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  • Une alerte de plus : le phosphore

    Une situation qui concerne encore une fois le milieu agricole : dépendance à une ressource exportée, détérioration de la biodiversité, gaspillage, régime alimentaire carné... De la nécessité de revoir le système agricole intensif...

     

    Phosphore : faut-il craindre une pénurie ?

     

    Par Sophie Gosselin et David Gé Bartoli , publié le 10 janvier 2022

    https://www.socialter.fr/article/le-phosphore-de-l-or-pour-un-tas-de-fumier

    Élément indispensable à toute vie mais pouvant avoir des conséquences désastreuses sur les écosystèmes, le phosphore a participé à l’essor de l’agriculture industrielle de l’après-guerre en étant utilisé massivement dans les engrais de synthèse. Alors que la demande mondiale en roches phosphatées n’a jamais été aussi forte, les craintes sur le caractère plus ou moins durable de cette ressource amènent à reconsidérer les usages que nous en faisons.

    Les lecteurs versés dans la science-­fiction le connaissent principalement comme l’inventeur des trois lois de la robotique ou de la « psychohistoire », concept au cœur de la saga Fondation, actuellement adaptée en série par Apple TV+. Mais Isaac Asimov, accessoirement docteur en biochimie, a également fait de la vulgarisation scientifique son terrain de jeu littéraire. Dans un essai publié en 1959, l’écrivain américain souligne l’importance du « P » figurant sur la droite du tableau de Mendeleïev. Ce « P », la lettre symbolisant le phosphore, n’est rien moins que le « goulot d’étranglement de la vie ». Supprimez-le et le moindre être vivant aura toutes les peines du monde à exister sur notre planète. « Nous pouvons remplacer le charbon par l’énergie nucléaire, le bois par le plastique, la viande par la levure et la solitude par l’amitié. Pour le phosphore, il n’y a ni substitut ni remplaçant », insiste Isaac Asimov.

    Des animaux à la moindre molécule d’ADN en passant par les enzymes et les parois de bactéries cellulaires, il y a donc du phosphore partout dans la nature, mais seulement sous une forme oxydée (phosphate). Le phosphore compte pour environ 1 % de la masse corporelle d’un humain, l’essentiel se nichant dans nos tissus osseux et nos dents. « Peu importe ce que nous mangeons, cette nourriture provient plus ou moins directement des plantes et les plantes croissent grâce au phosphore », ajoute Stuart White, directeur de l’Institut des futurs durables à l’université de technologie de Sydney. Pour stimuler cette croissance et leurs rendements, les agriculteurs enrichissent leurs sols en phosphore avec des fertilisants pouvant également contenir de l’azote (N) et du potassium (K), autres nutriments essentiels. Cette ubiquité apparente ne doit pas occulter le fait que le stock de phosphore disponible sur Terre n’est pas illimité mais fini, ce qui confère à cette ressource un caractère d’autant plus précieux.

    Le raté en or d’un alchimiste

    Quand il fait par hasard la découverte de cet élément vers 1669, à Hambourg, Hennig Brandt est en quête d’un bien encore plus précieux : la pierre philosophale, censée transformer n’importe quel métal en or. Une nuit, l’alchimiste allemand pense être parvenu à ses fins après avoir distillé de l’urine humaine. La forme solide résultant de cette expérience intrigue Brandt par la lumière vert pâle qui en émane. C’est du phosphore. Passé à la postérité, Brandt était-il vraiment le premier à mettre au jour l’élément ? Dans son stimulant livre retraçant l’histoire du phosphore, John Emsley remarque qu’il était peut-être déjà connu des Romains dans l’Antiquité et que le secret de sa fabrication a pu se perdre avec le temps. Avec son caractère hautement inflammable, surtout sous sa forme blanche, particulièrement instable, le phosphore va hériter du surnom peu flatteur d’« élément du diable ». Le phosphore blanc sert par exemple aux bombes incendiaires qui s’abattent sur plusieurs villes allemandes ciblées par les Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale dont Hambourg, là-même où Brandt fit sa grande découverte près de trois siècles plus tôt.

    Des millénaires avant de l’exploiter pour semer la mort, l’humanité a tiré parti du phosphore pour cultiver le vivant, quand bien même elle ignorait tout de l’identité du bienfaiteur. D’abord grâce au feu et aux cendres contenant du phosphore utilisable par les plantes, puis en recouvrant les champs d’excréments animaux ou humains. Comme le mettra en évidence l’expérience de Brandt, les déchets produits par notre corps recèlent de ce « P » si convoité. Les paysans chinois en avaient déjà conscience il y a des milliers d’années de cela. « Grâce à l’engrais humain, la terre en Chine est encore aussi jeune qu’au temps d’Abraham », observe Victor Hugo dans le chapitre « La terre appauvrie par la mer » des Misérables,où l’écrivain se lamente de voir cet « or fumier […] balayé à l’abîme » à Paris et en France. C’est qu’au XIXe siècle, l’urbanisation commence à priver les paysans d’un fertilisant humain échouant désormais dans les cours d’eau. Dès lors, où trouver le phosphore ? Une première piste mène aux zones d’accumulation de guano, comme les îles Chincha, au Pérou, ou Nauru, autre bout de terre du Pacifique, au siècle suivant. Depuis, le stock s’est épuisé à Nauru et l’île, dont le PIB par habitant est le plus élevé du monde dans les années 1990, est maintenant exsangue.

    Des ressources inégalement réparties

    Au XXe siècle et jusqu’à nos jours, l’écrasante majorité du phosphate est tirée de l’extraction minière. « Tel qu’il est exploité aujourd’hui, le phosphore est une ressource fossile, comme les hydrocarbures, explique Fabien Esculier, chercheur au Laboratoire eau environnement et systèmes urbains (Leesu) à l’École des Ponts Paris Tech. Des conditions géologiques ont favorisé la sédimentation d’organismes et cela a créé au bout de plusieurs millions d’années une couche très riche en phosphore. » Les zones avec de fortes concentrations sont loin d’être également réparties sur la surface du globe. Pour la plupart, elles se trouvent en Afrique du Nord, en Chine, aux États-Unis, en Russie. Selon le dernier rapport annuel de l’Institut d’études géologiques américain (USGS), les seules réserves en roches phosphatées du Maroc et du Sahara occidental s’élèveraient à 50 milliards de tonnes, soit 70 % du total mondial. Durant la seconde moitié du XXe siècle, la production de ces roches a été multipliée par six et, en 2020, elle a atteint 223 millions de tonnes, dont 90 millions rien qu’en Chine.

