Le survivalisme (3)

Voilà un exemple parmi beaucoup d'autres qui met en avant la nécessaire préparation à un accident majeur. L'accident nucléaire.

Les Suisses disposent d'un très grand nombre d'abris nucléaires, civils ou gouvernemantaux. Des informations sont données aux habitants et chacun est invité à réfléchir à la situation, à se tenir informé, à anticiper... Est-ce que les Suisses sont un peuple de paranoïaques ?... C'est en cela que je pense que la population française vit dans une illusoire sécurité en accordant aux instances dirigeantes, la responsabilité de la sécurité dans le cas de "risques majeurs".

 

Je suis allé lire plusieurs documents gouvernementaux de France sur les "risques majeurs" et le plan ORSEC

A la page 16 (la dernière...), il est écrit :

Connaissez-vous les risques auxquels vous pouvez être confrontés ?

Connaissez-vous vos interlocuteurs en cas de situation d'urgence ?

Votre rôle dans le dispositif ORSEC ?

Avez-vous préparé votre organisation ?

Informé et formé votre personnel, vos administrés, vos proches ?

Réalisé des exercices ?

 

file:///C:/Users/PC/Downloads/plaquette%20ORSEC.pdf

 

Il est intéressant d'aller lire également le site de l"ASN" (agence de sécurité nucléaire" et on constate que les informations aux populations sont totalement absentes. Elles seront sous la responsabilité du Préfet de région...On invite simplement les gens concernés à prendre des pastilles d'iode et à fermer les fenêtres... 


La sûreté des centrales nucléaires

SOMMAIRE

Le parc français des centrales nucléairesComment est assurée la sûretéEn fonctionnement normalEn cas d’incident ou d’accidentPériodes de maintenanceLes éléments du réacteurAgressions naturellesRadioprotection et protection de l'environnementComment améliorer la sûreté

La France est l’un des pays dotés du plus grand nombre de centrales nucléaires au monde. Pour s’assurer de leur fonctionnement dans des conditions optimales de sûreté, l’Etat a chargé un organisme public indépendant, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), de contrôler leur sûreté.

En cas d’incident ou d’accident

Centre d'urgence de l'ASN lors d'un exercice de crise

En cas d’incident dans une centrale nucléaire (par exemple en cas de rupture d’une tuyauterie du circuit primaire), il revient à l’exploitant de ramener le réacteur dans un état stable et de l’y maintenir. Bien que tout soit fait pour éviter leur occurrence, un accident grave pourrait conduire à ne plus pouvoir refroidir le combustible nucléaire dans la cuve du réacteur. Cette situation peu probable pourrait conduire à une fusion du combustible et à des rejets dans l’enceinte de confinement puis à l’extérieur, et avoir des conséquences pour la santé du public et pour l’environnement.
 
Jusqu’à l’accident de Three Mile Island, le 29 mars 1979, aux Etats-Unis, l’exploitant devait mettre en œuvre une approche dite « événementielle » pour corriger les anomalies de fonctionnement. Elle consistait, pour chaque type d’incident ou accident, à réagir en menant à bien une suite d’actions prédéterminées. Mais cette approche ne permet pas de gérer les situations complexes où l’événement à l’origine du problème se complique de défaillances matérielles ou humaines.
 
Cette approche a donc été remplacée progressivement par une autre : l’approche par état. Elle consiste à appliquer des stratégies de conduite (c’est-à-dire de pilotage) du réacteur en fonction de l’état réel de la chaudière, quels que soient les événements qui ont conduit à cet état. Un diagnostic permanent permet, si l’état se dégrade, d’abandonner la procédure en cours et d’en appliquer une autre, plus adaptée.
 
 
Contrôler, communiquer, informer 
 
De son côté, l’ASN participe à la gestion des situations d’urgence. Elle vérifie et s’assure qu’EDF maîtrise l’incident et en limite les conséquences.
 
L’ASN apporte son concours au gouvernement et communique au préfet son avis sur les mesures à prendre pour assurer la protection de la population. Ainsi le préfet pourra prendre les décisions de protection sanitaire les plus appropriées. Il demandera par exemple aux riverains de rester chez eux, dans une pièce calfeutrée, le temps que la situation se stabilise.
 
