. J'avais seize ans. 

    La vie m'a apris à me défaire de l'espoir et à me battre pour des intentions.

    L'espoir est attaché à des dépendances envers autrui.

    L'intention est ma propriété, je l'élabore, je la possède, j'en suis le seul garant.

    Maintenant, tout est  clair. Mais il me reste à ré-appendre l'acceptation envers les personnes qui désirent m'aider...Délaisser les méfiances tout en restant vigilant. Ne pas absorber leurs espoirs, c'est leur propriété.

    C'est en passant les 55 km que je me suis aperçu que je ne pensais plus à rien. Un grand éclat de rire.

     

    Le chant du cygne

    Le 27/05/2012

     

    Le chant du cygne (expression d’origine grecque) désigne la plus belle et dernière chose réalisée par quelqu’un avant de mourir. En art, il s'agit donc de la dernière œuvre remarquable d’un poète ou d’un artiste.

    Et bien, j'ai découvert qu'en vélo, il arrive un moment où l'épuisement confère à l'individu l'entrée dans une dimension étrange, une sorte de "petite mort."

    Je ne sais pas combien de fois j'ai exploré cette dimension mais samedi, c'était assez particulier. C'est là que m'est venue à l'esprit cette expression du chant du cygne.

    J'étais à bloc depuis une vingtaine de kilomètres, quarante déjà dans les jambes et j'avais décidé de finir en beauté :) Un final très montant. Une bosse de six kilomètres que j'ai tenté de franchir sans jamais relâcher la pression, la bave aux lèvres, les tympans saturés par la force de mes souffles, la brûlure constante des cuisses. Je savais, avec l'expérience, qu'il ne fallait pas lever la tête, ne jamais regarder en avant, ne jamais subir cette vision destructrice de la pente, rester appliqué sur la poussée des jambes, juste le mètre en cours, le ruban de goudron qui défile sous mes yeux, rester dans l'instant, ne pas espérer la fin de la montée au risque de voir fondre mon énergie, comme avalée par cet espoir néfaste.

    J'ai franchi le sommet et j'ai basculé aussitôt dans la pente, grand plateau, cinquante kilomètres à l'heure, cinquante-cinq, soixante, l'enchaînement des virages, une euphorie bienheureuse, aucune envie de récupérer mais bien au contraire de continuer à puiser dans le creuset bouillant. Un long faux plat montant et puis une nouvelle bosse de trois kilomètres.

    Toujours à fond.

    C'est là que j'ai senti qu'il n'y avait plus rien, plus aucune pensée, plus aucune attention forcée, aucune concentration sur le geste mais pour le ressentir, il a fallu que je prenne conscience de mon absence. Un retour éphémère de la pensée et puis son effacement quasi immédiat, comme si cette pensée n'avait plus de raison d'être, qu'elle n'était qu'une intruse inutile, totalement déplacée, une excroissance qui s'était vidée de toute son énergie. Je voyais ruisseler devant moi des filets de sueur, je sentais autour de moi cette odeur particulière du corps, ce parfum âcre, entêtant, lorsque l'effort impose d'aller chercher dans les abysses les forces disponibles, comme si ces forces agglutinées dans les tréfonds possédaient une odeur de cave. Je sais quand cette odeur survient que je ne suis pas loin du point de rupture et que le chant du cygne va survenir. 

    Je ne savais pas où j'étais dans la montée, je n'avais plus de lien réel avec le monde environnant. Et les frissons sont apparus, comme une bourrasque, des cascades caloriques déboulant du crâne jusqu'aux orteils, rebondissant dans les recoins, saturant de jouissance chaque cellule. J'ai éclaté de rire et mon rire m'a surpris.

    J'ai vu sur le compteur que la vitesse augmentait et j'ai appuyé encore plus fort, j'ai laissé couler de ma gorge les râles et la mélodie des souffles, un leitmotiv câlé sur le mouvement de mes jambes. Rien, aucune douleur, aucune brûlure, une montée verticale dans les gouffres intérieurs. Des flashs de pensées zébrant l'euphorie comme des éclairs disparates, incontrôlés et ne laissant aucun souvenir.

    Je suis arrivé au sommet de la bosse. Et tout s'est effondré.

    Il restait trois kilomètres. Je les ai parcourus comme un moribond. Comme un voyageur revenant d'un séjour étrange, une terre inconnue et redécouvrant misérablement sa condition humaine.

    Mais l'écho du rire est toujours là. Et les frissons. Rien ne meurt quand la pensée n'est plus là.  

     

    Vélo, tantrisme et pleine conscience.

     

    Le 05/05/2018

     

    Ce matin, je me suis dit qu’il était temps, pour cette sortie à vélo, de passer le cap des soixante kilomètres. Je me suis donc mitonné un parcours bien vallonné et un final où je m’imaginais bien exploser en vol comme c’est déjà arrivé. Sur ce parcours, les huit derniers kilomètres qui ramènent à la maison cumulent quatre côtes, courtes et raides, des casse-pattes redoutables quand on est déjà carbonisé.