    « Une partie de ce phosphore est utilisée comme détergent et une autre comme additif chimique pour la nourriture, mais 80 % du phosphore extrait est utilisé pour les fertilisants chimiques », souligne Bruno Ringeval, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) de Bordeaux. Ces engrais de synthèse, employés en masse, ont contribué à façonner l’agriculture moderne post-Seconde Guerre mondiale... et ses excès. En France et dans d’autres pays industrialisés, leur utilisation a atteint son pic dans les années 1970-1980 avant d’accuser une baisse. Julien Némery, chercheur à l’Institut des géo­sciences de l’environnement (IGE) de Grenoble, en détaille l’une des raisons : « Pendant longtemps, l’idée reçue dans le monde agricole était que plus on mettait de fertilisants, plus on produisait. Après des décennies d’essais, l’Inrae a montré que cette idée était fausse. Il n’y a pas besoin de mettre cinq fois plus d’engrais que nécessaire pour avoir un rendement cinq fois plus élevé. »

    L’autre raison expliquant cette diminution est la prise de conscience des problèmes environnementaux provoqués par le recours immodéré aux engrais phosphatés. Si les sols peuvent stocker une partie du surplus de phosphore, une autre partie terminera sa course dans les cours d’eau, du fait de l’érosion et du lessivage des sols par la pluie. En se cumulant avec le phosphore contenu dans les rejets d’eaux usées peu ou non traitées, ce surplus accentue les phénomènes d’eutrophisation, avec prolifération des algues vertes à la clé. Mais cette perturbation du cycle du phosphore peut avoir des conséquences bien plus graves, comme une désoxygénation des écosystèmes aquatiques et océaniques, fatale pour la vie marine. « Des événements anoxiques [épuisement d’un milieu aquatique en dioxygène, ndlr] ont déjà lieu dans de nombreux endroits, par exemple en mer Baltique. Une partie des scientifiques n’exclut pas des changements profonds des équilibres biogéochimiques des grands cycles marins menant potentiellement à des anoxies plus fortes », alerte Fabien Esculier. Le risque de voir ces phénomènes se multiplier est encore plus élevé en Chine, en Asie du Sud-Est ou en Amérique du Sud, où la demande en engrais phosphatés a explosé. Cette soif s’explique notamment par une montée en puissance de l’agriculture intensive dans ces régions, ainsi que la part de plus en plus grande occupée dans les régimes alimentaires locaux par les produits d’origine animale qui, rappelle Stuart White, « requièrent cinq à dix fois plus de phosphore que leur équivalent végétal ayant les mêmes caractéristiques nutritionnelles ».

    Le pic à l’horizon ?

    Avec toujours plus d’êtres humains à nourrir sur notre planète (près de 10 milliards en 2050 selon les projections démographiques de l’ONU établies il y a deux ans), autre facteur faisant grimper la demande en phosphore, une pénurie est-elle à prévoir ? Déjà, dans un message datant de mai 1938, c’est en président inquiet que Franklin Roosevelt demandait aux élus du Congrès de se pencher sur les ressources en phosphore des États-Unis pour assurer « des approvisionnements continus et suffisants […] au prix le plus bas ». Le sujet suscite toutefois un intérêt croissant depuis une dizaine d’années et les travaux menés par Dana Cordell et Stuart White. Dans un article publié en 2009, les deux chercheurs australiens ont situé le pic de production mondiale du phosphore dans un futur très proche, aux alentours de 2030. « Quand nous avons mené ces travaux, nous nous sommes basés sur les informations alors disponibles, souligne Stuart White. Peu après, le Centre international de développement des engrais (IFDC) a corrigé les chiffres des réserves, avec une réévaluation à la hausse vertigineuse pour le Maroc et le Sahara occidental. » Même après avoir refait ses calculs, le duo est parvenu à la conclusion que le pic sera passé au cours du XXIe siècle. Pour l’IFDC, qui n’intègre pas de hausse de la demande en phosphore dans ses estimations, les réserves sont amplement suffisantes pour plusieurs centaines d’années. « Il n’y a pas de pénurie imminente de roches phosphatées », assure pour sa part l’Institut d’études géologiques américain dans son dernier rapport.

    Indépendance et changement de régime

    Au-delà de ces résultats divergents, Bruno Ringeval souligne la difficulté de l’exercice sans une connaissance approfondie de la nature du phosphore disponible. « Il y a des réserves dont la qualité est plus faible, où l’extraction est plus compliquée et plus chère », précise-t-il. Sans parler des considérations géostratégiques compliquant l’accès à la ressource : « Même le phosphore existant peut ne pas être disponible parce que le pays le produisant ne veut pas l’exporter ou augmente ses prix. » En septembre dernier, la Chine a par exemple décidé de geler toutes ses exportations de phosphate au moins jusqu’en juin 2022, contribuant à une hausse du prix des engrais chimiques depuis le début d’année. À plus long terme, l’exploitation des immenses réserves de phosphate au Sahara occidental pose également question. Ce territoire, au statut juridique indéterminé pour l’ONU, est au cœur des tensions entre le Maroc, qui en contrôle effectivement la majeure partie, et l’Algérie, soutien du Front Polisario qui revendique l’indépendance du Sahara occidental.

    Même en écartant l’hypothèse de la pénurie, devenir de moins en moins dépendant de l’extraction de roches phosphatées est donc crucial pour les régions ne disposant pas de mines, comme la France et les autres membres de l’Union européenne (UE). En 2014, l’UE a ainsi placé les roches phosphatées comme matière première critique pour son approvisionnement. Quelles seraient les alternatives ? Pour Fabien Esculier, la première des priorités est d’avoir une « logique de sobriété dans les usages », et donc de réduire la quantité de phosphore consommée. « Dans les sociétés occidentales, les habitants mangent beaucoup plus de phosphore que ce dont ils ont besoin, explique le chercheur. En France, le régime alimentaire comprend globalement deux tiers de protéines d’origine animale et un tiers d’origine végétale. Inverser ces proportions aurait un impact très fort sur les produits phosphorés. »

    L’autre enjeu est celui d’avoir un cycle du phosphore plus vertueux, effectuant plusieurs boucles et non une seule ligne droite aboutissant au fond des océans. Le principal levier pour y parvenir, c’est un recyclage accru des excrétions animales ou humaines. Pour les secondes, outre la récupération des boues d’épuration où le phosphore est précipité, cela peut passer par une séparation à la source de l’urine et des matières fécales. « En France, il y a toujours eu des voix pour dire qu’il faut retourner les excréments au sol, note Fabien Esculier, qui a consacré une thèse à ce sujet. Elles ont juste été très peu audibles et marginalisées après la Seconde Guerre mondiale. » Ce retour aux pratiques les plus classiques de l’humanité pour valoriser davantage encore notre « or fumier » sonnerait comme une belle revanche pour Victor Hugo, qui écrivait également ceci dans Les Misérables : « Vous êtes maîtres de perdre cette richesse, et de me trouver ridicule par-dessus le marché. Ce sera là le chef-d’œuvre de votre ignorance. » 

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  • Maisons d’édition écolos

     

     

    ReportageCulture

    Ces maisons d’édition écolos qui bousculent les codes

     

    https://reporterre.net/Ces-maisons-d-edition-bousculent-les-codes-pour-faire-du-bien-a-la-planete?

