Kinessa Johnson : chasseuse de braconniers

La manière forte. L'ultime solution. Et désormais inévitable.

Et à mon sens, elle s'appliquerait à d'autres domaines que la préservation des espèces sauvages...

 

Ancienne GI, elle traque les braconniers

 

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Olivier O'Mahony

Kinessa Johnson.

Kinessa Johnson.Sébastien Micke

Cette ancienne GI, vétéran d’Afghanistan, traque les braconniers en Afrique de l’Est.

Sur les phalanges de sa main gauche, elle a fait inscrire « Love » (Amour), et sur la droite, « Hate » (Haine), comme dans le film « La nuit du chasseur », avec Robert Mitchum. Mais son gibier, ce sont les braconniers en Afrique, qui tuent des animaux « innocents, parce que, contrairement à l’homme, ils ne connaissent ni la haine ni l’avidité ». Kinessa Johnson a le corps recouvert – « à 60 % », précise-t-elle – de tatouages explosifs : comme sur son bras, cette grenade pour fêter son succès à un examen de maniement des armes. A ses heures perdues, Kinessa est modèle, spécialisée armes à feu. Elle pose au milieu de pistolets et fusils à pompe, sa « grande passion depuis l’enfance ». Enorme succès sur Twitter, où elle compte 17 700 fans.

A 21 ans, Kinessa rejoint l'armée américaine pour "servir le pays"

Gamine, Kinessa était « garçon manqué ». Elle a grandi entourée d’armes et d’animaux à Anacoco, en Louisiane, à côté de la base de Fort Polk, centre d’entraînement de l’armée. « Il y avait des chevaux, des chiens, des canards et des cochons. Je jouais avec eux. J’ai deux bouledogues, je serais capable de prendre une balle pour les défendre. » A 21 ans, en 2007, Kinessa rejoint l’armée américaine pour « servir le pays ». Elle est basée près de Kandahar, en Afghanistan, pendant six mois. « Quand je suis revenue, j’étais quelqu’un d’autre. » Elle finit par quitter l’armée à cause de blessures à la mâchoire et au dos. Sa pension d’invalidité lui suffit pour boucler ses fins de mois. Trois années durant, elle mène une vie de nomade et se marie « avec un ancien militaire qui voyage beaucoup ». Elle pose ses valises en Californie, puis à Las Vegas, à Hawaii, en Caroline du Nord, dans l’Etat de Washington. Aujourd’hui, elle s’est stabilisée en Géorgie.

L’an dernier, elle est contactée par l’association VetPaw, qui recrute des vétérans de l’armée américaine pour la protection de la faune en Afrique. « J’ai accepté de les rejoindre parce que j’avais besoin de m’investir à nouveau dans une cause noble », dit-elle. La voilà en Tanzanie, où l’organisation a son quartier général africain. Pendant ses missions, elle participe à des opérations très spéciales. Dans ce pays, les braconniers sont connus. Ils sont riches, et l’argent qu’ils gagnent sert à faire vivre leur famille, leur village, voire, parfois, à financer le terrorisme. Mais l’Etat n’a pas les moyens de les poursuivre. Les ex-GI de VetPaw aident les rangers locaux à les débusquer. Ils leur transmettent leur savoir-faire et leurs méthodes musclées de profilage, d’investigation sur le terrain, ou encore d’interrogation des suspects.

Son tableau de chasse est impressionnant: 25 braconniers arrêtés depuis novembre 2014

Le tableau de chasse de Kinessa est impressionnant : 25 braconniers ont été arrêtés depuis qu’elle a commencé à les traquer, en novembre 2014. « Si on les laisse sévir, il n’y aura plus d’éléphants, de tigres ou de girafes dans la savane ! » s’alarme-t-elle. Quand le lion Cecil a été tué par le dentiste américain Walter Palmer, elle a enragé : « Malheureusement, le type a opéré en toute légalité. Impossible de le poursuivre. Ce qu’il a fait est terrible. » Kinessa s’est spécialisée dans la formation des femmes rangers, « parce qu’en Afrique, elles font plus confiance à une instructrice qu’à un entraîneur masculin ». Son regret est de ne pas pouvoir armer les animaux eux-mêmes.

 

 

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