    Je me suis depuis longtemps appliqué en vélo à ne pas gaspiller d’énergie par des mouvements de tête ou d’épaules, des crispations du haut du corps,… tout ce qui contribue à user d’une énergie qui manquera d’autant plus vite qu’elle n’est pas préservée par une concentration maintenue.

    Il y a quelques années, j’ai suivi une session de méditation de pleine conscience sous la conduite expérimentée de Nathalie Hannhart. L’impact de ce travail intérieur, je n’en ai pris conscience qu’après quelques temps, lorsque je me suis aperçu que je m’en servais en vélo, pour bricoler, pour écrire, pour marcher en montagne, pour faire la vaisselle, pour travailler avec les enfants, pour écouter de la musique, pour préparer mon sommeil…Et plus beau que tout ça réuni pour aimer la femme de mon âme et de mon cœur.

    Pendant mon tour de vélo, alors que je roulais déjà à une allure soutenue depuis un bon moment, je me suis fait rattraper par sept gars, tous avec la même tenue, un club de Chambéry, des cuisses comme des poteaux électriques, de quoi se cacher derrière et ne plus prendre de vent. Tous plus jeunes que moi et ça me motive :) J’ai donc remis "un coup de dur" pour coller au dernier et tenter de suivre aussi longtemps que possible. Lorsque mon tour de relais est arrivé, j’ai dit que si je passais devant, ils allaient se croire à l’arrêt et le gars qui me suivait a rigolé et m’a lancé : « t’inquiète, je prends ta place ». Je me suis déboîté et j’ai réintégré la queue de file. Le gars qui me précédait m’a lancé : « On fait une sortie à 35 » et comme je ne comprenais pas, vu le nombre de cyclistes, il a précisé : « On ne descend pas en-dessous de 35 km/h… »

    Bon, là, il fallait vraiment que je m’applique. Je voyais le compteur qui oscillait entre 39 et 42 km/h alors je me suis concentré sur la poussée du ventre, sur le souffle, sur cet état de pleine conscience qui permet de visualiser l’énergie en soi, de la canaliser, de la propager là où elle doit être, là où il est nécessaire qu’elle soit dispensée, sans aucune perte, sans aucun gâchis, sans jamais que la moindre pensée ne vienne briser ce lien intérieur entre la force et l’esprit…

    Comme lorsque je suis en amour avec la femme de mon cœur et de mon âme.

    C’est ce que j’ai compris dans la dimension du Tantrisme et que j’ai cherché à écrire dans « Kundalini ».

    Lorsqu’une verge se raidit, elle réagit à un afflux sanguin dans les corps caverneux. Il faut le voir en soi pour en aimer l’importance, il faut contacter la chair et les veines, il faut contacter cette matière qui porte en étendard la puissance de l'amour qui se partage. Il faut contacter aussi ce cœur qui maintient le flux sanguin, qui en accroît le volume, qui en agite les particules dans cette tâche essentielle. Contacter le souffle ventral, celui qui va permettre de dépasser l’état « naturel » de l’être qui est en amour pour entrer dans l’état de conscience de l’amour en l'être. 

    Il faut aimer tout cela et ne rien perdre de vue.

    Et quand je pédale sur les routes de montagne, je vois cette énergie en moi, je l’honore, je la bénis, elle me réjouit, elle me transcende. Le sang afflue, le cœur tambourine mais il faut y ajouter un partenaire : le souffle. Non pas le souffle qui s’exhale par une bouche grande ouverte, mais le souffle intérieur, celui qu’il convient d’enlacer de son attention pour le diriger vers le bas du ventre.

    C’est lui qui conscientise l’acte, c’est lui qui permet à l’individu de dépasser l’état d’inconscience inhérent à l’excitation du sport. Cette excitation qui n’est que dispersion. On sait l’importance considérable que les sportifs professionnels attachent à la concentration, à la maîtrise de leur esprit, à la canalisation de l'excitation pour qu'elle reste à leur service au lieu de les étourdir. C'est là que se trouve la maîtrise de l’énergie et la possiblité d'en saisir l'immense potentiel.

    Il est juste, bon et utile d’apprendre à faire comme eux ou tout du moins d’explorer notre propre potentiel de pleine conscience.

    En amour, en vélo, en bricolage, au travail, en voiture, au jardin, dans la création artistique. Être là, en soi.

    Si je me perds dans une excitation débridée, je ne suis pas en vélo puisque l’inconscience contribue à la dilapidation de l’énergie. Alors, j’entre dans un état d’observation de mes gestes pour que dure le plaisir, pour que l’énergie dépensée ne s’évapore pas dans un néant inconscient mais dans une lucidité réjouissante.

    En amour, je considère que c’est un devoir envers l’être aimé. La pleine conscience est un acte d’amour.