     

    Ces maisons d'édition écolos qui bousculent les codes

    Relocalisation de l’impression, encres végétales, impression à l’unité... Certaines maisons d’édition françaises tentent, à leur échelle, de proposer une industrie du livre plus écolo.

    Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme), reportage

    À Cournon-d’Auvergne, Hervé Meiffren attend devant la médiathèque qui se trouve à côté de chez lui, deux petits cartons sous les bras. « C’est un tiers de notre stock », dit-il, amusé. En fin d’année 2023, cet ancien commercial s’est lancé dans l’aventure de l’édition avec son fils de 26 ans, Yoann Meiffren. Ensemble, ils ont monté Cornaline, une maison d’édition, autour d’un engagement pour l’environnement et d’un principe fort : « Pas de livres au pilon. »

    13 % de la production de livres a été détruite en 2021-2022, selon le dernier rapport du Syndicat national de l’édition. Cela représenterait plus de 60 millions d’ouvrages qui sont ensuite pour la majorité recyclés en carton d’emballage ou en papier hygiénique.

    « On ne se retrouvait pas dans la manière de faire actuelle, surtout au niveau de la surproduction », raconte Hervé. C’est pour cela que leur première publication, La Connerie humaine, n’a été tirée qu’à 600 exemplaires. « Six petits cartons ! » dit l’autoentrepreneur, qui garde ce maigre stock chez lui. Un engagement qui peut s’avérer parfois difficile à tenir face à l’industrie de l’impression qui baisse le prix pour plus de tirages. « On m’en a proposé 1 200 pour moins cher, mais ce n’était pas notre mentalité, j’ai refusé. »

    Les éditions Cornaline ne réalisent que de petits tirages qui tiennent dans quelques petites boîtes en carton. © Clément Moussière / Reporterre

    « Vous pensez vraiment que les clients ne peuvent pas attendre 2 ou 3 semaines pour avoir un bouquin ? » dit Hervé Meiffren, agacé et le regard posé sur La Connerie humaine, une BD d’humour satirique. C’est aussi la réflexion de Christophe Lahondès, fondateur du groupe d’édition nîmois Nombre 7, qui imprime ses ouvrages à l’unité, à la demande. « Ça me semble être du bon sens, je ne vais pas faire couper des arbres pour que [les livres] restent dans des cartons et finissent à la poubelle. »

    Papier recyclé, encre végétale...

    Chaque année, 1 livre sur 5 est renvoyé chez son éditeur par le libraire. Pour éviter cela, Cornaline refuse les retours. Et ce, quoiqu’il en coûte. « On nous a déjà refusé une séance de dédicaces parce qu’on ne reprend pas les bouquins. » L’apprenti éditeur lève les yeux au ciel. Mais quand retour il y a, des alternatives au pilon existent.

    Sandrine Roudaut, qui a fondé La Mer salée, une maison d’édition située près de Nantes (Loire-Atlantique), préfère en faire don à des publics dits « sensibles ». Pour elle, « il faut surtout faire de la pédagogie auprès des libraires et des lecteurs sur la qualité des livres, car, parfois, on nous renvoie des ouvrages à peine cornés ».

    Elle n’est pas seule à porter cette réflexion. À La Cabane bleue, une maison d’édition jeunesse régulièrement citée comme exemple pour ses agissements environnementaux, Angela Léry s’interroge : « N’est-ce pas superflu de vouloir un objet parfait ? » Comme La Mer salée, sa maison d’édition a supprimé le pelliculage en plastique qui recouvre la plupart des couvertures. « Il est utilisé pour que le livre brille et ne s’abîme pas, mais c’est une question d’éducation, affirme Angela Léry. Nos livres parlent de la beauté de la nature, ça nous guide dans nos engagements. »

    La transparence sur les pratiques de La Mer salée est une des valeurs fondamentales de la maison d’édition. © Clément Moussière / Reporterre

    Avant de cofonder La Cabane bleue, Angela et son amie Sarah étaient éditrices dans d’autres groupes : « On ne se sentait pas alignées avec les maisons dans lesquelles on travaillait. » Pour leur projet, elles sont parties « des incohérences » et d’un constat : « L’objet même du livre n’est pas écolo. »

    Aujourd’hui, l’empreinte carbone moyenne d’un ouvrage acheté en librairie est estimée à environ 2 kg, dont la majorité provient de la fabrication. La production de pâte à papier par exemple est très gourmande en ressources et le plus souvent importée, notamment du Brésil.

    Alicia Cuerva utilise du papier de récupération pour décorer les gardes des livres édités par Cosette Cartonera. © Clément Moussière / Reporterre

    Alors avant de se lancer, les éditrices de La Cabane bleue ont commencé par écrire sur une feuille tous les matériaux qui composent le livre, afin de réfléchir à chaque élément. Et c’est comme cela qu’elles ont décidé de se tourner vers du papier certifié FSC (assurant la légalité du bois et la gestion durable de l’exploitation) et/ou du papier recyclé, et ont découvert l’existence de l’encre végétale. Ces encres utilisent des ressources naturellement renouvelables comme le colza, contrairement aux encres minérales issues en général de la pétrochimie.

    « Ce n’est pas encore 100 % parfait, mais on utilise aussi un profil de couleurs peu gourmand en encre [par exemple le violet requiert davantage d’encre qu’un simple rouge], idem pour les typographies, un noir à 80 %, énumère Angela. Ce sont des choix que l’on peut faire à partir du moment où l’on veut faire mieux. »

    Imprimerie à 750 mètres de l’atelier

    En plus de cela, ces petites mains du changement ont travaillé sur les dimensions des bouquins pour adopter des formats standards qui évitent le gâchis de papier. « Parfois on n’y pense pas, mais même pour les envois par la poste il y a des standards d’enveloppes en carton », dit Sandrine Roudaut.

