"Mordue de viande"

A force de le dire, de le hurler, de l'afficher, il va bien y avoir quelques centaines, quelques milliers, quelques millions de personnes que ça finira par toucher. Voilà douze ans que je ne mange plus d'animaux, ni terrestres, ni aquatiques. Et je m'en porte très bien, physiquement et psychologiquement. Je ne suis plus acteur de ce désastre. 

 

Mordue de viande, l’Europe alimente la crise climatique par son addiction au soja

  

Accueil

Documents clés

Mordue de viande, l’Europe alimente...

Publié en 2019

Agriculture, Forêts

En Europe de l’Ouest, une personne consomme en moyenne 85 kg de viande et 260 kg de produits laitiers chaque année. C’est plus du double de la moyenne mondiale. Si cette surconsommation de protéines animales pose un grave problème de santé publique, elle a aussi un impact environnemental et social désastreux. La majorité de la viande et des produits laitiers consommés en Europe proviennent d’élevages industriels où les animaux sont nourris avec du soja issu de la destruction d’écosystèmes en Amérique du Sud. C’est ce que démontre ce rapport de Greenpeace, intitulé « Mordue de viande, l’Europe alimente la crise climatique par son addiction au soja »

CONSULTER LE RAPPORT

La culture industrielle du soja contribue à la destruction d’écosystèmes précieux

L’Amérique du Sud regorge de forêts et de savanes arborées uniques : l’Amazonie, le Gran Chaco ou encore le Cerrado renferment des trésors de biodiversité et constituent de précieux remparts contre le dérèglement climatique. Malgré leur importance capitale, ces trois écosystèmes disparaissent : ils sont détruits pour être remplacés par des champs de soja.Ce soja est destiné à satisfaire l’appétit dévorant de l’élevage industriel européen. L’Europe est en effet accro au soja sud-américain, dont la production ne cesse d’augmenter pour répondre aux besoins de l’industrialisation de notre élevage.

Cette addiction a impact énorme sur les écosystèmes. Elle a participé à la déforestation de l’Amazonie brésilienne. Aujourd’hui protégée de l’expansion du soja grâce à un moratoire, le gouvernement d’extrême-droite de Jair Bolsonaro fait cependant peser de sérieuses menaces sur la première forêt tropicale du monde. La culture du soja contribue désormais à détruire les régions du Gran Chaco et du Cerrado. Le Cerrado aurait ainsi déjà perdu près de la moitié de sa végétation naturelle, soit environ 88 millions d’hectares : une superficie équivalente 1,4 fois la France.

Impacts environnementaux, sanitaires et sociaux de la culture industrielle du soja

Le recours quasi-systématique aux pesticides et aux OGM dans la culture industrielle du soja en Amérique du Sud représente une grave menace pour la biodiversité et les communautés locales. Au Brésil et en Argentine, plus de 95 % du soja produit est génétiquement modifié. Depuis l’introduction des cultures transgéniques au milieu des années 1990, l’utilisation de pesticides par unité de surface a augmenté de plus de 170 % en Argentine comme au Brésil. L’Europe est bien consciente du danger, puisqu’aucune des variétés de soja GM utilisées au Brésil et en Argentine n’est autorisée à y être cultivée, et plus d’un tiers des pesticides actuellement autorisés au Brésil ne seraient pas autorisés par l’UE ! Ainsi, les milliers d’espèces endémiques ou fragiles vivant dans les régions du Gran Chaco, du Cerrado et de l’Amazonie sont directement mises en péril par l’agriculture intensive.

La culture intensive du soja menace également la santé humaine. D’après le Rapporteur spécial du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, les autorités brésiliennes recensaient 5 501 cas d’empoisonnement aigu aux pesticides en 2017, soit près du double par rapport aux chiffres de 2007.

Cette production a aussi un impact social considérable. En effet, son essor aurait favorisé de graves violations des droits des autochtones, travailleurs et communautés locales, manifestées entre autre par des déplacements de population et des formes d’esclavage. En parallèle, le pouvoir politique et économique des entreprises qui contrôlent la production et le commerce du soja ne cesse de s’accroître, et de plus en plus de terres se concentrent dans les mains d’une poignée de grands propriétaires.

L’Europe, folle de viande

En Europe, les élevages sont de moins en moins nombreux mais de plus en plus vastes et industrialisés. Cette industrialisation de notre élevage va de paire avec la hausse de la production du soja en Amérique du Sud qui provoque l’aggravation des problèmes précédemment cités. L’UE importe en effet environ 33 millions de tonnes de soja chaque année, majoritairement en provenance d’Amérique du Sud, et 87% du soja utilisé en Europe est  destiné à l’alimentation animale. La production et la consommation de viande dans des quantités industrielles font planer de nombreuses menaces en Europe.

Le niveau européen de consommation de viande et de produits laitiers entraîne en effet d’importants problèmes de santé publique. De nombreuses études ont en effet pointé du doigt notre niveau actuel de consommation de viande, lequel augmenterait le risque de diabète, de maladie cardiaque et de cancer.

De plus, l’élevage industriel est un danger pour nos campagnes et celles et ceux qui les font vivre. Dépendant des cours mondiaux, les paysans et paysannes traversent une crise sans précédent. Ils disparaissent de nos campagnes avec l’essor de fermes-usines qui défigurent nos paysages et qui sont un cauchemar environnemental et sanitaire pour les riverains et riveraines. Les conditions d’élevage des animaux dans les exploitations industrielles sont par ailleurs catastrophiques : elles engendrent cruauté et souffrance, et sont tout simplement inacceptables.

Aujourd’hui, l’Europe surproduit et surconsomme de la viande et des produits laitiers. Ce sont les politiques agricoles mises en place par l’UE elle-même qui entretiennent ce système alimentaire qui produit viande et produits laitiers en quantités industrielles au détriment de l’environnement, du climat, des questions sociales et de la santé de ses propres habitants et habitantes. Il est urgent de sortir de ce système en opérant une véritable révolution alimentaire et agricole. Cela passe par la réforme de nombreuses politiques européennes encadrant la production agricole, au premier rang desquelles figure la Politique agricole commune, mais aussi par une réduction globale de la consommation de viande. Si l’Europe veut résoudre les problèmes environnementaux, sociaux et sanitaires posés par l’élevage industriel, alors elle n’a d’autres choix que d’opérer une véritable révolution écologique de notre système de production alimentaire.

 

blog

Ajouter un commentaire