    C’est là, dans cette pleine conscience, nourrie par l’attention portée au souffle qui dirige l’énergie, que la durée devient possible, quelle que soit la situation.

    Je me suis donc appliqué à renier la crainte de ne pas pouvoir suivre ces sept cyclistes, à limiter ma pensée sur la visualisation intérieure de mon souffle, ce resserrement des abdominaux, la conscience du souffle qui descend dans le périnée, celui-ci jouant le rôle de répartiteur d’énergie, projetant le flux indistinctement dans chaque jambe…

    En arrivant à une intersection, le groupe a tourné, je les ai remerciés et je me suis retrouvé tout seul.

    Il me restait vingt kilomètres, dont ce final redoutable.

    Alors, je me suis dit que c’était le bon jour pour rester centré sur l’intérieur, pour m’extraire le plus possible de la route qui défile, pour ne pas laisser la crainte de finir perclus de crampes gâcher le plaisir de l’instant.

    J’étais bien. Vraiment bien. Intérieurement heureux, épanoui, réjoui, un sourire béat sur mes lèvres.

    Le souffle en moi continuait sa tâche. Je sentais sa chaleur rayonner dans mon ventre, dans mon périnée, dans mes cuisses, jusqu’au bout des orteils, aucune crampe, aucune douleur.

    Juste ce bonheur de la plénitude, de cet amour de la vie en moi.

    Dans la dernière bosse, les frissons sont apparus. Je les connais bien. Ils ne viennent pas d'un état de fatigue extrême mais d'un état de bonheur absolu. Et j'ai fini, avec le temps, par m'autoriser à rire tout fort de ce bonheur qui m'étreint, à n'en rien retenir, à le laisser s'exprimer et se réjouir de lui-même, de la tête aux pieds, de mon âme à mon coeur, dans l'intégralité de mon sang. Dans ma nuque est monté un flux électrisé, comme une apothéose et s'est déversé dans mon crâne. J'en ai ri encore.

    Lorsque j’ai vu le chemin qui mène à la maison et que j’ai quitté la route, je n’étais pas soulagé d’être arrivé, je n’étais pas déçu pour autant. J’étais toujours là, dans l’instant intérieur, dans la conscience que le souffle est tout, qu’il nous propose la maîtrise, la puissance, la force tout autant que la douceur et la tendresse.

    Il est le souffle de l’amour, il est la conscience de l’être.

    Soixante-huit kilomètres. Je sais que la prochaine fois, j'irai plus loin encore et ça sera délicieux. 

     

     

    La zone ultime.

    Le 27/02/2022

    Un tour de vélo aujourd'hui et il y avait longtemps que je n'avais pas expérimenté cette fameuse "zone" à vélo.

    "La zone" (lien)

    L'avantage de prendre de l'âge, c'est que le potentiel physique se réduit et que le temps nécessaire pour basculer dans cet état "second" se raccourcit. C'est en tout cas le cas pour moi. Je l'ai vécu dernièrement dans une sortie de trail. Cet espace temps pendant lequel la fatigue se révèle intense, où les muscles sont en feu et où pourtant, il devient impossible de ralentir parce que le plaisir est plus puissant que la brûlure musculaire, où l'euphorie est plus stimulante que l'envie de tout relâcher.

    Et c'est délicieux.

    Mais la suite l'est encore plus. Jusque-là, cette euphorie est consciente, on est encore dans la pensée, on est concentré, on s'applique, on cherche le geste juste, on se parle intérieurement, on récite les connaissances, on fait appel à l'expérience, on est dans le savoir. On pourrait penser que sur un vélo, il n'y a pas grand-chose à savoir : on pédale et c'est tout. J'en suis environ sur le plan kilométrique à cinq fois le tour de la Terre et je sais combien le cyclisme n'est pas qu'une histoire de force musculaire. C'est certain qu'entre les premières sorties en janvier et maintenant, les muscles sont plus affûtés. Mais ça ne fait pas tout. Le contrôle mental, l'observation de la consommation d'énergie, la position du corps, le relâchement des épaules, la rotation des jambes et le mouvement du pied, la poussée de la jambe vers le bas et la traction de l'autre vers le haut, l'analyse du relief, l'usage juste des vitesses, le souffle, l'usage du poids du corps en danseuse, il existe de multiples paramètres incontournables. Et lorsque tout ça est en place, alors, l'entrée dans la "zone" est envisageable.

    Mais il reste un point essentiel : que le corps devienne le maître et que le mental se retire puis que tout disparaisse. Corps et mental et que tout se fasse dans un "no man's land" que j'appelle la "zone tampon". Et c'est cette dimension que j'aime par-dessus tout dans les activités d'endurance. 

    Il s'agit en fait d'être là, totalement là.  

    La "zone, ça n'est pas pour moi un état "qu'on trouve", c'est elle qui nous trouve. Parce que la volonté est une pensée, et de vouloir trouver la zone, c'est l'empêcher d'advenir. 

