Coronavirus : Détresse respiratoire sévère

Pour réaliser ce ce que ça signifie. 

Ce qui m'interroge encore plus sur la gestion de cette crise et les avis divergents dans le milieu scientifique. L'impression de plus en plus incompréhensible que nous n'avons pas été clairement informés. Et que les gouvernements n'ont pas voulu porter atteinte à l'économie de façon radicale. Sauf que maintenant, le mal est encore plus sévère.

 

Hugo Clément

7 h · 

Témoignage de Caroline Aliane, victime d'une détresse respiratoire sévère en 2010, alors qu'elle était âgée de 39 ans et enceinte. Elle souhaite témoigner pour vous alerter sur ce que traversent aujourd'hui les personnes touchées par une forme grave de coronavirus.
La lecture est éprouvante, mais indispensable. Merci Caroline pour ce texte coup de poing.

TEMOIGNAGE :

"Ben on ne va quand même pas rester enfermés ?", voilà ce que j'ai entendu.
Balades en famille à pied, à vélo. Ben quoi faut pas déconner après 6 mois de flotte, il fait enfin beau...
Même pas peur !
Dans le Bas-Rhin, les médecins des hôpitaux alertent déjà : ils ont déjà été confrontés au choix des personnes à mettre sous respirateur, donc à celles qu'on laisse mourir.
Sympa de devoir dire à une famille "Désolés, on a préféré choisir la femme qui n'a qu'un gosse que celle qui en a 3", ou "On comprend bien madame mais votre mari a 10 ans de trop par rapport au monsieur d'à côté."
PLUS ASSEZ DE RESPIRATEURS ARTIFICIELS.
Ils sont obligés de transférer des malades via des hélicoptères de l'armée.
Toujours pas peur ?