L’ASN informe également les médias et le public sur l’événement en cours, en coordination avec les autres acteurs, comme le préfet ou l’exploitant. Elle fournit tous les renseignements utiles au Gouvernement ainsi qu’aux Autorités de 
sûreté nucléaire des pays frontaliers.
 
Un centre d’urgence sécurisé 
 
Pour mener à bien ses missions, l’ASN dispose de son propre centre d’urgence relié aux installations nucléaires par des lignes dédiées sécurisées. Il lui permet d’alerter rapidement ses agents et d’échanger des informations avec ses interlocuteurs (exploitant, services de l’Etat, Commission européenne, etc.) de la manière la plus fiable.
 
Le centre d’urgence a été activé en conditions réelles à plusieurs reprises ces dernière années : par exemple en 1999, lorsque la centrale nucléaire du Blayais (Gironde) a été inondée lors d’une des deux « grandes tempêtes » de décembre. Ou encore en 2007, à l’occasion d’une panne électrique survenue dans la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly (Loiret). Plus récemment, le centre d’urgence a été gréé :

  • en 2012 : contamination quai Claude Bernard à Lyon ;
  • en 2013 : entrée de manifestants Greenpeace  du Tricastin) ;
  • en 2014 : entrée de manifestants Greenpeace (centrale nucléaire de Fessenheim) ;
  • en 2015 : ouverture d’une vanne (centrale nucléaire de Cattenom).

Le centre d’urgence est également utilisé à l’occasion d’exercices plus d’une dizaine de fois par an. Ainsi l’ASN s’assure-t-elle régulièrement que son organisation est adaptée à tous les scénarii de crise.

 

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On pourrait penser que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes...Des gens compétents sont formés et leurs décisions iront dans le sens de la population.

Alors, il faut aller chercher les dernières informations sur "l'EPR" de Flamanville et là, on s'aperçoit qu'un élément crucial entre en jeu : l'argent... Et on parle de milliards...

 

Anomalies sur la cuve de l'EPR de Flamanville : des documents accablent encore EDF et AREVA

 

211PARTAGES

Nos confrères de France Inter produisent des échanges de lettres qui confirment qu'EDF et Areva "avaient été alertées dès 2005 des dysfonctionnements" de l'usine du Creusot où a été fabriquée la cuve qui équipe le réacteur de l'EPR de Flamanville. 

Par Pierre-Marie Puaud

Depuis le 7 avril 2015, de sérieux doutes pèsent sur l'avenir du pharaonique chantier de Flamanville. Ce jour-là, l'Autorité de Sûreté Nucléaire indique qu'Areva lui a signalé une "anomalie de la composition de l’acier dans certaines zones du couvercle et du fond de la cuve" du réacteur, une anomalie qualifiée de "très sérieuse" par un des responsables du gendarmes nucléaires.

Quelques semaines plus tard, nos confrères du Canard Enchaîné révèlent que ces anomalies étaient connues "de longue date". L'industriel aurait procédé à des tests sur l'acier destiné à la fabrication du fond et du couvercle de la cuve en 2006. Ces tests auraient révélé une concentration trop importante de carbone dans l'acier, une concentration susceptible d'affecter la résistance de la cuve de l'EPR de Flamanville.

Voici le récit qu'en faisait Alexandra Huctin le 8 juillet 2015


Défaut de la cuve de l'EPR: Areva savait depuis 2006 selon le Canard enchaîné

France Inter accable EDF et Areva

Dans une enquête dont la version radiophonique sera diffusée ce samedi 1er avril dans l'émission Secrets d'Info, nos confrères de France Inter parlent d'une "incroyable négligeance". Ils publient sur leur site internet des échanges de courriers qui datent de 2005 et 2006. L'ASN avertit déjà EDF des doutes que lui inspire la forge du Creusot

Et nos confrères de France Inter de s'interroger : "Pourquoi avoir confié la réalisation de la cuve de l'EPR à un site industriel aussi éloigné des standards habituels du nucléaire ?"