    Inspiration, expiration...Les mouvements du ventre et de la poitrine. Tant que j'y pense, comme à tout ce que j'ai cité avant, c'est un état de pensée. Et la "zone" est un état de "non pensée". C'est un état de perfection.

    La concentration est une forme de pensée silencieuse qui visualise un phénomène intérieur et le fait d'en prendre conscience et de le verbaliser est une autre forme de pensée.

    Arrêter volontairement de se concentrer c'est encore un état de pensée. Et même à chercher à saisir ce qui reste implique la réflexion et le fonctionnement cérébral.

    Il faut aller vers l'état de conscience qui consiste à réaliser qu'on ne pense à rien... Puis il faut se placer placer dans cet espace où s'établit la césure entre la conscience et la pensée...Car comment concevoir qu'une pensée puisse prendre conscience d'elle-même ? Une pensée pense mais elle n'agit pas en dehors d'elle-même, elle ne peut pas se séparer de ce qu'elle est ou alors, c'est qu'elle ne penserait plus. La pensée ne peut pas se conscientiser sans s'évaporer. Une pensée concientisée n'est plus une pensée, elle est la conscience. Et nous devrions ne penser que consciemment pour penser vraiment. Sinon, ça serait comme imaginer qu'une pomme puisse se manger elle-même. Elle ne peut qu'être mangée. La pensée, de la même façon, ne peut pas vouloir s'observer elle-même au risque de se dévorer. C'est donc qu'il y a une autre entité. Et c'est là que la conscience surgit.

    Alors, dans cet espace qui marque la césure entre ma pensée et la conscience que j'en ai, il y a un lieu où rien ne se passe. Ni pensée, ni même conscience. Rien. C'est la zone tampon. C'est là que se situe le "no man's land". Et rien n'est plus intense que cet homme-là alors qu'il semble ne plus être là... Il est même possible et incommensurablement intense de le vivre dans le cadre de la sexualité. Lorsque l'étreinte amoureuse n'est plus la rencontre entre deux individus mais l'état de pureté absolu de l'amour. Et lorsque l'activité physique entre dans cette dimension-là, qu'il s'agisse du trail, du vélo, de la marche en montagne, comme de n'importe quelle activité associée à la durée, c'est d'amour qu'il s'agit. L'amour de la vie en soi, la puissance de l'énergie et elle peut s'avérer ne plus avoir de limites connues. C'est là que courent par exemple les ultra-trailers, au-delà du connu, dans une dimension nourrie par la puissance de vie, nourri par l'amour de la vie en soi. 

    Et c'est pour cela que j'aime autant l'endurance dans le sport. Il y a inévitablement dans cet état des moments de rupture, des instants pendant lesquels la conscience revient puis les pensées et alors il faut de nouveau se concentrer, rétablir les rituels, l'usage contrôlé du souffle, l'application physique, la quintessence des gestes, une forme de douceur envers soi-même, sans chercher à forcer, pour que le mental retourne se coucher, puis laisser venir l'absence ou la présence mais une présence qui ne relève pas de la conscience de soi. Juste de la conscience d'être au-delà. Et l'au-delà de soi n'a pas besoin de conscience. C'est la beauté ineffable de la "zone". 

     

     

    Vélo et musique

     

    Le 20/07/2022

     

    Je tourne sur les petites routes de la Creuse, très vallonnées, je traverse des forêts, des hameaux isolés, tête dans le guidon, j'arrache la viande, à fond, autant que possible, jusqu'à ce que j'explose en vol et puis je rentre avec les forces qui restent, celles qu'il faut aller chercher au fond du fond, celles qui se nourrissent de l'esprit, quand il est en apesanteur, loin de tout, au-dessus du monde.

    La musique m'accompagne, toujours, à chaque instant, j'y puise l'énergie nécessaire. Parfois, elle m'emporte dans une euphorie qui me brûle, délicieusement. Parfois, elle m'apaise et alors, je roule le sourire à l'âme, j'écoute mon coeur, le sang qui bat, les jambes électrisées, et puis un autre morceau arrive, juste au pied d'une bosse et j'appuie, j'appuie, la bave aux lèvres, les yeux rivés sur le goudron qui défile, peu importe la pente et la distance jusqu'au sommet, chaque mètre est un sommet, chaque instant est une distance. Il m'arrive de crier et de rire parfois quand j'atteins le haut de la bosse et aussitôt, je relance la machine et je plonge dans la pente, j'enchaîne les virages comme un skieur, concentration totale, à la recherche d'un second souffle puis d'un troisième puis d'un vingtième puis d'un millième, il y en a toujours, encore et encore, bien plus que ce que le mental nous sermonne.

    Je ne veux pas laisser la raison me contenir. Je rejette la peur de ne plus avoir de forces pour rentrer. J'ai toujours réussi à rentrer.

