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A CŒUR OUVERT : la voie
- Par Thierry LEDRU
- Le 18/06/2023
Finalement, c'est bien vers ce lâcher-prise que je dois aller. Je ne peux rien de plus que ce que je fais pour que le monde aille mieux. Et rien que d'écrire "pour que le monde aille mieux", je réalise combien c'est absurde, éminemment prétentieux tout en étant dérisoire. Qu'est-ce que je suis, individuellement dans cette immensité du monde ? C'est comme imaginer qu'une goutte d'eau de l'océan déciderait d'agir sur la masse.

Il prit un livre de Diane.
« LE VOYAGE INTÉRIEUR. »
Cette certitude qu’elle écrivait pour lui. Que personne d’autre ne pouvait lui être aussi proche. Elle lui avait dit que ses trois livres n’avaient pas eu de grands succès. Il en était resté estomaqué. Encore une fois, cette idée qu’il n’avait plus rien à faire parmi la masse, que ses contacts resteraient limités, qu’il ne devait plus se disperser. Qu’il n’avait rien à expliquer. Rien de tout ça n’était transmissible. Diane avait essayé et elle avait un talent immense. Il ne l’égalerait jamais.
« La quête est une illusion. Une tromperie du moi qui se joue de tout. Je n'ai rien à chercher. Tout est déjà là et en le cherchant, je m'en éloigne. Le moi, je le reconnais et je connais la complexité de ses errances et je n'ai pas à le craindre. Il n’est pas ce que je suis, il n’est qu’une interprétation. »
Il pensa que c’était ça, sans doute, le lâcher-prise. Cette douceur de l’acceptation. L’apaisement des interrogations, tout comme leur accueil. Tant que les émotions ne venaient pas créer un conflit, un objectif, une peur, une euphorie. Rester inerte pour vivre pleinement. C’était la voie. Et pourtant, il sentait bien cette chaleur dans son ventre quand Diane venait se blottir contre lui, quand il posait ses mains sur son corps dénudé, quand il percevait dans ses yeux l’amour qui vibrait en elle, quand ils partageaient leurs paroles comme des parfums qui embaument. Il n’était pas question de chercher à en maîtriser les effets. Il fallait s’y abandonner pour que l’énergie se consume et ne se transforme pas en tensions délétères. S’y abandonner sans aucune pensée, ne rien ajouter, comme on saisirait un parfum sans vouloir connaître le nom de la fleur, sans vouloir la cueillir, sans vouloir l’autopsier ou chercher à la multiplier. Oui, c’était ça la beauté du monde. Juste saisir. Sans aucune autre intention. C’est cela qu’il aimait dans les paysages de cette terre. Il pouvait les regarder mais il ne les emportait pas, il ne les transformait pas, il ne cherchait même pas à en connaître les détails. Les savoirs des hommes de science ne l’intéressaient pas. Pas dans ces lieux. Il n’était plus qu’un spectateur.
Le vent, dehors, s’était calmé, une suspension brutale qu’il n’avait pas encore remarquée. C’est le tumulte éteint de sa tête qui le plongea dans le silence retrouvé. Il entendait des résidus de souffles retardés dans le sillage de la tempête, comme des traînées d’écume dans les grands courants du large, il imaginait des soldats fatigués titubant derrière le gros de l’armée, quelques coups affaiblis sur la toiture, quelques grognements poussifs. La lutte n’était plus l’objectif, plus rien à prouver.
Juste passer et disparaître.
Il fit de même.
Il remonta la couverture, éteignit la lumière, se roula en boule et écouta les murmures s’éteindre.
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Les enfants de la forêt amazonienne
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/06/2023
La différence entre des enfants du monde "moderne" et les enfants autochtones : Les "sauvages" savent survivre.
«Miracle» en Colombie : quel est l'état des quatre enfants, 24 heures après avoir été secourus ?
Par Jeanne Sénéchal
Publié hier à 13:01, mis à jour il y a 5 heures
https://www.lefigaro.fr/international/miracle-en-colombie-quel-est-l-etat-des-quatre-enfants-24-heures-apres-avoir-ete-secourus-20230611?
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Colombie: les enfants rescapés de la jungle sont dans des conditions «acceptables»
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Si leur état de santé relève quasiment du miracle, c'est grâce à l'aînée de la famille, Lesly, et notamment à un jeu auquel elle jouait avec sa tante lorsqu'elle était plus jeune, raconte la famille.
Leur visage creusé laisse entrevoir des yeux noirs, perçants. Leurs bras eux, sont squelettiques. Lesly, 13 ans, Seleiny, 9 ans, Tien Noriel, 4 ans, et Cristin, 1 an, ont été retrouvés sains et saufs après 40 jours d'errance dans la forêt amazonienne. Le 1er mai dernier, leur avion s'était écrasé dans le sud de Caqueta, en Colombie. Depuis, une centaine de militaires et des dizaines d'indigènes tentaient de remonter leur piste grâce aux précieuses traces qu'ils pouvaient laisser dans l'épaisse végétation.
Les jeunes enfants ont été découverts vendredi 9 juin dans l'après-midi à seulement quelques kilomètres de l'épave d'avion. Ils étaient déshydratés, avaient des symptômes de malnutrition et de nombreuses piqûres d'insectes sur le corps. Une équipe médicale les a immédiatement pris en charge, et ils ont été hélitreuillés de la jungle vers la ville de Bogota. Ils sont aujourd'hui hospitalisés dans un établissement de santé des armées, où ils suivent un processus de renutrition. Une hospitalisation qui pourrait durer entre deux et trois semaines.
Globalement, les enfants ne présentent pas un état de santé particulièrement dégradé : «Ils sont très faibles», mais ils sont entre «de bonnes mains», a déclaré le grand-père des bambins devant la presse. Astrid Caceres, directrice de l'Institut du Bien-être familial, a elle expliqué que les enfants «parlaient peu» mais étaient «joyeux» : «Ils commencent à vouloir jouer, Cristin en particulier», s’est-elle réjouie. Le médecin militaire lui a simplement relevé quelques «lésions cutanées et piqûres». Un état de santé général qui relève presque du miracle, après 40 jours passés dans la forêt amazonienne.
Comment ont-ils pu survivre 40 jours dans la jungle ?
