KUNDALINI : Pornographie, sexe ou sexualité sacrée ?

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Puisque ce roman "contient des scènes de sexe" et que cette expression employée par Brigitte Lahaie me laisse quelque peu circonspect sur l'interprétation à en faire, je poste un extrait bien précis.

Evidemment que sorti de son contexte, le passage peut prêter à confusion.

S'agit-il de pornographie, de sexe ou de cette sexualité sacrée que j'ai cherché à exprimer ?...

 

"Sat.

Comme un porteur de flambeaux enveloppant son âme et son cœur et son corps et sa joie d’une galaxie naissante, un espace à découvrir, à parcourir, à explorer, sans aucune limite, sans aucune peur, sans rien ne puisse altérer cette soif, cette faim, ce désir.

Elle voulait jouir à n’en plus finir.

Elle plongea sa langue dans la bouche de Sat, elle le lécha, elle l’embrassa avec une telle convoitise qu’elle se sentit couler en lui, mêlant sa salive à la sienne, glissant sous sa peau, goûtant ses parfums et sa puissance et sa douceur et sa force et sa maîtrise.

Elle réalisa subitement à quel point cette étreinte dépassait depuis longtemps en altitude les reliefs anciens.

Au-delà du connu.

Un territoire sans nom, sans image, sans aucune connaissance.

Elle avançait, l’âme dénudée et le corps libéré, dans une jungle émotionnelle dont elle avait jusqu’alors ignoré l’existence.

Les yeux de Sat. L’impression d’y voir son âme. Et de découvrir tout autant dans un reflet inexplicable l’étendue lumineuse qui s’ouvrait en elle.

Ouverte.

C’est à ce mot en elle que le rire se délivra.

Un rire cristallin, juste un éclat, les yeux dans ceux de Sat, sa verge raide en elle, ses mains sur ses fesses, sa langue jouant avec la sienne. Où était-elle ? Était-ce elle qui ondulait son bassin de la sorte ?

Elle flottait, suspendue, dans un océan électrique.

Un déferlement incessant. Un kaléidoscope de flashs colorés.

Elle se souvenait de cette nuit d’enfance. Son père, au plus froid de l’hiver, l’avait invitée à marcher sous les paillettes neigeuses, elle avait une lampe frontale et lorsqu’elle levait la tête, elle voyait descendre en cascades des marées floconneuses qui étincelaient et parsemaient les noirceurs de confettis scintillants. Des éclats de rire, la bouche grande ouverte, des flocons saisis au vol, les mains tendues vers le ciel. Et cette joie immense en elle, cette chaleur pétillante, ce bonheur de la vie, l’émerveillement.

Tout était là de nouveau. Ces bonheurs d’enfant dans son corps de femme. La vie qui se réjouissait d’elle-même. L’émerveillement qu’elle avait abandonné follement, au fil du temps.

Les mouvements circulaires de son bassin. C’est elle qui les avait initiés et elle gémissait de plaisir en contractant son périnée, la verge enserrée dans un écrin si sensible qu’elle se sentait fondre.

Elle repoussa délicatement le torse de Sat et l’invita à s’allonger sur le dos.

Il la laissa mener la danse.

Échanges de regards. Connivence silencieuse, des sourires qui racontaient des étreintes à vivre, des propositions muettes murmurées dans les yeux.

Les mains de chaque côté des épaules de Sat, elle entama de lents mouvements de va-et-vient sur son sexe dressé et chaque contact des pubis amplifiait la montée puissante et inexorable de la jouissance, la pression sur son clitoris l’emportait, les mains de Sat soupesant ses seins, sa bouche saisissant les tétons, mordillant tendrement la chair rosée, aspirant, enlaçant, cette langue infatigable, des réseaux de nerfs reliés, des lacis saturés de décharges longues et toujours plus intenses, elle découvrait des zones d’ombres et ne savait plus où se situaient les points les plus sensibles, comme si l’intégralité de son corps s’ouvrait au plaisir comme un corps nu au soleil, oui, c’était cela, comme des rayons solaires l’inondant, quand les arabesques invisibles des haleines célestes s’invitent dans les moindres recoins et qu’il serait indécent de refuser l’offrande.

