Les drones de surveillance du gouvernement

A chacun de se faire son idée.

C'est juste pour information...

Je rappelle par contre que deux chercheuses travaillant en hôpital sur le covid n'arrivent pas à obtenir les financements nécessaires...Mais l'Etat trouve 4 millions pour la surveillance du pays. Surveillance de quoi, de qui ? Pas de réponses...

 

 

L’Etat commande 651 drones de surveillance pour un coût de 3,5 millions d’euros HT

 

3,5 millions d’euros peut paraître une « petite somme » par rapport aux milliards dégagés pour le « plan de relance » de la France, les moyens mis en œuvre pour étayer et renforcer la surveillance de la population sont-ils cependant vraiment nécessaires alors que notre système de santé public est aux abois ?

15 avril 2020 - Laurie Debove

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Thème : effondrement de la société, abordé de manière douce et positive
Format : 130 pages
Impression : France

 

Commander

Lancée par «  Cerveaux Non Disponibles », l’information a vite fait le tour des réseaux : l’Etat passe un marché public pour commander 651 « micro-drones du quotidien » pour surveiller la population, dont certains sont équipés de capteurs thermiques. Si Place Beauvau a assuré que cette commande n’est pas en lien avec la crise sanitaire actuelle, cet appel d’offres interroge une fois de plus sur la part des dépenses publiques accordées à la surveillance de la population, contre les moyens nécessaires à apporter aux populations les plus précaires.

Des commandes publiques pour la sécurité intérieure

Publié le 12 avril par le ministère de l’intérieur, l’appel d’offre concerne l’acquisition de 651 drones, « de passerelles de réception des trames wifi des drones collaboratifs et de prestations associées pour les besoins de la sécurité intérieure. » Si l’accord-cadre est conclu sans montant minimum, ni maximum, la valeur estimée pour l’ensemble des lots représente un coût total de 3,5 millions d’euros HT.

Premier lot : 1,8 millions d’euros HT pour 565 « micro-drones du quotidien ». De moins d’un kilo, ils doivent être capables de voler pendant vingt-cinq minutes minimum, jusqu’à une hauteur de 100m en étant discrets. Ils doivent filmer en 4K ou UHD, posséder une caméra thermique et transmettre à un minimum de 3 kilomètres.

Deuxième lot : 1,58 millions d’euros HT pour 66 « drones de capacité nationale ». De 8 kilos maximum, discrets, jusqu’à une hauteur de 120 mètres, ils doivent posséder un objectif filmant à 500 mètres (avec un zoom x30 de jour), avoir une autonomie de vol de 20 minutes et transmettre au moins à 5 kilomètres.

Troisième lot : 175 000€ HT pour 20 « nano-drones spécialisés ». D’un poids inférieur à 50 grammes, ils doivent avoir une autonomie de vol de 25 minutes minimum et transmettre leurs images à une distance minimale de 2 kilomètres.

« De précédents appels d’offres font état de commandes de drones de la part du ministère, mais pour des montants et des quantités moindres (233 000 euros en 2011, 315 000 puis 487 000 euros en 2015, 328 000 euros en 2016, par exemple). » précise le journaliste Fabien Leboucq

Contacté par Libération, le ministère de l’Intérieur a simplement répondu que l’accord-cadre répond aux « besoins de la sécurité intérieure (gendarmerie nationale, police nationale et sécurité civile)», sans préciser quels besoins, et quelle proportion de la population va être concernée par l’usage de ces drones.

Auparavant utilisés pour secourir les personnes, les hélicoptères sont maintenant déployés pour verbaliser les contrevenants au confinement – Crédit : JacLou DL

Le coût de cette surveillance

Au mois de Mars déjàle gouvernement avait passé un appel d’offres, d’une valeur de 3 642 864 euros HT, pour remplir ses stocks de gaz lacrymogène. Si l’accord-cadre ne précise pas la façon dont ils vont être utilisés, la répression policière forte envers les derniers mouvements sociaux nous donnent une piste toute trouvée.