Comment ces jeunes ont-ils pu survivre aussi longtemps dans la jungle, sans nourriture ni eau ? D'autant que leur petit groupe comportait un enfant de un an, ce qui nécessite une attention particulière. D'après la famille des enfants, la fratrie a pu survivre grâce à l'aînée, Lesly. L'adolescente de 13 ans a nourri ses frères et sa sœur grâce à de la Fariña, une sorte de farine fabriquée à partir de yucca amer, des graines trouvées dans la jungle et des fruits. La jeune fille savait «quels fruits elle ne pouvait pas manger parce que dans la jungle, il y a beaucoup de fruits toxiques, qui grattent», a expliqué sa tante dans une interview accordée à Caracol Noticias, une émission de télévision colombienne. Elle savait également s'occuper d'un bébé, car dès l'âge de 5 ans, «elle s'était occupée de son petit frère et a aidé sa mère», ajoute la tante.
En parallèle, l'adolescente de 13 ans a réussi à les mettre à l'abri, en construisant de petites cabanes de bois. Pour la tante de la fratrie, cela ne fait aucun doute que la jeune fille est à l'origine des constructions. Elle se serait même inspirée d'un jeu auquel elles jouaient toutes les deux : «Nous avions l'habitude de construire de petites huttes lorsque nous jouions, et d'après les photos qu'ils nous ont envoyées, je pense que c'est elle qui l'a fait. Je l'ai ressenti dans mon cœur parce qu'elle a la capacité d'apprendre beaucoup de choses et je pense que c'est elle qui a permis à ses petits frères de survivre aussi», a déclaré la femme. Le grand-père, lui, les a qualifié «d'enfants de la brousse».
Pour l'organisation nationale des peuples amérindiens de Colombie (Opiac), cela ne fait aucun doute que leur condition indigène et ce lien très spécial avec la nature a joué en leur faveur : «La survie des enfants est la démonstration de la connaissance et de la relation qu'entretiennent les indigènes avec la nature, un lien enseigné dès le ventre de la mère», est-il écrit dans un communiqué de l'Opiac.
«Ce sont des enfants indigènes et ils connaissent très bien la jungle. Ils savaient ce qu'il faut manger et ce qu'il ne faut pas manger. Ils ont réussi à survivre grâce à cela et à leur force spirituelle», a assuré à l'AFP Luis Acosta, qui a pris part aux opérations de recherche. «Nous avons une connexion particulière avec la nature», résume à l'AFP Javier Bettencourt, autre leader de l'ONIC. «Le monde a besoin de ce rapport particulier à la nature, de favoriser ceux qui, comme les indigènes, vivent dans la forêt et prennent soin d'elle».
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Deux visions antagonistes
- Par Thierry LEDRU
- Le 12/06/2023
LA VIE SUR TERRE par Aurélien Barrau :
« N’oublions pas que l’humanité tue environ mille milliards d’animaux chaque année, en grande partie des animaux sensibles donc qui ressentent la mort.
Mon fils qui est en terminale apprend encore, en cours de philosophie, que la conscience est le propre de l’homme.
C’est complètement débile ! Il est tout à fait certain qu’un très grand nombre d’autres espèces animales ont une conscience au sens fort du terme, une conscience du monde , une conscience de soi et de soi dans le monde, ça ne fait même plus débat aux scientifiques mais on s’est tellement accroché à ce propre de l’homme que nous avons passionnément aimé, que la question n’est pas mise sur la table.
Je me permets d’ailleurs de rappeler que le pire, à mon sens, ce ne sont même pas les conditions d’abattage qui sont extrêmement scandaleuses, le pire c’est en fait l’absence de vie qui précède l’abattage.
Beaucoup d’animaux n’ont jamais eu un seul instant la capacité de réaliser leur être. Prenons un lapin, son corps est fait pour bondir, tout le corps du lapin est fait pour ce geste-là. La plupart des lapins qui vivent aujourd’hui en France n’ont jamais bondi ! Ils vivent dans des clapiers qui sont grands comme leur corps et n’ont pas pu faire une seule fois pendant leur non vie, ce pourquoi leur corps est dessiné...
Donc moi je dirais que c’est un crime contre l’ontologie de la vie qui est en train de se déployer en ce moment.
Il faut absolument avoir en tête qu’aujourd’hui sur terre, l’essentiel de la biomasse des mammifères, c’est de la viande d’abattage! Ce sont des vaches et des cochons dans des fermes usines. Donc quand on montre aux enfants à l’école des livres avec des chevreuils, des souris, des campagnols, des biches etc.. C’est une imposture!
Ça ne ressemble plus à ça la vie sur terre !
95% de la masse des mammifères sur terre, aujourd’hui, ce sont essentiellement des animaux qui ne verront jamais la lumière du soleil, qui n’auront jamais un rapport sexuel, d’affection ou de sociabilité et qui sont en train d’attendre le moment où la hache va leur trancher le cou !
Donc on a déjà transformé cette planète en enfer !
Moi ce que j’aimerais, c’est qu’on en parle !
Imaginez que le chef de l’Etat fasse une conférence de pesse ou une intervention au journal de 20h de TF1 où il parlerait de cette question pendant vingt minutes, tout le monde dirait mais attendez, il se passe des choses sérieuses dans le monde, comment peut-on parler d’un sujet aussi frivole ?
Et donc je trouve que la question, pour le moment, c’est déjà d’accepter que ce sujet soit discuté.
Jusqu’à maintenant quand on pose la question face à la catastrophe écologique « est-ce qu’on va s’en sortir » pour l’immense majorité des intellects, le « on » ne se réfère qu’à l’humanité et on oublie qu’on partage cette planète avec sept millions d’autres espèces qui littéralement passent en dommage collatéral et ça, c’est pas une question scientifique, c’est une question éthique !
La question du spécisme n’est pas encore une question sérieuse...»
Aurélien Barrau,
dialogue avec des étudiants HEC, 18.11.2020

Les Français mangent deux fois plus de viande que la moyenne mondiale
© Shutterstock / BearFotos
Par Delia ArrunateguiLe 09 juin 2023 à 21h08 mis à jour 12 juin 2023 à 17h37
Avec environ 85 kilos de viande consommée par personne en 2022, la France double la consommation mondiale, mais se maintient dans la moyenne européenne.