    À la fin de ses bouquins, La Mer salée édite un colophon « pour sensibiliser à [sa] démarche pour l’environnement ». Il s’agit d’une page sur laquelle sont par exemple indiqués les matériaux utilisés, la provenance des produits et le fait que la maison d’édition ait décidé de tout faire dans un périmètre de 100 km.

    « L’une des grosses difficultés, c’est de tout faire fabriquer au local, en France, et au même endroit, pour réduire le coût carbone du transport », explique Angela Lévy. Un point de vue partagé par Alicia Cuerva, créatrice de Cosette Cartonera, qui a trouvé une imprimerie à seulement 750 m de son petit atelier, dans le centre-ville de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). « Il me suffit de prendre mon vélo pour aller chercher mes pages », dit l’éditrice en rigolant.

    La majorité du stock des éditions Cosette Cartonera tient sur cette étagère du petit atelier. © Clément Moussière / Reporterre

    Ce n’est pas le cas de tous les éditeurs, certains préférant imprimer en Europe de l’Est ou en Asie pour des questions budgétaires. « Impensable » pour cette amoureuse de la nature. Derrière son bureau « de récup’ » en bois, elle s’affaisse, concentrée, à la fabrication de sa prochaine publication. Ici, les livres sont le résultat de ses mains d’artisanes. Couverture en carton, dos en calendrier périmé et reliure à la main.

    Elle a créé sa maison d’édition au retour d’un long voyage en Amérique latine, et tout, dans son atelier, rappelle cela : de la musique aux décorations de toucans. Là-bas, elle s’est inspirée des « cartoneras ». Un mouvement de maisons d’édition né en Argentine, en réaction à la crise des années 2000, qui récupèrent du carton usagé pour en faire des couvertures de livres. Pour cette passionnée de l’artisanat « faire un livre en carton, à la main, c’est un engagement qui interroge et qui oblige à limiter la production. Dans le secteur, il y a un tabou, on ne fait plus rien à échelle humaine ».

    Pour beaucoup, la volonté de mieux faire pour l’environnement s’accompagne d’une réflexion éthique. C’est pourquoi ces maisons d’édition ont aussi décidé de se pencher sur la rémunération des auteurs. « Ça va de pair », explique Sandrine Roudaut, de La Mer salée. Un avis partagé par Christophe Lahondès : « Avoir peu de publications et des tirages en nombre limité nous permet de valoriser davantage les textes publiés et d’accorder plus de reconnaissance aux auteurs. »

    « C’est souvent la question économique qui entre en conflit avec l’écologie, l’éthique et conditionne les choix, s’exaspère Sandrine Roudaut. Nous, sur les valeurs on ne négocie pas, c’est sur le modèle économique qu’on essaye de voir. » Les textes qu’ils publient parlent d’utopies, de modes de vie plus sobres et joyeux. « On veut nourrir la foi en l’humanité, le contenu de nos livres aussi est politique », dit-elle.

    De manière générale, ces maisons d’édition prônent plus de sobriété. Hervé Meiffren pense qu’« il faut réfléchir à décroître et trouver un équilibre pour arrêter de mettre l’argent au cœur des décisions ». Toutes et tous s’accordent à dire qu’ils ne peuvent pas « tout révolutionner, mais, peut-être, inspirer un peu ». Depuis 2019, l’association Pour une écologie du livre fédère éditeurs, auteurs et libraires pour diffuser ces idées.

  • Vasectomie : état des lieux

     

    Que c'est long en France pour que les mentalités changent...Que c'est long...Cette médecine toute puissante, elle a dans son comportement des relents archaïques...J'avais déjà écrit un article sur le sujet, c'était en 2020:

    Vasectomie

    J'avais 37 ans quand j'ai décidé de demander une vasectomie. Nous avions trois enfants et Nathalie souffrait de la contraception chimique, physiquement et psychologiquement. Il était clair pour moi que la solution la plus simple, c'était l'opération chirurgicale. Je n'aurais pas imaginé que ça serait aussi compliqué.

    La gynécologue s'y est catégoriquement opposée et son aval était indispensable. Elle considérait qu'il était impossible de présager de l'avenir et que plusieurs situations inattendues pouvaient survenir et nous amener à regretter notre choix : la perte d'un enfant par exemple. Comme s'il était juste, sain, et raisonné de concevoir un enfant pour en remplacer un autre... ou une séparation du couple et une nouvelle compagne qui voudrait un enfant avec moi. Sauf qu'à 37 ans, je ne voulais pas d'un bébé, d'un jeune enfant, et tout ce qu'implique le rôle de père. Je l'avais vécu, j'en étais comblé et heureux et c'est une étape de ma vie qui était achevée. Je rétorquais également qu'une nouvelle compagne aurait probablement elle aussi un ou des enfants et n'en souhaiterait pas forcément un autre.

    Rien à faire, elle ne voulait pas nous donner son accord.

    Je me suis donc tourné vers mon médecin généraliste, il nous a rencontrés, séparément, il nous a écoutés, et il a jugé que nous étions conscients et lucides sur l'aspect quasiment irrémédiable de l'intervention. Il m'a conseillé malgré tout de procéder à une congélation de mon sperme. Ce que j'ai refusé puisque ça serait en opposition avec mes arguments. Je ne voulais plus d'enfants, ni naturellement, ni par insémination. Malgré son parcours hospitalier dans la région grenobloise, il ne connaissait pas de chirurgien. C'était une intervention très rare selon lui. On était en 1999. Finalement, après quelques recherches, un chirurgien a accepté de m'opérer. Une anesthésie locale suffit. Il faut au préalable se raser très soigneusement toute la partie génitale, une infirmière est venue vérifier que c'était fait et je suis parti au bloc. J'ai été isolé visuellement par une toile et le chirurgien et une assistante ont procédé à l'opération. Dans mon souvenir, ça n'a pas dû prendre plus de trente minutes et je suis rentré chez moi. Il faut passer un spermogramme deux semaines après l'opération. Il n'y a aucune différence de consistance dans le contenu séminal. Il ne manque que les spermatozoïdes. Et même si ça avait le cas, je n'y aurais attaché aucune importance.

    Affaire réglée.