« Alors que l’hôpital est toujours en pénurie de masques et de blouses faute d’anticipation par l’Etat et qu’on fait plus de contraventions que de tests, la mécanique d’une société de surveillance se met en place. Voilà qu’on nous sort des bizarreries telles que des commandes de « micro-drones du quotidien » pour surveiller la population. Certains des drones seront même dotés de capteurs thermiques. » s’inquiète ainsi la page Cerveaux Non Disponibles

De fait, 3,5 millions d’euros peut paraître une « petite somme » par rapport aux milliards dégagés pour le « plan de relance » de la France, les moyens mis en œuvre pour étayer et renforcer la surveillance de la population sont-ils cependant vraiment nécessaires alors que notre système de santé public est aux abois ?

Durant le confinement, les moyens déployés pour verbaliser les contrevenants aux règles sanitaires posent de nombreuses questions. Ainsi, une drôle de scène a eu lieu près du village de l’Etang-Salé-les-Bains où un « nageur réfractaire » a été verbalisé par … un hélicoptère !

Sur de nombreuses plages et dans les montagnes, il est ainsi devenu courant que la surveillance soit réalisée par des des patrouilles aériennes. Si les règles du confinement doivent absolument être respectées, des moyens moins onéreux ne pourraient-ils pas être mis en œuvre pour les faire appliquer ? Dans un rapport d’information de 2014, le Sénat estimait entre 812 et 1 690 euros le prix de l’heure de vol des hélicoptères de la Gendarmerie.

« En Espagne, la police a été mobilisée pour distribuer dans les transports publics, gratuitement, plus de 10 millions de masques. En France, la police a verbalisé plus de 500 000 personnes. Cherchez l’erreur. » s’agace ainsi Cerveaux Non Disponibles

Ce nouvel appel d’offres pose donc deux questions : la dangereuse banalisation de la surveillance de masse, et la juste limite des moyens employés à la mettre en place.

Crédit photo couverture : FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

15 avril 2020 - Laurie Debove

 


 

Pourquoi le ministère de l'Intérieur vient-il de commander des drones ?

 

Par Fabien Leboucq 

Un drone diffuse les mesures de confinement sur la promenade des Anglais à Nice, le 20 mars 2020.
Un drone diffuse les mesures de confinement sur la promenade des Anglais à Nice, le 20 mars 2020. Photo Eric Gaillard. Reuters

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Place Beauvau vient de publier un appel d'offre d'un montant de près de 4 millions d'euros pour l'achat de plusieurs centaines d'appareils, assurant qu'il n'y a pas de lien avec leur utilisation dans la crise actuelle.

Question posée par Laurence le 14/04/2020

Bonjour,

Vous nous interrogez sur un appel d’offres publié le dimanche 12 avril sur le bulletin officiel des annonces de marchés publics (Boamp). Sobrement intitulé «Drones», il émane du ministère de l’Intérieur, via le Service de l’achat, de l’équipement et de la logistique de la sécurité intérieure (Saelsi, devenu le Sailmi).

Cet appel d’offres, repéré par un journaliste de Franceinfo, a donné lieu à de nombreux commentaires et reprises. Comme sur la page Facebook proche des gilets jaunes «Cerveaux non-disponibles», où une publication partagée plus de 11 000 fois s’interroge sur la temporalité de cette annonce : «Alors que l’hôpital est toujours en pénurie de masques et de blouses faute d’anticipation par l’Etat et qu’on fait plus de contraventions que de tests, la mécanique d’une société de surveillance se met en place. Voilà qu’on nous sort des bizarreries telles que des commandes de "micro-drones du quotidien" pour surveiller la population.»

«Nano-drones»

L’appel d’offres du ministère fixe un accord-cadre d’un montant total estimé à près de 4 millions d’euros hors TVA, sur quatre ans, et se décompose en quatre lots (les entreprises peuvent candidater pour obtenir un ou plusieurs lots). Il est possible de consulter les spécificités techniques de cet appel d’offres sur le site de la plateforme des achats de l’Etat, Place.

