Ecrire pour philosopher

"On ne pense que par images. Si tu veux être philosophe, écris des romans". Albert Camus.


Des éditeurs et parfois des lecteurs m'ont dit que je ne devrais pas m'obstiner à écrire dans le registre du roman mais que je devrais m'atteler à écrire des essais.

Mais si je ne m'y résouds pas, c'est parce que je tiens à ce que mes écrits ne soient pas associés à des réflexions intellectuelles mais bien davantage à ce qu'ils représentent la vie dans toute sa dimension : intellectuelle, spirituelle, philosophique, évènementielle, quotidienne, passionnelle...

Le roman est un miroir de l'existence alors que l'essai en est son commentaire. 

Je ne veux pas commenter.

L'autre raison s'oppose à l'idée que le roman n'est qu'un divertissement et qu'il n'est pas destiné à conduire l'individu à un questionnement existentiel. Je pense au contraire que le roman a une force immense quant à l'identification possible du lecteur aux personnages alors que l'essai ne favorisera pas ce transfert et par conséquent la perception profonde des idées. L'essai s'en tiendra à la raison, le roman y ajoutera l'émotion.

Si le roman parvient à transcrire une démarche intellectuelle en la nourrissant des émotions, son absorption en sera renforcée.

Je n'oublierai jamais ma première lecture de "Citadelle" de Saint-Exupéry. Les pensées philosophiques de toute une vie.

 

Aucun essai philosophique n'aura à mes yeux cette puissance parce que s'y ajoutent la beauté incommensurable de la musique, de la poésie, des images, des dialogues, des paysages, des odeurs, des messages, des enseignements vivants. De tout ce qui fait la vie.

 

Alors, sans doute que je prends un risque en voulant mêler cette construction romanesque avec une démarche existentielle mais je ne peux pas trahir l'enfant qui vit en moi et qui posait sur sa poitrine le livre de Saint-Exupéry, après des heures de lecture, au fond de son lit. 

L'enfant est là. 

Tout ça remonte à si loin que je ne saurais continuer en le perdant. 

Sans la moindre prétention, il me plaît de penser que Saint Exupéry et tous les autres se réjouissent de l'amour que je leur porte encore, après tant de temps. 

Même si mes écrits n'auront jamais la puissance de leurs textes, ce qui m'importe, c'est de ne jamais délaisser l'amour des mots qu'ils m'ont transmis.

 

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