"C'est honteux..."
- Par Thierry LEDRU
- Le 11/11/2018
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"C'est honteux, vous salissez le Tantrisme."....
Voilà une des phrases écrites par une professionnelle du tantrisme qui vient de m'écrire par MP sur Facebook, après avoir vu la compilation de photographies associées à mon roman "KUNDALINI".
Pour elle, il est inadmissible de vouloir vendre des livres et s'enrichir (lol) en salissant une philosophie millénaire et en la limitant à des images de nudité et de sexualité alors que le Tantrisme est bien autre chose que ça. C'est de la vulgarisation vulgaire.
Bon....Cette personne a arrêté son jugement sans avoir rien lu du roman, bien entendu. Il ne s'agissait que de photographies.
Je suis un peu surpris de la part d'une personne œuvrant à "l'éveil des consciences." Qu'elle vienne me dire que ça lui déplaît après l'avoir lu, je veux bien l'entendre, évidemment, mais sur la base de quelques images, je trouve ça éminemment péremptoire.
J'ai lu de très nombreux ouvrages sur le Tantrisme et je sais pertinemment que la sexualité n'en est qu'une infime partie.
Il ne m'est pas venu à l'idée, une seule seconde, d'écrire un livre technique sur l'enseignement du Tantrisme. Je n'en ai ni les compétences, ni la légitimité.
Par contre, il m'intéressait à travers l'histoire de deux personnages d'amener des réflexions sur l'amour. Et le Tantrisme parle d'amour. Et donc aussi de sexualité. Le roman n'en est pas pour autant un livre érotique.
Je suis surpris également par le fait qu'ne professionnelle considère que la vulgarisation est nécessairement avilissante et que l'enseignement du Tantra ne peut être confié à des néophytes qui n'auraient pas suivi "les centaines d'heures de formation que tout vrai thérapeute se doit de suivre." Oui, mais moi, je tente juste d'être écrivain. Pas thérapeute.
Est-ce donc que le droit de parler du Tantra ne m'est plus accordé ? Oui, je suis ignorant au regard des professionnels mais mon propos n'est nullement de prendre leur place ou de donner une fausse image au grand public de leurs pratiques.
KUNDALINI n'est pas un roman érotique. C'est pour moi un roman sur la spiritualité.
Il y a quelques jours, une personne avec laquelle j'ai un peu échangé sur le livre m'a proposé une interview dans le cadre d'échanges avec des "experts". J'ai refusé car je n'en suis pas un. En quoi que ce soit d'ailleurs. Je fais ce que je peux avec ce que j'ai. Parfois, ça ne va pas bien loin et parfois un peu plus. Mais je ne suis pas "expert en Tantrisme". J'ai juste tenté d'écrire un roman. Rien d'autre.
J'espère que d'autres personnes œuvrant dans cette profession viendront me donner leur avis sur le livre...
Et d'autres personnes n'y connaissant rien.
L'intention de départ, de mon côté, était justement de présenter de façon romancée une philosophie particulière à des gens qui n'y connaissent rien. La plus belle satisfaction serait d'apprendre qu'après cette lecture, des néophytes chercheraient à en savoir davantage.
C'est tout le but de la vulgarisation...
Est-ce que le fait d'utiliser le terme "verge", "seins", "lèvres" "fesses", "pénétration" fait de ce roman un livre uniquement érotique ne pouvant pas se référer du Tantrisme ou bien contient-il autre chose ?
EXTRAIT:
"L’Indien était debout, face à elle. Elle se voyait dans ses regards. Des lumières qui tremblaient et diffusaient des parfums de clarté éphémères. Elle sentait dans son corps des frissons tièdes, des caresses intérieures, des aurores de désirs. Une bulle d’amour qui les enveloppait, un cristal lumineux, comme au cœur d’une étoile cotonneuse.
Les cheveux noirs de l’Indien tombaient sur ses épaules. Des muscles saillants aussi tendus que sa verge. Son ventre portait des reliefs figés de vagues, des sangles noueuses comme des cordes étirées. Ses jambes le soutenaient avec l’assise des montagnes. Des coulées d’huile scintillantes amplifiaient les reliefs.
C’est elle qui initia l’invitation, les bras ouverts, les mains tendues, les seins érigés, le dos cambré. L’Indien avança lentement. Il buvait son corps. L’éclat jaune de ses yeux fouillait en elle. Elle sentait déjà son sexe, une lumière qui irradiait dans son ventre et se répandait comme une vague, une reptation de serpent autour de sa colonne, la pression de ses mains sur sa poitrine et sur ses fesses, des caresses appliquées qui l’enflammaient.
Elle vit sur le sol des pierres rondes couvertes de dessins.
…
Elle ouvrit les yeux comme on repousse des volets. Des nuées laiteuses de lune pâle embaumaient la chambre.
Elle sentit sur ses doigts l’humidité chaude de son sexe. Les mains en coquille sur sa vulve, le bout des doigts légèrement glissés entre les plis luisants des lèvres. Les tétons irradiés.
Une sidération délicieuse, l’envie de rester immobile et de ne rien perdre de cette extase.
