Sur le spécisme (2)

 

Sur le spécisme. (1)

 

"N’oublions pas que l’humanité tue environ mille milliards d’animaux chaque année, en grande partie des animaux sensibles donc qui ressentent la mort.

Mon fils qui est en terminale apprend encore, en cours de philosophie, que la conscience est le propre de l’homme.

C’est complètement débile ! Il est tout à fait certain qu’un très grand nombre d’autres espèces animales ont une conscience au sens fort du terme, une conscience du monde , une conscience de soi et de soi dans le monde, ça ne fait même plus débat aux scientifiques mais on s’est tellement accroché à ce propre de l’homme que nous avons passionnément aimé, que la question n’est pas mise sur la table.

Je me permets d’ailleurs de rappeler que le pire, à mon sens, ce ne sont même pas les conditions d’abattage qui sont extrêmement scandaleuses, le pire c’est en fait l’absence de vie qui précède l’abattage.

Beaucoup d’animaux n’ont jamais eu un seul instant la capacité de réaliser leur être. Prenons un lapin, son corps est fait pour bondir, tout le corps du lapin est fait pour ce geste-là. La plupart des lapins qui vivent aujourd’hui en France n’ont jamais bondi ! Ils vivent dans des clapiers qui sont grands comme leur corps et n’ont pas pu faire une seule fois pendant leur non vie, ce pourquoi leur corps est dessiné...

Donc moi je dirais que c’est un crime contre l’ontologie de la vie qui est en train de se déployer en ce moment.

Il faut absolument avoir en tête qu’aujourd’hui sur terre, l’essentiel de la biomasse des mammifères, c’est de la viande d’abattage! Ce sont des vaches et des cochons dans des fermes usines. Donc quand on montre aux enfants à l’école des livres avec des chevreuils, des souris, des campagnols, des biches etc.. C’est une imposture!

Ça ne ressemble plus à ça la vie sur terre !

95% de la masse des mammifères sur terre, aujourd’hui, ce sont essentiellement des animaux qui ne verront jamais la lumière du soleil, qui n’auront jamais un rapport sexuel, d’affection ou de sociabilité et qui sont en train d’attendre le moment où la hache va leur trancher le cou !

Donc on a déjà transformé cette planète en enfer !

Moi ce que j’aimerais, c’est qu’on en parle !

Imaginez que le chef de l’Etat fasse une conférence de pesse ou une intervention au journal de 20h de TF1 où il parlerait de cette question pendant vingt minutes, tout le monde dirait mais attendez, il se passe des choses sérieuses dans le monde, comment peut-on parler d’un sujet aussi frivole ?

Et donc je trouve que la question, pour le moment, c’est déjà d’accepter que ce sujet soit discuté.

Jusqu’à maintenant quand on pose la question face à la catastrophe écologique « est-ce qu’on va s’en sortir » pour l’immense majorité des intellects, le « on » ne se réfère qu’à l’humanité et on oublie qu’on partage cette planète avec sept millions d’autres espèces qui littéralement passent en dommage collatéral et ça, c’est pas une question scientifique, c’est une question éthique !

La question du spécisme n’est pas encore une question sérieuse..."

Aurélien Barrau,

dialogue avec des étudiants HEC, 18.11.2020

 

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