    Quant aux réticences sur la masculinité ou la virilité, je ne me sentais aucunement concerné. La seule chose qui m'importait, c'était le bien-être de Nathalie. Si la virilité tenait à la présence de spermatozoïdes dans l'éjaculation, ça serait vraiment, vraiment juste pitoyable...A mon sens, la virilité, c'est de prendre soin de sa compagne. Coûte que coûte.

    Il reste un point important et qui relève de l'absence de connaissance chez les hommes.

    Il est parfaitement possible de parvenir à l'orgasme sans éjaculer. Avec ou sans spermatozoïdes mais il semble que beaucoup d'hommes imaginent qu'une vasectomie va les priver de l'éjaculation...

    Et avant de l'avoir expérimenté, il est impossible d'imaginer la puissance de cet orgasme et le bonheur spirituel et physique que cette pratique procure à l'homme. Et à la femme, étant donné que la capacité à conserver l'érection contribue bien évidemment au plaisir féminin. La conscience des muscles pelviens, le contrôle du souffle, l'abandon de l'idée de l'éjaculation comme une nécessité dans la quête de l'orgasme. Le tantrisme est la voie...

    La lecture de "KUNDALINI" serait une première approche pour ceux que ça intéresse.

     

    KUNDALINI. (roman)Kundalini

     

     

    Life 18/02/2024 09:00 Actualisé le 18/02/2024 15:31

    Une vasectomie avant 25 ans ? Ces hommes racontent leur parcours médical semé d’embûches

     

    Faire une vasectomie quand on est jeune et sans enfants peut être compliqué, la faute à un corps médical qui a parfois du mal à accepter ce choix.

    Par Mathieu Alfonsi

    Les jeunes hommes qui souhaitent faire une vasectomie font souvent face au refus des chirurgiens.

    Inti St Clair / Getty Images/Tetra images RF

    Les jeunes hommes qui souhaitent faire une vasectomie font souvent face au refus des chirurgiens.

    CONTRACEPTION - « J’ai essuyé le refus de trois urologues consécutifs. » Lorsqu’Émilien entame les démarches pour faire une vasectomie alors qu’il n’a pas encore 25 ans, il se heurte aux réticences du corps médical. En cause ? Il est « trop jeune » pour se priver de la possibilité d’avoir des enfants. « On me disait que j’en voudrais plus tard. Comme je n’avais pas de maladie et que j’étais en bonne santé, il n’y avait aucune raison que je n’en veuille pas. »

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    La vasectomie, futur moyen de contraception privilégié aux États-Unis?

    La vasectomie est considérée comme une contraception définitive, bien qu’elle puisse être réversible dans certains cas. Elle consiste à bloquer les spermatozoïdes via une ligature des canaux déférents qui les transportent depuis les testicules. Et elle gagne en popularité : selon une étude de l’Assurance maladie et de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament, publiée lundi 12 février, le nombre de vasectomies pratiquées en France a été multiplié par quinze entre 2010 et 2022.

    Un intérêt croissant qui n’empêche pas certains jeunes hommes de rencontrer des difficultés pour faire cette opération. Cela a été le cas d’Émilien, mais aussi de Thomas*, un ouvrier agricole originaire du Rhône-Alpes. Tous deux ont fait une vasectomie avant l’âge de 25 ans et se sont confrontés aux nombreux refus des médecins. Pour Le HuffPost, ils racontent leur parcours semé d’embûches jusqu’à la vasectomie.

    « J’avais l’impression que mon corps n’était plus le mien »

    Deux principales raisons ont poussé ces jeunes hommes à opter pour la vasectomie : ils ne voulaient pas d’enfant et souhaitaient partager la charge de la contraception avec leur compagne. « Je ne voyais pas de raison de ne pas le faire. Au pire, l’opération inverse existe même si elle n’est pas sûre à 100 %, et il y a aussi l’adoption », raconte Émilien. Après quelques mois de réflexions, il décide de sauter le pas.

    La procédure est en apparence assez simple : Émilien doit d’abord prendre un premier rendez-vous avec un urologue, qui lui expliquera en quoi consiste l’opération et recueillera son consentement. Puis, il doit fixer une date pour procéder à la vasectomie, au minimum quatre mois plus tard. Mais, dans le cas d’Émilien, c’est dès le premier rendez-vous que les difficultés surviennent.

    « Les urologues essayaient de me faire changer d’avis, et me disaient qu’ils ne faisaient pas de vasectomie avant 30 ou 35 ans. Je me disais : s’ils savent qu’ils ne feront pas l’opération, puisque j’ai 24 ans, pourquoi acceptent-ils le rendez-vous ? J’avais l’impression de perdre mon temps et mon argent », détaille le boulanger.

    Les chirurgiens ont le droit de ne pas procéder à l’opération, au nom de la clause de conscience, selon laquelle un médecin peut refuser certains actes médicaux s’ils sont contraires à ses valeurs morales. « Ce qui arrive souvent », déplore Gersende Marceau, spécialiste de la contraception masculine au planning familial, que nous avons contactée.

    Émilien parviendra finalement à faire sa vasectomie, avec le quatrième professionnel qu’il rencontre. Mais il confie avoir ressenti beaucoup d’énervement : « J’avais l’impression que mon corps n’était plus le mien et que la société devait décider pour moi. Alors que je suis le seul concerné. »

    Rendez-vous chez le psychologue

    Pour Thomas, les difficultés ont commencé avant même les rendez-vous chez l’urologue. Cet ouvrier agricole de 25 ans doit d’abord obtenir une ordonnance d’une médecin généraliste. Cette dernière lui donne, mais lui lance au passage qu’il sera « responsable de la baisse de la population dans le monde », avant d’enchaîner avec : « Vous ne viendrez pas vous plaindre quand vous aurez le SIDA. » Thomas suppose que la généraliste pensait qu’il voulait « faire une vasectomie pour coucher à gauche et à droite sans protection ». « Ce qui n’est pas du tout le cas », précise-t-il. Quoi qu’il en soit, le ton est donné.

    Il prend alors un premier rendez-vous avec une urologue de sa ville, qui se passe à merveille. Il fixe une date, quatre mois plus tard, pour procéder à l’opération. Mais l’urologue se rétracte entre-temps, estimant que Thomas est trop jeune et changera d’avis au sujet des enfants.