Les Français font partie des populations appelées à faire davantage d'efforts pour réduire leur consommation de viande. Selon les chiffres du Ministère de l'Agriculture, la consommation de viande par habitant a progressé en France de 0,7 %.
Les préférences dans le choix de viandes ont changé avec le temps, la consommation de porc reste en tête avec 31,7 kg, suivie par celle de la volaille avec 28,6 kg, celle de veau et de bœuf avec 22,1 kg, pour finir avec celle du mouton avec 2,2 kg. Ces chiffres confirment que la viande de veau et de bœuf est de plus en plus remplacée par la consommation de volaille.
QUEL EST L'IMPACT DE LA CONSOMMATION DE VIANDE SUR L'ENVIRONNEMENT ?
La grande demande de viande est un défi majeur pour la planète, tant en matière d'émissions de gaz à effet de serre que d'impact sur la biodiversité, de disponibilité des terres et de déstabilisation d'économies traditionnelles pastorales. L'intensification de l'élevage menace en effet les modèles d'élevage paysan, qui constituent le socle économique de nombreux pays en voie de développement.
POURQUOI LIMITER LA CONSOMMATION DE VIANDE ROUGE EST BON POUR LA SANTÉ ?
En France, la consommation moyenne de produits animaux est supérieure aux besoins nutritionnels. Une diminution de leur consommation, notamment celle correspondant aux viandes rouges et aux produits carnés transformés, est une recommandation en faveur de la santé.
En revanche, certains groupes de populations, notamment les personnes âgées, les enfants et les femmes enceintes, ont des besoins spécifiques en protéines de haute qualité nutritionnelle et en micronutriments (minéraux et vitamines), présents dans les produits animaux et qui sont plus facilement assimilables par l'organisme. La réduction de la consommation de produits animaux doit être accompagnée avec attention chez ces personnes.
3 ASTUCES POUR RÉDUIRE LA CONSOMMATION DE VIANDE ROUGE
Privilégiez les légumineuses : avec les beaux jours qui reviennent, les salades font leur grand retour. Privilégier celles qui contiennent des légumineuses, oléagineux, dérivés de soja, céréales, graines ou du tofu, tous ses aliments sont source de protéines végétales.
Réalisez des assiettes gourmandes et colorées : les fruits et légumes ne sont pas colorés par hasard, c'est une manière d'attirer les animaux et l'Homme mais il faut aussi savoir que les pigments qui les colorent possèdent de nombreux bienfaits. Les fruits et légumes contiennent des phytonutriments, c'est ce qui leur donne leurs jolies couleurs, mais ils sont également riches en antioxydants. Chacun de ces pigments naturels possède des vertus spécifiques, ainsi, on peut répartir les bienfaits des aliments selon leur couleur.
Adoptez le régime méditerranéen, il est bon pour la santé, il est riche en nutriments et contient très peu de viande rouge et de charcuterie. Il est inspiré des habitudes alimentaires du pourtour méditerranéen et serait excellent pour préserver le système cardiovasculaire (il lutte contre le cholestérol et l'athérosclérose), lutter contre le diabète de type 2 (il freine la résistance à l'insuline), atténuer les troubles de l'humeur (il améliore les symptômes dépressifs chez les hommes jeunes) ou encore réduire le risque de cancer (du sein et de la prostate, en particulier).
Sources :
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Matière et antimatière
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/06/2023
Je regrette de n'avoir pas écouté suffisamment les cours de sciences au lycée. Je n'avais que la philosophie et la littérature en tête. J'essaie à 60 ans de rattraper mon retard.
https://www.science-et-vie.com/sciences-fondamentales/matiere-univers-seconde-
Origine de la matière : l’Univers aurait dû durer moins de 1 seconde
PUBLIÉ LE 05 JUIN 2023 À 08H00 MODIFIÉ LE 5 JUIN 2023PAR SIMON DEVOS
Crédit photo : Shutterstock
Tout s'est joué dans les premiers instants de l'Univers, dans la milliseconde qui a suivi le big bang. Là, s'est glissé un minuscule bug, une erreur primordiale. Alors que la matière qui nous compose était vouée à disparaître, elle a finalement survécu… Que s'est-il passé ?
Que quelque chose existe, on peut en être tout à fait certain. Notre incommensurable Univers, souvent décrit à tort comme majoritairement vide, regorge d’étoiles flamboyantes, de splendides nébuleuses, de galaxies imposantes et d’insondables trous noirs. La matière est absolument partout… et c’est bien ça, le problème. Quelque chose cloche.
“C’est simple : si l’on suit à la lettre le modèle standard de la cosmologie – théorie qui, jusqu’à preuve du contraire, décrit le mieux les grandes étapes de l’Univers -, rien de tout cela ne devrait être. Tout aurait dû rester complètement vide”, assène la physicienne des particules Gudrun Hiller, de l’université de Dortmund, en Allemagne. Or il n’en est rien, ou plutôt or tout est. Un processus fondamental, un gigantesque paradoxe échappe à notre entendement, tenant les physiciens en échec depuis des décennies. Vous, moi et tout ce qui nous entoure, jusqu’à la moindre particule. Nous ne devrions pas exister. En tout cas, en théorie.
>> Lire aussi : Le Système international d’unités se dote de quatre nouveaux préfixes
L’origine de ce problème se situe aux tout premiers instants de l’Univers, juste après le big bang, lors de la phase de création de la matière et de sa sœur jumelle, l’antimatière (voir l’infographie ci-contre). L’existence de cette dernière a été confirmée par l’observation dès les années 1930. Elle s’est révélée composée de particules en tout point identiques aux quarks, électrons ou autres neutrinos constituant la matière classique. Certains de leurs paramètres, par contre, lui sont diamétralement opposés, comme leur charge électrique.
Pourtant, “d’après les prédictions du modèle standard de la physique des particules, matière et antimatière auraient dû être créées dans des proportions équivalentes, à la particule près” , indique Thomas Lefort, du Laboratoire de physique corpusculaire de Caen. C’est d’ailleurs ce que l’on observe lorsque l’on fait s’entrechoquer des particules entre elles à haute vitesse : le résultat est toujours une combinaison de matière et d’antimatière en exactes mêmes quantités.”
