L'affectivité

J'ai tenté toute ma vie professionnelle de garder à l'esprit que l'affectivité reste un élément déterminant dans les apprentissages des enfants à l'école et que sans l'attachement, la reconnaissance, la bienveillance, la patience, l'acceptation, aucun enfant, hormis les enfants soumis et par conséquent éteints, aucun enfant n'entrerait dans les apprentissages avec confiance.

 

Je viens de commencer le livre d'Edgar Morin : "Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur" et les premières pages développent ce thème.

 

"L'éducation doit montrer qu'il n'est pas de connaissance qui ne soit, à quelque degré que ce soit, menacée par l'erreur et par l'ilusion. La théorie de l'information montre qu'il y a risque d'erreur sous l'effet de perturbation aléatoires, dans toute transmission d'information, toute communication de message.

Une connaissance n'est pas un miroir des choses ou du monde extérieur. Toutes les perceptions sont à la fois des traductions et reconstructions cérébrales, à partir de stimuli ou signes captés et codés par les sens. D'où les innombrables errerurs de perception qui nous viennent bien souvent de notre sens le plus fiable : la vision. A l'erreur de perception s'ajoute l'erreur intellectuelle. la connaissance, sous forme de mots, d'idée, de théorie est le fruit d'une traduction/reconstruction par les moyens du langage et de la pensée, et par là, connaît le risque d'erreur.

cette connaissance, tant au niveau de la traduction que de la reconstruction, comporte de l'interprétation, ce qui introduit le risque d'erreur à l'intérieur de la subjectivité du connaissant, de sa vision du monde, de ses principes de connaissance. D'où les innombrables erreurs de conception et d'idées qui surviennent en dépit de nos contrôles rationnels. 

La projection de nos désirs ou de nos craintes, les perturbations mentales qu'apportent nos émotions, multiplient les risques d'erreur.

On pourrait croire qu'on pourrait éliminer le risque d'erreur en refoulant toute affectivité. Effectivement, le sentiment, la haine, l'amour, l'amitié peuvent nous aveugler. Mais déjà dans le monde mammifère, et surtout dans le monde humain,  le développement de l'intelligence est inséparable de celui de l'affectivité. 

 L'affectivité peut étouffer la connaissance mais elle peut aussi l'étoffer.

Il y a une relation étroite entre l'intelligence et l'affectivité : la faculté de raisonner peut être diminuée, voire détruite, par un déficit d'émotion ; l'affaiblissement de la capacité émotionnelle peut même être à la source de comportement irrationnels et par certains côtés la capacité d'émotion est indispensable à la mise en oeuvre de comportements rationnels. 

L'éducation doit donc se vouer à la détection des sources d'erreurs, d'illusions et d'aveuglements."

 


 Trente ans d'expérience dans le domaine m'ont amené à penser que la gestion émotionnelle est à la source même d'un enseignement réussi. 

Hors, la dimension existentielle, il n'est point de salut.

L'école doit donc, EN PRIORITE, motiver l'enfant à s'observer dans le cadre des apprentissages. Non pas les difficultés ou les réussites qu'il rencontre, mais la source même de ces difficlutés ou de cette ces réussites, la cause des causes...

Et ça n'est pas dans la technique qu'on parvient à décrypter les effets produits par un apprentissage. C'est uniquement dans l'observation des phénomènes intérieurs, émotionnels existentiels, philosophiques, relationnels, sociétaux....L'enseignement n'a d'intérêt que dans l'enseignement de soi. Pas des choses.  

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