Mise en quarantaine

"Mise en quarantaine". L'expression est à la mode. Je m'éloigne quelques temps. Volontairement. Un temps indéterminé.

J'ai besoin de couper avec ce monde humain. De ne plus m'occuper de rien, de ne plus commenter, de ne plus suivre les faits et gestes de cette communauté humaine. Elle occupe trop de place en moi et je sais que de commenter son agitation ne sert finalement à rien.

Il m'importe en ce moment de retourner vers des contrées intérieures.

Il y a quelques années, j'ai écrit un roman très important pour moi, "Les Éveillés".

Il n'est pas publié pour la simple raison que je n'ai jamais décidé de sa publication et que je ne l'ai donc pas présenté aux éditeurs. Mais il y a deux nuits, j'ai rêvé de ces Éveillés...Un rêve extrêmement clair, aucunement chaotique comme le sont souvent les rêves. Il y avait un appel. Un appel à l'introspection. Je me suis réveillé avec le mot "intuition" à l'esprit. Et je n'ai plus beaucoup dormi ensuite.

Je suis allé relire ce que j'avais écrit ici sur l'intuition. Je sais combien ce "phénomène" a une importance considérable dans ma vie. Certaines décisions qui n'avaient, a priori, aucun sens et qui se sont imposées. 

« Il y a pour les Éveillés un monde unique et commun mais chacun des endormis se détourne dans un monde particulier. » Héraclite.

Les Éveillés, ce sont ceux qui ont assimilé à la fois l’ordre de la pensée et l’ordre de la Nature.

 

L’intuition est une pensée directe sans le passage par le raisonnement. Ne serait-ce pas la plus grande sagesse que d’y parvenir en toutes circonstances ? De parvenir à rester ancré dans la compréhension du réel en joignant la raison à cette perception directe, spontanée, immédiate, fulgurante…

L’intuition est la captation directe du réel par la conscience alors que la raison explore longuement ce réel jusqu’à commettre l'effroyable erreur d'en faire « sa » réalité…

Mais il est délicat de s’en tenir à cette intuition dès lors que s’y adjoint ainsi une raison non domptée, un catalogue de conditionnements jamais analysés. Car cette intuition peut n’être dès lors qu’une extension de cette raison falsifiée, une sorte d’enluminures, une hallucination. Cette raison est même capable d'anéantir l'intuition, de la brider, de la falsifier, de culpabiliser l'individu, de se moquer de lui, de le torturer jusqu'à ce qu'il abandonne, épuisé et honteux, toute tentative de captation, plus aucune fulgurance, plus aucun ressenti qui ne soit raisonné, plus aucune flamboyance, plus jamais ce rayonnement foudroyant... Etre raisonnable jusqu'à tuer en soi toute vie...

Je le refuse. Je veux comprendre, je veux aimer l'intégralité de ce qui m'est proposé.

C'est la Vie que j'aime.

Il me semble indispensable pour atteindre une quelconque sagesse d’établir au préalable un état de conscience absolument libre. Non pas qu’il soit possible de se défaire intégralement des données éducatives, des concepts issus de la société, de la morale, de l’autre…Mais il est possible d’en établir la liste, d’en identifier chaque paramètre, comme un archéologue.

Je ne crois pas que l’intuition puisse être libre si la raison ne l’est pas.

Connaître les errances intérieures permet d’œuvrer à la lucidité. C’est là que l’intuition peut naître.

Je ne crois pas à un état de béatitude absolu, pas à mon niveau, je n’en ai pas les capacités. Mais je peux me lancer sur la route. Raisonnablement et intuitivement, les deux entités associées dans un cheminement commun, une osmose constante.

Qu’en est-il donc de cette intuition ?

Elle contient à mon sens la nature de la Nature.

« Quelle est la nature de ce problème ? »

L’expression s’intéresse non pas au problème lui-même mais à sa source.

Je voudrais comprendre la nature de la Nature…

Quelle est sa source ?

A-t-elle une intention ?

La question de l’intelligence de la Nature ne se pose plus pour moi. C’est une évidence. Mais je n’en ai aucune preuve. Je n’ai pas un niveau de connaissances suffisant. C’est juste une intuition…Justement.

