Qui êtes-vous ?

Une étrange impression.

Cela fait un paquet de temps que j'écris ici. Plus d'un million de pages lues. Et quasiment aucun commentaire proportionnellement parlant... S'il n'y a rien à en dire, pour quelles raisons y a-t-il encore autant de lectures ? Pour quelles raisons les lecteurs et lectrices n'interviennent-ils pas ? Ces textes n'éveillent donc rien ? Mais alors pour quelles raisons sont-ils encore lus ? 

Il y a là un paradoxe que je ne m'explique pas. Que dois-je en comprendre ? 

On pourrait penser que le protocole de validation des commentaires avec la copie d'un captcha pour se protéger des spams (qui passent malgré tout parfois...) finit par rebuter mais alors je peux en déduire que l'émotion générée par le texte n'est pas suffisamment puissante pour nourrir la volonté de partager les pensées par l'écriture d'un avis, d'une réflexion, d'une émotion.

Là, il n'y a quasiment rien. Le dernier commentaire remonte à plusieurs mois.  

Alors qui êtes-vous ?

J'en arrive à me demander parfois s'il ne s'agit pas de "robots" programmés par l'hébergeur lui-même afin de gonfler les statistiques de fréquentation et augmenter la visibilité dans les moteurs de recherche.

Parfois, j'aimerais mieux que ça soit d'ailleurs.

Plutôt que des humains qui n'ont rien à échanger et qui passent là par hasard ou par ennui ou pour je ne sais quelle raison.

Oui, j'éprouve un certain désoeuvrement depuis quelques temps. 

Une interrogation très forte quant à l'utilité de tout ça.

Pourquoi écrire finalement ce que je suis parfaitement capable de penser tout simplement ? Il est vrai que l'écriture instaure une certaine organisation de la pensée et qu'elle favorise la profondeur de la réflexion. Mais je pourrais tout aussi bien alors les écrire sur un cahier ou les garder dans mon ordinateur. Pourquoi les partager ? Pourquoi ai-je éprouvé ce besoin ? 

Un désir de reconnaissance ? Non, je n'en ai aucunement besoin. Sinon, il y a bien longtemps que j'aurais arrêté d'écrire au regard du volume de ventes de mes romans...

Ici, je ne gagne rien, ni financièrement, ni en notoriété. Je pourrais supprimer ce blog que cela ne changerait rien et ne toucherait personne au point que cela génère un manque, un vide. 

Non, je ne cherche aucune reconnaissance et je ne l'ai jamais fait.

Peut-être alors qu'il est "naturellement" insuffisant de penser pour soi et que l'esprit humain a besoin de partager ses réflexions, son imaginaire, ses émotions. Peut-être que je ne fais que répondre inconsciemment à un phénomène instinctif.

Il se peut aussi que mes réflexions ne prêtent pas à une réponse, peut-être que je suis trop directif ou affirmatif et que ma pensée ne laisse pas de place à l'échange, peut-être que mon écriture est trop rigide et ne laisse pas de place à la liberté d'expression, peut-être que les articles ne sont jamais lus jusqu'au bout et que dès lors, le dépit n'encourage pas à l'effort d'écrire un commentaire.

Tout ça, je ne peux que l'imaginer. Je n'ai aucune certitude.

J'éprouve par contre une certaine incompréhension quand je vois sur facebook le nombre de commentaires sur des articles traitant du développement personnel écrits par des personnes connues. 

Là, je me demande s'il n'est pas "réjouissant" pour le lecteur qui commente de voir son nom apparaître sur la page d'un individu célèbre, une certaine forme "d'importance" diffusée par le lieu. 

Bon, je ne suis pas célèbre. Effectivement, ça pourrait expliquer le pourquoi du comment. Oui, mais alors, pourquoi ce soir, le compteur affiche plus de 500 pages lues à 23 heures ?

C'est ça qui m'interpelle. 

Pourquoi écrire des romans ?

Voilà où tout ça me mène.

Trois romans édités, quelques milliers de livres vendus en tout. 

J'ai beaucoup appris sur moi à travers ces milliers de pages, ces milliers d'heures d'écriture, ces milliers d'heures à y penser.

Est-ce que cela méritait d'être partagé ? Est-ce que cela a servi réellement à quelqu'un d'autre qu'à moi ? "Servi" dans le sens d'une vie meilleure.

Je ne sais pas.

Alors pour quelles raisons essentielles cela devrait-il être partagé ? Ce temps consacré à cette tâche est-il un temps perdu ? 

Je ne sais pas.

Mais il va falloir que j'y réponde.

Cela devient nécessaire. 

 

 

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