Coronavirus : Economie locale
- Par Thierry LEDRU
- Le 19/04/2020
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On pourrait penser que c'est anecdotique mais pour moi, ça ne l'est pas. Que cette crise en vienne à changer les comportements des consommateurs, c'est un pas immense parce qu'il existe à des centaines d'exemplaires, partout en France. Peut-être même des milliers. Je n'en sais rien mais j'a lu plusieurs articles sur ce thème. J'aimerais bien justement qu'une enquête soit lancée par l'association des Maires de France.
"Quels sont les changements de consommation alimentaire générés par cette crise ?
Avez-vous l'intention de revenir à vos anciennes habitudes dans la grande distribution ou projetez-vous de continuer à soutenir l'économie locale ?"
Quelles sont les raisons qui vous amènent à prolonger ce système d'approvisionnement alimentaire ou quelles sont les raisons qui vous conduisent à retourner vers les grandes surfaces? "
Faire savoir à l'ensemble de la population que des milliers de personnes ont revu leurs habitudes, c'est un moyen supplémentaire pour les implanter durablement et d'en intitier de nouvelles.
PARTAGES
Depuis début avril, « les Ateliers de la Bruyère », implantés à Saugues et à Langeac en Haute-Loire, proposent des paniers de légumes et de produits transformés. Le succès est au rendez-vous pour la production bio de cette association d’insertion.
Par Gérard Rivollier
Au qualificatif d’association d’insertion, le directeur préfère celui d’ « entreprise sociale apprenante » avec une double finalité : permettre à des personnes en difficulté de retrouver une place dans la société par le biais du travail et créer de l’activité économique.
Un drive au jardin
La crise du coronavirus-COVID 19 a fortement perturbé l’association mais depuis quelques semaines elle a su rebondir. Ainsi, petit à petit, le jardin de 3 hectares à Langeac a repris vie. « Nous avons mis en place des procédures COVID », explique Pascal Lafont, le directeur des Ateliers de la Bruyère, lavage des mains régulier, utilisation de masques fabriqués par nous-mêmes, désinfection des locaux et des véhicules, respect des distances ». Pratiquement tous les salariés du jardin sont donc revenus travailler rejoints par quatre personnes de l’activité espaces verts.
Il faut dire qu’au jardin, à cette période, ce n’est pas le travail qui manque. « Il faut désherber, préparer le terrain, repiquer les tomates, les choux et les aubergines, planter les oignons car, commente Sylvain André, l’encadrant, si on ne travaille pas maintenant on ne récoltera rien dans trois mois ! ».
En temps habituel, les Ateliers de la Bruyère alimentent trois cantines scolaires et un restaurant gastronomique et écoulent aussi leurs produits sur un point de vente collectif à Brives-Charensac, dans la banlieue du Puy-en-Velay. Ils pratiquent occasionnellement la vente à la ferme.
Avec le COVID, il a fallu tout revoir.
Depuis trois semaines, un « drive au jardin » s’est mis en place.
Les clients passent leurs commandes par mail (jardins.labruyere@orange.fr) avant le mercredi et ils viennent ensuite récupérer leur panier soit au jardin de Langeac soit aux Ateliers à Saugues.
Cette semaine par exemple, dans le panier à 5 euros il y avait des radis, de la rhubarbe et un bocal de tartinable de poireaux.
L’autre proposition, à 10 euros, incluait en plus de la sauce tomate, du chutney de poivrons et quelques morilles séchées (!) : celles de l’an dernier car cette expérience de culture de morilles chinoises par le jardin d’insertion et des agriculteurs locaux a finalement été abandonnée.
« J’espère que cette crise fera tilt et changera les mentalités »
Ce drive au jardin a très vite séduit les consommateurs des rives du Haut Allier, à tel point que ce vendredi 17 avril il a fallu refuser des clients ! « Nous avons vendu 70 paniers dont 20 pour le CCAS de Langeac en partenariat avec la Fondation de France, détaille Pascal Lafont, et nous avons déstocké 4 tonnes de pommes de terre que nous ne pouvions plus utiliser puisque les cantines scolaires sont fermées ! ».
L’encadrant du jardin a lui aussi été surpris de cet engouement : « Il y a beaucoup de demandes, nous avons refusé une trentaine de commandes cette semaine ! Nous avons aussi été sollicités par les épiceries solidaires et nous allons leur livrer plus d’une tonne de patates et 320 kilos de poireaux ».
« J’espère qu’on pourra continuer après cette crise sanitaire et que ça fera tilt dans la tête des consommateurs, que ça changera les mentalités en faveur d’une consommation plus locale », poursuit Sylvain André.
L’association s’est lancée l’an dernier dans la culture en plein champ de carottes, poireaux et pommes de terre, grâce à des agriculteurs qui lui ont cédé 4 hectares de terrain sur son secteur.
Elle va aussi bientôt récolter des haricots, des courgettes et des fraises poussés sous ses serres de Langeac.
Alors pas de problème, elle est prête à faire face à son succès, en rajoutant dans les paniers des produits transformés cet hiver dans sa légumerie, des soupes, des sauces tomate notamment.
Amaury : « tout le monde était content de revenir au jardin ! »
Amaury a 23 ans. Il est aux Ateliers de la Bruyère depuis un an, il aime le travail en plein air. Il raconte : « Au début du confinement, les équipes allaient au jardin en alternance un jour par semaine chacune. Dès que les mesures de protection ont été mises en place tout le monde était content de revenir. C’est mieux de travailler dehors que de rester enfermé et d’ailleurs personne n’est tombé malade ! ». Le jeune homme se félicite de voir des clients réguliers et satisfaits revenir tous les vendredis. Comme lui, ils sont seize actuellement à travailler la terre, engagés pour des contrats de 6 mois à 2 ans et payés au SMIC.
Pour les autres activités de l’association, espaces verts et laine, la poursuite est plus chaotique.
Les appels d’offres ont diminué pour les chantiers d’entretien et de démolition et la distanciation sociale est difficile à appliquer dans les véhicules. Pour l’atelier de feutrage de laine, certaines salariées sont absentes mais les autres se sont lancées dans la fabrication de masques en tissu aux normes AFNOR en collaboration avec des couturières de Langeac.
Comme beaucoup d’entreprises, les Ateliers de la Bruyère ont donc recours en partie au chômage partiel actuellement. Chaque année, l’association réalise un million de chiffre d’affaires environ, cela représente le tiers de son budget, le reste étant pris en charge par l’Etat, la Région et le Département.
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