Est-ce que la Nature elle-même éveille cette intuition en moi ou est-ce juste une imagination débridée, un désir qui prendrait forme, qui se persuaderait lui-même d’avoir raison. La raison… Dans ce simple exemple, on voit bien à quel point, il est déraisonnable de se croire maître de la raison.

Les hommes peuvent toujours trouver de multiples raisons aux errements de notre raison. La science, par exemple, s'évertue encore, dans ses retranchements les plus conservateurs, de nier l'impensable.

Mais je suis une énigme pour la science. Trois hernies discales en trente ans, jambe gauche paralysée à chaque crise. Inopérable. Un cauchemar, un calvaire dans l'antichambre de la mort. Et puis la rencontre avec une médium magnétiseuse. Quatre heures entre ses mains, entre ses mots. Je suis sorti en marchant, j’aurais pu rentrer chez moi à pied.

 

LES ÉVEILLÉS : Au-delà du réel

 

Je portais l’âme de mon frère et mon dos n’en pouvait plus. Mon âme mortifiée coulait son mal-être dans ma colonne, la pièce qui tient debout…Dans quelle dimension étais-je parti ? Qui est intervenu ? Qui a libéré en moi l’âme de mon frère ? Comment cette entité a-t-elle fait entrer la délivrance dans mes disques vertébraux ? Médicalement parlant, c’est impossible…

La Nature a une intention, une capacité d’intervention. Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs ? De quel droit pourrions-nous considérer que l’entité créatrice n’a pas de pouvoir d’intervention ?

La source de Tout n’aurait aucun pouvoir sur elle-même ?

C’est absurde.

Je ne crois pas que nous soyons lancés dans la vie sans intention. Il y a quelque chose à comprendre. La nature de la Nature. Quel est son projet ?

La Vie, dans cette expérience, a ouvert une brèche en moi. Une déchirure dans le voile qui couvrait ma conscience. Pourquoi ?   

J’ai l’intuition qu’il s’agissait de m’apprendre à user de ma raison, à en user pleinement, non pas dans les schémas archaïques des transmissions mais dans un cheminement individuel, épuré.

Il est temps que je retourne sur ce chemin et l'agitation de la communauté humaine est un obstacle.

Depuis deux ans, une très grande partie du monde humain est accaparée par la pandémie et ses conséquences. Et moi aussi.

Crise sanitaire, crise économique, crise sociale, crise climatique, crise écologique. Les archives des sites d'informations et des réseaux sociaux tournent autour de ça. C'était inévitable. 

Mais qu'ai-je appris de moi, profondément, réellement, dans la captation que j'ai laissée s'installer, dans le commentaire constant de l'état du monde ? Rien de fondamental sinon le fait que tout cela génère une absorption de soi.  Une forme d'effacement, un éloignement, un arrachement, une couverture. On dit d'ailleurs parfois dans le milieu policier que tel individu a une activité sous un faux rôle, une "couverture".

"Dans les domaines de la police et du renseignement, une couverture est une activité destinée à masquer les fonctions réelles d'un officier traitant."

Notre façon de vivre, connectée au monde humain, à son agitation, n'est-elle pas une sorte de couverture au regard de ce que nous sommes réellement ? Ne menons-nous pas un double jeu ? Un double jeu qui nous priverait de l'exploration profonde de l'être réel, comme si cette fameuse "couverture" avait fini par endosser le rôle principal. Et si c'est bien le cas, ne s'agit-il pas d'une trahison personnelle ? 

J’ai rêvé des Éveillés. J'ai l'intuition que je dois comprendre le sens de cette visite.

Je me retire.

Prenez soin de la Vie en vous. 

 

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Commentaires

  • Thierry LEDRU
    • 1. Thierry LEDRU Le 20/12/2021
    Bonjour Laura
    Comme expliqué dans le texte, je prends de la distance. Après tout, vivre dans la Creuse, c'est fait pour ça :)
    Passe de bonne fêtes.
  • Laura Millaud
    Merveilleux livre qui meriterait largement d"etre édité !
    Comment ça tu t'eloignes encore plus ?? :(

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