Jarwal le lutin : la Création

Jarwal était surpris de ce bien-être qui l’envahissait à de brefs instants, de cette joie indéfinissable qui survenait sans aucune raison apparente. Cette idée que le monde qui l’environnait était extérieur à lui devenait absurde. Il n’y avait pas de rupture entre son observation et l’élément observé, ni entre lui, l’observateur et le Monde. Tout cela formait un Tout. Il en devinait même une impression encore plus fascinante. Le Monde existait à travers ses regards tout comme lui s’inscrivait dans ce Monde. L’un et l’autre se nourrissant. Deux éléments constitués de la même matière, animés de la même énergie, juste séparés en apparence par des formes multiples.

Il était un lutin entouré d’un Monde infini mais rien, en dehors de cette imagination illimitée de la Création, ne séparait les œuvres. Il y avait en lui, tout comme au cœur des arbres, des animaux, du ciel, de l’eau des éléments identiques. La Vie avait peut-être créé les formes pour accueillir des esprits capables d’observer la Vie.

La Vie s’observait à travers sa Création et elle existait par conséquent pour elle-même à travers l’attention que lui portaient toutes les formes créées. Les Kogis, les Maruamaquas, Gwendoline, le Petit Peuple, les oiseaux, les poissons, les arbres, les fleurs, les papillons et les chevreuils, les scarabées et les renards, tout ce qui vibrait au cœur de la Vie permettait à la Vie de se réjouir d’elle-même.

Peut-être ces formes innombrables n’étaient-elles que la matérialisation de la joie de la Vie pour elle-même, des émotions magnifiques qu’elle tenait à voir évoluer au cœur d’une nature mirifique. Les êtres humains et le Petit Peuple étaient peut-être nés de ses émotions les plus fortes. Peut-être représentaient-ils l’apogée de son amour pour elle-même. Et dès lors ces créatures portaient en elles l’ultime tentative de la Vie, l’apogée de son amour. L’objectif de ces formes animées, de ces âmes magnifiées consistait à honorer la Vie pour cet amour d’elle-même.

Tout ce qui vivait du flux originel portait un Amour ineffable. Seuls les hommes s’étaient séparés de cet Amour, avaient éteint cette conscience de la Vie en eux. Comme une création aléatoire, une tentative avortée, une esquisse inachevée. Les hommes devaient apprendre à devenir ce que la Vie leur proposait. Au risque de ne jamais devenir des êtres humains.   

Un sourire intérieur et cette envie irrépressible de serrer la main de Gwendoline. Un partage indispensable.

Elle le regarda intensément, une certaine surprise et puis cet abandon au bonheur qui devenait si simple. Des mots d’amour dans le silence brillant des yeux.

 

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