En théorie, matière et antimatière auraient dû s’anéantir mutuellement dès l’origine, laissant l’Univers désespérément vide.
Seulement voilà, les deux sœurs ne peuvent en aucun cas se rencontrer sans violent coup d’éclat. La collision entre une particule de matière et une d’antimatière provoque immanquablement une annihilation totale des deux protagonistes, accompagnée de la libération d’une énorme quantité d’énergie. Conséquence du point de vue théorique : dès l’instant qui suivit leur création, matière et antimatière, en proportions égales, auraient dû se rencontrer et s’anéantir mutuellement. Il n’aurait ensuite subsisté qu’un vaste Univers, désespérément vide, marqué à jamais par la lumière blafarde de ce cataclysme originel.
>> Lire aussi : Des astronomes observent des jets relativistes, issus de la rencontre d’une étoile et d’un trou noir
MATIÈRE : UNE ASYMÉTRIE INITIALE
Mais ce n’est pas arrivé – heureusement, d’ailleurs. Quelque chose dissone, mais quoi ? “Pour sortir de cette impasse, le seul moyen est de postuler qu’à un moment donné, la matière l’a emporté sur l’antimatière”, expose Stéphane Lavignac, de l’Institut de physique théorique de Paris-Saclay. Ce qui implique nécessairement qu’un mystérieux processus, non inclus dans les théories actuelles de physique des particules, a d’une certaine façon favorisé la matière. Celle-ci se serait alors formée dans des proportions légèrement plus grandes que celles de sa sœur jumelle. Et lors de la grande annihilation, quand la totalité de l’antimatière et une quantité équivalente de matière furent réduites à néant, un surplus de la matière originelle, peut-être 1 atome sur 1 milliard, aurait survécu pour former absolument tout ce qui est.
Cliquez sur l’image pour l’agrandir
Ce postulat est soutenu par les observations actuelles : que ce soit dans notre environnement proche ou plus lointain, de la Terre au Système solaire, de la Voie lactée aux galaxies les plus éloignées, tout semble composé de matière. “Certaines expériences se sont bien mises en quête d’atomes d’antihélium, qui seraient produits par d’hypothétiques antié-toiles, révèle l’expérimentateur Guillaume Pignol, du Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie de Grenoble. Mais même si plusieurs candidates ont d’ores et déjà été proposées, aucune n’a été confirmée pour le moment . Les étoiles restent bel et bien composées de matière ordinaire.”
Idem pour l’Univers lointain ! Si des quantités non négligeables d’antimatière subsistaient, les chercheurs en auraient forcément observé la trace au cours d’épisodes ponctuels d’annihilation. La rencontre avec la matière laissant derrière elle une signature tout à fait caractéristique, sous la forme de rayons gamma. L’antimatière est donc bien manquante : l’asymétrie initiale entre matière et antimatière ne fait aucun doute.
Reste à découvrir ce petit “quelque chose” qui l’a provoquée, et qui échappe encore au modèle théorique actuel. En réalité, comme l’a théorisé en 1967 le physicien d’origine russe Andreï Sakharov dans un travail de référence, des petits “quelque chose”, il en faut même trois. Un trio de conditions absolument indispensables pour passer d’un Univers parfaitement équilibré, et donc vide, à cet inévitable déséquilibre de matière (voir l’infographie ci-contre). Et toutes seraient survenues juste après l’inflation, le moment d’expansion extrêmement rapide de l’Univers. Car durant ses premiers instants, notre Univers aurait été tout simplement trop chaud pour permettre l’existence même de la matière.
Mais à la phase suivante, appelée la “baryogénèse”, qui aurait démarré quelque part entre 10-32 et 10-12 seconde après le big bang. Des baryons, particules composées de trois quarks comme les neutrons et les protons, se seraient formés. Ici survient la première condition. Pour Sakharov, un processus devait intervenir à cet instant précis, induisant la violation d’une caractéristique liée à la transformation de la matière en antimatière, et inversement. Ce que l’on nomme “conservation du nombre baryonique”.
La matière est partout !
Une fraction de la matière, 1 atome sur 1 milliard, a survécu à l’annihilation. C’est elle qui a formé atomes, étoiles, planètes et galaxies. Que s’est-il passé ? Tout se serait joué juste après l’inflation, dans la phase dite de baryogénèse. Pour l’expliquer, 3 conditions sont nécessaires…
#1. Une constante admise par la théorie n’a pas été respectée
Il s’agit de la “conservation du nombre baryonique”. Cette caractéristique est liée à la transformation de matière en antimatière, et inversement. Normalement nulle, cette constante aurait penché vers la création de matière.
#2. L’équilibre thermique de l’Univers s’est effondré
Sans quoi les conditions qui régnaient au commencement n’auraient pas permis la création d’un surplus de matière.
#3. Matière et antimatière ne sont pas régies par les mêmes règles
Il y aurait une rupture dans la symétrie CP : c’est elle qui échappe encore aux physiciens du monde entier. L’antimatière ne serait pas soumise à la même physique que sa contrepartie et le socle même du modèle standard s’envolerait. Si elle était observée, cette rupture de la symétrie pourrait chambouler la physique.
GRÉGOIRE CIRADE
DES RÉSULTATS INATTENDUS
Deux autres ingrédients sont encore nécessaires à notre monde de particules. Déjà, l’équilibre thermique qui régnait aux débuts de l’Univers ne permettait pas de créer un surplus de matière. Il fallait donc qu’il se soit effondré d’une manière ou d’une autre. Il faut enfin que matière et antimatière obéissent à des lois physiques sensiblement différentes.
“Cette dernière condition revient à violer ce que l’on appelle la symétrie CP, C tenant pour charge, et P pour parité , décrit la théoricienne Nazila Mahmoudi, du Cern. La symétrie CP est fortement liée au modèle standard de la physique des particules, et permet en théorie de remplacer, dans n’importe quelle situation, une particule de matière par une autre d’antimatière, sans qu’il y ait de conséquences visibles.”
La recette était découverte. Elle nécessite trois ingrédients miracles – la violation de la conservation du nombre baryonique, la rupture de l’équilibre thermique et la violation de la symétrie CP – et un instant précis – la baryogénèse. Les années suivantes, les scientifiques se sont donc évertués à aller plus loin. Dénicher l’origine physique des trois conditions de Sakharov. La première ne posa pas problème. La violation du nombre baryonique est tout à fait cohérente avec le cadre théorique du modèle standard de la physique.
