La culture pendant le covid

Juste deux exemples: un en Allemagne et un en France.

Pas vraiment utile que je commente. Tout est dit. Sauf que c'est à mes yeux encore plus grave qu'énoncé.

Etant donné le "chiffre d'affaires" très important généré par le domaine de la culture, que ça soit en France ou ailleurs, il me semble que le désintérêt du monde politique ne s'explique pas par l'aspect financier qui aurait pu être insignifiant mais bien parce que la culutre en général est à leurs yeux insignifiante. Peut-être même, et ça serait encore plus grave, la considèrent-ils comme une menace, étant donné qu'elle est amenée à faire réfléchir les individus...

 

 

Fermer les librairies, c'est nous « priver du meilleur bataillon pour affronter l'obscurantisme», plaide le présentateur de « La Grande Librairie», François Busnel.
Fermer les librairies, c'est nous « priver du meilleur bataillon pour affronter l'obscurantisme», plaide le présentateur de « La Grande Librairie», François Busnel. — Jean-philippe BALTEL pour FTV

Considérées comme des commerces non essentiels, les librairies sont contraintes à nouveau tirer le rideau en raison du confinement, laissant le champ libre aux géants de la vente de livres en ligne comme Amazon. Le critique littéraire François Busnel a annoncé vendredi sur franceinfo qu’il allait lancer une pétition en ligne pour réclamer la réouverture des librairies, une mesure défendue également par de nombreuses personnalités.

Selon le journaliste et présentateur de l’émission littéraire de France 5 La grande librairie, en fermant les marchands de livres, la France se prive de son « meilleur bataillon pour nous permettre d’affronter l’obscurantisme ».

« Condamner tout un pan de l’économie culturelle »

« Il y a des millions de personnes dans ce pays, et on l’a vu juste après le premier confinement, qui ont envie de lire, qui ont besoin de lire. Fermer les librairies, c’est condamner tout un pan de l’économie culturelle, sans doute à vaciller, pour certains à disparaître », a souligné François Busnel. Et le gouvernement fait au passage « un cadeau énorme à une entreprise qui commence par Ama et finit par Zon, dont on connaît les pratiques fiscales », a-t-il ajouté.

Le critique littéraire demande que le président Emmanuel Macron reçoive le syndicat des libraires de France, le syndicat national des éditeurs, et les écrivains, pour qu’ils puissent plaider en faveur d’une réouverture.

« Laissons ouvertes les librairies, les bibliothèques »

D’autres personnalités, dont la maire PS de Paris Anne Hidalgo, ont appelé à laisser les librairies ouvertes, estimant que l’accès à la lecture était aussi essentiel à la Nation que d’autres activités ayant bénéficié de dérogations.

« Laissons ouvertes les librairies, les bibliothèques, nous avons besoin de cette fonction-là, de s’évader », a pour sa part lancé François Hollande jeudi, dans l’émission télévisée Livres & vous sur Public Sénat.

Le prix Goncourt, qui devait être décerné le 10 novembre, a été reporté jeudi, sine die, par « solidarité » avec les librairies. Le prix vendredi de la littérature adolescente, qui devait être attribué lundi, a été également reporté, a-t-on appris ce vendredi.

A partir de lundi 2 novembre, l'Allemagne, à l'instar d'autres pays européens, impose de nouvelles restrictions face à la propagation de la pandémie, qualifiées de "reconfinement light" dans les médias. Elles prévoient la fermeture pendant un mois au moins de toute une série d'établissements, dans la gastronomie, les loisirs, le sport et la culture : théâtres, opéras et autres salles de concert, musées, salons et cinémas sont concernés.

Musiciens désemparés

"Une gifle" : la représentation vient de se terminer samedi soir 31 octobre, dans le très renommé Opéra de Munich et, juste avant que le rideau tombe, le baryton Michael Nagy, 43 ans, les larmes aux yeux, a du mal à cacher son émotion face au public.