    Il y a longtemps, les médecins m'ont annoncé que mon dos ne me permettrait plus de faire des efforts intenses, que je devais être "prudent", que je devais me contenter de ce qui me restait, que je ne devais prendre aucun risque. Je les remercie de la rage de vivre qu'ils m'ont donnée. Une rage emplie d'amour.  

    J'aime infiniment le vélo.

     

     

     

  • Disparition des insectes.

    "En quarante ans, on a perdu jusqu'à 95 % de la masse d'insectes. C'est dramatique. Il ne reste que 5 % de ce qu'on trouvait dans les années 1970-1980."

     

    On ne tond que d'étroites bandes, celles qui mènent à la serre, au verger, aux arbres greffés dans le prairie et à la mare. Sur les 4700 m² de terrain, ça représente très peu. Tout le reste est en herbe. Et c'est rempli d'insectes. On ne retourne jamais le sol dans le potager et là, c'est tellement rempli de vie que ça n'est pas dénombrable.

    Une dizaine de tas de bois morts éparpillés sur le terrain, des pierres en tas pour les lézards et autres et la mare bien entendu.

    Que faire d'autre ?

    Limiter les déplacements en voiture.

    N'acheter que des produits bio. (Pour le peu qu'on achète)

    Planter des fleurs, partout, des couvre-sols au pied des arbres fruitiers, des plantes mellifères, ne pas tailler les haies, planter des arbres, de toutes espèces. Biodiversité... En dehors de cette règle de base, il n'y aura pas d'issue favorable pour la vie.

    D'autre part, la présence des insectes signifie la présence des oiseaux. La disparition des premiers condamne les deuxièmes... Tout est lié...

     

     

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  • Et il faudrait aimer l'humain ?

    Aimer l'être humain ?

    Non, je m'y refuse.

    Pas d'emblée, pas a priori, pas par appartenance.


    Je veux bien aimer mais que ces individus me donnent une raison incontournable.

    Et j'ai bien plus de raisons de me détourner des humains que l'inverse.

     

    "Il n'est de folie chez aucun animal de cette terre que ne surpasse infiniment la démence des hommes".
    Herman Melville

     

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  • L'empire d'Angkor : de la puissance à la disparition.

    Et sinon, on essaie de faire mieux ou on recommence à plus grande échelle ?

     

     

    Histoire

    Comment l'eau a façonné et détruit l'Empire d'Angkor

    La fin de cette puissante civilisation a été précipitée par la sécheresse et les inondations. Un épisode qui souligne le lien entre le climat et les hommes.

     

    De Stefan Lovgren

    https://www.nationalgeographic.fr/histoire/comment-leau-a-faconne-et-detruit-lempire-dangkor?

    L'eau a façonné et détruit l'Empire d'Angkor

    CITÉ HYDRAULIQUE

    L'hégémonie d'Angkor aurait débuté en 802 de notre ère au moment où Jayavarman II, depuis les montagnes de Phnom Kulen surplombant les plaines de la future ville, s'auto-proclame chakravartin (« dieu roi ») de l'empire khmer. Au cours des siècles qui suivent, un vaste complexe urbain voit le jour, tandis qu'Angkor devient la plus grand ville du monde préindustriel avec près d'un million d'habitants.

    Dès sa naissance, l'eau est au cœur du développement d'Angkor, souvent qualifiée de « ville hydraulique ». Des canaux et des réservoirs sont construits afin de recueillir et de stocker l'eau issue des collines, à la fois pour contrôler les crues et pour l'irrigation des terres. Un réseau de débordements et de dérivations transporte les eaux excédentaires au lac Tonle Sap situé au sud de la ville.

    « Ces infrastructures de gestion des eaux étaient uniques au monde », affirme Dan Penny.

    L'eau et son contrôle jouaient également un rôle religieux au sein de la société d'Angkor.

    « L'eau n'était pas uniquement une ressource devant être gérée pour l'agriculture et les inondations », explique-t-il. « Elle était également liée au pouvoir du roi. »

    Des nuages de mousson déversent leurs pluies sur le réservoir de Srah Srang.

    Des nuages de mousson déversent leurs pluies sur le réservoir de Srah Srang.

    PHOTOGRAPHIE DE Robert Clark&& National Geographic Creative

    L'ASSAUT DES MOUSSONS

    L'histoire du réseau des canaux est faite de nombreux ajouts et modifications. Les anciens canaux distribuaient et se débarrassaient des eaux. À partir du 12e siècle, époque de l'apogée de l'empire et de la construction du temple le plus célèbre du complexe, Angkor Vat, les larges nouveaux canaux déversent principalement l'eau dans le lac.

    Au cours des deux siècles qui suivent, le système hydraulique semble fonctionner plutôt bien puisque la ville poursuit son expansion. Entre le milieu et la fin du 14e siècle, cependant, Angkor est victime de sécheresses continues. Celles-ci sont suivies de plusieurs années de pluies de mousson incroyablement violentes qui provoquent d'importantes inondations auxquelles les infrastructures de la ville semblent incapables de faire face.