Concernant la rupture de l’équilibre thermique, ce fut un peu plus compliqué. « Elle implique que des symétries présentes à très haute température se soient brisées lorsque l’Univers s’est refroidi, précise Stéphane Lavignac. Ce n’est pas évident, mais loin d’être incompatible avec le cadre général du début de l’Univers, très chaud et en rapide expansion ».
Restait la dernière condition de Sakharov. La violation de la symétrie CP, la preuve que les particules de matière et d’antimatière peuvent être soumises à des physiques différentes. Celle-ci a longtemps laissé les théoriciens perplexes. Les symétries jouent en effet un rôle crucial en physique des particules. Au point d’avoir servi de socle dans la construction du modèle standard. Comment alors expliquer l’existence d’une violation de la CP, indispensable à la baryogénèse, tout en étant en désaccord complet avec la théorie et les observations de l’époque ? Dans les années 1960, quelques équipes de recherche ont tout de même entrepris de sonder les particules de matière en quête de ses empreintes.
Et ils en ont trouvé ! La toute première preuve observationnelle concernait des particules constituées d’un quark et d’un antiquark : les kaons. Une équipe de l’université de Princeton, aux États-Unis, a réussi à débusquer une anomalie dans le processus naturel de désintégration des kaons neutres. Dans certains cas, les produits de cette transformation n’étaient pas du tout conformes à la théorie. “Un résultat qui n’est possible que si l’interaction faible, force responsable de la désintégration des particules, brisait la symétrie CP” , précise Nazila Mahmoudi
. Rapidement, d’autres indices de cette violation de CP ont été observés au cours du XXe siècle. Et les théoriciens furent contraints d’apporter quelques petites modifications à la théorie du modèle standard, afin de pouvoir les expliquer. Désormais, la violation de CP fait partie intégrante de notre compréhension du monde.
« Une simple mesure pourrait faire entrer la physique dans une nouvelle ère » – GUDRUN HILLER, Physicienne à l’université de Dortmund, en Allemagne

AU-DELÀ DU MODÈLE STANDARD
L’un des plus grands mystères de la physique, l’existence de la matière elle-même, serait-il résolu ? Pas du tout. « La portion de violation CP incluse dans la théorie reste très insuffisante pour engendrer l’asymétrie originelle entre matière et antimatière, reconnaît David London, de l’université de Montréal. Il faut donc chercher plus loin.” Ce à quoi s’adonnent de nombreuses équipes de recherche à travers le Globe.
En ce moment, quatre expériences d’envergure colossale et de haute précision se mettent en place. Le but ? Capter de nouvelles signatures inédites de cette si fuyante violation de CP. En Suisse, derrière le blindage magnétique le plus épais jamais construit, des chercheurs entendent débusquer un moment dipolaire électrique. Pourtant théoriquement neutre, chez le neutron. Au LHC, le plus grand accélérateur de particules au monde, la désintégration de l’antiméson B, soupçonnée d’être différente de celle de son pendant, le méson B, est scrutée. De la côte est vers la côte ouest du Japon, des neutrinos et antineutrinos sont lancés à toute vitesse. Et leurs oscillations, étonnamment non similaires, âprement analysées. Enfin, au Cern, dans un accélérateur linéaire. Des physiciens tentent de dévoiler le comportement aberrant de l’antihydrogène face à la gravité.
« Nous sommes en quête d’une direction dans laquelle chercher » – NAZILA MAHMOUDI, Physicienne théorique au Cern

“Ces expériences sont en quelque sorte nos lanternes dans l’obscurité, commente Igor Bray, de l’université Curtin en Australie. Puisque nous n’avons pas vraiment de cadre en tête pour cette nouvelle violation de symétrie CP, ce sont elles qui pourraient nous éclairer sur la physique qui se cache au-delà du modèle standard ». Et qui promettent de nous expliquer pourquoi vous, moi, elles-mêmes et tout ce qui nous entoure existons.
« Une brisure de symétrie est forcément apparue à un moment dans l’histoire de notre Univers ». – STÉPHANE LAVIGNAC, Physicien de l’Institut de physique théorique de Paris-Saclay
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Théodore Monod
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/06/2023

"Je fais partie de la race humaine et pourtant je dis : qu'importe si l'homme disparaît du globe. Il l'aura bien mérité ! Sa folie actuelle est telle, tant de stupidités et d'imprudence ! Il existera toujours des relais dans la nature. Dans l'évolution biologique, si une branche disparaît, elle est relayée par une autre. La nature et les animaux existaient avant nous sans avoir à supporter notre rapacité. Et l'évolution peut dessiner un cercle, lequel se refermera sur les origines neuves, c'est à dire préhistoriques."
"Le modernisme nous a transformés, et même déformés, par son enchaînement de nuisances. Bien que je ne sois pas contre le progrès matériel quand il peut épargner -et non pas éviter, comme il est souvent dit - de la peine aux être humains, je crains le pouvoir des technocrates. Ces Faust veulent prendre le monde en mains. Nous aurions alors une marée de consommateurs aveuglés, ignorant tout de la terre, de ses cycles et richesses."
Théodore Monod [Le chercheur d'absolu]
Théodore Monod (1902-2000), la vie en respect (France Culture)
Théodore Monod (1902-2000), la vie en respect
Samedi 23 décembre 2017
ÉCOUTER (59 MIN)
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-vie-une-oeuvre/theodore-monod-1902-2000-la-vie-en-respect-
Provenant du podcastToute une vie
CONTACTER L'ÉMISSION
Considéré comme l'un des très grands spécialistes du Sahara au XXe siècle, Théodore Monod fut aussi plus largement un humaniste et un homme de foi qui n'eut qu'un credo : le respect de la vie sous toutes ses formes.
Avec
Nicole Vray historienne.
Philippe Taquet Professeur au Muséum National d'Histoire naturelle et président de l'Académie des Sciences
Ambroise Monod
Jean-Claude Nouët
Cyrille Monod fils aîné de Théodore Monod.
Théodore Monod naît en 1902.
Il entre au Muséum d'histoire naturelle dès 1922 et y soutient sa thèse en 1926. Il découvre le continent africain grâce à deux missions de recherche, puis parcourt le Sahara occidental pendant plus d'un an.