    Il s’adresse alors à un second professionnel qui accepte de faire l’opération. À une condition : il doit d’abord consulter un psychologue, afin de discuter de son choix de ne pas congeler son sperme. Mais le rendez-vous avec ce psy tourne au vinaigre : « Il a commencé à me dire que je faisais n’importe quoi. Il m’a fait un profil psychologique pour me déstabiliser et avait un discours très moralisateur. C’était très malsain. Et j’avais encore moins envie de congeler mon sperme. »

    Si l’urologue doit vérifier que le patient est bien en capacité de prendre, par lui-même, la décision de faire une vasectomie, il ne peut pas exiger une expertise psychologique. « C’est illégal », rappelle Gersende Marceau, selon la loi du 4 juillet 2001. Mais Thomas souligne : « Si je ne faisais pas le rendez-vous avec le psy, il pouvait toujours activer sa clause de conscience. »

    Une méthode pas contraignante

    Suite à ces expériences, les deux jeunes hommes déplorent que les médecins aient tenté d’influencer leur choix et de décider à leur place. « Je me suis senti un peu envahi dans mon intimité à cause de toutes ces personnes qui ont partagé leur opinion, alors que ça ne les concerne pas, explique Thomas. Une personne de 22 ans qui veut faire un enfant, tout le monde va la soutenir, alors qu’une personne de 22 ans qui n’en veut pas, ça devient un problème de société. »

    Malgré ces nombreuses embûches, les deux jeunes hommes ont fait leur vasectomie, et ne regrettent rien. Ils assurent que cette méthode n’est pas pas contraignante. « Je ne sens aucune différence par rapport à avant. Il n’y a pas de cicatrice, et rien n’a changé dans ma manière d’éjaculer et dans mes rapports sexuels », détaille Émilien.

    Ce qui n’empêche pas la vasectomie de souffrir d’idées reçues. « Ça fait peur à plein de mecs virils qu’on leur touche les testicules. Certains pensant qu’on ne peut plus ressentir du plaisir ou avoir d’érection » explique Thomas, qui assure, pour ceux qui en doutent, « ne pas avoir perdu [sa] virilité avec une vasectomie ».

  • "N'écrivez pas..."

     

     

    "Alors vous voulez être écrivain ? (So you want to be a writer ?)

    Si cela ne sort pas de vous comme une explosion

    en dépit de tout,

    n’écrivez pas.

    si cela ne vient pas sans sollicitation de

    votre cœur et votre esprit et votre bouche

    et vos tripes,

    n’écrivez pas.

    s’il vous faut vous asseoir des heures

    à fixer votre écran d’ordinateur

    ou plié en deux sur votre machine à écrire

    à chercher les mots,

    n’écrivez pas.

    si vous le faites pour l’argent ou la gloire,

    n’écrivez pas.

    si vous le faites parce que vous voulez

    mettre des femmes dans votre lit,

    n’écrivez pas.

    s’il vous faut rester assis là

    réécrivant encore et encore,

    n’écrivez pas.

    si c’est déjà difficile rien que d’y penser,

    n’écrivez pas.

    si vous essayez d’imiter l’écriture de quelqu’un d’autre,

    oubliez.

    si vous devez attendre que cela rugisse hors de vous,

    alors attendez patiemment.

    mais si cela ne rugit jamais hors de vous,

    alors faites autre chose.

    s’il vous faut le lire à votre femme

    ou votre compagne ou à votre compagnon

    ou vos parents ou qui que ce soit,

    vous n’êtes pas prêt.

    ne soyez pas comme tant d’écrivains,

    ne soyez pas comme ces milliers de

    gens qui se targuent d’être écrivains,

    ne soyez pas superficiel et ennuyeux et

    prétentieux, ne vous consumez pas d’un amour narcissique.

    les librairies du monde ont

    baillé jusqu’à s’assoupir d’écrivains

    comme ceux-là.

    n’en rajoutez pas.

    n’écrivez pas.

    à moins que cela ne sorte

    de votre âme comme une fusée,

    à moins que rester muet

    ne vous rende fou ou

    suicidaire ou assassin.

    n’écrivez pas.

    à moins que le soleil en vous

    ne vous brûle les tripes,

    n’écrivez pas.

    quand le moment viendra,

    et si vous avez été choisi,

    cela se fera

    tout seul et cela continuera

    jusqu’à votre mort ou jusqu’à ce que cela meurt en vous.

    il n’y a pas d’autre manière

    et il n’y en a jamais eu d’autre."

    Charles Bukowski

  • Protection des forêts

     

    Futaie hetres

     

    En-tête la lettre de canopée

    Bonjour Thierry ,


    Ce mois-ci, j’ai pas mal de bonnes nouvelles à vous partager.

    Pression maximale sur Alliance Forêts Bois

    Commençons par le nerf de la guerre : depuis plusieurs mois, nous sommes engagés dans un bras de fer pour dénoncer les mauvaises pratiques d’Alliance Forêt Bois… et nos efforts commencent à porter leurs fruits. Si vous nous rejoignez, je vous invite à découvrir ici l’ensemble de la campagne. Ce que nous reprochons à cette entreprise : de trop nombreuses coupes rases de forêts de feuillus pour les remplacer par des plantations de résineux. Pour tenter de contrer notre campagne, Alliance Forêts Bois essaye de faire diversion en communiquant sur l’écologie - mais ils ne trompent personne : dans l’Indre et la Vienne, nous avons découvert une fois de plus des chantiers désastreux et nous les avons révélés au grand jour avec cette vidéo à partager :

    Alerte coupe rase dans l'Indre et la Vienne

    Ce qui les énerve beaucoup, c’est que nous interpellons leurs financeurs pour dénoncer ce double discours. Après une première vague de départs, Alliance Forêts Bois vient de perdre un contrat de plusieurs millions d’euros avec Air France, qui cherchait un partenaire pour planter des arbres. Grâce à votre mobilisation, Orange nous a également annoncé qu’ils ne signeraient pas de nouveau contrat avec Alliance Forêts Bois en 2024. Ces départs ne sont que la partie visible de l’iceberg : la pression est maximale pour que cette entreprise change ses pratiques. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que nous ne relâcherons pas nos efforts, sans un engagement clair de leur part.

    Dans la Creuse, la résistance s'organise

    Il y a quelques jours, nous étions plus de 400 personnes réunies à Guéret, pour une conférence-débat sur le projet d’installation d’une nouvelle usine de granulés. Vous pouvez retrouver ici la vidéo de cette conférence. Si nous sommes particulièrement inquiets, c’est parce que l’entreprise qui porte ce projet, Biosyl, a déjà un lourd passif : dans la Nièvre, nous avons découvert sur son parc à bois des arbres entiers, dont des chênes centenaires, issus de coupes rases dans le Morvan. Face caméra, le directeur s’était engagé à mettre fin au scandale avant de se rétracter en nous envoyant un courrier. 

