L'esprit de la permaculture

Le portrait de la semaine : Johnny Simon, la passion du jardin et le coeur en permaculture

 

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C'est sans le savoir que Johnny Simon pratiquait la permaculture. Depuis qu'il a mis un mot dessus, il en a fait un art de vivre. Tentant de créer l'harmonie entre l'homme et la nature dans son jardin de Saleux dans la Somme et partout où sa passion le pousse.

Publié le 22/05/2021 à 07h30 • Mis à jour le 23/05/2021 à 08h32

Johnny Simon au cœur du jardin forêt du jardin de la Selle.

Johnny Simon au cœur du jardin forêt du jardin de la Selle. • © Mathieu Maillet

Somme Amiens

La première fois que j'ai rencontré Johnny Simon, je me suis rappelé mon professeur d’EPS de collège. Celui qui au siècle dernier apprenait aux pré-ados que nous étions à faire des plaquages de rugby les jours d’intempéries, le sol détrempé étant censé amortir nos chutes. J'avais alors du mal à imaginer chez cet homme d'autres passions que celle de nous faire souffrir. 

Car Johnny Simon est prof d'EPS. Je ne sais pas s'il fait souffrir ses élèves, mais s'il n’est pas au collège ou autour d'un stade, vous aurez de grandes chances de le trouver dans son jardin à Saleux, dans la Somme près d'Amiens.

Car sa passion à lui, c'est la permaculture. C’est dans les 5650 m² du terrain qu'il occupe depuis 2013 qu'il m'a entraîné, me décrivant les multiples espèces végétales qui l'occupent. Chez Johnny Simon, pas de motoculteur pour retourner la terre, pas de ligne de légumes ou de haies constituées d'une seule espèce de plante. Mais des mares, des buttes de cultures recouvertes de couverts végétaux, de paille, de tontes de pelouse d'où sortent différentes pousses potagères, fleurs, plantes. Une piscine naturelle, un jardin forêt, une zone de re-naturalisation, un poulailler... 

 La permaculture, c'est le partage.

Johnny Simon, permacultivateur amateur

Des espaces conçus, d'après Johnny, comme les différentes pièces d'une maison. Chacune avec son propre rôle mais dont le but premier est de créer un équilibre entre la faune, la flore et les hommes qui occupent cet environnement. 

Prendre soin de la terre

Quand Johnny a commencé son ouvrage, il ne savait pas que ce qu'il faisait avait un nom. Alors lorsqu'un de ses anciens élèves l’incite à assister à une conférence organisée par le Centre permanent d'initiative pour l'environnement de la Somme sur la permaculture, il a compris que c'était ça qu'il faisait. Et sur la permaculture, il est intarissable. 

"Les principes de la permaculture : prendre soin de soi, prendre soin de la terre, partager équitablement les richesses, m'explique-t-il. La permaculture, c’est le partage. Dans la nature, on ne verra jamais un oiseau prendre quatre cerises, en manger une et revendre les trois autres à ses congénères."  

Cette notion de partage reviendra souvent dans la bouche de Johnny. Et ce ne sont pas que des paroles.  

Je fais en sorte que mon jardin soit le plus autonome possible. La permaculture permet de créer un cycle qui s'auto-alimente.

Johnny Simon, permacultivateur amateur

Alors qu'il me montre ses serres faites de matériaux de récupération, deux personnes entrent dans le jardin. Guillaume et sa fille Maeline apportent un pot de tanaisie, une plante qui a pour vertu de repousser les insectes, et des enveloppes contenant des graines.  

Guillaume et Maeline apporte un pot de tanaisie et des graines à Johnny

Guillaume et Maeline apporte un pot de tanaisie et des graines à Johnny • © Mathieu Maillet

"J’ai dépanné Guillaume qui s'est fait voler des outils", raconte Johnny. Comme lui, Guillaume a un jardin et l'entraide est précieuse entre ces amoureux de la nature. Un peu plus tard, nous sommes dans sa maison, un appel de son voisin : "je te mets du bois par-dessus la clôture". Par la baie vitrée, j'aperçois l'homme charrier des bûches chez Johnny. "Je récupère aussi les tontes de gazon ou les tailles de haies des voisins, ça fait des couvre-sols naturels". 