En 1930, son service militaire le mène au Sahara algérien : ses recherches sont définitivement orientées vers une région du monde dont il devient un éminent spécialiste.
En 1938, Monod est affecté à Dakar pour créer un institut de recherche. Sous son impulsion, l'Institut français d'Afrique noire devient un grand centre scientifique.
Il est nommé directeur du laboratoire des pêches d'outre-mer au Muséum, en 1942, puis élu à l'Académie des sciences en 1963. Il s'éteint en 2000, à l'âge de 98 ans.
Par Françoise Estèbe. Réalisation : Lionel Quantin. Archives INA. Extraits du film Le vieil homme et le désert, de Karel Prokop. Textes lus par Robert Milin. Rediffusion de l'émission du 21.06.2014. Liens internet : Annelise Signoret.
LIENS
Théodore Monod : deux ou trois choses que je sais de lui : documents et témoignages à lire sur le site de Jean Moncelon.
A l’occasion du dixième anniversaire de la mort de Théodore Monod en 2010, Bruno Lecoquierre, maître de conférences à l’Université du Havre, revient sur l’œuvre et les voyages de ce grand scientifique. A lire sur le blog "Visions cartographiques" du Monde Diplomatique.
Bibliographie complète du fondateur de l’Institut Français d’Afrique Noire (IFAN) sur le portail Webafrica.
Théodore Monod et l’archéologie bretonne:note sur un épisode méconnu de la vie du "fou du désert". Article de la Revue d’Archéologie de l’Ouest.
Un certain Théodore : souvenirs, réflexions et sentiments sur Théodore Monod : portrait de Théodore Monod en végétarien, par André Méry pour les Cahiers antispécistes.
Entretien avec Théodore Monod à propos de son livre Mémoires d'un naturaliste voyageur, dans l’émission "Le balcon" le 29 décembre 1990. A revoir sur le site de l’Ina.
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Corps et esprit
- Par Thierry LEDRU
- Le 10/06/2023
Je n'écris pas beaucoup ici depuis quelque temps.
Beaucoup de choses en cours. Je continue le travail pour la mare que j'ai creusée au fond de la prairie.

PREMIER JOUR

ET MAINTENANT
Des travaux d'aménagement intérieur également dans la maison. On va raser une partie d'un bâtiment très mal construit pour monter une extension qui nous servira de chambre. Du gros oeuvre.
Et dix-sept stères de bois à aller tronçonner en forêt, à fendre, à ramener jusqu'à la remorque, à empiler enfin. Puis le nettoyage de la zone pour revenir à l'automne y planter des dizaines de glands et de châtaignes et de noisettes, des bouleaux, des frênes, des hètres, et tous les jeunes arbres que je déracine parce qu'ils n'ont aucun avenir là où ils ont poussé. Je les replante dans des endroits où ils pourront grandir.
Marche, natation et vélo sont toujours au programme.
Pendant toutes ces journées de travail ou de sport, une pensée récurrente m'accompagne, une interrogation qui m'entraîne dans des pensées qui me réjouissent et simultanément me frustrent. J'ai retrouvé dans le roman "Là-Haut", le résumé de tout ça. Et je n'ai pas de réponse autre que celle d'honorer la vie, même si sa compréhension me reste insaisissable.

"Comment réaliser clairement, au plus profond de soi, que cet être que nous sommes est en vie ? Qu’un mystérieux miracle assemble un extraordinaire chaos. Qu’une force incompréhensible anime l’ensemble. Qu’à chaque instant, dans la plus petite parcelle du Temps qui passe, la cohésion de ces milliards de particules que nous sommes est préservée, entretenue, améliorée, perturbée, envahie, affaiblie, guérie, mais jamais sans la moindre intervention volontaire de notre part. À qui appartenons-nous finalement ? Pas à nous en tout cas. Comment pourrions-nous considérer que nous nous appartenons quand nous ne sommes même pas capables de comprendre ce qui nous anime ?"
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Une spiritualité malsaine.
- Par Thierry LEDRU
- Le 24/05/2023
Je préviens tout de suite que je ne suis non seulement pas d'accord avec le texte qui suit mais je considère même que ce genre de texte "spirituel" est le meilleur moyen pour faire fuir les gens de cette démarche d'observation, d'analyse et de compréhension de l'existence.
Je m'en explique sous le texte.
LES QUATRE LOIS D'UN SHAMAN
Le premier dit :
"La personne qui entre dans notre vie est la bonne personne"
En d'autres termes, personne n'entre dans notre vie par hasard, toutes les personnes autour de nous, qui interagissent avec nous, sont là pour une raison, pour nous faire apprendre et avancer dans chaque situation.
La deuxième loi dit :
« Ce qui arrive est la seule chose qui aurait pu arriver. "
Rien, mais rien, absolument rien de ce qui nous arrive dans notre vie n'aurait pu être autrement.
Même pas le détail le plus insignifiant.
Il n'y a pas : " si j'avais fait une telle chose, une telle autre serait arrivée... ".
Non, non.
Ce qui s'est passé était la seule chose qui aurait pu arriver et il a fallu que nous apprenions cette leçon et que nous passons à autre chose.
Chacune et chacune des situations qui nous arrivent dans nos vies sont parfaites, même si notre esprit et notre ego résistent et ne veulent pas l'accepter.
Le troisième dit :
« Chaque fois que ça commence est le bon moment. "
Tout commence au bon moment ni avant ni après.
Lorsque nous sommes prêts à quelque chose de nouveau qui commence dans notre vie, c'est à ce moment que cela commencera.
Et le quatrième et dernier :
"Quand quelque chose se termine, ça se termine. "
Juste comme ça.
Si quelque chose a pris fin dans nos vies, c'est pour notre évolution, donc mieux vaut la quitter, avancer et avancer déjà enrichi par cette expérience.
Je pense que ce n'est pas par hasard que vous lisez ceci, si ces mots sont entrés dans nos vies aujourd'hui ; c'est parce que nous sommes prêts à comprendre qu'aucun flocon de neige ne tombe jamais au mauvais endroit. " Franck Facts
C'est le genre de texte "spirituel" que je trouve limite injurieux. Le genre d'auteur qui doit sacrément planer et être perché si haut qu'il en a perdu le lien avec l'humanité..