Un responsable de Greenpeace avance cette hypothèse : "Peut-être que l'utilité de construire cet EPR aurait été questionnée à nouveau. On n'était pas en mesure d'avoir un industriel français capable de fournir des pièces, et peut-être que l'intérêt de l'EPR qui visait à avoir un produit français aurait été remis en cause." Des propos qui résonnent étrangement "avec cette explication qu'EDF nous a livrée", souligne France Inter : "le gouvernement français et EDF partageaient en 2006 l’intérêt de garder la filière française opérationnelle en France. Avec le renouveau du nucléaire qui se profilait à ce moment-là, EDF a souhaité renforcer des moyens de production en France pour mieux maîtriser sa capacité de réalisation de projets industriels"


Sylvain Tronchet, journaliste à France Inter, auteur de l'enquête pour Secrets d'Info :
 


EPR de Flamanville : les dessous de notre enquête par franceinter

 

Démarrage du réacteur EPR prévu en 2018... si la cuve est jugée conforme


Au mois de novembre 2016, à l'occasion d'une visite du chantier à Flamanville, EDF a confirmé une mise en service des installations à la fin de l'année 2018.Un programme d'essais était alors en cours afin de démontrer la résistance du couvercle et du fond de la cuve de l'EPR, dont l'acier présente une concentration excessive en carbone susceptible d'amoindrir sa résistance. "Aujourd'hui, 90% des résultats sont conformes et les 10% restants de toute manière sont dans des zones où la concentration en carbone était beaucoup plus faible, et sont aussi tous conformes", assurait Laurent Thieffry, directeur du projet Flamanville 3.

L'Autorité de Sûreté Nucléaire
 (qui a publié la liste des anomalies sur son site internet) devrait se prononcer dans le courant de l'année sur la conformité de cette pièce essentielle qui contient le combustible nucléaire. Interrogé sur France Inter, son directeur, Pierre-Franck Chevret ne le cachait pas : "les pressions sont fortes"...






 

Démarrage du réacteur en 2018...C'est demain...sachant qu'EDF est tellement endettée qu'on se demande encore comment elle a le droit de fonctionner et n'est pas interdit bancaire, il y a de quoi rire...Ou s'inquiéter...EDF n'a plus le choix. Elle doit aller jusqu'au bout. Les Anglais ont acheté ce réacteur. La Finlande et l'Inde également. 

La France compte 60 réacteurs nucléaires répartis dans 20 centrales en activité, en règle générale un zone d’exclusion se situe dans un rayon de 30 km défini en cas d’accident, cependant d’autres préconisent d’évacuer une zone de 80 km autour de la centrale.

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"Les consignes spécifiques en cas d’accident

Dès le début de l’accident la première consigne sera d’absorber des pastilles d’iode et de se confiner, en évitant de faire rentrer des poussières radioactives dans la pièce confinée si on doit en sortir. Essayez de se protéger au maximum, passer par une pièce tampon, se laver les parties apparentes du corps, et changer de vêtements…

L’évacuation peut être ensuite commandée par les autorités si vous résidez dans une zone sensible. Dans ce cas il convient d’agir conformément aux consignes données par ces mêmes autorités."





 

Il faut s'intéresser également au démantèlement des centrales les plus anciennes. L'exemple de Brennilis, en Bretagne, est particulièrement révélateur du désastre et de l'importance considérable des coûts et de la durée. On comprend mieux l'acharnement à ne pas mettre fin à la centrale de Fessenheim alors que les caisses d'EDF sont déjà plus que trouées. 

Cette centrale a fonctionné de 1962 à 1985 et depuis, elle est en phase de démontage...

Centrale nucléaire de Brennilis : un cadavre encombrant

 

Des militants anti-nucléaire ont manifesté devant la centrale de Brennilis (Finistère), samedi 23 avril, à l'occasion du 30e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. Pas pour réclamer sa fermeture : construite en 1962 par le Commissariat à l'énergie atomique, elle a été mise à l'arrêt en 1985. A l'époque, cette décision donne le coup d'envoi du premier chantier de démantèlement jamais réalisé en France. Depuis, la centrale bretonne est en quelque sorte morte-vivante : elle n'a rien produit depuis des lustres, mais nécessite encore une étroite surveillance. 

