Comme une éponge

Résultat de recherche d'images pour "éponge"

 

En classe, avec mes CM2. Le bilan d'une séance de conjugaison.

"Si vous avez du mal à retenir une leçon de conjugaison, l'orthographe d'un mot, des tables de multiplication ou des dates historiques ou n'importe quoi d'autre, c'est qu'au moment où vous devez l'apprendre, vous n'êtes pas vraiment là, dans l'instant, dans l'absence d'autres pensées.

Imaginez que vous renversiez de l'eau sur la table, vous allez vous munir d'une éponge pour nettoyer. Mais avant de vous en servir, vous allez l'essorer. Pourquoi ?

-Pour qu'elle puisse absorber l'eau.

-Très bien et maintenant imaginiez que vous vouliez mettre de l'eau dans une carafe déjà pleine.

-C'est bête, ça va déborder.

-Exactement. Vous avez là deux exemples du fonctionnement de votre cerveau. Vous cherchez à y verser quelque chose alors qu'il est déjà empli et que vous ne l'avez pas vidé ou essoré. Il ne s'agit pas de le vider de vos connaissances mais de le vider de toutes les pensées qui n'ont aucune utilité à ce moment-là. Et c'est pour ça que je dis que vous n'êtes pas vraiment là. C'est à dire que vous n'avez aucune observation volontaire de votre état intérieur et vous n'en avez donc aucune maîtrise."

 

Silence

 

"Si des pensées s'agitent et que vous les laissez vous distraire, rien ne pourra véritablement être absorbé par votre cerveau. Les informations vont couler dessus et il ne restera que le souvenir de leur passage. Ce qui inévitablement nécessitera de revoir cette leçon. Ce qui ne servira toujours quasiment à rien si votre état d'agitation intérieure n'est toujours pas contrôlé. Vous avez là l'explication du fait qu'après trois ans de conjugaison, vous deviez recommencer encore et encore. "

 

Silence.

 

"Je vous donne un exemple de ma façon de procéder lorsque je travaille à l'écriture de mon roman en cours. Il n'y a rien d'autre dans mon esprit que la présence des personnages et les situations qu'ils vivent. Jusqu'à devenir moi-même chacun de ces personnages. Il n'y a aucune autre pensée dans mon esprit. Et si, à un moment, je décide de sortir de l'histoire pour aller chercher un verre d'eau ou une pomme, je peux décider également de laisser les pensées revenir en moi, toutes les pensées, comme si je les libérais et que je leur accordais le droit de s'exprimer. Ce qui importe, c'est que c'est moi qui l'ai décidé. Pas les pensées elles-mêmes. 

-C'est ça la pleine conscience ?

-Oui, c'est ça. 

-La pleine conscience, c'est être capable de décider de ses pensées. Ou de leur absence. Et ensuite, d'agir dans un état favorable à la situation puisque rien d'autre ne viendra s'y ajouter. Si vous faites de la conjugaison, ne faites que ça. Si vous faites des mathématiques, ne faites que ça. Si vous décidez de laisser les pensées s'exprimer librement, dans un chaos que vous ne cherchez pas à contrôler, alors ne faites que ça, soyez pleinement dans ce cafouillis intérieur. Mais surtout, pensez-y, c'est à dire, observez-vous pendant que vous vous accordez ce droit à penser n'importe comment. Soyez conscient que c'est votre décision et que la décision de revenir à un état absolu de concentration, c'est aussi de votre responsabilité. Soyez donc intégralement responsable de vos pensées et de vos actes. Le sage est celui qui vit en lui, qui se connaît pleinement, celui qui s'observe et ne vit jamais comme un véhicule sans conducteur. Quand un adulte vous dit d'être sage, il n'a bien souvent pas conscience de l'immense travail que cela représente. Là, il vous demande juste de rester tranquille mais il ne vous a pas dit comment y parvenir... Mais est-ce qu'il le sait lui-même ? Vous ne serez sage, réellement sage, que le jour où vous aurez appris à être là, maintenant, dans l'instant, à l'intérieur, dans la maîtrise intégrale de vos pensées, de vos émotions, de vos actes. C'est ça en priorité que j'aimerais que vous appreniez. Le reste viendra ensuite.

 

blog

Ajouter un commentaire