Enlacer la foudre

25289329 1903493973024199 1132489276539954729 n 1Le sentiment est obligatoirement sujet à des variations parce qu'il prend sa source dans la mémoire et donc le vécu de l'individu.

Même la rencontre amoureuse est nourrie par le vécu de chacun puisque l'intérêt pour une personne est l'écho des "valeurs" que nous avons constituées au fil du temps.

Le sentiment qui n'est que cet écho qui perdure n'accueille pas : il transforme, il interprète et si possible, il modèle. Et si ce modelage se révèle impossible ou insatisfaisant, la rencontre n'est plus un acte célébrant la vie en l'autre mais la vie en soi, c'est à dire le désir de combler l'attente qui repond à des valeurs, des idées, des pensées, et par conséquent des limites. 

Il ne s'agit pas d'aimer inconsidérément et de s'ouvrir à l'autre sans aucune retenue au risque de se perdre soi-même dans une dispersion chaotique et sans fin mais de rester dans un état de pleine conscience lorsque cette rencontre a lieu et de voir à travers les émotions ce qui relève de la mémoire de ce qui relève du saisissement de l'instant présent.

Il en est de même dans l'étreinte amoureuse. Faire l'amour comme on reproduit une recette de cuisine déjà appliquée, c'est faire l'amour au passé et non à la personne qui est là, c'est se limiter à un territoire connu en effaçant de l'horizon lui-même toute autre exploration. Il s'agit donc d'aimer comme au premier jour, comme à la première étreinte, avec cette émotion surpuissante de la découverte tout en usant de l'expérience comme d'un ferment à de nouvelles pousses, à de nouvelles fleurs, à de nouveaux parfums, à de nouveaux contacts, à de nouveaux regards. 

Il s'agit d'être émotionnellement vierge dans l'instant et expérimenté dans la pratique. Et que cette connaissance de soi et de l'autre soit au service, non pas de la répétition mais de l'extase renouvelée. 

C'est là qu'intervient la pleine conscience.

Dans l'étreinte amoureuse comme dans tout autre domaine.

La vie ne peut être éprouvée que lorsque le passé n'agit plus comme un guide reposant ses pas dans les traces anciennes mais comme un guide ayant effacé les empreintes et posant ses pas dans un tapis de neige immaculée.

L'expérience et les connaissances acquises ne cherchent aucunement à reproduire mais favorisent la qualité du pas, sa légèreté, sa douceur, sa lucidité, sa patience, sa délicatesse, son hommage.

Le mental qui agit comme un cocher tourne inévitablement en rond. 

C'est la symbolique de la chèvre attachée à son piquet par une corde plus ou moins longue. Elle ne peut se nourrir que d'une herbe rase. Bien entendu que l'espace connu peut se montrer rassurant mais c'est une satisfaction qui condamne à l'amertume. 

Aimer comme si on découvrait l'amour dans un instant de fulgurance, comme un coup de foudre qui rayonne avec douceur et énergie et simultanément bénéficier de l'expérience acquise pour ne pas se consumer dans l'éclair qui jaillit. 

Enlacer la foudre, sans aucune peur, sans aucune intention, sans aucune projection, nourri par tous les moments d'amour sans que ceux-là ne soient jamais des déluges répétés, des trombes d'eau qui éteignent le brasier avant même qu'il n'atteigne de nouveaux territoires.

Embrasser les flammes, embraser les coeurs,  consumer les âmes, et renaître plus vaste encore.  

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