    Les inondations engendrent l'érosion du réseau, dont les connexions sont systématiquement coupées. Au sud de la ville, les canaux sont bouchés par les matériaux érodés venus du centre d'Angkor.

    Le pont d'Angkor Thom avait été bâti à partir de blocs de pierre extraits des temples, dont la plupart étaient sculptés de façon très sophistiquée.

    « Le fait qu'ils démontent un temple et s'en servent pour construire quelque chose d'aussi prosaïque qu'un pont en dit long sur la gravité de la situation », déclare Penny.

    « On pense depuis longtemps que les dégâts causés au réseau hydraulique ont signé la fin d'une longue période de déclin à Angkor. »

    À en juger par la dégradation du pont, dont l'extrémité est détruite, les mesures de contrôle des eaux de crue ne portent pas leurs fruits. La rivière Siem Reap, censée s'écouler sous le pont, trace un sillon autour de ce dernier. Aujourd'hui, elle s'écoule environ 7,60 mètres en dessous de son cours d'origine.

    À mesure que les inondations détruisent les infrastructures, la cité d'Angkor finit par s'effondrer. En 1431, elle est prise d'assaut par l'armée siamoise. La plupart des temples sont ensuite engloutis par la jungle, tandis que certains demeurent des sites religieux importants pour les Khmers. L'Occident ignore l'existence de ces vestiges jusqu'à ce que des explorateurs français y mettent les pieds dans les années 1860.

    UN AVERTISSEMENT CLIMATIQUE ?

    Selon les chercheurs qui travaillent sur le développement durable du bassin inférieur du Mékong dans le cadre d'un projet intitulé « Les merveilles du Mékong » financé par l'USAID (Agence des États-Unis pour le développement international), il existe d'importantes leçons à tirer des événements d'Angkor.

    « Ce qui est certain, c'est qu'il existe un lien de corrélation entre la culture et le climat », affirme Sudeep Chandra, directeur du Centre mondial de l'eau de l'université du Nevada à l'origine des recherches.

    « Nous voyons les communautés du monde entier lutter pour savoir comment réagir face aux fluctuations accrues du changement climatique », ajoute-t-il.

    Afin de contrôler le débit de l'eau, les ingénieurs d'Angkor ont fait dévier l'eau des réseaux fluviaux existants, entraînant ainsi la création de nouveaux bassins hydrographiques. Cela pourrait toutefois avoir eu des conséquences malheureuses sur l'environnement, déstabilisant la ville jusqu'à conduire à sa disparition.

    « Les Khmers du Moyen-Âge ont dû faire face à une période d'instabilité climatique qui leur était jusqu'alors inconnue et qui a complètement changé les règles du jeu qu'ils jouaient depuis plusieurs siècles », conclut Penny.

    « Les communautés contemporaines sont aujourd'hui confrontées à des enjeux similaires avec le changement climatique. »

     

     

     

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  • La syntropie : revenir dans le sens du vivant.

    Je lis et relis avec beaucoup d'intérêt l'ouvrage d'Anaëlle Thery "Bienvenue en syntropie".

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    Et à chaque page, je pense à cette agriculture intensive et à l'acharnement des adeptes de la FNSEA. C'est consternant. Et il est évident que cet enchaînement est avant tout le refus du changement, la peur et l'incapacité à admettre que les traditions sont dépassées, que les connaissances aujourd'hui sont bien supérieures aux transmissions archaïques. J'ai également visionné toutes les vidéos d'Ernst Götsch quand elles sont sous-tiitrées (peu malheureusement). Il y a une réflexion de sa part qui m'a interpelé et à laquelle je réfléchis depuis hier.

    Vous avez peut-être déjà entendu parler de cet homme qui a rendu la vie à une zone quasi désertique au Brésil :

    "Forcer les plantes à s'adapter en les croisant pour les rendre plus résistantes aux maladies a fini par me poser question (Il était spécialiste en sélection génétique). Et si au contraire,nous améliorions les conditions du milieu dans lequel poussent les plantes plutôt que de les forcer à être plus résistantes dans un milieu qui ne leur convient pas ? "

    Ne peut-on pas considérer qu'il en est de même avec les humains ?

    J'en ai déjà parlé ici mais je m'interroge sur l'intérêt du travail des thérapeutes lorsqu'il s'agit d'aider des individus en souffrance à vivre mieux dans un milieu destructeur. Comme l'écrivait Krishnamurti, il n'est pas sain d'être adapté à une société malade. Non, je ne remets pas en cause le travail des thérapeutes et tant mieux s'ils parviennent à aider leurs patients mais il n'en reste pas moins que les causes seront toujours là. Et si les individus parviennent à s'adapter, rien ne changera, fondamentalement.