Comment était-ce possible ? Jamais, elle n’avait connu de rêves érotiques de cette ampleur, avec de tels ressentis, avec un impact aussi puissant, jamais elle ne s’était réveillée dans un tel état.
L’Indien.
Un manque douloureux, comme une déchirure, comme si l’étreinte perdue s’était changée en torture. Ce désir d’être comblée, d’être emplie, de s’abandonner. Et soudainement, ce vide insupportable.
Cette impression étrange qu’elle était l’initiatrice. Que l’Indien apprenait, qu’il était à son écoute.
Pourquoi est-ce que tout s’arrêtait ainsi ? Pourquoi ne pouvait-elle voyager plus loin ? Il l’avait déjà pénétrée et elle rêvait de le revivre.
Qu’avait-elle vu juste avant de se réveiller ? Elle ne savait plus. Et déjà s’effaçaient des détails, des sensations, comme des ondes circulaires sur une surface liquide, ces risées qui s’évanouissent lorsque le calme revient. Elle imaginait le rêve réintégrer les profondeurs du lac.
Elle ouvrit légèrement les cuisses et libéra ses mains. Avec un soupir de dépit.
Elle n’avait jamais rêvé de Laurent. Ni de Romain, ni d’aucun homme. Jamais au point de s’en souvenir. Elle avait pourtant bien eu quelques fantasmes d’étreintes, des scénarios qui lui plaisaient. Elle n’en avait jamais parlé. Ou si peut-être mais sans que rien ne se produise. Elle ne savait plus. Sinon que ses rêves n’étaient pas ceux de Laurent.
Et de réaliser qu’autant de souvenirs avaient déjà disparu, elle sentit monter une vague de honte, comme si elle-même s’étiolait dans le puits sombre de la mémoire, comme si cette femme trompée n’avait plus aucune raison d’être, que d’avoir été brisée, les morceaux épars tombaient en poussière.
Elle se leva. Un verre d’eau fraîche, manger une pomme. Sentir son corps pour réintégrer le réel.
Le réel.
Vivait-elle dans la réalité ou dans une interprétation constante ? Vivait-elle dans une illusion quotidienne ? Et ce rêve exprimait-il une réalité vécue ou des fantasmes inconnus ?
Le chaos des questions reprenait la main.
Elle était venue se reposer, retrouver la paix intérieure. Elle n’imaginait pas s’être trompée. Peut-être que cette paix qu’elle envisageait n’était qu’une illusion supplémentaire, un refuge carcéral enluminé de belles images collées sur les murs.
Peut-être que l’obtention de la paix passait par l’élimination définitive des carapaces, l’acceptation intégrale des ressentis les plus irrationnels, l’accueil bienveillant des intuitions, de l’abandon, de l’acceptation.
Qui était-elle ?
Jamais, elle ne s’était posé cette question.
Elle sortit sur la terrasse et contempla le ciel. Bleu d’océan, aucun nuage, aucune risée, pas le moindre souffle d’air, rien, le silence. La lumière s’étendait sur les horizons immobiles comme un regard aimant.
Elle imagina un nouveau-né contre les seins de sa mère, repu, protégé, aimé, câliné, contemplé. Nous étions tous des nouveau-nés, à chaque lever du jour mais nous avions oublié d’en goûter les délices dans l’effervescence matérielle des existences. Cette conscience qui s’éveillait, elle ne voulait pas la couvrir de dépit. Elle ressentait une urgence à saisir les mots qui jaillissaient en elle, l’impression d’une source libérée. Un barrage rompu.
Sat.
Elle allait le retrouver. L’échéance l’électrisa et elle accueillit les frissons avec un délice prolongé, comme si soudainement tout l’amour du monde coulait en elle, comme si cette paix qui l’environnait la nourrissait d’une euphorie joyeuse et libre.
La réalité. Qu’était-ce donc sinon l’accumulation de nos connaissances. Mais de quelles connaissances s’agissait-il ? Celles qui offrent le bonheur d’être ce que nous pouvons devenir et qui est en nous ou celles qui consistent à abandonner ce qu’elles dévorent de nous-mêmes ? Se remplir d’éléments néfastes au point de se vider de l’essentiel, comme une invasion programmée qui repousserait hors des frontières l’individu impuissant, soumis, abandonné, démuni. Jusqu’à se réfugier dans le soutien dérisoire d’individus tout aussi égarés et se contenter follement des nuisances adorées... Elle vit les humains, arrachés à eux-mêmes, tous ces individus amputés qui cherchaient fébrilement à combler le vide en eux par des attachements extérieurs. Elle appartenait à cette masse et elle en découvrait l’abominable dépendance.
D’où venaient ces réflexions ? Comme un puits vertical qui s’élançait vers le haut, un canal qui l’absorbait et l’emportait dans des cieux inexplorés.
Dans quelle dimension était-elle donc entrée ? Et comment prolonger un cheminement quand on a l’impression de ne pas savoir marcher ?
Sat.
Il avait parlé d’amour. Il avait dit que c’était la clé pour accéder …
Elle ne savait plus. Il avait utilisé des termes insolites.
La dimension céleste ou quelque chose du même ordre. Incompréhensible. Elle n’en avait aucune image."
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