Le Sens du Sacré (4)

L’esprit n’est pas le centre de l’intelligence. L’être humain ne se limite pas à un corps et une âme.

Cette conception est le prolongement des visions « intuitives » de Descartes. Son doute radical l’amène à la certitude d’être constitué d’un corps matériel, observable et divisible et d’une âme consciente d’elle-même, indivisible et immatérielle. Cette vision étriquée de l’homme fait de son corps la partie physiologique de l’individu et de l’âme ses qualités spirituelles. Corps et âme sont séparés mais l’étude du corps ouvre la voie à l’âme.

L’idée de perfection qu’il attribue à Dieu prend la forme de l’Esprit mais elle reste propre à Dieu.

L’intuition…Je vois dans cet éclair de « lucidité déraisonnée » la porte vers l’Esprit. Tout ce qui n’entre pas dans le domaine du visible, ni même dans celui du reproductible, du quantifiable, de l’analysable. L’être humain est tripartite. Son « Dieu » peut correspondre à l’énergie vitale animant l’ensemble corps/âme, les liant, les imbriquant, les nourrissant.

L’amalgame entre l’âme et l’esprit est un raccourci dualiste et cartésien. Descartes finira même par associer la pensée à l’Esprit : » Je ne considère pas l’esprit comme une partie de l’âme mais comme cette âme toute entière qui pense. »

Cet affadissement de l’esprit est un désastre qui nous a privés de la part intuitive qui nous rattachait à la Nature. Car c’est elle qui détient la voie d’accès à l’esprit.

Le Sens du Sacré. J’y reviens immanquablement.

La principale conséquence du dualisme cartésien est une mondialisation de la fragmentation entre l’homme et le monde.

Cette fragmentation nourrit la réalité mais elle n’est pas le réel.

La réalité correspond à l’émergence et au développement d’un système de représentation du vivant.

Le réel est au-dessus puisqu’il s’établit dans une recherche spirituelle dans laquelle l’Esprit est le courant fondateur de l’existence.

L’âme est l’entité intérieure qui a la possibilité de se « tourner » vers l’Esprit, de s’en illuminer 

La dimension spirituelle est quasiment inexistante et notre éducation tout comme notre enseignement en sont responsables. L’éducation est dans une large part une simple et unique reproduction des mouvements de pensées qui animent le monde moderne. L’errance, le rejet, l’abattement, la détresse, la compétition et ses effets dévastateurs, une course à l’ego, une individualisation outrancière, le « moi je » comme étendard… Et cette effroyable rupture entre la Nature et la dimension contemplative et sereine qu’elle procure.

Combien d’enfants vont marcher dans les bois ? Combien d’enfants construisent encore des cabanes, suivent une trace d’animaux, écoutent le vent dans les arbres, combien d’enfants parviennent à préserver en eux la magie du monde et ce sentiment ineffable d’en faire partie ?

A quoi les adolescents se réfèrent-ils ? Quels sont leurs modèles humains ? Quels sont leurs projets ?

Henri David Thoreau, qui le connaît encore chez les jeunes ? Qui va le leur faire découvrir ? Qui osera encore défendre sa vision de l’Homme ?

Qu’est devenu le Sens du Sacré ? Vers quoi ce Sacré a-t-il été détourné ?  

Sans même essayer d’identifier tous les phénomènes qui se sont imposés à nous, que nous avons laissés s’étendre comme s’ils allaient pouvoir répondre aux questions existentielles, sans même chercher à remonter à la source, le simple regard sur l’état des lieux est déjà absolument indispensable, vital même.

Ensuite, nous pourrons tenter de tracer une autre voie.

Mais qui en a réellement envie ?

 

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