" L’homme qui rêvait dans une langue inconnue"

 

J'avais déjà entendu parler de l'histoire de cet homme et j'avais cherché il y a quelque temps déjà des cas similaires de gens parlant une langue qu'ils n'ont pas apprise et j'étais tombé sur le cas d'une Américaine, quasiment illettrée, serveuse dans un restaurant, cinq enfants, divorcée, une vie de galère, elle est renversée par une voiture en rentrant chez elle, coma profond, plusieurs semaines, et quand elle se réveille, contre toute attente, elle ne se souvient plus de sa vie passée, de son identité, de ses enfants, de rien du tout, ni même de sa langue maternelle.

Par contre, elle parle un langage qui ressemble à une langue germanique. Mais pas l'allemand contemporain.

Un médecin fait venir son frère qui enseigne l'Allemand à l'université et le professeur lui dit que cette femme parle l'ancien Allemand, du 12 ou 13 ème siècle...

Comprenne qui pourra.

On peut penser bien entendu à une réincarnation.

Mais la science n'accorde aucun crédit à cette hypothèse puisqu'elle n'est pas reproductible.

Les NDE, non plus, ne sont pas reproductibles. Les guérisons improbbales pas davantage. Pourtant, tout ça concerne des millions de personnes. Il ne s'agit pas pour moi de critiquer la méthode scientifique mais juste de dire que tout n'entre pas dans le cadre. 

 

 

L’incroyable histoire de Marc Liblin, l’homme qui rêvait dans une langue inconnue

 

Correspondance, Gautier DEMOUVEAUX

https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2023-04-05/l-incroyable-histoire-de-marc-liblin-l-homme-qui-revait-dans-une-langue-inconnue-

Pendant des années, ce Français a rêvé dans une langue qu’il ne connaissait pas. Après de nombreuses recherches, Marc Liblin finira pour trouver l’origine de ce langage inconnu, parlé par une poignée d’habitants sur une petite île polynésienne dans le Pacifique. Son histoire est relatée dans un ouvrage signé Éric Viennot, aux éditions Michel Lafon, qui sort en librairie ce jeudi 6 avril 2023.

Marie Liblin se souvient encore de ce message d’Éric Viennot, un jour de 2015, lui demandant si elle connaissait un certain Marc Liblin. Si elle ne connaît pas le nom de son interlocuteur, ce dernier n’est pas un inconnu dans le monde du jeu vidéo. Éric Viennot est en effet un game-designer, connu et reconnu pour sa série Les Aventures de l’oncle Ernest, inspirée par les romans de Robert Louis Stevenson et Jules Verne. « Ce monsieur m’explique qu’il travaille sur un nouveau projet qui se déroule sur une île, et qu’en se documentant il est tombé sur l’histoire de Marc Liblin, un petit-cousin de mon grand-père… »

C’est plus précisément dans l’Atlas des îles abandonnées, de l’autrice allemande Judith Schalansky (éditions Arthaud), dans une page dédiée à Rapa Iti – la plus méridionale et isolée des îles composant la Polynésie française, perdue au milieu de l’océan Pacifique – que le créateur multimédia a découvert l’étrange affaire de ce Français, qui aurait rêvé une partie de sa vie dans une langue inconnue…

Rapa Iti est la plus méridionale et isolée des îles composant la Polynésie française, perdue au beau milieu de l’océan Pacifique. C’est la « petite Rapa », pour la distinguer de Rapa Nui, l’île de Pâques, la « grande Rapa ». (Photo : DR / via Marie Liblin)

Un rêve obsédant

Éric Viennot se prend de passion pour cette histoire fascinante et tente dans un premier temps d’en vérifier sa véracité, en recherchant des gens de sa famille, via les réseaux sociaux. Marie Liblin n’a jamais croisé Marc, mais elle se souvient que, dans son enfance, son grand-père lui a parlé de ce dernier, en évoquant simplement un petit-cousin assez fantasque, incompris du reste de la famille, qui avait quitté femme et enfants pour aller vivre à l’autre bout du monde. « Ce n’est qu’en 1998, peu après le décès de Marc, que j’ai découvert cette incroyable histoire, se remémore Marie Liblin, qui avait alors 14 ans. Un ami de mon père nous a envoyé un article publié dans le magazine Tahiti-Pacifique, qui racontait sa vie dans les grandes lignes… »

En 1981, Marc Liblin, alors âgé de 33 ans, vit à Luxeuil-les-Bains, en Haute-Saône. Marié et père de deux enfants, il travaille dans la fonderie familiale. Mais l’homme est mal dans sa peau, la faute à un rêve récurrent, dans lequel un vieux personnage lui enseigne la physique et surtout une langue obscure, qu’il apprend peu à peu à parler couramment. Ces songes l’obsèdent et, alors que son mariage bat de l’aile, il décide de tout plaquer pour tenter de trouver des réponses sur cette langue qu’il semble être le seul à parler. Direction l’Ouest et la Bretagne. « Marc a voulu se rapprocher de la mer, histoire de trouver des gens qui auraient pu entendre parler ce langage au cours de leurs voyages », explique Marie Liblin.