Juste un exemple : l'infirmière qui est morte poignardée par un déséquilibré. L'auteur de ce texte irait-il lui dire que "tout est parfait ? Ou à son mari ou à ses deux enfants qu'elle a rencontré la "bonne personne" ?
Ces textes de gens qui vivent dans leur bulle spirituelle sont ceux qui font le plus de mal à la spiritualité. Ils poussent leurs "réflexions" tellement loin qu'ils en deviennent inhumains. Et si la spiritualité n'est plus humaine alors elle n'a pas lieu d'être.
"Chacune et chacune des situations qui nous arrivent dans nos vies sont parfaites, même si notre esprit et notre ego résistent et ne veulent pas l'accepter."
Non, non, définitivement non. C'est juste du délire. Elles ne sont pas parfaites et vouloir les considérer comme telles quand elles sont dramatiques, ça serait rejeter au tréfonds le traumatisme et faire en sorte qu'il pourrisse notre vie jusqu'à notre mort.
Dans une situation dramatique, il y aura nécessairement des émotions surpuissantes, dévastatrices, un écroulement spirituel, existentiel, philosophique, le "Pourquoi moi ? Pourquoi tout ça ? Pourquoi le monde est-il dans cet état ? Pourquoi autant de douleurs, de souffrances, de misère, de dévastation ?" Ce questionnement est une voie de salut et aucun chaman digne de ce nom n'irait dire à celui ou celle qui se les pose que "tout est parfait". Et d'ailleurs, j'aimerais bien connaître la source réelle de ces quatre lois... J'ai un sérieux doute sur leur véracité.
Elizabeth Kübler Ross, une femme immensément estimable, avait élaboré un processus qu'elle a appelé "les étapes du deuil" et jamais elle ne serait allé affirmer que tout est parfait. Mais par contre, l'individu confronté à un deuil ou à une situation dramatique similaire à la mort de ses certitudes et de sa sérénité peut parvenir à rendre les choses meilleures, non pas parfaites mais utiles. Par un long processus.
"Quand tu les acceptes, les choses sont ce qu'elles sont ; quand tu ne les acceptes pas les choses sont ce qu'elles sont."
Voilà un précepte auquel j'adhère car effectivement, l'émotion est la mienne et n'a rien à voir avec les faits et n'y changera rien. Mais il n'en reste pas moins que les situations dramatiques, jamais, je ne les qualifierai de "parfaites". Si la spiritualité insère dans l'esprit des gens une donnée irréalisable, elle n'est rien d'autre que la source d'un mal-être nourri par une culpabilité inévitable.
Quant aux situations heureuses, il s'agit de ne pas perdre de vue qu'elles ne sont pas nécessairement durables et qu'il convient par conséquent de ne pas les poser sur un piédestal mais bien de rester dans la même lucidité d'observation. Le bonheur n'est jamais que l'idée que je me fais d'une situation donnée et qui répond à mes attentes. Il est juste que j'en profite mais il serait faux de croire qu'il est là à tout jamais. L'instant présent est à la source de la joie. Projeter cette joie au-delà de l'instant contribue à la détruire.
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L'intrication quantique
- Par Thierry LEDRU
- Le 22/05/2023
J'ai relu cinq fois et je n'y comprends rien. En tout cas, je ne suis aucunement en mesure de faire unr ésumé ni d'en tirer la moindre conclusion.
Quel intérêt me diriez-vous de lire et relire quelque chose qui est pour soi incompréhensible ?
Pour sortir de ma zone de confort, pour quitter la routine des lectures dans des domaines que je connais quelque peu, dans lesquels mon intellect interragit, pour m'obliger à prendre conscience de l'immensité de mes limites actuelles et de l'exploration que je peux encore tenter d'accomplir, pour ne pas me contenter de ce que je sais parce que ce fonctionnement est mortifère. Il faut que je continue à apprendre avant que l'âge ne me mène à l'effacement de ce que je sais. Que l'urne continue à se remplir et que le vide ne soit pas encouragé à venir creuser dans la masse des connaissances acquises. Je suis admiratif de ces chercheurs et en même temps quelque peu effrayé qu'ils puissent y avoir de tels écarts de compréhension d'un esprit à un autre.
Est-ce donc que le potentiel était là, dès le premier jour, est-ce donc que le développement de l'enfant a été si admirablement mené que l'adulte puisse atteindre le sommet de son art ? Y a -t-il par conséquent une condamnation immédiate de l'enfant naissant dans une famille désoeuvrée ou le potentiel inséré trouvera-t-il malgré tout le chemin vers la connaissance ?
Je n'ai pas eu une éducation intellectuellement stimulante. C'est à l'école que j'ai découvert le bonheur de la lecture et l'envie d'apprendre. Mais de là, à me lancer dans des lectures scientifiques de ce niveau, il aura fallu que j'atteigne la soixantaine pour tenter l'aventure.
L’intrication quantique confirmée par une expérience de Bell sans faille
De nombreuses expériences ont testé la réalité de l’intrication quantique et de la non localité. Mais jusqu’à présent, toutes souffraient de failles subtiles. Une nouvelle expérience évite ces écueils et confirme la réalité de l’intrication quantique.
29 octobre 2015| Temps de lecture : 5 mn
https://www.pourlascience.fr/sd/physique/l-intrication-quantique-confirmee-par-une-experience-de-bell-sans-faille-12185.php

Partie du dispositif expérimental qui héberge l'un des diamants.
Frank Auperle
Une bonne partie de sa vie, Einstein n'a cessé d'essayer de mettre la physique quantique en faute. Il critiquait en particulier le concept d’intrication quantique, selon lequel l’état de particules peut être lié quelle que soit la distance qui les sépare. En 1935, avec Boris Podolsky et Nathan Rosen, il a formulé ses objections sous forme d’un paradoxe, aujourd'hui nommé paradoxe EPR. Selon ces trois physiciens, l’intrication quantique implique qu’il existe entre deux particules intriquées des interactions qui se propagent plus vite que la lumière. La seule façon d’éviter ce conflit avec la relativité restreinte est de supposer que la physique quantique décrit la réalité de façon incomplète et qu’il existe des « variables cachées », inconnues des physiciens, qui donnent l’illusion de l’intrication quantique. Pour le physicien danois Niels Bohr, principal contradicteur d’Einstein, il n’y a pas de conflit avec la relativité restreinte car l’intrication quantique est un phénomène non local : il ne dépend pas des positions des particules dans l’espace ; un système intriqué forme un tout dont on ne peut pas décrire séparément les composants. De nombreuses expériences ont été conçues pour confirmer la non-localité de l’intrication. Mais toutes comportent de subtiles failles logiques, ou échappatoires. Une équipe menée par Ronald Hanson, de l’université de Delft aux Pays-Bas, a enfin conçu une expérience sans faille qui confirme la réalité de l’intrication quantique.
