Marine, Rémi, Léo

 

Marine, Rémi, Léo

Ces derniers jours, nous avons rejoint notre fille dans son espace de vie.

Au fond des bois.

En autonomie la plus grande possible.

L'endroit a été utilisé, par des gens morts depuis bien longtemps, une vie forestière construite sur l'exploitation des châtaigneraies et de multiples terrasses de cultures. 

Tout a été abandonné par les générations qui ont succombé à l'attrait des villes, au confort, à la vie moderne. 

Des décennies pendant lesquelles, la nature a réinvesti la place dans l'euphorie de sa puissance.

Les ronces, les aulnes, les vernes, les buissons, les murs effondrés, les terrasses recouvertes, les sources embourbées, les chemins disparus, effacés, comme n'ayant jamais existés...

Tout était à reconstruire. 

Un an qu'elle y accorde toutes ses forces.

Le travail accompli est considérable.

Des murs rebâtis, pierre par pierre, des escaliers soutenus par des piquets enfoncés à coups de masse dans un sol rocheux, des terrasses dégagées de toutes les broussailles, à la machette et à la hache, des plantes qui revivent et la nourrissent, le silence des lieux emplis par ses efforts, une douche solaire, des jerricans de vingt litres qu'il faut remplir et hisser en haut des escaliers, une piste qu'il faut entretenir, les pluies cévenoles qui ravinent les sols et obligent à reprendre la pioche et la pelle, le bois qu'il faut tronçonner, fendre, ranger et porter jusqu'à la cuisinière à bois, installée à la force des bras... 

Et ça n'est que du bonheur.

Parce que chaque travail achevé ne l'est que par sa volonté.

Nous ne sommes que des aides partielles. C'est elle qui mène son chantier.

Aujourd'hui, l'eau d'une source remplit les bouteilles, un panneau solaire lui donne l'électricité suffisante pour éclairer son abri, des terrasses aménagées et cultivées lui assurent son alimentation. 

Aucune dépense inutile. Le strict nécessaire. Le travail de la terre, des journées sur le rythme du soleil ou de la pluie, de la nuit, du jour, de la pleine lune, l'écoute attentive de la nature, la solitude volontaire, la simplicité comme fil conducteur. 

Nathalie et moi, nous l'admirons pour la force de ses convictions, nous l'aimons pour la détermination de ses actes, nous sommes fiers de l'énergie de son travail. 

C'est elle qui a raison. 

Elle est un élément d'une aube nouvelle, une autre humanité, une autre voie.

Le retour à la Terre.

 

Ses deux jeunes frères ont opté pour les études secondaires, Master et Doctorat. L'écologie comme fil conducteur.

Nous les admirons pour leur détermination à aller au bout de leurs projets, à apprendre, encore et encore, dans des cadres scolaires bien souvent rigides et absurdes dans leurs fonctionnements, leur rigidité ou leurs contradictions, la bêtise administrative et l'incompétence crasse de certains professeurs. 

Mais ils tiennent tête et n'abandonnent pas. 

Tous les trois formés à l'école de la montagne. Le marcheur n'abandonne pas à la première pente raide. Il fixe le sommet et nourrit ses forces de la puissance de ses rêves.

Marine, Rémi et Léo.

Tout notre amour pour eux. 

 

 

 

 

 

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