Laurent n’y avait toujours vu que des invitations sexuelles et c’était là, dans l’instant, comme un voile déchiré.

Elle rejeta aisément les pensées anciennes en accélérant la cadence de ses mouvements, elle plongea de nouveau dans la bouche de Sat et saisit sa tête entre ses mains, écrasant ses lèvres, fouillant au plus profond avec une langue avide, le corps entier agité de soubresauts, de spasmes, de tensions, d’abandons lascifs et d’euphories dansantes puis sans même y songer, sans même qu’une pensée précise n’éclaire l’intention, elle éprouva le besoin irrésistible de se redresser à la verticale, de s’asseoir sur le sexe dressé et de l’engloutir comme un pieu. En appui sur les pieds, les genoux relevés, cambrée, totalement ouverte, les seins tendus, les fesses posées sur le bassin de Sat, la vision offerte de son vagin éclos engloutissant le soleil.

Ses bras entamèrent une danse hypnotique et elle vit autour d’elle les pollens libérés, des têtes de pissenlit voleter dans l’espace, des papillons comme des fous dansants, au gré du vent, elle s’évapora comme une marée verticale, une mer aspirée par une lune aimante, une sève projetée comme un jet de semence, elle imaginait des flots de sperme inondant le champ affamé de sa matrice.

« Doucement, murmura Sat. L’énergie a besoin de temps pour s’exprimer pleinement. »

Elle entendit sa voix dans un brouillard d’inconscience et la verge sortant de son étui engendra l’impression d’un vide insupportable.

Il empoigna les fesses de Maud et les attira vers son visage en glissant sur le lit.

Contemplation.

Les cuisses écartées au-dessus de lui, la vision délicieuse d’une rose ouverte, des parfums de sous-bois et de mousses épaisses, la douceur des pétales qu’on effleure.

Il posa sa bouche sur les lèvres auréolées de cyprine. Une langue fouisseuse, des succions, des baisers, des explorations minutieuses, mélange des sécrétions, absorption des ruissellements, de l’anus au clitoris, un aller-retour régulier, un crescendo répétitif, augmentation du volume sanguin.

Elle entama un mouvement saccadé, une pression de son sexe sur la bouche de Sat, l’envie d’être bue, absorbée, de se liquéfier en lui, de délivrer les ruissellements de son plaisir, une averse torride, des crues de rivières inondant les terres, des nuages gonflés à en crever de jouissance. Elle plongeait dans ses yeux, elle soutenait ses regards et se réjouissait du plaisir qu’elle lisait sur son visage enfoui entre ses cuisses.

Des milliers d’images fugitives dans sa tête, dans son corps, dans son âme. Elle ne savait plus où elle était, elle ne savait plus qui elle était, elle n’aurait même su dire depuis combien de temps la chaleur du soleil se déversait en orage, ni même trouver en elle la source de ces visions, comme un écoulement de pensées extérieures, comme un monde onirique et sensuel, émotionnel et érotique, la libération totale, absolue, définitive de son âme et de son corps. Comme un don du ciel.

Un don du ciel.

Tout en elle résonnait d’une symphonie divine.

Elle gémissait sans savoir d’où venaient ces sons étranges. De sa gorge, de son sexe, de son ventre, de ses seins, de ses mains ? L’impression qu’elle baignait intégralement dans une mélodie de jouissance sans fin, épanouie, délivrée, emplie, enflammée.

Comme si la vie s’extasiait d’elle-même en usant de son corps.

Elle ne comprenait plus rien et elle devinait un ancrage sur le point de lâcher, un cordage qui la reliait à son mental, à sa raison, à l’habitude cartésienne de l’explication qui rassure. Elle ne voulait plus de ces enceintes. Sans la moindre peur. Sans la moindre projection futile, l’inquiétude d’un avenir imaginé, cette frayeur des conséquences, cette angoisse de l’erreur, cette éventualité du regret. Il n’y avait rien d’autre que la langue de Sat dans les plis de son sexe et cette verge tendue qu’elle allait de nouveau engloutir.