Un équilibre entre les plantes et les animaux

"Je fais en sorte que mon jardin soit le plus autonome possible. La permaculture permet de créer un cycle qui s'auto-alimente : l'arbre dans le jardin perd ses feuilles, ses branches, ses fruits, il va nourrir la terre, l'homme, les écureuils, les oiseaux. Les oiseaux boivent dans la marre, ils font des déjections qui nourrissent arbres et potager et se nourrissent des insectes qui peuvent être ravageurs dans le potager." Tout s'équilibre.  

Et c'est ainsi que le jardin est devenu refuge Ligue de protection des oiseaux il y a quatre ans et que Johnny accueille des hérissons via le sanctuaire des hérissons. Les animaux sauvages sont chez eux dans le jardin de Johnny : "sur le peuplier il y a un coucou gris, et vous pouvez avoir les étourneaux qui vont venir par bande. Dans le noyer, il y a un épervier qui va faire le tri au moment des cerises entre les pies et les grives et qui va leur expliquer qui a le droit de vivre ou mourir sur le terrain. Les tourterelles, les pinsons, les rouges-gorges, les mésanges et jusqu'aux troglodytes mignons vont voler autour des tas de bois installés pour eux. On commence à avoir des rapaces et on a des chauves-souris, les pipistrelles qu'on voit voler l’été à 22h." 

Transmettre sa passion et ses pratiques

Son engagement, Johnny le pousse au-delà des limites de son jardin. Il initie les élèves du collège Gérard Philipe de Froissy à sa passion. "La première année, on a fait des lasagnes dans un aquarium en y mettant du carton, des feuilles... et trois mois après il y avait de la terre. On a créé un jardin forêt de 600 m² avec l'objectif de nourrir la cantine dans quelques années."  

L'entrée du jardin forêt au mois d'avril

L'entrée du jardin forêt au mois d'avril • © Mathieu Maillet

Il est également intervenu dans le lycée de Grandvilliers pour la mise en place d'un jardin permacole. Il aide des associations comme Les robins des bennes qui luttent contre le gaspillage pour redistribuer des plantes destinées à finir à la benne, en déchetterie, en jardinerie, dans les cimetières, ou chez les particuliers. 

Il milite pour un projet de ceintures alimentaires autour d'Amiens. Attirer des maraîchers et créer une forêt publique pour mettre à disposition gratuitement des fruits et légumes. Apprendre aux gens comment s'approprier les jardins est l'un de ses grands rêves. 

"Quand j'étais jeune, je n'aimais pas ça"

Petit, Johnny n'aimait pas aller au potager de son père."Quand j'étais jeune, ça ne m'intéressait pas. Mon papa fonctionnait en conventionnel. À 14-15 ans quand j'allais au jardin, c'était pour bêcher et désherber et je n'aimais pas. En retirant ça, j'ai enlevé ce qui m'irritait le plus au jardin." 

Aujourd'hui, il est assez rare de le croiser sans son fils de 6 ans. Avec lui, il partage le rythme des saisons, le plaisir de voir les plantes pousser, les oiseaux nicher. Un jeune garçon malicieux qui aime mettre en boite son père : "Mon fils m'a dit : plus tard, tu seras vieux et je te mettrai dans un fauteuil et tu feras décoration dans le jardin. Un autre jour, il a dit à des visiteurs : "mon père ne fait rien, heureusement que je suis là, c’est moi qui fais tout !""

"Il prend des graines qu'il mélange dans un saladier, il les jette et ça pousse. Et vous, vous essayez et ça ne marche pas et vous vous dites : pourquoi lui ça marche et pas moi ?", s'amuse ce papa qui ne cache pas sa fierté. 

Johnny n'a pas encore découvert tous les secrets de la nature mais ce qu'il sait déjà, il le partage sans modération dans son jardin qu'il ouvre au public très régulièrement. Parce que la permaculture selon Johnny Simon, c'est avant tout le partage.

 

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