Au-delà d'Alpha
- Par Thierry LEDRU
- Le 13/10/2014
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"Je suis sûr que Dieu est là, je soupçonne sa présence. Mais aucune parole sur Dieu n'est bonne, les comportements religieux sont toujours suspects, et les critiques de Marx ou Freud sont fondées. Alors, comment vivre? Si tout s'écroule, objet d'une critique cohérente, ma première décision sera de me comporter selon ma conscience. Alors j'ai compris que j'étais un philosophe et un croyant.
Philosophe, parce que je me méfie constamment du croyant que je suis. Croyant, parce que le message chrétien me concerne. je peux m'identifier à lui. Le croyant en moi provoque le philosophe et le philosophe ne parvient pas à réduire le croyant. Et ce dialogue est source de vie ".
Jacques Durandeaux.
Je ne suis pas Chrétien et je ne suis pas philosophe.
Mais je m'interroge constamment.
J'ai lu que les scientifiques sont capables d'identifier les ondes du cerveau et je comprends davantage les états que je connais lorsque j'écris, lorsque j'aime la femme que j'aime, lorsque je contemple les montagnes, lorsque j'écoute de la musique...
Tout cela est cartographié. On sait le "comment". Les philosophes et les scientifiques peuvent s'étendre sur le sujet et ils le font allègrement. Je n'ai rien à leur reprocher et leurs travaux nourrissent et enrichissent mes propres questionnements.
Mais il reste un espace personnel dans lequel je suis libre d'évoluer et de m'étendre, comme une onde. C'est celui de "ma" spiritualité.
Ces ondes alpha ou autres, peu m'importe le nom qu'elles portent, si elles existent, c'est qu'il y a une intention.
Lorsque j'écris, j'ai une intention. Lorsque j'aime physiquement, émotionnellement, spirituellement, intégralement la femme que j'aime, j'ai une intention. Lorsque je vais en montagne, j'ai une intention.
Mais si cette intention existe, c'est donc qu'il y a une intelligence. Rien n'est dû au hasard.
S'il y a une intention, c'est que dans l'instant présent, je possède la capacité à m'en extraire pour aller plus loin ou plus haut mais en tout cas dans une dimension qui ouvre le champ des possibles...
Puisque notre cerveau dispose de ces espaces, c'est qu'il y a une intention mais celle-ci ne nous appartient pas au regard de son origine. Nous n'en sommes pas les instigateurs, nous n'avons pas oeuvré à son élaboration. Nous en sommes uniquement les héritiers...
Mais pour qu'il y ait héritage, il faut qu'il y ait un donateur.
Aucune richesse intérieure ne peut s'élaborer sans un potentiel inné.
Dieu ?
Celui-là n'est qu'un nom, une identification et par conséquent une limite.
Je suis par exemple incapable de savoir ce qu'il reste de moi, de façon claire, lorsque je me défais par un effort mental de toutes mes identifications. Je pourrais me satisfaire de l'image de mon corps et lui attibuer le nom de Moi. Mais rien dans le fonctionnement de ce corps ne m'appartient. J'en connais partiellement les rouages mais aucunement la Raison de son élaboration... Son intention.
Je pourrais étudier pendant une vie entière, explorer jusqu'à l'infiniment petit, au coeur même des particules, sans parvenir à trouver en moi la Raison même de ce réseau de connexions.
Et pourtant, il me semble absolument inconcevable que tout cela n'ait aucun sens.
La question de Leibniz "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? " ne me suffit pas.
Le néant n'est rien et rien que de l'écrire, je lui donne une forme et il n'est plus dès lors ce rien mais un quelque chose qui n'est rien... Et il ne sert à rien de s'y perdre.
Ce qui m'interroge, ça n'est pas la Raison du quelque chose mais la possibilité que du rien jaillise quelque chose. Car il est nécessaire dès lors qu'il existe déjà quelque chose qui puisse s'extraire du rien.
C'est la question de la Raison de Dieu qui me hante. Non pas sa raison dans le sens de l'entendement mais dans la possibilité qu'il existe. Comment concevoir l'idée que Dieu puisse s'extraire de rien ?...Il faudrait qu'Il puisse se penser lui-même et dès lors élaborer sa propre création alors qu'il n'existe absolument rien.
Dieu serait apparu de rien ? Mais pour qu'il puisse y prendre forme, il faudrait qu'il puisse avoir été nourri par une intention...
Et c'est là que je tombe dans le néant...
Qui a pensé Dieu ?
Est-ce que Dieu en l'Homme a créé un espace qui lui permettait de s'interroger sur la Raison de sa propre création, non pas la Création de l'Univers mais sa propre élaboration. Est-ce que Dieu en l'Homme cherche à savoir d'où il vient ?
Est-ce que Dieu est aussi hanté que moi de la Raison de tout ça ?
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