Elle ne parvenait pas à comprendre comment son plaisir pouvait s’étendre ainsi, aussi longtemps, aussi intensément, sans que l’orgasme habituel ne survienne.

Bouleversement.

N’avait-elle donc jamais fait l’amour auparavant ?

Ou plutôt, n’avait-elle donc jamais été envahie par l’amour ?

Des phrases en elle comme des coups de tonnerre.

Un trouble si puissant. Des volets qui s’ouvraient. Une lumière trop vive pour qu’elle puisse y voir clair.

Elle eut envie de rire en pensant qu’elle pourrait en parler à Sat. Qu’il l’éveillerait, qu’il lui apprendrait à absorber l’illumination.

L’illumination.

Cette conscience jamais éprouvée décupla le brasier.

Elle se retourna, offrit de nouveau son sexe à la bouche de Sat, les cuisses de chaque côté de son visage et elle engloutit tendrement la verge dressée, elle l’aspira, lécha les réseaux de veines gonflées, lapant le gland de sa langue, elle écarta les cuisses de Sat et glissa ses doigts mouillés contre l’anus, massa le périnée, joua délicatement avec les testicules, une frénésie joyeuse, ardente, incandescente.

Qui était-elle ?

Cette vibration en elle, ce flux constant, intégral, innommé, cette incapacité à identifier cette énergie, cette extase au-delà de l’orgasme, cette impression de ne plus être en elle mais de flotter dans une bulle extensible, englobant leurs deux corps dans un cocon chaud, nourrie par des semences déversées depuis des altitudes insoupçonnées, elle ne pouvait en être l’instigatrice.

Qui était-elle, là, à l’instant ?

Elle n’avait jamais vraiment aimé prendre le sexe de Laurent dans sa bouche et elle s’y était résignée parfois. Sans un réel plaisir. Juste pour lui.

Elle découvrait soudainement un bonheur ineffable à se sentir ainsi visitée, un ravissement intense à propager sur la tige tendue de cet homme des pulsions érectiles, des montées de sperme comme une sève brûlante, elle aimait les bruits de succion, elle accompagnait les mouvements du bassin, enlaçant le gland d’une langue insatiable, aspirant, tournoyant, l’humectant de salive.

Elle accueillait avec une satisfaction immense les soupirs langoureux de Sat.

 

 

Il devait rester concentré sur la pression interne, la puissance du flux sanguin dans sa verge, les contractions de son périnée, la circulation de l’énergie, la captation des vibrations de Maud, les paliers orgasmiques, la mise en tension et le contrôle à maintenir, la synchronicité entre la respiration et la circulation de l’énergie. Ne pas succomber au chaos sensoriel, pas encore, ne pas s’embraser avant que Maud ne s’envole.

Son visage entre les cuisses ouvertes, la tendresse des lèvres plissées. Le parfum de son sexe épanoui comme une fleur inondée.

Il avait espéré cet instant. Il aimait infiniment absorber les sucs et les nectars, fasciné par la vision, enivré par les senteurs. Il aimait le corps des femmes. Il avait appris sur ce trésor tout ce qui doit être connu. Il avait lu, encore et encore, il avait médité, il avait remercié, et puis il avait lu encore et encore.

L’extase tantrique.

Là, maintenant, le chemin s’ouvrait.

Maud. Elle était bien plus que ce qu’elle pensait, elle portait en elle des horizons immenses. Il pouvait être son accompagnant. Il n’y perdrait pas son intégrité morale, il ne s’égarerait pas dans les compromis et les frustrations. Elle vibrait tout autant que lui mais n’avait pas accès consciemment à la Source.

Elle baignait dans une lumière inconnue.

Il pouvait lui apprendre ce qu’il connaissait. Il pensa même qu’elle en constituerait un savoir plus vaste que le sien.

Elle avait en elle un potentiel inconcevable, jamais exprimé, jamais entamé, un territoire vierge de regards. Là où aucun homme ne l’avait encore aimée.

Une certitude.