    Maintenant, je sais ce que représente le refus de s'adapter... J'ai refusé d'obéir au Ministre lorsque j'étais encore instituteur et je me suis mis en désobéissance civique. Je l'ai payé cher...Physiquement et psychologiquement. Trois ans de luttes. Mais je sais que ça aurait été pire si je n'avais pas contesté fermement les idées qui avaient cours à cette époque. Est-ce que je le referai aujourd'hui, dans les mêmes circonstances ? Oui, assûrément. Même si ça ne change rien sur le fond, ça me permet d'être en accord et en paix avec moi-même. C'est ce que j'ai expliqué à la psychiatre, dans le cadre de la "thérapie", que le Ministère m'a imposée. Psychiatre qui a fini par contester le rectorat quant aux sanctions prises à mon encontre.

    Il convient donc à chacun et chacune de se poser la question suivante : est-ce à moi de m'adapter aux conditions d'existence inhérentes au milieu ou est-ce que je dois oeuvrer à améliorer le milieu lui-même et donc la société ?

    Oui, je sais le défi semble démesuré...

    Dans la syntropie, en tout cas, l'idée fondamentale est bien là : il faut faire en sorte que le milieu soit le plus favorable au développement des plantes nourricières et ça n'est sûrement pas les méthodes de l'agriculture intensive qui peuvent répondre à ce défi. Je l'ai déjà expliqué ici : le labourage, c'est la mort du sol et la mécanisation le tassement du cimetière.

    La clé de la syntropie c'est la biomasse. Voilà trois ans que nous sommes installés sur notre terrain. Paillage, broyat, compost, tonte, foin, le sol est toujours couvert, toute l'année. Aujourd'hui, il y a entre dix et quinze centimètres de terre végétale, un vrai terreau, noir, empli de vers de terre et de milliards d'insectes. Tout ce qui est planté croît à toute vitesse et tout ce qui est laissé volontairement en graines se reproduit tout seul. En ce moment, on trouve des salades un peu partout ^^ Jusqu'à la porte de la grange, dans une fente de deux millimètres. 

    Canvas On pourrait me dire d'ailleurs qu'elle a su s'adapter à un environnement néfaste pour elle. :)

    Oui, mais je suis persuadé que le végétal nous survivra. L'inverse n'est pas vrai. Rien n'est plus puissant que le végétal... Vous avez tous déjà vu ces plantes minuscules, brins d'herbe qui poussent à travers le goudron... Ici, dans le village voisin, le cours de tennis municipal n'est plus entretenu. C'est fou la vitesse à laquelle la végétation est en train de l'émiétter. On a beau, Nathalie et moi, tenter de ralentir l'invasion, à chaque printemps, on voit le terrain perdu par rapport à l'année précédente.

    Tout ça pour dire que nous devons retrouver le sens du vivant et travailler avec lui. Et non, contre lui. Le vivant est puissant et nous devons le servir. C'est à dire inverser totalement notre rapport à la nature. Ne pas croire pour autant que la syntropie prône l'anarchie ^^ C'est un travail minutieux, une analyse constante du terrain et des plantes, des travaux déterminés, anticipés, des analyses encore, des recherches, des changements. L'observation est prioritaire.

     

     

     "https://www.agroforesterie.fr/agriculture-syntropique/

    L’agriculture syntropique repose sur une diversité importante de plantes, cultivées à haute densité, dans leurs conditions optimales de lumière et de fertilité. Elle est notamment basée sur une organisation du système dans le temps (la succession), et dans l’espace (la stratification). On parle aussi d’agroforesterie successionnelle.

    L’agriculture syntropique s’inspire de la dynamique, de la structure et du fonctionnement des écosystèmes naturels (la forêt) pour concevoir des systèmes agricoles productifs qui allient régénération des paysages, diversification des récoltes et réduction des risques écologiques et économiques. Ses principes ont été développés par Ernst Götsch, agriculteur pionnier de l’état de Bahia, au Brésil.

    L’agriculture syntropique permet la restauration de terres fortement dégradées et peu productives, en recréant un environnement arboré productif, économiquement viable, riche en biodiversité, et sans apports exogènes (fertilisants, intrants chimiques, etc.). C’est ce qu’a expérimenté E. Götsch sur son exploitation depuis les années 80. Ce type d’agriculture, originaire des zones tropicales, commence à émerger en zone tempérée, notamment en France où il tend à se développer depuis quelques années."

  • JARWAL LE LUTIN : Tout en un

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    Anita Berchenko, fondatrice des "éditions du 38" m'a informé que la publication de Jarwal pourrait regrouper les quatre tomes en un seul ouvrage. L'équipe réfléchit à l'idée.

    Le tome 1 est indépendant mais le tome 2 et le 3 se suivent. Quant au tome 4, il est une continuité des trois précédents. Imaginer de tout regrouper est parfaitement justifié.

    Il reste à voir ce que ça donnerait en volume total. Mais étant donné qu'il s'agit d'une histoire à plusieurs niveaux de lecture et que des enfants tout autant que leurs parents pourraient y trouver leur bonheur, le fait que le livre soit de la dimension d'un roman adulte n'est pas dénué de sens.

