Spinoza et la démocratie

Thierry Ledru

6 min · 

Spinoza, encore et toujours, incontournable et indiscutable, clair, juste, intègre et lumineux, visionnaire de ce que la démocratie devrait être et n'est plus depuis longtemps...



"On pense que l'esclave est celui qui agit par commandement et l'homme libre celui qui agit selon son bon plaisir. Cela cependant n'est pas absolument vrai car en réalité, être captif de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c'est le pire esclavage et la liberté n'est qu'à celui qui de son entier consentement vit sous la seule conduite de la Raison. 
Quant à l'action par commandement, c'est à dire l'obéissance, elle ôte bien en quelque manière la liberté, elle ne fait pas cependant un esclave sur-le-champ, c'est la raison déterminante qui le fait. 
Si la finalité de l'action n'est pas l'utilité de l'agent lui-même, mais de celui qui le commande, alors l'agent est un esclave, inutile à lui-même ; au contraire dans un Etat et sous un commandement pour lesquels la loi suprême est le salut de tout un peuple, non de celui qui commande, celui qui obéit en tout au souverain ne doit être dit un esclave inutile à lui-même mais un sujet. 


Ainsi, cet Etat est le plus libre, dont les lois sont fondées en toute Raison, car dans cet Etat, chacun, dès qu'il le veut, peut être libre, sous la conduite de la Raison.


De même encore les enfants, bien que tenus d'obéir aux commandements de leurs parents, ne sont cependant pas des esclaves; car les commandements des parents ont très grandement égard à l'utilité des enfants. 
 

Nous reconnaissons donc une grande différence entre un esclave, un fils et un sujet, qui se définissent ainsi. 
 

Est esclave qui est tenu d'obéir à des commandements n'ayant aucun égard qu'à l'utilité du maître commandant ; fils qui fait ce qui lui est utile par le commandement de ses parents ; sujet enfin, qui fait par le commandement du souverain ce qui est utile au bien commun et par conséquent aussi à lui-même.


Par ce qui précède, je pense avoir assez montré les fondements de l'Etat démocratique, duquel j'ai parlé de préférence à tous les autres, parce qu'il semblait le plus naturel et celui qui est le moins éloigné de la liberté que la Nature reconnaît à chacun. Dans cet Etat en effet, nul ne transfère son droit naturel à un autre, de telle sorte qu'il n'ait plus ensuite à être consulté, il le transfère à la majorité de la Société dont lui-même fait partie. 
Et dans ces conditions, tous demeurent égaux, comme ils l'étaient auparavant dans l'état de Nature".


 

Nathalie touche 1200 euros par mois à la retraite après avoir travaillé 35 ans dans l'éducation nationale comme institutrice puis comme psychologue scolaire après avoir repris les études à 35 ans : licence, master 1, un an de formation en école spécialisée puis master 2 de psychologue clinicienne. Elle n'aura jamais de "revalorisation". C'est à dire qu'elle restera désormais sous le SMIC.

Loin de moi l'idée de critiquer le niveau du SMIC mais j'imagine par contre une femme seule avec ce montant et j'imagine tout autant le désastre pour un artisan à la retraite...On part en fait sur une génération de retraités qui devront trouver un emploi, déclaré ou pas, comme au Royaume-Uni où des personnes de 70 ans tentent de survivre en distribuant des journaux, en étant caissière, livreurs, à faire de l'entretien de jardins ou à cultiver un mini potager pour avoir de quoi faire une soupe...Je ne vais pas parler des salaires dans le milieu politique parce que je vais devenir grossier. 
 

Dans un an et demi, ça sera mon tour et si j'arrive à 1400 euros, ça sera le plafond...37 ans à enseigner à de jeunes enfants, plus de mille enfants sur ma carrière. 
La question que je me pose ce soir est très simple : Si ces retraites correspondent à l'importance accordée par l'Etat à la fonction enseignante, est-ce qu'ils considèrent par la même que leurs statuts de personnalités politiques a davantage d'importance ?... Ils ont pourtant tous eu des enseignants et leurs connaissances viennent de leurs parcours scolaires. Serait-ce donc qu'une fois sortis du cursus, ils en oublient d'où ils viennent ?

 

On peut d'ailleurs considérer que le problème est le même avec le milieu agricole. Ce que les "Hauts dignitaires" mangent, ils le doivent au travail du secteur primaire. Est-ce donc qu'une fois atteints les sphères du pouvoir, toutes ces personnes en oublient d'où ils viennent et ceux qui les nourrissent ? On connaît tous les difficultés du monde paysan. Pas pour rien qu'on y compte le plus grand taux de suicides. 
 

On peut aussi ajouter, et c'est bien pire encore, au regard de toutes les "affaires" de harcèlement sur les femmes dans la sphère politique qu'ils en oublient, tous ces hommes, qu'ils sont sortis du ventre de leur mère.
 

Au final, il me semble que plus l'ascension dans la sphère politique atteint des proportions importantes, plus leur amnésie s'accroît. En même temps, quand j'écoute NV Belkacem, je réalise à quel point la folie de ce milieu atteint les femmes tout autant que les hommes. 
 

Maintenant, désolé de le dire, mais si tout cela est encore et toujours possible, c'est bien parce que le peuple n'a toujours pas le cran de les bannir à tout jamais. 
Bien sûr, qu'une autre société est possible. 

 

Imaginons quelques secondes que tout cela sera toujours aussi pitoyable pour nos petits-enfants, voire dans cent ans, voire plus loin encore.
Ce que je supporte difficilement aujourd'hui, ce sont les plaintes des votants... Qu'ils se taisent à tout jamais ou qu'ils commencent à réfléchir.

La Raison a disparu. Il ne reste que le formatage, la pensée unique, l'absence de courage, la faiblesse de penser que tout cela est inéluctable et pire encore qu'il faut continuer à s'en remettre aux Puissants pour espérer encore une amélioration. 

Rousseau, Spinoza, Blaise Pascal, Diderot, Kant, tous ceux-là ont disparu. Combien sont-ils à les lire encore ? 

La masse pleure la disparition d'une idôle de la chanson quand elle devrait pleurer la mort des philosophes. 

On a la misère sociale qu'on mérite dès lors qu'on accepte la misère de la soumission intellectuelle.

 


 

 

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