Il s’appliquait à lécher les lèvres, à écarter les tissus, à pointer la langue comme un organe butineur, à titiller délicatement le bouton rosé dans son antre, à l’aspirer, l’envelopper, l’honorer.

Deux doigts contre la face antérieure du vagin, un point orgasmique qu’il convenait d’honorer, un mouvement répétitif, des pressions régulières, concentriques.

Se mêlaient à sa salive les liquides internes, des coulées de plaisir qu’il vénérait comme un élixir divin.

Il sentait combien le tremplin était proche.

Les halètements de Maud, les spasmes de son bassin, les contractions de ses fesses, les perles de plaisir sur ses lèvres, des ruissellements saccadés, des jets de plaisir cristallins.

Il enlaça sa taille et imprima un mouvement de bascule.

Elle abandonna le membre et se laissa guider.

Nouvelle posture. Sur le côté, face à face. Légèrement distants, quelques centimètres, pas de contact des sexes.

Il tendit le bras et ramena le bol d’huile.

Il l’invita à ouvrir la main et en fit couler. Il trempa ses doigts et le reposa.

« Juste un massage mutuel, Maud, tous les deux, en même temps. Un massage pendant lequel vous allez visualiser le plaisir en vous, vous allez lui donner une couleur, une densité, une forme, un son, un mouvement, un parfum. Pendant quelques minutes. J’en ferai tout autant. Puis, vous allez visualiser votre plaisir prendre contact avec le mien. Pendant nos caresses mutuelles. Le un plus un deviendra une unité plus vaste. Sans se quitter des yeux, Maud »

Il avait déjà commencé à glisser les mains sur son dos et sur ses cuisses. Elle l’avait imité. Sans le quitter du regard

Une intensité électrique et simultanément une douceur de soie.

Longues arabesques, effleurements des sexes.

Il rapprocha son ventre et laissa sa verge chercher la toison de Maud. Elle souleva légèrement une cuisse et l’invita en posant une main sur ses fesses. Rapprochements. Mouvements des corps, parfum de l’huile, reflets des lumières des bougies.

Disparition de la musique. Elle n’aurait su dire depuis quand. Il flottait dans la pièce des mélodies de souffles haletants.

Les yeux de Sat. Il était déjà en elle. Avant même que son sexe ne la pénètre.

Elle n’eut même pas besoin de se concentrer sur la vision. Elle était là et bien plus présente qu’une simple image. C’était comme un courant de marée, une force irrépressible, un envahissement intégral qui insufflait en elle un abandon inconnu, une plénitude nourrie de désirs, au-delà des sexes.

Elle n’aurait jamais imaginé cela possible.

Elle aimait un homme comme elle n’avait jamais aimé personne. Sexuellement. Et elle ne savait pas grand-chose de sa vie. Tous ses repères, toutes ses retenues, ses promesses, sa ligne de conduite.

Elle n’avait jamais voulu d’une passade, d’une rencontre éphémère dans un lit de hasard.

Et là, cuisses entrouvertes, seins tendus, bouche affamée, mains endiablées, elle se donnait, elle s’ouvrait, elle l’invitait à la pénétrer, à la combler et c’était au-delà de cette course frénétique à l’orgasme, de cet objectif à atteindre, de cette obligation de prouver à l’autre qu’il sait s’y prendre. Constat amer d’une sexualité ancienne. La dernière étreinte avec Laurent, comme l’annonce dramatique d’une mort inévitable. La dictature inventée de l’orgasme libérateur.

Elle rejeta férocement cette intrusion et plongea de nouveau dans l’océan vibratoire, dans les ondes qui s’étendaient, dans ce courant chaud qui l’emplissait.

Elle laissa la verge palpitante s’immiscer sur le seuil, entrouvrir la porte, reculer, puis revenir. Chaque sensation se diffusant en elle jusqu’au bout des doigts. Elle inspira profondément lorsqu’elle approcha ardemment son bassin et absorba le membre érigé.

Elle sentit ses yeux se fermer, comme un retournement à l’intérieur. Elle les rouvrit et s’accrocha à ceux de Sat, comme à une main tendue.

