L'étau se resserre
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/08/2025
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On vient de terminer un périple de 600 km en Bretagne, à vélo, avec les sacoches, en autonomie.
Partis de Guidel ( Morbihan), on est allé à Hennebont par la route (pistes cyclables et routes partagées) puis on s'est engagé sur la voie verte V8, le long du canal du Blavet. On est passé à Pontivy puis on a continué par "la rigole d'Hilvern" jusqu'à Saint-Brieuc. C'est un "chemin blanc", c'est à dire du stabilisé, terre, petits graviers, et empierrements. On voulait ensuite monter à Paimpol puis suivre la côte jusqu'à Perros-Guirrec par "la vélomaritime" mais on a été très déçu par le tracé. C'est vraiment un piège à touristes...Itinéraire principalement routier qui traverse des lotissements et des zones commerciales, la "riviera" briochine, une circulation dantesque, un monde de fou, tout le contraire de ce qu'on aime. On a quitté l'itinéraire quelques kilomètres avant Paimpol pour traverser dans les terres par des petites routes jusqu'à Morlaix puis on a pris une portion de la "Vélodyssée" (sur une ancienne voie ferrée, "chemin blanc "en stabilisé) jusqu'à Carhaix où on a suivi le canal de Nantes à Brest en direction de Mur de Bretagne et le lac de Guerlédan. De là, on a retouvé le canal du Blavet et on est rentré à Guidel en traversant Lorient de nuit.
Je ne sais plus combien de fois on est parti à vélo en France, avec nos vélos de raid. Trois fois en Bretagne, la GTMC de Clermont-Ferrand à Sète à VTT, deux fois la traversée intégrale du Jura, le tour de l'Aubrac, de Pontcharra à Sisteron par la grande traversée des plateaux du Vercors et le Diois, une virée de 700 km en Irlande etc... mais jamais on n'avait eu cette impression "d'encerclement." Au point que lorsqu'on a rejoint la côte nord entre Saint-Brieuc et Paimpol, on en est arrivé au malaise. Une foule permanente, du bruit incessant, des voitures, des vélos électriques à foison...Une difficulté jamais connue pour trouver un coin tranquille pour poser la tente. Des nuits gâchées par des musiques de "fêtes" portées à des kilomètres.
Plus de silence.
C'est effrayant. Cet encerclement par le bruit humain nous a amenés à nous enfuir de la côte et à traverser dans les terres, loin des lieux touristiques. Et c'est devenu difficile, vraiment difficile de trouver un lieu empli de silence.
L'étau se resserre.
L'impression de voir gonfler une masse grouillante et bruyante, nourrie par le désir immodérée de tout envahir, jusqu'aux recoins les plus perdus et pire que tout, à faire entendre leurs venues, sans aucune retenue, sans aucun respect pour ceux et celles qui ont besoin de silence. Je sais qu'on peut me répondre que "c'est l'été, les vacances, la fête, qu'il faut respecter la liberté de chacun"... Mais moi, quand je vis dans le silence, je n'impose rien à personne, je ne dérange personne, personne même ne sait que je suis là. Leur liberté de masse a-t-elle plus de valeur que la mienne parce qu'elle représente la norme ?
Pour quelles raisons les gens ont-ils besoin d'être aussi bruyants ? Ne cherchent-ils donc que ça ? Ne peuvent-ils trouver leur bonheur sans le faire savoir à la ronde ? Pourquoi sont-ils incapables de prendre en considération le fait que moi, et d'autres, nous souffrons de ce vacarme ?
Quand on s'installe sous les arbres, pour un bivouac, près d'un ruisseau ou d'un lac ou d'un chaos rocheux, nous prenons en compte tout ce qui vit là. Les oiseaux, les arbres, l'herbe, le ciel, les nuages, les insectes, tout ce qui vit là, près de nous, et qui ne se plaint pas de notre présence. Nous écoutons et nous parlons à voix basse.
De plus en plus, Nathalie et moi, nous réalisons que nous ne sommes pas "normaux". Et c'est réconfortant.
Tracé en jaune fluo
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