L'étau se resserre (2)

Il y a bien longtemps que je ne mets plus les topos de nos sorties sur FB ou sur mon blog et j'ai même effacé tous ceux que j'avais publiés. Le PGHM de Chamonix est effaré du nombre d'interventions de secours qui concernent des "randonneurs" qui n'ont aucunement le niveau, sont mal équipés, partent n'importe où parce qu'ils ont vu des photos sur les réseaux sociaux. En Italie, Suisse et l'ensemble des Alpes, le secours en montagne comptablise un nombre records d'accidents, certains mortels.

J'ai parlé dernièrement du massif de Belledonne et j'ai bien précisé que c'est un massif exigeant, technique où on peut être considérablement isolés et où on ne doit aller qu'avec une grande connaissance de soi et avec un équipement approprié.

Dans notre virée sur le sommet du Taillefer, on est tombé sur une femme seule, engagée dans un couloir à cent mètres de nous, où elle avançait quasiment à genoux, en ayant loupé l'itinéraire parce qu'elle n'avait aucunement l'expérience. On l'a guidée pour qu'elle retrouve le bon passage. Il est clair qu'en continuant à monter dans ce couloir, elle allait droit au casse-pipe. Effrayant. 

 

La montagne est devenue un bien consommable" : la "surfréquentation" touristique des Pyrénées agace les locaux

 

En 2024, un touriste sur deux pratiquait la randonnée pédestre durant son séjour dans les Pyrénées ariégeoises.

En 2024, un touriste sur deux pratiquait la randonnée pédestre durant son séjour dans les Pyrénées ariégeoises. • © imageBROKER/Tolo Balaguer / imageBROKER.com

Écrit par Inès Rochetin

Publié le23/08/2025 à 06h00

Occitanie

En Ariège, les sommets sont très prisés cet été. Entre bivouacs et randonnées en montagne, les touristes affluent sur les sommets des Pyrénées. Les parkings au départ des différents lieux de randonnée sont pris d'assaut. Une surfréquentation qui a tendance à agacer certains locaux, entre dégradations et déchets dans la nature.

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Sur les réseaux sociaux, les annonces proposant des randonnées dans les Pyrénées affluent. Plusieurs kilomètres sur les sommets face à des paysages à couper le souffle et ... des centaines d'autres randonneurs. Une surfréquentation pas encore chiffrée pour la saison 2025, mais qui agace certains locaux. Entre détritus, parkings pris d'assaut et non respect de la nature, des Ariégeois demandent des règles pour limiter les nuisances.

Un engouement fort pour la montagne

Olivier parcourt la montagne ariégeoise depuis plus de 30 ans, des randonnées et sorties de plusieurs jours en montagne qu'il documente sur Facebook. Mais depuis la fin de la pandémie de COVID il s'éloigne des sentiers occupés par les touristes. "Il y a eu une vraie évolution de la pratique, la montagne est devenue un bien consommable et il y a de plus en plus de monde. Alors pour éviter la foule j'ai tendance à grimper plus haut et m'éloigner de cette surfréquentation". Mais même sur les sommets ariégeois qu'il a l'habitude de côtoyer, il est témoins de mauvaises pratiques : "Les gens ne se rendent pas compte, la montagne il faut la respecter, on trouve parfois les mouchoirs ou des défécations. Cette année je trouve qu'il y a de plus en plus de mauvais comportements".

À lire : TÉMOIGNAGE. "70% des gens n'y ont jamais mis les pieds" : la saison estivale d'un gardien prêt à accueillir les randonneurs dans les Pyrénées

Face à la surfréquentation, ils sont plusieurs à décider de passer "un coup de gueule". Frédéric Pasian maire de la commune du Lherm en Haute-Garonne, mais surtout amoureux de la montagne et randonneur aguerri dénonce sur Facebook les déchets laissés par certains en montagne. "Le voilà le véritable élément de distinction entre l'Homme et l'animal. Si tu ne sais pas gérer tes déchets, c'est que tu n'as rien à faire dans ces montagnes". Frédérique Pasian bénévole du challenge du Montcalm (une course de 109 km et 11500 mètres de dénivelé positif traversant la France et l’Andorre), balisait le parcours lorsqu'il a aperçu les détritus, mais pour lui, tout le monde doit respecter : "que l'on soit randonneur, pêcheur, chasseur ou berger nous ne devons pas laisser de traces de nos passages en montagne !".

Des habitués de la montagne regrettent les incivilités.

Des habitués de la montagne regrettent les incivilités. • © Capture d'écran Facebook / @Frédéric Pasian

Une exaspération partagée par d'autres comme Gabriel Bombyx.

Contacté l'Ariégeois détaille : "c'est un sujet tabou depuis trop longtemps. Nos politiques locaux ne veulent rien entendre et ça devient ingérable. Et surtout invivable pour les locaux. Je n'ai rien contre le tourisme mais il doit y avoir des règles vu que, comme sur beaucoup de sujets, les gens sont en majorité irrespectueux. On assiste à se nouvel engouement pour la montagne mais personne n'a anticipé les problèmes, dégradation, dérangement, pollution, insécurité etc...".

De la régulation ?

Pour la plupart, de la régulation est possible. Frédéric Pasian explique : "En Andorre, des barrières sont mises en place pour limiter le flux des voitures et des camping-caristes, les chiens doivent être tenus en laisse. Il y a également des animateurs pour faire de la médiation envers les randonneurs afin de leur expliquer les règles à suivre. Il y a des bonnes pratiques qui existent ce n’est pas si difficile de les mettre en place !"

Olivier partage ce sentiment : "Quand on aime la montagne, on aime la liberté et la gratuité qui en découle. Mais on le voit à Cauteret par exemple les parkings sont payants, l'Ariège devrait peut-être aussi s' y mettre. Je pense que l'Ariège est aussi un des derniers départements à ne pas interdire l'accès routier aux vans et aux camping-cars à Soulcem ou Pla des Peyres contrairement aux Hautes-Pyrénées ou aux Pyrénées orientales".

Des actions ont d'ores et déjà été mises en place dans les Pyrénées : "Ce qui est observé depuis la crise sanitaire, c'est la venue de clientèles "novices", ne connaissant pas les "codes" de la montagne. Des actions sont en cours d'expérimentation à ce sujet : médiation en montagne, avec la présence d'accompagnateurs pour sensibiliser, équiper et faire connaître. Nous sommes en train également, de mettre en place une charte du randonneur" explique Sylvie Courderc, de l'office de tourisme des Pyrénées Ariégeoises

 

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