Il posa ses doigts au creux des reins de Maud, à la base de la colonne, à l’orée des fesses et il entama une caresse circulaire, une pression de plus en plus forte, imprimant à son bassin un va-et-vient régulier.

La vibration dans son dos, dans son sexe, dans la pointe raidie de ses seins, dans ses mains, dans ses jambes, dans son crâne. Elle en discernait avec une finesse incroyable chaque mouvement, chaque vague, chaque risée. Un amour sans identification, un breuvage étrange qui circulait dans un réseau inconnu, un lacis de chemins dont elle découvrait l’immensité.

Du cœur à son sexe, de son sexe à son cœur et dans ce flux constant, le mental perdait pied.

Elle ne pouvait plus fermer les yeux. Captivée, aimantée, comme si l’un et l’autre se reliait, s’unissait tout autant que leurs sexes imbriqués, comme un flux orgasmique dans une ronde embrasée. Elle devinait l’énergie coulant de ses yeux, enflammant son corps, ruisselant dans les sexes incendiés avant d’entamer un deuxième tour.

Puis un autre et encore un autre, une danse effrénée et consciente, des ondes de plus en plus vastes, couvrant des horizons inimaginables. Une circumnavigation interne, d’une âme à l’autre, d’un corps à l’autre, d’un souffle à l’autre. Cœur à cœur.

Elle devinait son propre visage au fond de ses prunelles. Elle était en lui.

Au point d’en ressentir ce qu’il vivait.

Au point d’éprouver ce qu’il percevait d’elle.

Elle en lui. Elle se regardait elle-même et prit conscience de ce qu’il voyait, elle découvrait son propre sourire, la profondeur pâmée de ses yeux, la finesse de son nez, la sensualité de sa bouche. Elle se contemplait en lui.

Et elle se trouva belle.

Et ce fut comme une évaporation, un évanouissement, la perdition de son état, elle n’était plus là et n’avait jamais senti autant la vie en elle.

À en perdre la raison et s’en réjouir.

Et en jouir.

Il le sentait. Elle allait partir, elle allait rompre les ancrages.

Il l’invita à s’allonger sur le dos et s’installa au-dessus d’elle. Sans jamais que leurs sexes ne se séparent. Doucement, sans la quitter des yeux.

Il accentua les mouvements de va-et-vient, pressant de son pubis le clitoris écarlate, fouillant au plus profond de la matrice, des pressions circulaires, des mouvements réguliers.

Visualisation des spasmes dans sa verge, circulation ouverte de l’énergie, les ondes du cœur nourries par le flux vital, captation de la source.

Orgasme énergétique.

Rétention spermatique.

Inversion du flux vital dans un rayonnement intégral.

Leurs sexes comme deux canaux reliés, mélange des énergies individuelles, l’unité acquise.

Elle prenait de l’altitude. Comme des marches montant vers le ciel, chaque palier ouvrait un nouvel horizon, elle montait, elle montait et la perception de son corps devenait si intense qu’elle ne le sentait plus.

Incompréhension.

Elle n’était plus que cette lumière en elle, cette flamboyance ultime, comme un cœur de soleil. La forme, la matière, une limitation, la vie n’était pas là.

Incompréhension.

Elle s’envolait dans une crispation libératrice, toute l’énergie condensée dans son corps.

Un flash cristallin, propagation de la lumière, décharges électriques, éclairs zébrant ses cellules, big bang de conscience.

Elle entendit une voix dans un râle prolongé.

Des ondes phosphorescentes qui transpiraient des yeux de Sat dans les siens.

Elle ne savait plus rien d’elle, comme une cessation et simultanément la constitution d’une entité plus réelle que sa matière.

Incompréhension.

Le membre viril continuait sa tâche comme un agrandisseur d’univers.

Elle sentit qu’elle basculait de nouveau dans un plongeon ascensionnel.

Inversion des positions. Sat l’invita à le chevaucher. Il s’allongea sur le dos et elle s’appliqua aussitôt à engloutir le membre tendu.