    Canopée a donc décidé de venir en soutien aux associations locales pour contrer ce projet en finançant notamment un recours en justice contre la décision d’autorisation du projet par la préfète. Si vous voulez nous aider, vous pouvez faire un don pour financer les frais d’avocats ou signer et partager la pétition.

    Le projet Biosyl a d'ailleurs alimenté le débat de l'émission Dimanche en Politique diffusée sur France 3 Limousin (diffusion tv dimanche 18 février), à laquelle nous avons participé avec trois autres invités autour de la question : la forêt est-elle un bien privé ou un bien commun ? Un débat autour de l'exploitation de la forêt limousine à visionner ici :

    Enfin une loi pour la forêt

    La chape de plomb qui verrouille toute forme de débat autour de la forêt est en train de craquer. Partout des voix s’élèvent pour demander plus de transparence et plus de discussion. Car, si la forêt française appartient à 75% à des propriétaires privés, elle nous concerne tous. Pour répondre aux nombreuses demandes d’élus locaux qui aimeraient pouvoir mieux encadrer les coupes rases sur leur territoire grâce aux documents d’urbanisme, nous avons organisé une conférence à Sabres avec un spécialiste du sujet.

    Mais la bonne nouvelle vient surtout du côté des députés. Notre long travail de mobilisation commence à porter ses fruits avec deux propositions de lois sur la forêt, l’une transpartisane et l’autre issue de la majorité. Comme le montrent nos analyses, les deux portent des ambitions différentes mais vont dans le bon sens. Les lobbies sont déchainés pour éviter qu’elles soient mises au débat dans l’hémicycle. Nous allons donc avoir besoin de vous.

     

    Nous avons mis en place un outil très simple pour interpeller votre député.e par mail, téléphone ou sur les réseaux sociaux en moins de 5 minutes. Nous savons maintenant que ces interpellations peuvent vraiment faire mouche. C’est par ici

    INTERPELLEZ VOTRE DÉPUTÉ.E

    Il y a encore beaucoup de choses dans les tuyaux, donc surveillez les réseaux sociaux et vos emails dans les prochains jours. Le 26 février, Hugo Clément proposera un nouvel épisode de Sur le Front, intitulé La face cachée des forêts françaises, un documentaire qui risque de faire beaucoup de bruit…

    En attendant, je vous souhaite tout le meilleur. Si vous appréciez notre travail, notre indépendance et notre liberté de ton, vous pouvez nous soutenir avec un don ponctuel ou régulier (et en plus, c’est défiscalisé à 66%). Et si vous ne l’appréciez pas, je vous embrasse quand même.

  • Des arbres qui tuent

    Quand j'avais seize ans, mon frère, Christian, qui en avait dix-neuf, a eu un accident de voiture. Sa voiture s'est encastrée dans un poteau en béton d'EDF, dans un virage. De chaque côté, c'était un champ de blé. Tout s'est "joué" à quelques mètres. Le poteau était au milieu du virage.

    L'accident a eu lieu à 23h19, Sa montre était brisée.C'est un instituteur qui l'a trouvé à 2h30, il rentrait d'un repas chez des amis. Les pompiers ont mis 1 heure pour le désincarcérer.

    Poitrine enfoncée, mâchoire brisée, une cheville écrasée sous une pédale, deux vertèbres brisées, le toit de la voiture était plié et avait ouvert son crâne. Les gendarmes ont téléphoné. Mes parents m'ont réveillé. On est allé à l'hôpital. On nous a dit qu'il était cliniquement mort. C'était un 27 juin, jour d'anniversaire de ma mère. Je suis resté avec lui, dans sa chambre, pendant tout l'été et j'ai manqué la rentrée des classes en septembre.

    Il s'en est sorti. Marqué à vie, moi aussi. J'ai tout écrit trente ans plus tard, un roman qui n'est pas publié. Mon frère est mort vingt ans plus tard d'une rupture d'anévrisme.

    Faut-il donc déplacer tous les poteaux susceptibles d'engendrer des accidents gravissimes ?

    Faut-il raser les maisons qui bordent les routes ?

    Les arbres sont-ils responsables ?

    La question est tellement absurde que j'ai du mal à l'écrire.

    "Christian"

    Christian

    Christian...(2)

     

     

     

     

    Abattage massif de 4000 arbres en Haute-Marne :

    "les arbres qui tuent n’ont plus leur place au bord de nos routes !"

    Les collisions avec des arbres sont à l'origine de 10% des accidents mortels sur les routes.

    Les collisions avec des arbres sont à l'origine de 10% des accidents mortels sur les routes. • © CD 52

    Écrit par Géraldine Dreyer

    Publié le 10/02/2024 à 08h00

    Le conseil départemental de Haute-Marne annonce un plan massif d’abattage d’arbres le long de ses axes routiers les plus fréquentés. Un diagnostic est en cours pour identifier les plus dangereux, au nom de la sécurité routière.

    La Quotidienne des Régions

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    C’est un constat : les personnes trouvant la mort après avoir percuté un arbre représentent 10% des tués sur la route. Une réalité qui incite le conseil départemental de Haute-Marne à lancer un plan d’abattage massif au bord des axes les plus fréquentés. Sur les 750 kilomètres concernés, des milliers d’arbres vont faire l’objet d’un diagnostic pour identifier ceux qui sont malades et dangereux.

    Le nombre précis d’arbres qui seront effectivement abattus n’est donc pas encore défini. Mais il s’élèvera à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers. Peut-être bien 4 000, avec une coupe nette annoncée sur la D1 entre Rimoncourt et Nogent. Car c’est sur cette portion de route que le 18 décembre dernier, un homme a percuté un arbre et perdu la vie après un choc très violent. Certains tronçons de la D16 ou encore de la D119 seront concernés par ces abattages.

    S’il faut couper massivement des arbres pour garantir la sécurité de nos habitants et des usagers de la route, nous n’hésiterons pas.

    Nicolas Lacroix, Président du Conseil départemental de Haute-Marne

    Le conseil départemental met en avant la sécurité des habitants sur son réseau routier. "S’il faut couper massivement des arbres pour garantir la sécurité de nos habitants et des usagers de la route, nous n’hésiterons pas. Les arbres qui tuent n’ont plus leur place au bord de nos routes", affirme dans un communiqué le président du département de Haute-Marne, Nicolas Lacroix (LR).