Alors que la France ambitionne de réduire de 50% la part du nucléaire d'ici 2025 et projette de fermer en 2018 la doyenne des centrales en activité, à Fessenheim (Haut-Rhin), francetv info s'est penché sur le cas de Brennilis. 

Défis techniques, débats éthiques, écologiques et politiques : à elle seule, la centrale des Monts d'Arrée représente toute la complexité de l'après-nucléaire dans cette France aux 58 réacteurs — et peut-être, un jour, autant de "cadavres" industriels sur les bras. 

. (MARIE-ADELAÏDE SCIGACZ / FRANCETV INFO)

DIX-HUIT ANS D'ACTIVITÉ ET QUARANTE-SEPT POUR DÉMANTELER

"Regardez autour de vous. C'est pas magnifique ? Cette vue sur le lac Saint-Michel et sur le mont, là, au loin ? Par ce temps !" En cette fin d'après-midi de mars à Brennilis (Finistère), les rayons du soleil dessinent des étoiles à la surface de l'eau. La bise est douce et le ciel découvert. François, un retraité venu pêcher dans ce coin paisible, a raison. C'est magnifique. Pourtant, à quelques centaines de mètres de sa chaise pliante s'élève un bâtiment en béton, au cœur de nombreuses polémiques depuis plus de trente ans : la centrale nucléaire. Ou plutôt ce qu'il en reste, quelques bâtiments et surtout son enceinte de confinement, que l'on aperçoit depuis la route et les villages alentours.

Au cœur du Finistère, les Monts d'Arrée évoquent l'Irlande et son Connemara. Des anciennes montagnes, de la lande, des tourbières, cent nuances de verts et des lacs. Dans la mythologie celte, c'est au milieu de ces terres désertes que rode l'Ankou, chargé "d'emmener les défunts dans l'au-delà." "La porte de l'Enfer", rappellent toujours les locaux — ici, François — aux journalistes qui écrivent régulièrement sur cette centrale coincée dans les limbes. Car à défaut de produire de l'électricité (l'équivalent de la consommation annuelle de la ville de Paris sur toute sa durée d'exploitation), elle fait couler de l'encre. Mise en exploitation en 1967, cette centrale expérimentale est la seule en France à fonctionner avec un réacteur à eau lourde. Mais le test n'est pas concluant. Pendant dix-huit ans, le site fonctionne par intermittence, avant d'être abandonné au profit d'une technologie jugée plus stable et plus rentable :le réacteur à eau pressurisée.

Après sa fermeture, en 1985, des employés sont restés sur le site, notamment pour mettre à l'arrêt le réacteur et évacuer le combustible. La phase 2 du démantèlement a débuté en 1997. Mais au bout de dix ans, le Conseil d'Etat, sollicité par le réseau Sortir du nucléaire, annule le décret qui autorise la procédure de démantèlement. Il pointe un manque de transparence et exige une enquête publique. Le chantier ne redémarre qu'en 2011. Aujourd'hui, EDF estime que le démantèlement complet pourrait être achevé en 2032 — soit quarante-sept ans après sa mise à l'arrêt.

. (MARIE-ADELAÏDE SCIGACZ / FRANCETV INFO)

"C'ÉTAIT EXCITANT DE BOSSER SUR UNE TECHNOLOGIE DE POINTE"

En attendant, la centrale "fait juste partie du paysage", confirme Samuel, 14 ans. "Elle ne dérange pas, elle est là, c'est tout." Les jeunes du coin l'ont toujours connue et se moquent des touristes "qui demandent si le poisson est radioactif". La plupart l'ont déjà visitée — il n'est pas rare, comme ce jour, de voir un bus scolaire quitter l'enceinte — mais n'y travailleront pas, contrairement à beaucoup de leurs aînés. "Mon beau-père aussi a travaillé un peu à la centrale", assure l'adolescent avant de démarrer sa moto. "Il a dit qu'il n'avait jamais vu d'endroit aussi sûr et bien gardé".

