Les enfants et les fusils d'assaut.

 

Lors d'un "atelier découverte", un soldat a prêté des fusils d'assaut et des pistolets automatiques à des enfants à l'école élémentaire à Flastroff. Des sanctions pourraient être envisagées à son encontre. L'Express fait le point sur l'affaire.

Une enquête et de possibles sanctions. Des militaires ont permis à des écoliers d'une école élémentaire à Flastroff, âgés de 9 et 10 ans, de manipuler des fusils d'assaut Famas et des pistolets automatiques. La polémique est née d'une photo des bambins, armes en mains, publiée dans le Républicain Lorrain


Depuis deux jours, je lis des tas d'articles sur ce "scandale" et je me dis qu'il y a quand même une sacrée contradiction au regard de cette expérience et ce que les enfants voient du monde adulte quotidiennement. 

Imaginons que ce militaire chargé de "l'exercice" ait justement profité de l'expérience pour expliquer aux enfants qu'une arme est destinée à tuer et que leurs "jeux" video de guerre ne sont nullement le reflet de la réalité. Imaginons que ce militaire ait cherché à éveiller ces jeunes consciences à la réalité des combats, à la violence extrême, à la peur, à la perte des amis, au traumatisme. Imaginons que ce soldat ait souhaité simplement que les enfants ressentent l'émotion générée par une arme et la fascination qu'elle peut représenter et qu'en même temps, il en explique clairement l'extrême danger...Imaginons que ce militaire ait eu dans son intervention un objectif essentiellement éducatif... 

Faudrait-il le sanctionner ?

Mais alors, que doit-on faire de tous ces films ou ces séries télévisées qui mettent en scène des morts violentes ? Est-ce qu'il y a dans ces séries une analyse psychologique qui puisse atteindre la conscience des enfants ? Non. 

Que doit-on faire au regard des jeux videos ?

Que doit-on faire au regard des images de ce monde ?

Combien de millions d'enfants sont "abandonnés" devant ces images ? Combien de millions d'enfants irrémédiablement marqués ?

Est-ce qu'il y a une démarche éducative là-dedans ? Non. 

Il n'y a qu'une course à l'audimat en usant des pulsions les plus sombres des individus.

 

Alors, plutôt que de matraquer ce militaire, alors que personne finalement, dans les journalistes qui relatent les faits, ne sait exactement ce qui a été dit et comment cette "expérience" a été vécue par les enfants, il conviendrait davantage de s'attaquer fortement à cette ultra violence, non accompagnée, que des millions d'enfants subissent quotidiennement.....

Mes enfants ont tiré à la carabine un jour, dans le cadre d'une épreuve sportive. Ils ne sont pas devenus meurtriers pour autant. Les jeunes de lycées sportifs qui choisissent la pratique du biathlon (Ski de fond et tir à la carabine) ne deviennent pas des serial killers...

Tout dépend de "l'accompagnement" et de la conscience qui est développée...Lorsque je travaillais avec les enfants de ma classe sur les deux guerres mondiales, je ne pense pas qu'une seule fois dans ma carrière, un enfant ait eu envie ensuite d'aller à la guerre... Par contre, ceux qui auront passé des milliers d'heures, SEULS ou en bande, devant des jeux video ou des films, je ne suis pas persuadé qu'ils en sortent indemmes... 

Les journalistes parlent dans le vide, une fois de plus, ils imaginent, ils interprètent mais pendant ce temps-là, la violence télévisuelle, bien plus novice, continue tranquillement...Si, vraiment, on veut protéger les enfants, c'est par ça qu'il faut commencer. À la télé, quand j'étais petit, je regardais "Flipper le dauphin", "Thierry la Fronde", "Laurel et Hardy" , "Ivanhoé" etc etc...Maintenant, les enfants regardent en pleine journée, "Meurtres à Miami", "et autres boucheries sanguinolentes dont ils ne peuvent rien retirer d'autre qu'un profond malaise anxiogène. Je le redis : Tout dépend de l'accompagnement et personne ne sait ce que ce militaire a expliqué aux enfants. Et son intervention PEUT être bien plus pédagogique que ce que les journalistes croient..

Tout ce ramdam s'est construit une fois de plus sur une photographie. Des enfants allongés au sol avec des fusils d'assaut dans les mains. Une photographie est muette et ce sont les esprits qui la regardent qui la commentent.

 

Biathlon"Et pour cette photo-là ? Rien, aucune réaction ? Et là, en plus, les enfants tirent réellement sur la cible.

Oui, c'est normal, ce sont des enfants qui font du sport. Ils ne sont pas avec des militaires et des fusils d'assaut.

-Parce que ça change quelque chose au fait qu'ils utilisent une arme ? Pour un enfant, en tout cas, ça ne change rien. C'est le discours qu'il va entendre qui fera la différence. Un militaire n'est pas nécessairement un abruti...Mais il y a des animateurs sportifs et des entraîneurs qui sont de véritables dangers  pour les enfants. Il est donc impossible, a priori, de condamner une expérience comme celle-là. Pas à partir d'une photo.

-Quand même, les entraîneurs sportifs ne sont pas dangereux pour les jeunes !

-Allez donc vous mettre au bord d'un terrain de foot et on en reparlera....Dans une salle de boxe, les enfants apprennent le respect bien plus profondément que sur un terrain de foot. Là encore, il faut sortir des clichés. Tout comme il faut s'extraire des amalgams. L'un comme l'autre sont aussi nuisibles. D'ailleurs, qui vous certifie que l'entraîneur qu'on voit sur la ^photo, n'est pas en train de dire aux enfants ; "Allez, appliquez-vous, imaginez que la cible, c'est la tête du prof que vous détestez le plus".... On peut imaginer ce qu'on veut à partir d'une photo. Le pire comme le meilleur. 


 

 

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