Sur l'autisme

 


Henri Leconte, beau-père d'un enfant autiste : «Ça vous change un homme»

L’ex-champion de tennis Henri Leconte fait partie des personnalités françaises qui participent à la campagne d’information de SOS Autisme France, lancée ce jeudi 2 avril. Avec beaucoup d’émotion, il nous raconte les raisons de cet engagement.

 

PROPOS RECUEILLIS PAR FLORENCE DEGUEN | 01 Avril 2015, 19h11 | MAJ : 01 Avril 2015, 20h44
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«L’autisme n’est pas une maladie incurable», souligne Henri Leconte, évoquant le cas de son beau-fils, Jules, 13 ans. (AFP.)

Vous faites partie des personnalités qui ont accepté de participer à la campagne de SOS Autisme France... Pourquoi ? 
HENRI LECONTE. Je suis très heureux que ça bouge, que les artistes et les sportifs se mobilisent.

.. Ma femme Florentine a un enfant autiste qui s’appelle Jules. Etre le beau-père d’un enfant autiste, je peux vous dire que ça vous change un homme. Je vis avec lui depuis qu’il est tout jeune... Il est parti de très très loin, ce gamin. Heureusement on a eu la chance de rencontrer Francis Perrin à Roland-Garros, qui nous a expliqué qu’il y avait des méthodes qui fonctionnaient ailleurs. Alors on est allés aux Etats-Unis. Puis dans un centre à Villeneuve d’Ascq, dans le Nord. Jules, qui ne disait pas un mot, parlait trois ans plus tard. En France, on nous disait : « Faites le deuil de votre enfant ». Vous vous rendez-compte ? Aujourd’hui Jules a 13 ans, il fait 1,84 m, a encore besoin d’aide, mais il va dans une école normale. Il a ses copains, ses joies, ses peines, sa vie. L’autisme n’est pas une maladie incurable.

Quel est au juste le problème de la 
France ? 
En 
France, sans détermination ni moyens financiers, on ne peut pas guérir son enfant. 95% des couples divorcent quand ils ont à affronter au quotidien l’autisme d’un enfant dans ce contexte désespérant. J ‘ai eu la chance d’avoir une femme extraordinaire qui s’est battue comme une folle, à fond. Encore aujourd’hui, c’est un combat. On est obligés de changer Jules d’école à cause des quotas... Mais une majorité d’enfants n’ont même pas la chance d’y aller. Les enfants autistes ne sont absolument pas intégrés et sociabilisés. On les enferme dans un carcan, un monde parallèle, on leur donne des médicaments et on les considère comme des gogols. Or, Jules, c’est un ordinateur de compétition, dans lequel il faut rentrer les logiciels. Et de temps en temps, il faut faire reset. Il est très émotif, il pleure pour des choses bénignes, mais il est autonome. Et très attachant. 

Vous pensez que le monde du sport doit faire un effort pour accueillir ces enfants-là ? 
Le monde du sport a énormément à faire vis à vis du handicap en général, pas seulement de l’autisme. On n’est vraiment pas dans le coup par rapport à d’autres pays, comme les Etats-Unis ou la Belgique, pas réceptifs à tout ce qui n’est pas dans la norme. Ce n’est pas si facile, c’est vrai, d’accueillir des enfants autistes dans un club. Jules, j’ai essayé de lui faire faire du tennis. Mais si on commence sur un cours et que la fois suivante le cours est pris, c’est le drame. Et puis il a beaucoup de mal avec les distances... En tout cas, il y a des gamins que cela métamorphose. Que ce soit le tennis, le tir à l’arc ou la course à pied, le sport fait un bien fou. Et les fédérations doivent s’ouvrir. Ça nécessite des aménagements, c’est vrai. Mais par dessus tout un changement de regard.

VIDEO. Ruben et Henri Leconte, le spot de campagne réalisé par Patrice Leconte

 

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