Coronavirus : Ecole (5) : Comité scientifique

 

 

 

Coronavirus : pourquoi le Conseil scientifique recommande une rentrée scolaire en septembre

 

Malgré cet avis, le gouvernement a décidé de rouvrir les établissements scolaires à partir du 11 mai et les spécialistes ont "pris acte" de la décision. Passage en revue de leurs arguments.

Des enfants de personnels soignants ou de policiers jouent dans la cour d\'une école élémentaire de Toulouse, le 16 avril 2020.
Des enfants de personnels soignants ou de policiers jouent dans la cour d'une école élémentaire de Toulouse, le 16 avril 2020. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Il s'incline. Dans une note datée du vendredi 24 avril, le Conseil scientifique chargé d'éclairer l'exécutif sur la gestion de l'épidémie de coronavirus, annonce avoir "pris acte de la décision politique" de rouvrir progressivement les établissements scolaires à partir du 11 mai, contrairement à l'avis qu'il avait émis.

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Dans une précédente note datée du lundi 20 avril, la douzaine de scientifiques qui forment ce conseil, composée en majorité de médecins spécialistes des virus, proposait en effet de maintenir la fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées et universités jusqu'au mois de septembre. Sur quels arguments se fondent ces experts ?

Parce qu'il y a un risque de transmission du virus important

Premier facteur mis en avant : écoles, collèges et lycées sont des lieux de rassemblement entre jeunes et adultes. Si l'on rouvre largement les établissements scolaires, le virus pourrait, à nouveau, beaucoup circuler. Et donc se transmettre à la population, faisant porter le risque d'une deuxième vague submergeant les hôpitaux.

"En l'état actuel des connaissances au plan épidémique, écrit le Conseil le 20 avril, le risque de formes graves est faible dans cette population les enfants]. Le risque de contagiosité individuelle chez les jeunes enfants est incertain, mais paraît faible. A l'inverse, le risque de transmission est important dans les lieux de regroupement massif que sont les écoles et les universités, avec des mesures barrières particulièrement difficiles à mettre en œuvre chez les plus jeunes".

En parallèle de cette mise en garde, les scientifiques avancent, dans leur seconde note datée du 24 avril, les chiffres montrant l'importance de la population concernée par ce déconfinement. "En France, soulignent-ils, on décompte 12 875 650 élèves" (tous niveaux confondus) et "870 900 enseignants." Soit environ 20% de la population.

Parce qu'il sera difficile de mettre en place les règles de "distanciation sociale"

Le Conseil scientifique a prévenu également, le 20 avril, que les établissements scolaires "devront impérativement mettre en place les conditions nécessaires à leur réouverture : mise en conformité des sanitaires dans les écoles, mise à disposition de solutions hydro-alcooliques, agencement des salles permettant le respect des distances interindividuelles etc". 

Même si seule une partie des 6,7 millions d'élèves du primaire rentrent effectivement en classe le 11 mai, d'après les pistes livrées par le ministre de l'Education (à priori, ne seraient concernés que la grande section de maternelle, les CP et les CM2, sur la base du "volontariat" des parents), ces exigences prennent l'allure d'un casse-tête pour les responsables concernés. Surtout s'il faut les résoudre rapidement et non avec les mois d'été devant soi comme temps de préparation.

Interrogés par l'AFP, Philippe Vincent, le secrétaire général du SNPDEN, premier syndicat des chefs d'établissement, estime qu'il s'agit d'une "mission impossible". 

La somme de toutes les préconisations du Conseil, si elles étaient retenues, est infaisable dans l'état actuel de nos capacités, avec du personnel qui ne sera certainement pas présent à 100%.Philippe Vincentà l'AFP

Mêmes réticences du côté des maires, chargés d'organiser ces mesures dans le primaire. Porte-parole en charge des questions d'éducation à l'Association des maires de France, Agnès Le Brun rappelle que de "nombreuses questions restent en suspens sur qui fait quoi dans la désinfection de l'école, avec quels moyens, etc."

A quoi s'ajoute le problème des transports scolaires qui devra, lui aussi, tenir compte de la fameuse "distanciation sociale". Ou encore celui des entrées et des sorties, qui devront "être échelonnées pour que les élèves d'un même niveau ne croisent pas les élèves d'un autre niveau", comme le préconise le Conseil scientifique.

Parce qu'il faut former les enfants aux gestes barrières et au port de masque

Enfin, dans sa note du 24 avril, le Conseil scientifique insiste sur la nécessité de former "les enseignants, le personnel de direction, le personnel éducatif ainsi que tous les agents des établissements scolaires aux mesures barrières, aux règles de distanciation sociale et au port du masque pour eux-mêmes et pour les enfants dont ils ont la charge le cas échéant".

"Cette formation, ajoute-t-il, devra être adaptée à l'âge des enfants dont ils ont la responsabilité. Il pourrait s'agir d'un diaporama avec une narration. Le jour de la rentrée, les enfants devront bénéficier d'une information pratique sur la distanciation sociale, les mesures barrières et l'hygiène des mains, complètent les scientifiques. "Cette éducation devra être adaptée à l'âge des enfants."

A l'arrivée, il faudra donc mettre au point tout un arsenal pédagogique, dans un temps record. Et y ajouter des masques (recommandés par les scientifiques au collège et au lycée, notamment), dont on ne sait pas encore s'ils seront disponibles en quantité suffisante.

 

 

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