La dialectique du pire

Il m'arrive bien souvent de lire sur les réseaux sociaux des commentaires de personnes exprimant l'idée que c'est pire ailleurs et qu'il faut arrêter de se plaindre de ce qui advient.

L'exemple de droits de l'homme en Chine revient souvent sur le devant de la scène dès lors qu'on critique les mesures prises par le gouvernement français.

Ou que la pollution de la nature est bien pire dans de nombreux pays au regard de ce que nous connaissons en France.

Ou que le comportement incivique d'individus n'est rien comparé à ce qui se passe ailleurs.

Il y a toujours pire ailleurs. C'est une certitude.

Ce que je trouve inconvenant, c'est de considérer qu'il est dès lors "normal" d'accepter ce qui se produit sous nos yeux, comme si ce "pire ailleurs" autorisait  "le mauvais ici."

Je pense que lorsque des individus en arrivent là, c'est qu'ils ont déjà accepté ce "mauvais ici" et qu'ils s'en contentent en se réjouissant de n'être pas "dans le pire ailleurs".

Est-ce que cette attitude contribue à une amélioration de la situation présente ? Non, aucunement.

C'est comme une tour datant du Moyen-Age dont le toit a disparu et où les pierres sommitales sont à la merci des intempéries. Les joints finissent immanquablement par s'effriter et les premières pierres à tomber. Un observateur pourrait se dire que ça n'est pas grave puisqu'il en reste encore dessous. C'est absurde et on imagine très bien l'issue finale. Des ruines.

S'accommoder du "mauvais ici" parce qu'il existe un "pire ailleurs", c'est participer à l'effritement de la tour. 

La seule attitude positive à adopter, c'est de se tourner vers un "meilleur ailleurs" et de se servir de cet exemple. Et si ce "meilleur ailleurs" n'existe pas, il s'agit de le construire.

 

 

 

 

 

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