Le plastique, bombe à retardement.

Oui, je sais, entre cet article et le précédent, on aurait envie de se réveiller pour sortir de ce cauchemar. On ouvre les yeux et hop, fini. On retrouve le monde tel qu'on pense qu'il est : beau, sain, sécurisant. 

Eh bien, non, ça ne sera pas si simple.

Et je ne sais même pas s'il est possible de revoir un jour ce monde tel qu'on aimerait qu'il soit.

Il est le cauchemar que les hommes ont fait de lui.

Et nous sommes tous responsables. A divers degrés. Je rappelle un ancien article posté ici : la plastisphère.

C'est si effrayant qu'il n'est pas possible d'en imaginer la portée.

Mais ce qui est certain, c'est que le choléra c'est bien plus catastrophique que le covid19...

 

  • Platisphere continent de plastique

Dans les océans, tout un écosystème se développe sur les plastiques. PHOTO//Expédition MED 2015

Dans l’eau, une faune diverse de bactéries et d’autres micro-organismes colonise les plastiques. Ces petits organismes vivant sur le plastique constituent la plastisphère. Et c’est la spécialité des chercheurs Linda Amaral-Zettler et Erik Zettler depuis leur découverte de la plastisphère en 2003 dans l’Océan Atlantique.

La chose est troublante : les communautés vivant sur ces « récifs » ne sont pas les mêmes que dans l’eau environnante. Le couple Zettler a déjà identifié plus de 1.000 bactéries qui prolifèrent sur le plastique dans le Pacifique et l’Atlantique. En fonction de la taille des supports, une vie diverse s’installe à leur surface. « Il peut y avoir de tout, des microbes aux invertébrés plus grands, comme de petits crustacés, explique Erik Zettler, chercheur NIOZ-Institut royal néerlandais pour la recherche sur la mer. La vie sur le plastique est une riche communauté de bactéries, de micro-animaux avec des producteurs primaires, des herbivores, des prédateurs, des organismes qui peuvent parasiter d’autres organismes et même des symbioses. » Un vrai micro-écosystème !

La plastisphère : des radeaux pour les microorganismes

Les plus de 5.250 milliards de fragments flottant à la surface des océans constituent autant d’embarcations potentielles pour les bactéries. Une fois colonisés, les plastiques continuent leur chemin dans la mer et les océans. Ils servent de radeau à cette faune qui peut être envahissante pour les écosystèmes marins et pathogènes pour l’homme ou les animaux. Ces radeaux permettraient la dispersion, la dissémination et le développement de certaines espèces. En devenant des espèces envahissantes dans des régions non originelles, elles pourraient perturber les fragiles équilibres marins et terrestres.

Les chercheurs s’intéressent tout particulièrement aux bactéries du genre « vibrio »présentes dans l’océan. Leur version la plus connue est vectrice du choléra et d’autres maladies gastro-intestinales chez l’homme. Elles peuvent aussi s’attaquer au système digestif des poissons. « Nous avons en effet découvert en 2013 que la communauté microbienne sur un morceau de plastique de l’Atlantique était constituée à près de 25 % de Vibrio », relate Erik Zettler. Il n’est pas encore établi que les Vibrio pathogènes sont transportées par le plastique. Toutefois, « cette éventualité est loin d’être négligeable », estime le chercheur.

 

Un risque de contamination planétaire ou la solution à la pollution ?

S’il s’avérait que les plastiques transportent bien des pathogènes, il se pourrait que les microplastiques et les microfibres les transmettent aux bactéries dans les stations d’épuration. Étant donné que ces usines dépolluent l’eau grâce à des bactéries bien définies, cela pourrait effectivement poser de graves problèmes localement. Les chercheurs craignent aussi le risque de contamination des poissons en pisciculture, vu que ces élevages utilisent beaucoup de plastique. Au regard des densités élevées, un bout de plastique transportant un pathogène qui se détacherait pourrait contaminer l’ensemble des poissons. En d’autres termes, un seul fragment de plastique contaminé pourrait engendrer un risque épidémique.

Selon d’autres chercheur, les microbes sur terre peuvent dégrader certaines résines de plastique. Par ailleurs, on sait que des microbes dégradent les hydrocarbures dans les océans. « Je pense qu’à long terme, presque tous les composés organiques, y compris le plastique, seront dégradés par les microbes, mais ce n’est pas une solution, insiste Erik Zettler. Car aux températures relativement basses et aux concentrations de nutriments faibles dans l’océan, la dégradation microbienne du plastique se produira très très lentement. » Selon le chercheur, il ne faut pas considérer les bactéries comme faisant partie de la solution à la pollution plastique dans l’environnement.

Auteur : Matthieu Combe, journaliste du webzine Natura-sciences.com

 

Et pour finir la soirée en beauté, j'ajoute donc celui-ci. Pour les adeptes d'alimentation animale issue de la mer.