    Dire combien j'en suis heureux serait trop faible.

    Quatre histoires retenues pour une publication. Quand on connaît la difficulté d'être publié, d'être sélectionné dans le flot continu de manuscrits, c'est un bonheur sans nom.

    Il faudra bien qu'un jour je parvienne à me considérer comme un écrivain.

  • Association Madagascar Enfance XTREM

    Alexandre Fardel-Arozarena est un ami.

    Depuis plusieurs années, il gère une association d'entraide à Madagascar.

     

    À propos

    Qui sommes-nous ?

     

    Nous sommes une équipe de bénévoles et de professionnels, hommes et femmes, qui pensons que la Femme est la clé de l'avenir. Son investissement dans tous les échelons sociétaux fait d'elle la tête, le cœur et les poumons d'une patrie.

    Nous avons démarré en aidant les enfants et jeunes adolescents à se développer à travers les sports extrêmes (BMX, Skateboard, Escalade, Kitesurf…) dont Madagascar est le terrain de jeu idéal. Mais à force d’actions sur place, nous nous sommes aperçus qu’une fois atteint le stade adulte, les valeurs de dépassement de soi ne suffisaient pas. La réalité malgache les replongeait dans l’urgence et la précarité.

    Ainsi, nous avons décidé d’axer nos actions sur le pilier de chaque famille malgache : la femme – et mère -, celle qui porte l’enfant, le nourrit, l’éduque, le protège, le soigne… Et c’est par le développement personnel et professionnel de celle-ci que les enfants de demain pourront changer l’avenir de leur pays.

    Notre approche

     

    Notre mission

    Notre mission est de nous assurer que toutes les femmes et enfants reçoivent tout le soutien dont ils ont besoin et quand ils en ont besoin, pour leur assurer un avenir pérenne.

    Qu’il s’agisse d’un soutien moral, d’une aide financière, d’un apport en nature, mais également d’une éducation et d’une formation professionnelle, nous veillons à ce que chacun reçoive le plus rapidement possible ce dont il a besoin. Penser vite et bien pour agir vite est notre devise pour le bien de tous.

    Notre vision

    Nous voulons bâtir un monde où aucune femme, enfant ou jeune n'aura à souffrir des aléas d'une vie dictée par des politiques qui ne répondent pas à l'urgence immédiate.

    En effet, si les actions politiques d’un pays mènent à réformer en profondeur des difficultés structurelles et conjoncturelles, tout ceci prend un temps qu’une population dans l’urgence n’a pas.

    Ainsi, nous ne sommes pas en opposition, mais en complémentarité avec les politiques en vigueur, afin que les malgaches puissent créer un élan sur les bases que nous leur inculquons, avec leur concours, dans le respect de leurs traditions et de leurs mœurs.

     

    Des Vanilles Et Des Vies

     

    Commander ma vanille bio

    Des dons récompensés

    Les temps sont durs pour tous. Et obtenir des dons pour une association devient un vrai parcours du combattant. Ainsi, nous avons décidé que chaque don fera désormais l'objet d'une contrepartie, à l'instar des financements participatifs. Mais pas avec n'importe quoi, avec l'or brun de Madagascar que l'on nomme "Vanille".

    En effet, Madagascar produit 80% de la vanille mondiale. Malgré cela, les cultivateurs Malgaches sont aussi précaires que l’est le reste de la population.

    Ainsi, nous avons décidé de les aider en leur achetant de la Vanille certifiée Biologique par Ecocert Madagascar, avec le concours de l’entreprise VanilleBio.eu (Importateur et grossiste en épices biologiques réservées aux professionnels de l’alimentation). Ne vendant donc pas aux particuliers, nous avons le privilège d’obtenir la meilleure vanille vous permettant de parfumer vos plats, tout en aidant à la fois les producteurs de vanille, mais également les femmes et enfants soutenus par notre association.

    Comment acheter de la vanille bio ?

    Le plus simplement du monde : Plus vous donnez, plus vous obtenez de gousses de vanille.

    Est-ce légal ? OUI !
    Au même titre qu’une association de Parents d’élèves peut vendre des chocolats à Noël ou des calendriers, nous pouvons vendre de la vanille.
    Ainsi, nous avons décidé de décomposer comme suit :

    20€ les 10 gousses

    50€ les 30 gousses

    Vous pouvez faire un don ponctuel

    Vous pouvez faire un don mensuel et vous recevrez vos gousses de vanille bio tous les mois

    Et ensuite ?
    Le formulaire de dons d’HelloAsso (notre plateforme de dons sécurisés) récupère toutes vos coordonnées afin de vous faire parvenir votre justificatif de dons. Ainsi, vous n’avez rien à gérer, nous vous envoyons votre vanille sous 48H maximum.

    Pour commander, cliquez ici :

    Commander ma vanille bio

    Les femmes et les enfants de Madagascar vous remercient pour votre générosité !