KUNDALINI (12)

"Il lui expliqua comment choisir les galets, comment les observer pour en extraire les points d’équilibre, comment sentir les cohésions possibles, les paroles à prononcer, la promesse de n’être jamais en colère contre les galets instables, contre les effondrements, contre les désillusions, l’acceptation de ses propres insuffisances, de l’apprentissage de la patience…Il lui détailla la façon dont il appliquait cette méthode dans sa vie quotidienne.

« Parfois, nous pouvons nous mettre en colère contre des objets ou des animaux, des plantes, des humains, des pensées, des cauchemars, des problèmes de santé. La liste est longue. Mais il est essentiel de comprendre que cette colère ne changera rien à la situation, que cette émotion exacerbée est un poison qui nous prive de notre bien-être. Quand je dis : « Mais où sont ces clés bon sang ? » je transfère en fait ma colère sur un objet qui n’a bien évidemment aucune responsabilité. C’est juste un moyen de ne pas me reprocher mon incapacité à ranger mes affaires. Si je dis par contre : « J’ai encore perdu mes clés, faut que je me décide à m’organiser », l’impact est différent car cela laisse entendre que je suis conscient de mon problème et que je suis décidé à le régler définitivement. Maintenant, si je viens adjoindre à cette observation une colère tenace, je me prive moi-même de la lucidité qui m’aurait permis de retrouver ces clés et de réfléchir à la méthode éventuelle pour ne plus les perdre. C’est très simple en fait. Même dans les situations où je n’ai aucune responsabilité, il me reste celle de ne pas me perdre dans une colère invalidante. Que la colère survienne, on peut facilement l’imaginer. Mais elle sera l’opportunité à saisir pour l’individu de retourner son attention sur lui-même et de s’observer. Faire de la colère une leçon pour soi. Ici, avec les galets, si vous leur reprochez de tomber, vous n’apprendrez rien. »

 

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Il lui parla longuement encore avant de l’inviter. Elle écouta avec attention. Et avec ce plaisir immense de le sentir si impliqué pour elle.

« Je pense même que les émotions non contrôlées ont un impact sur la réalité. Non pas directement mais par ricochet. Dès lors que nous perdons pied en nous-mêmes, dès lors que nous agissons sur le coup d’une émotion qui nous submerge ou d’une pensée récurrente, d’un phénomène interne qui nous obscurcit par sa puissance, et bien, nous modifions la réalité puisque nos actes seront entachés de notre trouble. Quelle est cette réalité dès lors, cette réalité originelle, celle qui n’aurait pas dû être ainsi violentée ? Pour ma part, je l’appelle le Réel, avec une majuscule, et non la réalité. Le Réel obéit à l’ordre de la vie alors que notre réalité est issue de nos existences. On pourrait dénombrer autant de réalités qu’il y a d’individus. Mais il n’y a qu’un Réel. C’est lui que je veux honorer, à chaque instant. »

 

 

 

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