Conseils pour le potager

Didier Flippo dans son potager de Sansac-Veinazès, dans le Cantal. / © Didier Flippo
Didier Flippo dans son potager de Sansac-Veinazès, dans le Cantal. / © Didier Flippo

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Ils sont la terreur des jardiniers superstitieux ! Saint Mamers, Saint Pancrace et Saint Servais. Les trois Saints de Glace. Ils nous donnent rendez-vous, comme chaque année, les 11, 12 et 13 mai. Mieux vaut donc conserver un œil sur la météo, l’autre, sur les conseils d’un maraîcher bio cantalien !

Par Laetitia Théodore

Si vous les cherchez dans le calendrier, vous ne trouverez aucune trace d’eux. Tranquillement cachés derrière la Sainte Estelle, la Saint Achille ou la Sainte Rolande. C’est pourtant bien les redoutés Saints de Glace qui se profilent ce week-end. Trois jours où selon la croyance populaire, des gelées tardives peuvent faire leur retour et mettre à mal tous les efforts précoces du jardinier.

"Au printemps ramène l'hiver,
Pancrace, Servais et Mamert."


« Personnellement, moi, je n’en tiens absolument pas compte », confie Didier Flippo, maraîcher bio, installé à Sansac-Veinazès, dans le Cantal. « Franchement, quand le climat était plus rigoureux, pourquoi pas, mais aujourd’hui, avec le réchauffement global, il y a rarement des gelées en cette période. En faisant quelques recherches, j’ai trouvé qu’en moyenne, il y avait un épisode de gel tous les 15 à 20 ans, à la mi-mai. Pas de quoi paniquer ! ». A 700 mètres d’altitude, orienté plein sud, son potager de 5 000m2 n’a pas vu de gelées depuis au moins trois semaines. Mais notre maraîcher avoue que jusqu’à la fin mai, il reste très vigilant pour ses cultures en extérieur. Et surveille chaque soir, la courbe des températures prévues pour la nuit. « En cas de doute, il faut avoir un voile d’hivernage ou de forçage à porter de main. Et en recouvrir les plants fragiles ». Pour les plus prévoyants, une haie en lisière nord du potager protégera les plantations des vents froids, de nos trois compères de Glace.

« Le bon moment pour se lancer »


« En ce moment, la nature se réveille à fond, surtout avec l’alternance pluie et soleil. Il faut en profiter car les plantes démarrent au quart de tour ! ». Une invitation à se lancer qui se double d’une liste impressionnante de semis possible à réaliser, selon Didier. Et des astuces qui vont avec ! Pour les haricots, par exemple : « Il faut les semer dans une terre à au-moins 18 degrés. La chaleur du sol va les aider à germer rapidement. Si la terre est plus froide, les graines risque de pourrir. Il faut juste vérifier en plantant un thermomètre dans le sol. C’est tout bête mais d’une efficacité redoutable ! ». La période est aussi propice au repiquage des salades, des premières courgettes (avec un œil sur les températures nocturnes), les côtes de blettes, les betteraves, le fenouil, le persil, la coriandre. Et les tomates, que les jardiniers se languissent toujours de mettre en terre !

Les tomates


Pour les tomates, Didier conseille les variétés précoces qui ne vont pas démarrer plus tôt que les autres mais dont le cycle de pousse est plus rapide. Sa variété chouchou : la Stupice. « Elle est vraiment top ! Très précoce. Il y a deux ans, après les avoir semées en godets début janvier, puis repiquer avec un voile d’hivernage, j’ai fait ma première récolte le 18 juin. Elle est très bonne, même en pleine saison, là où d’habitude, les tomates précoces perdent de leur saveur ». Seul hic pour tout ceux qui n’ont pas été prévoyant, il y a peu de chance de trouver des plants de Stupice, à repiquer… Le conseil de Didier : « acheter des graines maintenant, en prévision de l’année prochaine. ». Une fois le deuil de la Stupice effectué, Didier vous conseille de vous rabattre sur des plants de tomates Edouard ou Grégori Altaï, relativement courante. Faute de quoi, la variété Marmande, courante et précoce fera l’affaire, tout comme quelques pieds de tomates cerises.
Une fois plantés et tutorés, la récolte n’est pas encore garantie. Le Mildiou, cette maladie qui provoque des tâches marron sur les feuilles et la tiges des pieds de tomates, est un ennemis redoutable. « Le mieux, c’est de faire comme une petite tonnelle avec un plastique et 4 ou 6 piquets, pour que les plants ne se mouillent pas en cas de pluie ». Et hop, un conseil de plus de glané !

Et on arrose quand ?


« Jamais ! » La réponse a de quoi surprendre mais Didier n’en démord pas. « L’essentiel, c’est de bien pailler ses cultures. Cela permet d’avoir des légumes en meilleure santé, plus beau et avec plus de goût. Avec le paillage, le sol est plus vivant et les racines des plantes trouvent plus facilement les micro-nutriments dont elles ont besoin ». Sur le sol de son potager, Didier ajoute donc un lit de paille ou de foin, fournis par l’agriculteur du coin. « Inutile d’aller chercher des paillages chers en jardinerie ». La méthode permet à Didier de se passer complètement d’arrosage, alors même que son potager est orienté plein sud. « J’arrose quand je repique mes plants. Et ensuite plus rien. Le paillage fait tout le boulot ! ». Le conseil du Chef : « Ne pas mettre une trop grosse couche de paillage quand les plants sont petits. Mais ne pas hésiter à en rajouter au fur et à mesure de leur croissance ».

Des conseils de jardinage via Youtube 


« Au début, ça a commencé sur les marchés. Quand les clients venaient acheter leurs légumes sur mon étal, ils me demandaient toujours si je n’avais pas quelques trucs de professionnel à leur donner pour tel ou tel problème rencontré dans leur potager. Et à force, je me suis dit que si je faisais des vidéos explicatives, les gens seraient sûrement intéressés. ». L’ancien programmateur/graphiste pour jeux vidéos chez Atari, à Lyon, reconverti dans le maraîchage, depuis 10 ans, met donc à profit ses connaissances en informatique pour créer sa chaîne Youtube, Mon potager plaisir. « Quatre ans plus tard, ma chaîne compte 74 vidéos, soit 750 heures d’explications de jardinage. Au début, c’était laborieux, je bafouillais beaucoup devant mon appareil photo. Aujourd’hui, je mets un à deux jours pour tourner et finaliser une vidéo de huit minutes ». Parmi les plus regardées, la recette d’un insecticide et d’un fongicide naturel et polyvalent, à base de macération huileuse d’ail. La terreur des pucerons et des chenilles, depuis qu’elle a été vue près de 375 000 fois ! « Ne taillez jamais vos tomates » arrivent à la 3ème place des vidéos les plus vues, avec 268,000 vues. Bref, derrière Didier, c’est toute une communauté de « jarditubeur » : « Si je regarde les statistiques de mes vidéos, elles ont enregistrés 3,8 millions de vues et 260 000 heures de visionnage ». De quoi comprendre la nature sans s’en remettre aux anciens adages.

 

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