Alors c'est quoi une détresse respiratoire sévère ?
Ce sont tes poumons qui se détériorent à une vitesse grand V. Tu sais, un peu comme une plante qui se fane filmée en accéléré.
D'abord tu respires mal, puis de plus en plus mal. Et t'as mal, tu ne peux plus bouger le haut de ton corps. Non non, parce que toute ta poitrine te fait mal, tu n'arrives plus à te tourner dans ton lit. Et quand tu tousses, la vache, t'as l'impression que tes poumons vont se décoller. Alors tu vas à l'hosto quand c'est plus "gérable".
Tu as une radio par jour, pour suivre l'état de tes poumons. Tu as besoin de 2 personnes pour te soulever, te retourner, te surélever du lit, parce que tu as tellement mal, que tu ne peux plus bouger, ni même prendre appui. Tu craches du pus, des trucs verts quoi, puis du sang, et là, c'est pas bon du tout. Les médecins essayent de te mettre une VNI respiratoire (Ventilation non invasive). C'est tout simple, c'est un masque qui respire à ta place, et toi t'es réveillé. On arrive à te le mettre le 2e jour, parce que le 1er, tu t'es tellement affolé à l'idée d'oublier ta respiration pour laisser la machine le faire à ta place que les médecins ont laissé tomber (surtout une belle désaturation). Non mais t'as vraiment cru que ce serait easy ?
Au passage tu ne communiques plus qu'avec une ardoise Veleda parce que tu ne peux plus parler, puis tu peux de moins en moins écrire, et de manière de plus en plus illisible, parce que tu n'as même plus la.force de tenir un stylo, plus de préhension, de muscles. Promis si j'ai une photo je la rajouterai. Le reste désolée, j'ai pas d'images quel dommage.
Pis ça marche pas, ça va pas mieux du tout, et même ça empire. DETRESSE RESPIRATOIRE SÉVÈRE.
Toujours pas peur ?
Alors, y'a un gentil monsieur avec sa blouse qui te dit qu'il va falloir t'endormir. Il emploie des mots gentils pour pas que tu aies peur, mais tu comprends que tu vas être mis dans un coma artificiel, vue la douleur ressentie, ce putain d'air qui ne passe plus, ces tentatives de soins sans effet, tous ces médecins qui te regardent d'un air grâve. À ce moment là, tu penses que tu vas tout simplement mourir.
Et toi, tu dors, tu "comates"... pendant ce temps-là, ta famille te voit bleu, te voit marron, gris même, entendent qu'il vaut mieux rester près de toi parce que demain, ben on ne sait pas, et que c'est bien que tu aies arrêté de fumer sinon tu serais déjà mort, et que si tu t'en sors, tu auras peut-être besoin d'une trachéotomie à vie.
Pis dis donc, miracle, ça va mieux. Comme plein de malades du COVID-19.
T'as moins peur là hein ?
Ben ouais, sauf que tu te réveilles de ton coma, et ça dure 3 jours ! 3 jours où tu es dans le pâté total, attaché parce que tu essayes d'arracher tes tuyaux (parce que tu ne captes plus rien). Et tu baves, et tu baves encore, pendant des heures sur ton oreiller, sur toi, devant tes proches que tu entends seulement.
Puis on vient te dire qu'on va te désintuber. Putain ils sont combien autour de moi ? 4 ? 5 ? Pour ça ?
Ah ben oui... je comprends, deux qui te tiennent, un qui te désintube, les autres trou de mémoire, ils te pardonneront. Mais alors ça fait mal ce gros tube qui ressort, et qu'est ce que tu dégueules, un véritable jet ! De quoi tu sais pas, mais un jet énorme.
Après ça, surpriiiiise, tu ne peux plus parler, t'as une corde vocale HS.
Après quelques jours, on essaye de te réalimenter à base de mixé. T'as déjà goûté un veau aux olives mixé toi ? Bah.. prends une boite pour chat, c'est pareil.
Mais bon, tes poumons vont mieux et iront mieux maintenant, même si les médecins pensent qu'il y aura des séquelles. Séquelles, à ton âge ? Ben merde, t'es jeune !
Puis on te réapprend à t'asseoir d'abord, à te tenir debout sans tomber dans les pommes, et à marcher le cul à l'air dans les couloirs, avec juste une blouse transparente ouverte dans le dos, pas même nouée (pas question de pyjama en réanimation, ni de prendre le temps, à l'essentiel), tu n'es vraiment plus à une humiliation près. Et comme tous les soignants sont contents de te voir debout, ben ils te regardent tous dans le couloir, avec ton cul à l'air (bon en fait à poil). Mais rassure toi, t'as pas la force de râler, ni l'envie, parce que tu n'es plus qu'une mécanique qui tente de mettre un pied devant l'autre, et tu es tellement reconnaissant...
Non, tu n'es plus à une humiliation près... parce qu'avant celle-là (j'ai oublié le plus drôle), tu as appris à demander le "bassin". On te met une sonde urinaire mais je t'assures que tu n'arriveras pas à te retenir de chier pendant 3 semaines. Tu essayes, mais un jour tu le réclames ce "bassin", en demandant pardon... ce putain de bassin. Quant à la sonde, faut qu'elle soit bien mise, sinon tu te pisses dessus, parce que tu ne te sens même plus pisser. Alors donc non, tu n'es plus à une humiliation près.
Puis tu réalises ce qu'est ton corps : un truc informe qui pèse 40 kg (pour 1m71) sans plus aucun muscle, à cause du curare qu'on t'a filé, avec des poils de 3 cm de long, partout. Et là tu pleures, si si... parce que trop c'est trop.
Ensuite vient la rééducation pulmonaire, la rééducation orthophonique, et un jour tu rentres chez toi (au bout de 51 jours).
Rassuré ? Moins peur maintenant ?
Bon, tu oublieras que ton cerveau marchera mieux que ton corps, alors parfois quand tu presseras le pas, tu te casseras la gueule la tête la première devant chez toi, comme une grosse merde, parce que l'oxygène, ben il ne circule plus assez vite dans ton corps.
Alors tu continues tes rééducations, puis tu mettras un an à te remettre de tout ça, physiquement, parce que moralement c'est autre chose. Tu auras peur chaque soir, enfin peur, t'auras des angoisses, des vraies, celles qui font que tu as peur de ne pas te réveiller si jamais tu t'endors. Ça passe, plus ou moins selon les sujets.
Les "autres" traumatismes ? Ça dépendra de toi. Il y en a qui choisissent de VIVRE, de comprendre ce qu'est LA VIE, et de tout relativiser.
C'est "juste" ça, une détresse respiratoire sévère. Juste ça. Tu veux tenter ? Allez ?
Alors putain de bordel de merde, quand tu vois ces chiffres galopant de l'Italie dont nous prenons le chemin (si si rappelle toi les leurs il y a quelques jours, relis le début), arrête de sortir dehors si ce n'est pas une sortie NÉCESSAIRE. Ne me dis pas "Ben je ne vais quand même pas rester enfermée ?".
Si si, tu vas rester enfermée, et ne prendre aucun risque pour foutre la paix aux hôpitaux, parce que 15 jours, ou même un mois dans ta putain de petite vie à regarder le temps qui passe, c'est très certainement moins contraignant que de te retrouver sur un.lit d'hôpital, ou à la morgue, si tu n'as pas la chance de profiter de ce formidable respirateur artificiel.
Quant aux autres, tes voisins, tes copains, ta famille, ils s'en porteront mieux aussi, parce que risquer de se choper cette saloperie de COVID-19 à cause d'un con qui ne se sent pas concerné, c'est vraiment pas terrible. Faudrait voir à penser collectif, parce qu'à force de se balader, on va nous confiner tout court (faudra pas pleurer), et ça va durer encore plus longtemps.
Maintenant si t'as toujours pas compris, la posologie c'est relire 3 fois avant chaque coucher."

 

Cette vidéo explique également que seul le port de masque par l'ensemble de la population restait l'option optimale. Sauf qu'il n'y a pas assez d'entreprises fabriquant ces fameux masques. Il n'y a qu'à voir la pénurie dans le milieu médical lui-même...Conclusion : développer dans le pays lui-même, et non à l'autre bout de la planète, les entreprises chargées de la fabrication des "barrières virales", masques et gants. 

 

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