    Pour autant, l’abattage massif d’arbres en bord de route est un sujet clivant. Une association nationale se mobilise régulièrement contre ces coupes franches en bord de route. D'aucuns avancent aussi l'idée que l'alignement d'arbres rendrait le tracé plus "lisible" pour les automobilistes et qu'il créerait un "effet de paroi" qui fait lever le pied.

    Des arbres plantés pour absorber la poussière

    Le débat n'est pas clos. Le conseil départemental de Haute-Marne assure que la présence de ces arbres provoque sur certains tronçons des déformations de la chaussée. Avec pour conséquence des surcoûts d'entretien pour le département. Des arbres qui aujourd'hui ne constitueraient plus qu'un problème pour les collectivités.

    On en oublierait que ces arbres ont été plantés voilà parfois plus d'un siècle pour rendre service à l'homme. Ils devaient aider à réduire la poussière soulevée par les véhicules. Une nécessité qui a disparu au début du 20e siècle avec l'apparition des rubans d'asphalte.

    Cet abattage massif sera accompagné de mesures compensatoires pour "préserver la biodiversité", précise le département, avec notamment la plantation de haies.

     

  • Le jardin vivant

     

     

    Le Jardin vivant

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    À PROPOS

  • Sécheresse en Himalaya

     

    Mais non, tout est normal, les écologistes sont des illuminés. Il ne faut rien changer et puis de toute façon, l’Himalaya on s'en fout, c'est loin.

    Un jour, tout le monde comprendra ce que signifie l'expression "bombe climatique" mais ça sera trop tard.

    "C'est donc presque un quart de la population mondiale qui va subir de plein fouet d'ici quelques mois les conséquences du bouleversement climatique."

     

     

    Sécheresse en Himalaya : il ne neige plus sur les glaciers et près de deux milliards de personnes vont être touchées

    Le monde est à nous Isabelle Labeyrie et La rédaction internationale Du lundi au vendredi à 6h53 et 8h23, le samedi et le dimanche à 7h24 et 9h24

    Il n'a presque ni plu ni neigé sur l'Himalaya depuis cet automne. C'est une région qui concerne 1,9 milliard de personnes qui est touchée. Non seulement l'agriculture est impactée, mais l'avenir des rivières est compromis par la fonte des glaces mise en péril.

    Article rédigé par Isabelle Labeyrie

    Radio France

    Publié le 02/02/2024 12:12 Mis à jour le 02/02/2024 12:12

    Temps de lecture : 2 min Un guide avec des visiteurs lors d'une balade à cheval devant les pistes de ski généralement couvertes de neige à cette période de l'année dans une station de ski de Gulmarg dans le massif de l'Himalaya, le 17 janvier 2024. (TAUSEEF MUSTAFA / AFP)

    Un guide avec des visiteurs lors d'une balade à cheval devant les pistes de ski généralement couvertes de neige à cette période de l'année dans une station de ski de Gulmarg dans le massif de l'Himalaya, le 17 janvier 2024. (TAUSEEF MUSTAFA / AFP)

    Gulmarg est l'un domaines les plus hauts et les plus spectaculaires au monde. Il emmène les skieurs jusqu'à près de 4 000 mètres d'altitude. Or - scène à peine croyable dans cette zone du Cachemire indien - ces contreforts de l'Himalaya qui auraient dû être tout blancs sont restés désespérément bruns et secs en décembre et janvier.

    La patinoire de la station, construite récemment, s'est transformée en pataugeoire. Les remontées mécaniques ont été fermées, les hôtels sont restés vides avec un personnel désœuvré... Du jamais vu en 20 ans. Certes, il a enfin neigé le 31 janvier et depuis deux jours l'espoir renaît, mais cela ne suffira sans doute pas à rattraper la saison. 

    "J’ai tous les jours envie de pleurer", se lamente auprès de l'AFP Mubashir Khan, organisateur de voyages "aventure". 70% de ses réservations ont été annulées. Son entreprise est au bord de la faillite et il a même dû suspendre son projet de mariage. 

    L'agriculture impactée

    La région est en fait victime d'une sécheresse exceptionnelle. Depuis l'automne, il ne tombe pas de pluies, pas de neige, et les températures affichent en moyenne six degrés de plus que la normale.

    Le manque d'eau pourrait aussi avoir un impact désastreux sur l'agriculture, pilier économique de la région. En raison du réchauffement climatique, les cultivateurs ont déjà abandonné le riz pour planter des arbres fruitiers, moins voraces en eau. Ils sont maintenant impuissants, aucune évolution ne leur est annoncée pour février, alors que les pommiers, poiriers et autres abricotiers sont déjà en fleurs, avec plus de... deux mois d'avance.

    Si les glaciers n'arrivent pas à se reconstituer cet hiver, il n'y aura pas de fonte des neiges et pas d'eau dans les fleuves cet été pour arroser les vergers. L'Himalaya est déjà fragilisé par la fonte précoce et continue de ses glaciers, mais "la période de sécheresse actuelle est un événement météorologique extrême", un de ces phénomènes qui "devraient devenir plus intenses et plus fréquents à l’avenir", indique le climatologue Shakil Romshoo, de l’Université islamique des sciences et technologies du Cachemire.

    "Le troisième pôle"

    Cette situation concerne un énorme bassin de population : on parle du "grand Himalaya", qui inclut les massifs de l'Hindou Kush et du Karakoram. En gros, une zone qui s'étend au nord de l'Inde mais aussi au Pakistan, en Afghanistan et en Chine. On appelle d'ailleurs cette région "le troisième pôle", parce que ses champs de glace abritent la plus grande réserve d'eau douce au monde en dehors des régions polaires. Elle est la source de dix systèmes fluviaux différents qui fournissent irrigation, électricité et eau potable à plus de 1, 9 milliard de personnes.

    C'est donc presque un quart de la population mondiale qui va subir de plein fouet d'ici quelques mois les conséquences du bouleversement climatique. Au Cachemire, les autorités ont déjà alerté les habitants sur les fortes perturbations qui les attendent : risques de pénuries d'eau et vastes incendies de forêts.

    Début janvier, l’Organisation météorologique mondiale a annoncé que 2023 avait été "de loin" l’année la plus chaude jamais enregistrée. La température mondiale moyenne annuelle était de 1,45°C au-dessus des niveaux préindustriels (entre 1850 et 1900), et rien ne montre que la tendance est à la baisse.

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