Vaccinés/Non vaccinés

Cette scission, cette distinction, cette opposition, c'est encore et toujours l'ego encapsulé. Le fonctionnement terriblement puissant du jeu des étiquettes.

"Tu es dans ce groupe, moi je suis dans celui-là. Et le mien est meilleur que le tien. " - N'importe quoi, c'est évident que tes arguments ne tiennent pas la route. -Ah,bon, et tu peux me dire pour quelles raisons ? "etc etc etc

Les influences subies, les manipulations, les conditionnements, les formatages, les prétentions, les certitudes, les idées figées, l'absence de lucidité, l'adhésion à la masse ou la rébellion contre le nombre, tout ça n'est qu'un vaste fatras conçu et entretenu par l'ego. Le positionnement d'un côté ou d'un autre n'est bien souvent qu'une recherche d'appartenance, la quête frénétique de l'individu qui ne veut pas être esseulé, qui a intellectuellement besoin d'être reconnu en tant que tel, un vacciné ou un non vacciné, de gauche ou de droite ou dans les extrêmes, un athée ou un croyant, un agnostique ou un panthéiste, un bouddhiste ou un musulman, un vegan ou un omnivore, un spéciste ou un anti-spéciste etc etc etc.

Nous sommes sans cesse amenés à nous positionner et dès lors à défendre nos positions comme si notre existence même en dépendait.

 

Je trouve assez déprimant que ce besoin d'étiquettes soit encore présent quand il s'agit d'une démarche spirituelle et finalement, ça me laisse penser que ce moi dérivé qui a besoin de s'identifier exerce toujours son influence, même au cœur de cette sphère spirituelle qui se devrait d'être détachée de ces appartenances limitatives.

Je ne suis pas bouddhiste. Il n'y a que Bouddha qui l'était.

À la limite, je pourrais dire que je suis "ledruiste" mais ça serait encore plus ridicule.

Je ne suis rien qui puisse exercer sur moi un signe d'appartenance ou d'adhésion pleine et entière. 

Je ne suis pas Français, je suis né sur un bout de terre que des hommes ont nommé France.

Je n'étais pas instituteur, j'exerçais le métier d'instituteur.

Je ne suis pas écrivain, j'aime écrire.

Je ne suis pas un humain, je suis une forme de la vie qui s'est attribuée le nom d'humain.

Mais tout ce fatras ne fait pas de moi autre chose que ce que la vie est en moi. Elle existe et le nom prise par la forme n'est pas l'énergie qui s'y trouve.

Tant que les humains s'égareront dans ce genre de limitations, il n'y aura aucun changement possible. On sera toujours dans ce registre du moi qui cherche à exister à travers des illusions dérisoires et éphémères.

Et il y a des jours où cette immobilité spirituelle me désespère. Cette impression que le progrès matérialiste, scientifique, social, technologique a usé de toute l'énergie disponible et que l'évolution spirituelle s'est trouvée vidée de tout. Une vieille peau abandonnée, flétrie, pourrie, liquéfiée, cadenassée par l'ego.

Même ceux et celles qui se sont intéressés à cet espace spirituel, se sont dit que ça serait bien qu'ils se retrouvent ensemble pour en discuter, se reconnaître, comparer, débattre, tenter de s'élever un peu de la masse qui s'étend, s'étend...Et au fil des rencontres, ils ont créé des groupes pour pouvoir se positionner vis à vis des groupes qu'ils critiquaient.

Quelle misère, quelle épouvantable misère...

Nous serons sans doute réellement des êtes spirituels le jour où nous n'éprouverons plus le besoin d'identifier une différence entre nous, ni même une différence entre l'ensemble des êtres vivants, le jour où il n'y aura plus de conflits entre vaccinés et non-vaccinés, entre gauche et droite, entre blancs, noirs, gris, jaunes ou violets, entre les méchants loups et les gentils chiens, entre les vilains virus et les bons, entre la vie et la mort. Le jour en fait, où nous n'aurons rien d'autre à l'esprit que la paix.

Oui, je sais, c'est totalement utopique. L'humain est un être fondamentalement conflictuel.

Pour une seule raison : il est seul dans son monde intérieur et a absolument besoin de combler ce vide par des adhésions multiples.

Parfois, je me dis que celui qui ne connaît pas les noms des plantes, des arbres, des animaux, qui ne connaît rien à la science dans les livres, qui n'a aucune idée de tous les pays du monde, qui ne sait rien de la vie des gens à l'autre bout de la planète, qui ne connaît pas le nom des étoiles, ni des océans, ni des fleuves, ni des mégapoles, mais qui vit sereinement avec les plantes de son potager, avec les arbres qui l'entourent, avec les animaux qu'il voit parfois, qui aime s'asseoir sous les cieux étoilés et contempler, qui prend soin du ruisseau qui passe près de son lieu de vie, qui n'abîme rien et se montre infiniment respectueux de la vie, celui-là en sait beaucoup.

J'essaie parfois d'identifier les connaissances qui me sont utiles, réellement utiles, non pas dans le registre de l'accumulation mais dans l'agir, des savoirs qui sont par conséquent immédiatement exploitables, dans ma vie quotidienne. Je réalise alors l'incroyable masse de connaissances qui ne sont rien d'autres que des savoirs intellectuels et qui ne me sont d'acune utilité. Et je ne dis pas ça en m'octroyant un quelconque titre de savant, bien au contraire. Je ne sais au final pas grand-chose d'utile au regard de tout ce que je pense savoir. Et à 60 ans, c'est loin d'être glorieux. Il y a d'ailleurs dans toutes les fenêtres médiatiques que nous ouvrons constamment sur le monde une forme d'empêchement à apprendre ce qui nous serait utile. C'est pour ça que parfois, lorsque vraiment, je n'en peux plus de ce chaos, je ferme toutes les fenêtres et je vais m'assoir dans l'herbe. 

 

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