"Ici, il y a une minorité de personnes opposées au nucléaire et beaucoup de gens qui, sans être forcément pour, s'en moquent, tout simplement", déplore Bernadette Lalouhette, militante écologiste, riveraine de la centrale et membre de l'association Vivre dans les Monts d'Arrée. Elle est membre du comité local d'information, créé pour suivre l'évolution du démantèlement. Elle déplore qu'"en France, on a foi en la science et EDF ; il y a une confiance aveugle, irrationnelle". "Et puis, c'était l'employeur du coin, alors on n'y touche pas. La centrale est à l'arrêt, mais il y a beaucoup de sous-traitance, il y a des besoins de gardiennage, de maintenance, etc. Je me souviens de vieux du coin qui disaient que ce n'était pas si grave d'avoir ce bâtiment qui ruine le paysage, tant que ça faisait du boulot et que ça permettait à leurs enfants de ne pas avoir à partir."

Par exemple, François, le pêcheur amateur, a fait sa carrière comme gardien de la paix en région parisienne. Mais lorsqu'il est rentré "au pays", dans les années 1980, l'octogénaire a ouvert un gîte avec son épouse, où il a reçu "des gens qui venaient de loin pour travailler dans la centrale et qui restaient parfois plusieurs semaines". A l'origine, son implantation est vécue comme "un cadeau" dans cette région que les jeunes fuient, faute d'opportunités. "On était hyper fiers de travailler ici", se souvient Michel Marzin. "C'était la modernité. La ferme de ma grand-mère n'avait pas l'électricité, alors tout ça, c'était un symbole de puissance", assure l'ancien technicien, retraité du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) installé à Morlaix. "On était très motivés. C'était excitant de bosser sur une technologie de pointe. Mais rapidement, il y a eu des problèmes. C'était terrible pour nous qui voulions vraiment que ça fonctionne. On a fini par reconnaître que la filière à eau lourde n'était pas bonne et que c'était dangereux — notamment à cause du tritium."

. (MARIE-ADELAÏDE SCIGACZ / FRANCETV INFO)

"LA PRÉHISTOIRE DU DÉMANTÈLEMENT"

"Mon travail, c'était de nourrir la bête", résume Michel Marzin, 78 ans et un profil atypique de retraité du nucléaire farouchement anti-atome. Du temps de l'exploitation, son équipe avait pour tâche de charger le combustible dans le réacteur et de décharger le combustible usé. Pour cette seconde mission, "il fallait utiliser un ordinateur qui commandait une machine de 87 tonnes", se rappelle-t-il, en montrant quelques photos d'époque. "Un humain qui se serait approché serait mort en 24 heures". Aussi, il martèle son obsession et celle de ses collègues pour les procédures de sécurité. "On était bien suivis, contrôlés tout le temps, mais très peu informés", estime-t-il, tapotant du doigt un bilan de santé vieux de quarante ans, conservé dans un dossier.

Employé par le CEA, il a connu, à Brennilis, ce qu'il appelle aujourd'hui "la préhistoire du démantèlement". Il énumère les incidents et motifs d'inquiétude : "traces de césium sous l'ancienne piscine", "fuite d'eau lourde", "pollution au tritium depuis le réacteur dans la nappe phréatique", etc. Lorsqu'il part à la retraite, dans les années 1990, sa vigilance s'est déjà muée en militantisme. Devenu anti-nucléaire, il observe à la loupe la suite des opérations et s'interroge sur les conséquences de la centrale sur l'environnement et la santé — la sienne autant que celle de ses anciens camarades. "Quand je suis parti à la retraite, des collègues m'ont dit : 'Il y a des gens qui meurent à Huelgoat'", une commune située à quelques kilomètres de là. Avec une liste de noms, héritée de son passé de délégué du personnel, il mène l'enquête, convaincu que les morts précoces frappent davantage les salariés du nucléaire.