Dans les yeux de Sat, elle se voyait sauvageonne, femme des bois, elle respirait autour d’elle des parfums de mousse grasse, de rosées matinales et de terre mouillée. Les cheveux collés de sueur tombant sur son visage.

Elle se cambra et s’appliqua à monter et descendre sur le pilon qui fouillait en elle.

Elle se demanda dans un battement de paupières si Sat avait joui.

Puis elle laissa la lumière la consumer une deuxième fois. Un embrasement plus puissant qu’un fleuve de lave.

Elle posa la tête sur la poitrine de Sat, les bras tremblants, les jambes agitées de crispations interminables, le bassin incapable de suspendre ses ondulations.

Encore…Encore…Le mot tournait en boucle dans sa tête. Elle se redressa et offrit ses seins à la bouche de Sat.

Mouvements circulaires, les bassins accolés, unifiés, une danse accouplée, au sommet de l’extase. Elle pensa ne pas pouvoir survivre au-delà de cette altitude.

Troisième explosion. Une déflagration qu’elle n’aurait jamais pu contenir. Elle sentait jaillir de son sexe des crépitements liquides, des jets étoilés.

Sat augmenta encore la cadence des va-et-vient.

C’est lorsqu’elle croisa son regard que la quatrième envolée l’emporta.

Puis elle perdit toute conscience.

Elle bascula, épuisée, sur le côté. Sat se retira et vint s’allonger derrière elle, après avoir trempé ses doigts dans le bol d’huile. Ventre contre dos, son pubis contre les fesses de Maud, sexe tendu, glissant de nouveau au cœur du délice.

Il répandit l’huile sur les seins et le ventre, l’intérieur des cuisses, l’arrondi des fesses. Un lent mouvement de rotation du bassin, verge au plus profond.

Son bras gauche, passée sous la nuque de Maud. La main enveloppait un sein, le couvait de chaleurs, le soulevait, modelait sa rondeur, jouait avec le bouton érigé. Le bras droit, libre de ses mouvements parcourait inlassablement les territoires offerts, des tétons au visage, des épaules au ventre, jusqu’au bout des doigts, une pression renforcée, comme un éveil musculaire, un massage énergétique, rétablissement du flux.

Il visualisa le transfert d’énergie. Les deux cœurs associés, reliés, imbriqués dans le cocon des vibrations, les sexes comme des passerelles, un circuit fermé. Il en connaissait la puissance. Le Yang transmutant dans le corps de Maud, le Yin transmutant dans le sien.

Rétention spermatique maintenue. Préservation du flux vital. Toutes les pratiques ancestrales du tantrisme, un bonheur infini, l’application scrupuleuse des méthodes apprises. Son plaisir maîtrisé, son intensité tout autant que sa diffusion intégrale. Un orgasme énergétique. Des années de travail.

Soudainement, il sentit dans le ventre de Maud une contraction émotionnelle, un nœud d’inquiétudes, une énergie bridée, comme un barrage sur le flot. Elle avait tendu un bras vers l’arrière et elle caressait ses fesses, l’incitant à bouger en elle.

Il perçut une boule sombre dans son aura, une pensée récurrente, obsessionnelle, répétitive, un empoisonnement, l’impossibilité de basculer dans la Conscience. Un attachement ancien.

Il en devinait la source.

Il devait la délivrer et jouir en elle. Ce qu’elle espérait, qu’elle appelait de tout son corps, une attente fébrile, inquiète, le crépuscule d’une culpabilité mortifère qui la contenait elle-même, une entrave.

Il expliquerait. Plus tard.

Il se retira et l’invita à s’allonger sur le dos.

Pénétration lente, consciente, appliquée.