Le premier lot concerne environ 565 «micro-drones du quotidien», pour un prix estimé de 1,8 million d’euros (HT). Ces drones doivent faire moins d’un kilo, pouvoir voler pendant vingt-cinq minutes minimum, et à une hauteur de 100 mètres en étant discret. Ils doivent filmer en 4K ou UHD, et avoir une caméra thermique tout en transmettant à 3 kilomètres au moins.

Le deuxième lot concerne environ 66 drones «de capacité nationale», plus massifs (8 kilos maximum) mais également discrets à 120 mètres, pour un montant estimé de 1,58 million d’euros (HT). Ils doivent embarquer un objectif filmant à 500 mètres (avec un zoom x30 de jour), voler vingt minutes sans recharge et transmettre au moins à 5 kilomètres.

Le troisième lot concerne une vingtaine de «nano-drones spécialisés», pour un prix hors TVA de 175 000 euros. Ils doivent peser moins de 50 grammes, avoir vingt-cinq minutes minimum d’autonomie et transmettre leurs images à 2 kilomètres minimum.

«Besoins de la sécurité intérieure»

D’après l’appel d’offres, ces contrats comprennent, outre l’achat des équipements, leur «maintien en condition opérationnelle» et la formation des agents à leur maintenance. Ils s’inscrivent dans un «programme financé par des fonds de l’Union européenne», le Fonds pour la sécurité intérieure (FSI). D’après le site du ministère de l’Intérieur, le FSI se divise en deux volets : l’un centré sur les «frontières extérieures», et l’autre sur «la coopération policière, la prévention et répression de la criminalité, et la gestion des crises».

L’achat de drones sera-t-il fait, en partie ou entièrement, sur les deniers du FSI ? Et dans lequel de ses volets s’inscrit l’achat de ces équipements ? Le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à nos questions sur le sujet et se contente de nous écrire que l’accord-cadre répond aux «besoins de la sécurité intérieure (gendarmerie nationale, police nationale et sécurité civile)».

L’appel d’offres laisse aux entreprises jusqu’au 19 juin pour envoyer leur proposition, et celle-ci doit être valable pendant huit mois après cette date. Toutefois, le ministère ne nous a pas non plus communiqué la date à laquelle ces appareils entreront en fonctionnement.

«Sans lien avec la situation sanitaire»

Dans le contexte de crise sanitaire, l’utilisation de drones se généralise pour vérifier le respect des mesures de confinement, ce qui n’est pas sans inquiéter l’association de défense des libertés publiques la Quadrature du Net, qui a recensé plusieurs villes où les forces de l’ordre ont recours à ce dispositif. Une expérience de ce type, commencée à Nice, a par exemple été étendue à tout le département des Alpes-Maritimes où une entreprise privée de drone épaule policiers et gendarmes, selon l’agence spécialisée AEF. Dans d’autre cas, d’après l’agence, ce sont les drones de la gendarmerie qui sont utilisés, notamment sur les littoraux de Charente-Maritime, des Côtes-d’Armor, de Corse, du Pas-de-Calais, de Loire-Atlantique, du Var, ou encore «sur les berges du Doubs, en Haute-Garonne, ainsi qu’aux abords du lac du Bourget (Savoie)».

L’AEF chiffre à 300 le nombre de drones en dotation chez les gendarmes et à 110 chez la police nationale, notant que certains ont été déployés pour faire respecter le confinement à Marseille ou à Lille. La préfecture de police de Paris utilise ces équipements avec le même objectif dans la capitale, relève l’AFP.

Le ministère de l’Intérieur assure toutefois que la commande n’a rien à voir avec l’actualité : «Cet appel d’offres est sans lien avec la situation sanitaire actuelle, l’expression de besoin et les spécifications techniques ayant été consolidées au cours du second semestre 2019.» De précédents appels d’offres font état de commandes de drones de la part du ministère, mais pour des montants et des quantités moindres (233 000 euros en 2011, 315 000 puis 487 000 euros en 2015, 328 000 euros en 2016, par exemple).

 

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