"Le plus jeune, il a été emporté par un cancer du pancréas. Il est parti à la retraite vers 55 ans. A 57, il était mort." Le sujet reste sensible dans les villages. Pour la plupart, les médecins préfèrent ne pas l'aborder, estime Michel Marzin, tandis que les anciens employés et leurs familles "n'abordent pas ce sujet, c'est tabou." Il raconte : "Juste avant de mourir, un ancien de la centrale m'a invité à boire le café chez lui. Jamais il n'a fait allusion à son cancer, ni au fait qu'il puisse être lié à son travail. En fait, il a demandé à voir une vieille photo. Je crois qu'il était fier." 

. (MARIE-ADELAÏDE SCIGACZ / FRANCETV INFO)

"UNE CENTRALE SANS CONTAMINATION, ÇA N'EXISTE PAS"

Michel Marzin tient à distinguer "contamination" et "irradiation". "On parle de contamination lorsque la source radioactive pénètre à l’intérieur du corps des personnes exposées, soit par inhalation, soit par consommation de produits contaminés", selon l'institut de radioprotection et de sûreté du nucléaire. Dans le cas d'une irradiation, "la source radioactive est située à l’extérieur du corps""Comme à Tchernobyl. Plus on s'éloigne du réacteur, moins on risque d'être irradié", résume le retraité. "On n'a peut-être pas été irradiés, mais une centrale sans contamination, ça n'existe pas", poursuit-il, catégorique. Il pointe des "rejets très importants de tritium", un isotope de l'hydrogène, pendant les années d'activité de la centrale. 

Dans un rapport de 2007, la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) épingle la centrale de Brennilis : "Il semble que la centrale a effectué des rejets radioactifs pendant plusieurs années sans autorisation formelle des pouvoirs publics et, en tout cas, sans consultation des populations soumises aux rejets." En 1982, la Criirad confirme notamment des rejets de tritium culminant à 161 milliards de bécquerels ("35 fois plus que la centrale de Saint-Alban", en Isère, en 2001, poursuit le rapport). Or, "le tritium tue vingt ans après. C'est de l'hydrogène, il entre dans la constitution du corps et c'est là qu'il peut déclancher des cancers", s'inquiète Michel Marzin. "Il est aussi très difficile à détecter. A la centrale, on ne le détectait que quand la dose maximale autorisée était dépassé dix fois. Là, les alarmes se mettaient en route, on sécurisait et puis… Eh bien, on allait pisser dans un gobelet."

Depuis que le combustible a été évacué lors de la première phase du démentèlement, achevé en 1997, 99% de la radioactivité du site a disparu, assure EDF. Cependant, Michel Marzin, comme tous les militants engagés ici contre le nucléaire, assure que la centrale présente encore un danger, notamment pour l'environnement. En 2006, Sortir du nucléaire Cornouaille a fait analyser des plantes aquatiques prélevées aux abords de la centrale, dans le chenal de rejet des eaux. Le laboratoire de la Criirad y a trouvé du césium 137 et du cobalt 60. Bien obligée de reconnaître le rôle de la centrale, EDF a depuis assaini le chenal.

. (MARIE-ADELAÏDE SCIGACZ / FRANCETV INFO)

"LA SÉCURITÉ EST NOTRE PRIORITÉ ABSOLUE"

En cette fin mars, la pluie tombée la veille empêche le retraité d'approcher l'endroit où les prélèvements ont été effectués. Le petit chemin, impraticable, n'est plus qu'une flaque de boue. Mais le retraité, qui a grimpé sur un talus, relève toutefois, au loin, "quelque chose de nouveau depuis la dernière fois". Car le site a bien changé — il change constamment, à vrai dire. En ce moment, le démantèlement de la station de traitement des eaux usées est en cours, sous confinement. Quand bien même la centrale est à l'arrêt, elle n'en est pas moins un chantier, qui a employé 21 salariés d'EDF et "environ 80" prestataires en 2015, selon le dernier communiqué de l'entreprise.

