Ecouter l'intérieur.

Voir ce qui se passe en nous, baliser le chemin...

Ce matin, avec les enfants dans la classe, je m'aperçois qu'une élève continue à utiliser en calcul mental une technique travaillée au CE2 pour accéder à la soustraction. Elle n'a toujours pas validé la méthode soustractive et continue à utiliser le complément de "l'addition à trou."

Pas un problème en soi si ce n'est ce que cette attitude figée révèle.

Explications.

"Tout au long de votre vie, vous devrez abandonner des choses apprises pour accéder à une maîtrise plus profonde de ce que vous apprenez. Et lorsque vous aurez appris cette nouvelle technique, vous devrez de nouveau la délaisser pour franchir un nouveau palier. Il ne s'agit pas de l'oublier mais juste de prendre conscience qu'elle est devenue insuffisante et que vous possédez en vous, le potentiel pour relancer l'apprentissage. Imaginez que vous êtes entre deux lampadaires, on en a déjà parlé. Celui sous lequel vous êtes illumine et vous vous y sentez en sécurité. Dans votre dos, vous apercevez le lampadaire plus ancien, celui que vous avez déjà abandonné depuis un moment et dont la lumière acquise vous a permis d'avancer et d'arriver là où vous êtes. La différence maintenant, c'est que le lampadaire suivant est bien plus éloigné que tout ce que vous avez connu jusque-là. Vous ne disposez pas d'un horizon dégagé, les zones d'ombres sont vraiment profondes, étendues, inquiétantes. Vous pourriez vous contenter de rester là où vous êtes, après tout cette lumière est douce et apaisante. Mais il y a un phénomène qu'il ne faut pas oublier, qu'il ne faut jamais quitter des yeux. Si vous restez là où vous êtes, vous allez épuiser la source d'énergie dont vous bénéficiez à l'instant. Il est inconcevable d'imposer à la Vie la fixité, l'immobilité, le refus d'avancer. La Vie a toujours été lancée dans ce mouvement vers l'avant et vous faites partie de ce mouvement. 

Souvenez-vous des séances de ski de cet hiver. Certains connaissaient juste le chasse-neige et pouvaient s'en contenter mais ils ont rapidement vu que cette fixité leur interdisait l'accès à des pistes plus exigeantes. Il fallait abandonner le chasse-neige et parvenir au ski parallèle, au dérapage, à l'appui sur le ski amont...Il fallait quitter cette sécurité et accepter d'avancer en terrain inconnu, de se "mettre en danger", de risquer la chute, d'éprouver cette peur ennemie. Vous étiez sous un lampadaire et il vous fallait accepter les territoires inconnus. Et vous l'avez fait. Et le bonheur du ski s'est nourri de ce chemin parcouru, ça n'était pas que le plaisir d'aller sur d'autres pistes mais aussi ce bonheur en vous d'être parvenu à dominer cette peur, cet abandon des choses connues.

Tout ce que vous allez vivre pendant toute votre vie ressemble à ce parcours. En mathématiques, en sport, en amour, dans toutes les passions qui vous animeront. Il est essentiel de savoir toujours où vous en êtes. Essentiel d'identifier la lumière dont vous disposez et de vous féliciter du chemin parcouru pour tendre votre regard intérieur vers l'ombre qui vous attend.

La fixité n'est pas naturelle. C'est la peur qui l'installe. Apprenez à vivre votre peur et à comprendre ce qu'elle vous enseigne. La Vie porte en elle cet élan. Sinon, elle ne serait pas passée de l'amibe à la baleine bleue.

 

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