Ce soir, on a mangé les blettes, les oignons et les pommes de terre du jardin. Pas un seul produit chimique. Même si on ne peut pas assurer que l'eau de pluie ne contient pas des polluants dont on ne nous aurait jamais parlé...

 

Les microplastiques contaminent fruits de mer, poissons et sels

 

Natura-Sciences | Mis à jour le 13/09/2018 à 16:11 - Publié le 13/09/2018 à 16:10  0

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La pollution par les microplastiques n’arrête pas de s’intensifier. Ils contaminent la chaîne alimentaire dans les océans. Et ils se retrouvent dans nos assiettes, que cela soit dans les poissons, les fruits de mer, mais aussi le sel marin!

microplastiques poissons fruits de mer

Les microplastiques contaminent les poissons, les fruits de mer et le sel marin. PHOTO//DR Greenpeace

Des recherches actuellement menées à l’Université belge de Gand dévoilent que les amateurs de fruits de mers ingèrent entre 2.000 et 11.000 fragments de plastique chaque année. Selon les recherches du Dr Colin Janssen, les fragments de plastique de moins d’un millimètre se retrouvent largement dans les moules, huîtres et autres fruits de mers.

Tous les organismes filtreurs sont contaminés par les microplastiques. Par exemple, les moules filtrent entre 20 et 25 litres d’eau par jour. Heureusement, les microplastiques ingérés par les moules sont pour la plupart excrétés. Mais une moule renferme en moyenne au moins un petit fragment de plastique logé dans ses tissus, selon le Dr Janssen. Le chercheur estime ainsi qu’un plat de moules servi au restaurant peut contenir jusqu’à 90 particules de plastique.

Que deviennent les microplastiques dans notre organisme?

Au total, les chercheurs belges pensent qu’un amateur de fruits de mer ingère entre 2.000 et 11.000 fragments de plastique chaque année, en fonction de sa consommation. Dans la première évaluation des risques menée sur le sujet, ils considèrent que 99% des microplastiques ingérés par l’homme sont excrétés par le cors humain. Au final, moins de 60 fragments passeraient donc dans le sang et s’accumuleraient dans le corps chaque année.

« Maintenant que nous avons établi qu’ils [les microfragments] entrent effectivement dans notre corps et peuvent y rester pendant un bon moment, nous avons besoin de connaître le sort de ces plastiques. Où vont-ils ? Sont-ils encapsulés par des tissus et oubliés par le corps, ou est-ce qu’ils causent des inflammations ou autres problèmes ? Les produits chimiques s’échappent-ils de ces plastiques et causent-ils alors de la toxicité ? Nous ne le savons pas et nous devons savoir. » prévient le Dr Janssen.

Les scientifiques alertent sur le fait que cette contamination va s’intensifier à mesure que la pollution océanique va s’aggraver. D’ici 2100, les consommateurs réguliers de fruits de mer pourraient avaler 780.000 fragments de plastique par an. 4.000 microfragments seraient alors accumulés dans leur tissus chaque année.

Lire aussi : Huîtres : la menace des micro-plastiques !

Des microplastiques dans le sel marin

Par ailleurs, des chercheurs maltais de l’université Putra Malaysia dénoncent la présence de microplastiques dans le sel de table. Leurs résultats sont publiés dans la revue Scientific Reports. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé 17 marques de sels marins ou de lacs issues de 8 pays – Australie, Iran, Japon, Nouvelle-Zélande, Portugal, Afrique du Sud, Malaisie et France – par spectroscopie Raman.

L’équipe n’a malheureusement pas révélé l’identité de ces marques. Mais leurs conclusions sont acablantes: seule une marque ne contient pas de microplastiques. Si cette marque est française, les cinq autres marques hexagonales n’échappent pas à cette contamination. Seule précision révélée : cette marque est vendue dans un contenant en verre.

De quels microplastiques parle-t-on?

Les chercheurs ont extrait les microparticules supérieures à 149 micromètres (μm). En moyenne chaque kilogramme de sel contient entre 1 et 10 microparticules. Sur un total de 72 particules extraites, 41,6% étaient des polymères plastiques, 23,6% étaient des pigments. 5,5% étaient du carbone amorphe et 29,1% restaient non identifiées. En moyenne, les particules mesuraient 515 μm.

Les chercheurs se veulent néanmoins rassurants. « Selon nos résultats, le faible niveau d’absorption de particules anthropiques dans les sels [37 particules maximum par individu par an] garantit des impacts négligeables sur la santé », préviennent-ils. On reste loin de l’ingestion mesurée pour les amateurs de fruits de mer.

Mais, la quantité de plastiques déchargés dans les océans étant en constante augmentation, ils recommandent de quantifier et identifier régulièrement les microplastiques présents dans divers produits de la mer. Il n’existe encore aucune norme spécifique fixant des seuils maximum de microplastiques dans le sel marin ou autres produits.

 

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