EDF y dresse le bilan de l'année écoulée : trois inspections de l'Agence de sûreté du nucléaire (ASN), 12 exercices de gestions d'incidents… et un incident. Plus précisément : un incendie. En septembre, un feu s'est déclaré dans un atelier de conditionnement des déchets à l’intérieur de l’enceinte du réacteur de la centrale. "C’est un sas en plastique qui serait à l’origine de l’incendie, le toit de ce sas s’est écroulé et les fumées de l’incendie se sont répandues à l’intérieur du dôme", expliquait à la presse le directeur de cabinet du préfet du Finistère. Si "aucun rejet radioactif n’a été mesuré" par l’ASN, quatre personnes ont été légèrement intoxiquées, sans présenter toutefois de contamination externe. Pour Michel Marzin, qui estime que "rien n'est anodin dans une centrale nucléaire", ce type d'incident pose la question de la sécurité des travailleurs.

Gilles Giron, directeur adjoint pour la Direction projets déconstructions et déchets d'EDF, "à Brennilis comme dans toute installation nucléaire, la sûreté, la sécurité des intervenants et la maîtrise de l’impact sur l’environnement sont nos priorités absolues". EDF y "applique les mêmes règles que sur un site en exploitation", rassure-t-il, rappelant que 4 000 prélèvements ont été effectués en 2015 sur le site et alentours — "que ce soit dans le sol, dans l’air, dans l’herbe, dans la production agricole et notamment dans le lait". Analysés par des laboratoire agréés par l’Agence de sûreté du nucléaire, ils attestent que "les rejets de la centrale se situent très nettement en deçà des normes réglementaires", explique Gilles Giron.

. (MARIE-ADELAÏDE SCIGACZ / FRANCETV INFO)

"BRENNILIS EST UNE CENTRALE À PART"

Al'avenir, EDF entend bien mener au bout ce démantèlement compliqué. Dans les cinq à dix ans, la dernière étape du demantèlement, à savoir le cœur du réacteur, sera lancée. L'entreprise compte déposer, en 2018, un nouveau dossier de démantèlement complet. Il sera alors temps de s'attaquer au réacteur. "Un défi technologique", abonde Gilles Giron. "Brennilis est une centrale à part. C’est un réacteur à eau lourde : une technologie unique en France, rare est complexe, et dont le démantèlement nécessite des études préalables poussées, ainsi que le développement de différents modes d’intervention",détaille-t-il, citant "des travaux télé-opérés, effectués à distance pour garantir la sécurité totale des intervenants". En effet, "Brennilis n’est pas représentative de ce que sera le demantèlement du parc nucléaire actuel, constitué de réacteurs à eau pressurisée", explique le spécialiste. En outre, ailleurs en France, à Chooz A (Ardennes), "nous avons attaqué la phase de démantèlement complet, qui concerne le réacteur à proprement dit".

Si Brennilis exige du travail "sur-mesure", elle partage un même fardeau avec ses cousines qui tournent, elles, à l'eau pressurisée : la question des déchets. Ce sont eux qui, en 2011, ont privé EDF d'une autorisation de démantèlement complet. Pour Gilles Giron, le dossier de la firme était solide, mais il n’a pas été validé par l’ASN "en raison de l’indisponibilité d’Iceda", le petit nom de ce qui doit être une "installation de conditionnement et d’entreposage des déchets de moyenne et longue activité".

Autrement dit : l'entreprise pouvait démanteler le réacteur, mais n'était pas en mesure de stocker ces déchets, susceptibles de rester dangereux pendant des milliers d'années. En construction à la centrale du Bugey, dans l'Ain, Iceda doit être opérationnelle l'an prochain. Mais elle est pour le moins controversée. Surtout, elle s'implante sur un site qui fait déjà l'objet d'une plainte, déposée en mars par la ville et le canton de Genève (Suisse) pour "mise en danger délibérée de la vie d’autrui et pollution des eaux".

Pour le voisinage, les restes de Brennilis, comme tous les déchets radioactifs, ne sont pas les bienvenus. Dans le paysage des monts d'Arrée, ce cadavre est encombrant. Mais son cercueil, en construction à l'autre bout de la France, l'est, semble-t-il, tout autant. 







La nécessité de réfléchir à cette notion et pratique du survivalisme, personnellement, elle me semble absolument vitale...

Quand un bateau coule, il est trop tard pour regretter d'être monté à bord. Pour ma part, je tiens à savoir nager...

 

 

 

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