Revenons d'abord sur la notion d'intrication quantique. En physique quantique, l’état d’une particule est décrit par une « fonction d’onde ». Celle-ci décrit par exemple le spin de la particule (son moment cinétique intrinsèque). La fonction d'onde correspond à une superposition d'états. Le spin (que l’on peut se représenter comme une petite flèche attachée à la particule) est ainsi une somme des états « vers le haut » et « vers le bas ». Lorsqu'on mesure l’orientation du spin, la fonction d’onde est modifiée (ou « réduite »), la superposition d'états disparait et le spin observé prend, de façon aléatoire, la valeur « haut » ou la valeur « bas », comme on s’y attend pour un objet usuel.
Des particules forment un système intriqué lorsque leurs états sont liés, et ce même si elles sont éloignées les unes des autres. Que se passe-t-il lors de la mesure dans un système intriqué ? Considérons par exemple un système intriqué formé de deux particules dont les spins sont toujours opposés. Le spin de chaque particule est une superposition indeterminée des états haut et bas. Lorsque l’on mesure le spin de la première particule, sa fonction d’onde est réduite et on obtient une valeur de spin de façon aléatoire. Instantanément, l'orientation du spin de la seconde particule prend l’état opposé, même si les particules sont trop éloignées l’une de l’autre pour avoir le temps d’échanger une information (à la vitesse de la lumière). L’intrication peut être vue comme une généralisation de la superposition d’états à plusieurs particules.
Qui a raison, Bohr ou Einstein ?
Pour Einstein, cette transmission d'information plus rapide que la lumière est inacceptable : il doit exister des variables cachées pré-établies qui portent l’information de l’issue de la mesure et qui donnent l’impression d’une communication immédiate. Le débat en reste là jusqu’en 1964. Cette année là, le physicien nord-irlandais John Bell propose le principe d’une expérience qui permet de résoudre le problème. Il formalise la question par des inégalités, dites de Bell, qui sont évaluées au cours de l’expérience. Si l’inégalité n’est pas respectée, alors le résultat de l’expérience ne peut pas être expliqué par l'existence de variables cachées, et il faut se résoudre à admettre le caractère non local de la nature.
En 1982, l’équipe d’Alain Aspect, de l’Institut d’optique, à Orsay, met au point une expérience pour vérifier les inégalités de Bell. Dans le dispositif, des paires de photons intriqués sont produites, puis chacun des photon d’une paire est dirigé vers un détecteur pour mesurer sa polarisation. Les deux instruments sont suffisamment éloignés l’un de l’autre pour éviter qu'une communication à la vitesse de la lumière puisse fausser le résultat de la mesure (On parle d'échappatoire de communication, ou échappatoire de localité).
Alain Aspect et ses collègues montrent que, dans ce dispositif, les inégalités de Bell sont violées, confirmant ainsi le caractère non local de la physique quantique. Cependant, cette expérience souffre d’une « échappatoire de détection ». Les photons sont en effet facilement absorbés durant leur trajet et tous ne sont pas détectés. On peut imaginer que les photons détectés violent les inégalités de Bell, mais que ce n'est pas le cas pour l'ensemble des photons émis. Pour pouvoir tirer une conclusion de l'expérience, il faut faire l’hypothèse que l'échantillonnage des photons observés est représentatif des photons émis. Cette échappatoire est difficile à maîtriser.
Néanmoins, en 2013, les équipes d’Anton Zeilinger, de l’université de Vienne, et de Paul Kwiat, de l’université de l’Illinois à Urbana-Champaign, ont montré qu’il était possible de contrôler l'échappatoire de détection à l'aide de détecteurs supraconducteurs qui limitent les pertes de photons. Mais ce dispositif ne résolvait plus l’échappatoire de communication...

Vue grand angle du dispositif, les deux diamants sont installés dans les sités marqués à gauche et en haut à droite. Les photons sont conduits vers le site à droite. (crédit : université de Delft)
Ronald Hanson et son équipe ont aujourd'hui mis au point un système qui traite les deux failles en même temps. L’idée était déjà suggérée par John Bell : il faut ajouter un sous-système qui s’assure que le dispositif quantique est prêt à être mesuré. L'expérience comprend deux diamants distants de près de 1,3 kilomètre, qui présentent des défauts dans leur réseau cristallin. Ces défauts agissent comme des systèmes quantiques individuels (ou « atomes artificiels ») qui possèdent un spin électronique que les chercheurs peuvent contrôler au moyen de lasers et micro-onde. On peut notamment forcer les diamants à émettre des photons intriqués avec l'état de spin du défaut cristallin. Ces photons sont ensuite guidés vers un dispositif placé entre les deux sites initiaux afin d'être détectés. En vertu de l'intrication, la mesure de la polarisation de ces photons se répercute instantanément sur les spins des défauts du diamant, même si ceux-ci sont distants de plus d'un kilomètre. La détection des photons permet d’assurer que les spins des défauts sont maintenant intriqués entre eux et que le système quantique est prêt à être mesuré. Ainsi, l’échappatoire de détection est résolue, car la mesure des spins se fait sur les défauts cristallins et non plus sur les photons, comme dans l'expérience d'Aspect. En outre, la mesure ne sera effectuée que si les spins des défauts sont bien intriqués. Les mesures sont effectuées en moins de 4 microsecondes pour empêcher la communication entre les défauts, ce qui ferme l'échappatoire de communication. Les physiciens ont ainsi étudié 245 paires de spins de défauts au cours de cette expérience et ont confirmé que les inégalités de Bell étaient violées. Notre monde est bien non-local !