La verge contre la face antérieure du vagin. Là où elle avait senti tout à l’heure un plaisir inconnu et ce ruissellement entre ses cuisses. Elle se délectait de l’absence de gêne en elle et cette libération nourrissait sa jouissance. Le sourire de Sat l’avait délivrée. Éjaculation féminine. Elle se souvenait d’une discussion avec ses deux amies. Le pouvoir de la vie affublé de fantasmes. Elle ignorait pouvoir le vivre, en goûter un jour l’extase. Ce ruissellement entre ses cuisses, ce plaisir qui coulait comme des frissons liquides… Elle se demanda, éblouie, sur quel bouton interne, Sat avait appuyé et l’idée la fit rire, un petit rire cristallin, un éclat de voix. Le membre gonflé de Sat. Infatigable, appliqué, délicat et puissant. Comment pouvait-il rester en érection aussi longtemps ? N’avait-il pas de plaisir ? Pourquoi ne jouissait-il pas ? Elle n’osait le lui demander. Par crainte aussi d’une phrase incompréhensible. Elle n’était pas en état. Son mental parvenait difficilement à prolonger un raisonnement, au-delà d’un battement de paupières. Le verbaliser relevait de l’illusion.

Les mains de Sat sur son corps, l’enlacement de la force virile et sa délicatesse, son sexe en elle, vigoureux et tenace, tendre et respectueux.

L’embrasement de son vagin, de son ventre, de son crâne, des écheveaux de filaments dispersant des fusions de matière, des ondes colorées qui naviguaient en elle comme des arcs-en-ciel mouvants.

Elle se sentait partir.

Combien de fois déjà ?

Elle ne savait plus. Comment tenait-elle encore ? Elle aurait dû s’effondrer depuis longtemps et chaque orgasme semblait au contraire la nourrir d’une vitalité supplémentaire.

Sat entama des contractions régulières, des mouvements précis, une pénétration profonde et des retraits complets.

Il abaissa son visage vers une oreille.

« J’ai déjà joui plusieurs fois, Maud, ne t’inquiète pas. »

Un murmure.

« J’utilise mon souffle pour inverser le sens du sperme et l’énergie qu’il contient remonte dans tout mon corps. »

Il se redressa et elle plongea dans ses yeux.

Elle absorba l’énergie, avalant le membre jusqu’à la garde et le suppliant de revenir sitôt sorti, dix fois, trente fois, des heures peut-être, elle ne savait plus.

Une étoile en fusion.

« J’absorbe l’oxygène et je gonfle ma verge de son pouvoir nourricier. Je sens le bouillonnement du sperme mais je le contiens et je le diffuse.»

L’extension du membre lorsqu’il inspira et bloqua sa respiration. Augmentation du volume. Elle en percevait distinctement la raideur palpitante. Le jonc écarlate qui gonflait en elle emplissait son âme d’une chaleur sanguine. Elle en ouvrit la bouche comme un puits asséché, elle accueillit l’averse en elle, le torrent de sa puissance contrôlée.

Et le puits s’étendit au-delà des frontières de son corps, comme un gouffre, puis un espace sans limite, un cosmos étoilé.

Comme un nouveau-né pour son premier cri, elle se remplit d’air et plongea dans l’envol.

Déflagration, explosion totale, un éclair de particules embrasées, comme une marée montante agitée par la houle, tous les océans reliés par des courants inapaisables, le cœur de la Terre dans ses fleuves de lave, tous les cratères du monde déversant des flots de roches liquéfiées, des séismes si profonds qu’elle en perdait l’usage de son corps, ballotée, abandonnée, accueillante, ouverte, intégralement ouverte, dissoute, fondue, répandue, ruisselante. Une étoile aimant l’Univers qui l’accueille. Au-delà des espaces connus.

À en perdre la raison.

Il resta enfoui au plus profond, accolé, imbriqué, respirant les ondes, capturant à chaque inspiration les souffles embrasés qu’elle relâchait. Il initia des mouvements infimes, rotations de son bassin, en diminuant progressivement la pression.

Il se retira, lentement, laissant dans l’océan électrisé un sillage luisant.

Il descendit lentement, la langue pointée sur sa peau, de la nuque aux oreilles, des aisselles aux seins, de son ventre à son sexe.

Le visage entre ses cuisses, la bouche avide buvant la chaleur de ses lèvres, des scintillements cristallins, des parfums de fleurs en croissance, comme des flots d’amour coulant en lui.

Ses mains glissant avec tendresse ou ferveur, massant ou effleurant, la langue fouineuse dans le lit ouvert de la rivière, des crues libératrices, comme un barrage rompu et la délivrance des eaux prisonnières.