Munich, le 31 octobre 2020. Sabine, une comédienne de l'Opéra national de Munich s'apprête, avec sa pancarte "Vergesst uns nicht !" (ne nous oubliez pas) à rejoindre la chaîne humaine reliant les salariés et amis de différents théâtres de la ville par solidarité en vue du reconfinement partiel.  (MATTHIAS BALK / DPA)

L'Opéra de Munich est concerné au premier chef, comme au printemps. Et avec lui c'est l'ensemble du secteur de la culture, au "pays des poètes et philosophes", qui proteste de plus en plus vocalement. Les chanteurs et l'orchestre viennent d'achever une première de l'opéra Die Vögel (Les Oiseaux) du compositeur allemand Walter Braunfels. L'avant-dernier spectacle avant la fermeture des portes de l'enceinte lyrique bavaroise, qui peut accueillir en temps normal 2.100 personnes. 

Pour cette "première" aux allures de "dernière", une cinquantaine de spectateurs ont fait le déplacement afin de les encourager dans l'immense salle parée de dorures et de lustres élégants. "Être assis ici dans une salle si vide, c'est totalement déprimant et douloureux", soupire Jan Brachmann, 48 ans, noeud papillon autour du cou et masque chirurgical sur le visage. Ce passionné d'opéra a tout de même voulu assister à cette première, par respect "pour les artistes qui l'ont préparée".

Aucune contamination déplorée depuis septembre à l'Opéra de Munich

Pour l'Opéra munichois, la nouvelle fermeture sonne comme un désaveu. Son directeur Nikolaus Bachler, 69 ans, dit ne pas comprendre pourquoi les "transports en commun" ou les "commerces" peuvent rester ouverts en novembre en Allemagne alors que sa scène doit fermer. "Nous avons un public discipliné, il est possible de maîtriser les risques. Ce n'est pas une décision adéquate", critique-t-il.

Munich, 24 octobre 2020. Manifestation d'artistes et autres travaileurs de la culture contre les restrictions imposées pour lutter contre la pandémie. Une femme tend une parcarte qui dit : "Sans la musique, ce serait calme". (LINO MIRGELER / DPA)

Nikolaus Bachler est d'autant plus découragé que sa salle avait passé avec succès un test en septembre. Elle a eu le droit d'accueillir 500 spectateurs au lieu des 200 autorisés normalement pendant le déconfinement de l'été en Bavière.

Règles d'hygiènes strictes, port du masque obligatoire, distanciation entre les spectateurs : en plus d'un mois, aucune contamination au Covid-19 n'a été déplorée. L'expérience a pourtant été arrêtée et désormais c'est la fermeture complète au public.

"Moins de valeur que des voitures"

Cette perspective effraie le secteur dans son ensemble. "Ces derniers mois, nous avons l'impression d'avoir moins de valeur que les voitures, les avions ou les footballeurs", dénoncent de nombreux chanteurs et artistes dans une lettre ouverte.

Les directeurs de musées ont mené plusieurs actions de protestation au cours du week-end pour qualifier leur fermeture en novembre de "mauvaise décision", de "portée très grave". "Les musées sont des lieux d'éducation importants et indispensables pour un bon fonctionnement de la société", écrivent-ils dans un communiqué.

Le célèbre trompettiste de jazz allemand Till Brönner a, lui, publié une vidéo devenue virale, pour clamer son "énervement" face au manque de soutien à ses yeux des pouvoirs publics au secteur de la culture et du divertissement qui emploie 1,5 million de personnes et génère des revenus annuels de près de 130 milliards d'euros.

Même la ministre de la culture et le chef de l'Etat sont inquiets

La ministre allemande de la Culture Monika Grütters a elle-même reconnu être "très inquiète" pour son secteur, qui emploie aussi de nombreux indépendants sans filet de sécurité. "Même si les nouvelles restrictions sont compréhensibles" sur le plan sanitaire, elles constituent "une catastrophe", a-t-elle dit.

Même le chef de l'Etat allemand, Frank-Walter Stenmeier, est intervenu dans le débat : "La crise du corona nous rappelle que la culture n'est pas un produit de luxe pour un petit nombre mais un elixir de vie pour tous". Le gouvernement a débloqué une dizaine de milliards d'euros d'aides supplémentaires pour tous les secteurs d'activités les plus touchés en novembre.

 

 

 

 

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