Un début de réponse en Bretagne

Sans le sou, c’est finalement à Rennes (Ille-et-Vilaine) que Marc Liblin échoue, en plein hiver. S’il a bien trouvé un boulot en intérim, le Franc-Comtois est parfois obligé de faire les poubelles des restaurants, dont celui de la cantine de l’université, sur le campus de Beaulieu, comme il le racontera dans le magazine Tahiti-Pacifique dans les années 1990. C’est ainsi qu’il fait la connaissance d’un professeur, qui le met en contact avec les membres de l’Association Réalités scientifiques – chercheurs expérimentalistes (Arsce). « Ces linguistes, médecins et autres universitaires vont s’intéresser à son histoire et tenter de percer le mystère de cette langue inconnue qu’il entend dans ses rêves, poursuit Marie Liblin. Ils n’hésitent pas à faire appel à des confrères à la Sorbonne, et élaborent plusieurs théories… »

Certains pensent alors qu’il peut s’agir d’une langue mère aujourd’hui éteinte qui pourrait être à l’origine de toutes les autres langues. D’autres évoquent un idiome proche de l’araméen ou du vieux tibétain… Malheureusement, tout cela s’avère être infructueux.

En parallèle, Marc Liblin fait régulièrement la tournée des bars bretons en espérant trouver des marins étrangers capables d’identifier cette langue. « À L’Aquarium, un estaminet de Rennes, je fis un jour un « solo » de langage non identifié devant un aréopage de Tunisiens qui ne buvaient pas que du café, raconte à l’époque l’intéressé, cité par Tahiti-Pacifique. Sur des indications fumeuses, je les supposais détenir une clé. Malgré le brouhaha, le barman semblait n’écouter plus que nous, très attentif à ce dont je me faisais l’écho… »

Ce dernier lui avoue ne pas comprendre la langue, mais trouve que la sonorité ressemble à la langue parlée par son ex-femme Meretuini Make, une femme originaire de Rapa Iti, une toute petite île de Polynésie française perdue au milieu du Pacifique.

Une rencontre déterminante

Meretuini Make vit elle aussi à Rennes avec ses deux enfants, dans un HLM. Marc Liblin hésite mais décide finalement d’aller à sa rencontre. « Marc lui parle dans cette langue dont il rêve depuis tout petit et elle le comprend, raconte Marie Liblin. C’est un idiome en voie de disparition, parlé uniquement sur l’île de Rapa Iti, qui compte environ 500 habitants. Et Marc parle une version plus ancienne que celle parlée actuellement. Il s’agirait d’une version des ancêtres de Rapa… »

La Polynésienne aide le Vosgien à découvrir cette langue qui le hante depuis des années. La quête de Marc Liblin le rapproche de Meretuini et les deux commencent à se fréquenter. Quand la Polynésienne obtient une aide du gouvernement français pour rentrer avec ses deux enfants sur son île natale, Marc Liblin décide de la suivre. Aidé par les membres de l’Arsce, qui financent son billet d’avion, le couple débarque à Rapa Iti au cours de l’année 1982.

Marc et Meretuini, peu après leur rencontre à Rennes, en 1981. (Photo : DR / via Marie Liblin)

Installation à Rapa Iti

Si Marc Liblin espère bien trouver des réponses, notamment auprès du père de Meretuini, l’un des sages de l’île, le couple est accueilli plutôt froidement par les habitants de Rapa Iti. Les compatriotes de la jeune femme ne comprennent pas qu’elle soit rentrée avec un Métropolitain. Quant à ce Blanc à lunettes et à la calvitie naissante, il leur fait peur, car il maîtrise la langue de leurs ancêtres ! Il faudra des mois pour que le couple, qui se marie le 31 décembre 1982, soit accepté par les insulaires.

Grâce à l’un des cousins de son épouse, Marc Liblin devient secrétaire de mairie, puis instituteur dans l’école de l’île. Jusqu’à sa mort – il décède en 1998 des suites d’un cancer – il n’aura de cesse d’étudier l’histoire de l’île et de rechercher l’origine de sa langue, mais aussi tenter de comprendre comment il a pu apprendre cette dernière à travers ses rêves…

Marginalisé à son arrivée sur l’île, Marc Liblin a finalement été accepté par les habitants de Rapa Iti. Il finira sa vie sur l’île, et il y est enterré. (Photo : DR / via Marie Liblin)

Une enquête minutieuse

Quand Éric Viennot découvre cette histoire, il va mener une véritable enquête et essaie de remonter le fil de la vie de Marc Liblin, en tentant de retrouver tous ceux qui l’ont connu. Lorsqu’il contacte Marie Liblin, cette dernière accepte de l’aider pour établir l’arbre généalogique familial. « Au début, je pensais simplement retrouver deux ou trois cousins… Finalement l’aventure s’est prolongée. »

La jeune femme, décoratrice de métier, se retrouve embarquée dans le projet du game-designer, qui compte bien décliner cette histoire sur plusieurs supports. Il imagine tourner un film documentaire, publier un livre, le décliner en podcast… Éric Viennot trouve un producteur en 2021 et le tournage vidéo commence entre la Haute-Saône et la Bretagne. En parallèle, le créateur de jeu vidéo lance une newsletter qui raconte, tel un feuilleton, ses découvertes.

Marie Liblin et Éric Viennot ont mené l’enquête pour retracer la vie de Marc Liblin. (Photo : DR / via Marie Liblin)

L’année suivante, un cameraman se rend à Rapa Iti, accompagné des deux enfants de Marc Liblin, qui n’ont jamais revu leur père depuis son départ de Luxeuil-les-Bains, en 1981. Mais le projet connaît un coup d’arrêt avec la disparition brutale d’Éric Viennot, au cours de l’été 2022, à l’âge de 62 ans.

L’homme avait terminé la rédaction du livre qu’il voulait consacrer au sujet. Intitulé L’homme qui rêvait dans une langue inconnue, il sort en librairie ce jeudi 6 avril 2023, à titre posthume. Depuis quelques semaines, Marie Liblin, qui en signe la préface, a repris l’envoi des dernières newsletters aux 1 500 abonnés, afin de boucler l’aventure lancée il y a sept ans…

 

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