Les palpitations dans sa verge. Des soubresauts intérieurs, des flux de sève agités de spasmes. Il en acceptait la puissance, il en désirait l’épilogue.

Elle était une Déesse, il était sa couronne.

Un dernier baiser sur les lèvres suintantes, une bouche comblée qui se retire. Il quitta l’entrebâillement humide, les chaleurs moites et les douceurs.

Il se plaça au-dessus d’elle, jambes et bras tendus, sans aucun contact, juste une observation bienheureuse, la contemplation de la lueur dans ses prunelles dilatées.

Elle avait les joues rouges des brasiers intérieurs.

Il posa les lèvres sur sa bouche. Elle l’accueillit avec délectation, mêlant son souffle au sien.

La verge tendue à l’orée de ses territoires. Il la pénétra, lentement, par petites pressions et de brefs retraits, l’ouverture délicate d’un trésor.

Comme on reçoit un hommage. Un privilège. Une offrande.

Sa verge dans le calice de sa cathédrale. Une bénédiction.

Laisser jaillir les prières, les allers-retours de son vit comme la récitation des cantiques.

Une salutation au Soleil.

Il accompagna les mouvements de Maud, elle soulevait ses fesses vers son pubis pour l’engloutir davantage.

Il prit le bol et versa lentement le reste d’huile sur ses seins. Il laissa couler librement les ruisseaux épais entre les deux monts et vers sa gorge puis il caressa délicatement les tétons entre ses doigts, il les encercla, parcourut les auréoles, il posa les mains à la base des rondeurs et remonta vers les cimes.

Leurs deux corps assemblés dans une aura commune, enflammée, crépitante, un déversement continuel d’étoiles.

Comme l’aimantation des océans vers la Lune, un amour si puissant que les digues et les murs de pierres, tous les ouvrages cimentés se réjouissaient des brèches et des failles, des ouvertures et des invasions, des hordes sauvages qui libèrent, des armées de barbares amoureux dévastant les enceintes.

Le bonheur de sentir tomber les murailles.

Les yeux grands ouverts, elle regarda goutter du visage de son amant les perles de sueur, ses mâchoires se crisper, son souffle retenu, les flots énergétiques de sa jouissance, elle les enlaça de ses chaleurs et ce corps extasié des délices qu’elle prodiguait la propulsa de nouveau dans les entrailles du plaisir.

L’huile qui coulait entre ses seins avait des parfums de sperme.

« Viens, Sat… ! Viens… !»

Un cri lancé comme on ouvre les paupières. Une nécessité, un besoin primordial. Elle le voulait en elle, qu’il s’écoule, qu’il se répande, qu’il se liquéfie, qu’il l’inonde, que sa semence tapisse les parois de son sexe, que ce fleuve épais l’enflamme, qu’il la consume.

Il prit une ultime inspiration, il vit le courant d’oxygène se répandre, il guida le flot vers sa verge.

Libérer les marées écumeuses, lancer dans les cieux les râles gémissants de l’orgasme, déclencher les avalanches.

Elle vit dans l’embrasement de ses yeux jaillir des torrents.

Elle partit avec lui dans le courant.

Et l’espace s’embrasa.

Au-delà du connu."

 

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Commentaires

  • Thierry LEDRU
    • 1. Thierry LEDRU Le 22/02/2019
    Merci chère Plume, ça ne me dit rien, je regarderai avec attention ce soir :)
  • laplumefragile
    Ah !!!! Je ne veux pas lire, je n'en suis pas encore là, mais je profite de ce billet pour te glisser deux références, je ne sais pas si tu connais :
    https://leschroniquesculturelles.com/2018/01/12/la-victoire-des-sans-roi-de-pacome-thiellement/
    https://leschroniquesculturelles.com/2019/02/22/le-nouveau-feminin-sacre-de-meghan-don-rassembler-les-archetypes-du-feminin/

    En lisant les descriptions de la blogueuse, je me suis dit que ça te parlerait.

    Bon week-end,

    f.

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