Coronavirus : Récession
- Par Thierry LEDRU
- Le 09/04/2020
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Dans les premiers articles que j'ai postés sur ce virus, j'avais évoqué le risque important d'une crise économique.
Je n'imaginais pas qu'elle prendrait cette ampleur. Ce que cela démontre, c'est que cette fameuse "mondialisation" dont les gouvernants nous vantent les bénéfices depuis des décennies a rendu les états totalement perméables. Ce qui survient chez l'un arrivera fatalement chez les autres. Les échanges commerciaux, les transports de marchandises comme les déplacements humains sont devenus des porteurs de menaces. Et si les états cherchent à les stopper, c'est toute l'économie des pays qui vacillent. Il n'est pas envisageable de fermer els frontières et de dresser des murs. La solution ne viendra pas d'un repli sur soi. La solution est écologique puisque c'est bien d'une crise de cet ordre qui est à l'origine de cette crise sanitaire et économique.
La solution est dans un rééquilibrage de notre positionnement au regard de la biodiversité. Si nous continuons à lui porter atteinte, inévitablement, nous continuerons à en subir les effets.
En ce moment, la biodiversité, par contre, se refait une santé...
Coronavirus : l'article à lire pour comprendre pourquoi la France (comme le reste du monde) file tout droit vers la récession
Après la Chine et l'Italie, c'est au tour de la France de se confiner pour se protéger du Covid-19. Entreprises à l'arrêt, indices financiers en dégringolade et incertitude sur le futur... Le pays se dirige inévitablement vers une baisse durable de sa croissance. Franceinfo vous explique pourquoi.
"Il y a aussi une guerre économique et financière. Elle sera durable, elle sera violente", a averti le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, mardi 17 mars. Depuis plusieurs semaines, face à l'intensification de la pandémie de coronavirus, l'économie mondiale a plongé dans la paralysie. De nombreuses entreprises ont été contraintes de stopper leur production, les avions des compagnies aériennes du monde entier sont cloués au sol, les pays ferment leurs frontières et les ménages –claquemurés chez eux – ont dû revoir à la baisse leur consommation.
La pagaille a été anticipée sur les marchés financiers. Face à l'incertitude, les investisseurs se sont tous mis à vendre leurs actifs (ressources), provoquant une panique boursière. De Paris à Wall Street, de Londres à Sao Paulo, l'hécatombe a atteint son apogée le 12 mars, où certaines Bourses, comme celle de Paris, ont enregistré les pires séances de leur histoire, avant de rebondir à l'annonce des mesures d'aide prises par les gouvernements et les banques centrales, puis de rechuter. Après le passage en confinement général de la France mardi, Bercy prévient : l'Hexagone va plonger dans la récession cette année. Concrètement, qu'est-ce que cela signifie ? Quelles seront les conséquences ? Faut-il s'en inquiéter ? Franceinfo vous explique tout.
1Tout d'abord, c'est quoi une récession ?
Si l'on s'en tient à la définition de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) en France, un pays est en récession lorsqu'il connaît un recul de son produit intérieur brut (PIB) – l'indice qui mesure la croissance d'un pays – sur deux trimestres consécutifs. "La crise sanitaire va inévitablement provoquer des pertes de production et de revenus", prévient Jézabel Couppey-Soubeyran, maîtresse de conférence en économie à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. D'ores et déjà, le PIB français devrait reculer de 1% en 2020, loin de la croissance de 1,3% prévue par le gouvernement avant l'apparition du virus.
Cette situation n'a toutefois pas grand-chose à voir avec la crise économique de 2008. La récession avait alors une origine financière liée à l'effondrement des "subprimes", ces prêts immobiliers octroyés par les banques américaines à des ménages incapables de les rembourser. Or, la crise actuelle vient d'un choc externe, le Covid-19, qui touche toute l'économie réelle (activité des entreprises et ménages) et s'étend au fur et à mesure que les pays se calfeutrent.
2Quel est le lien entre le coronavirus et la croissance ?
Pour freiner la propagation du Covid-19, les pays touchés ont pris des mesures de restriction strictes, allant jusqu'au confinement général en Italie, en Espagne ou en France. Hormis certains secteurs essentiels comme la santé ou l'alimentation, les entreprises ne produisent plus, ou moins, et les acheteurs confinés chez eux achètent aussi beaucoup moins. Conséquence : la production de la valeur ajoutée baisse et, logiquement, la croissance aussi.
En récession, ce n'est pas que les gens achètent moins de pommes pour acheter plus de poires. Le gens achètent moins tout court.Alexandre Delaigue, professeur d'économie à l'université de Lilleà franceinfo
Le secteur secondaire est particulièrement touché car les industries et les usines peuvent difficilement transposer leur activité en télétravail. Le groupe Michelin a décidé d’interrompre la production de ses usines de pneumatiques en Espagne, en France et en Italie jusqu'au 22 mars minimum. Plus de 20 000 salariés sont concernés. Le constructeur italo-américain Fiat Chrysler (FCA) a également déclaré qu'il fermait "la majorité de ses usines de fabrication européennes" jusqu'au 27 mars. Dans le domaine aéronautique, Airbus a suspendu sa production en France et en Espagne durant plusieurs jours.
Ces difficultés se faisaient déjà ressentir bien avant que le virus n'atteigne l'Europe. La mise à l'arrêt de la Chine – qui talonne les Etats-Unis à la place de première puissance économique mondiale – a provoqué de fortes turbulences dans les économies de nombreux pays, dont la France. "Nos productions sont devenues très dépendantes de l'extérieur, de la Chine notamment, où nos entreprises se fournissent en produits intermédiaires ou font assembler leurs produits", étaye Jézabel Couppey-Soubeyran. La Chine abrite en effet un grand nombre de sous-traitants essentiels dans la production de produits comme les téléphones, les vêtements ou les ordinateurs, rappellent Les Echos. En clair : quand "l'usine du monde" tousse, toute la production mondiale s'enrhume.
3Donc on risque tous de perdre notre travail ?
Forcément, il y aura des effets sur l'emploi mais il est difficile d'en évaluer l'ampleur dès à présent. De nombreuses entreprises et travailleurs indépendants ont cessé leur activité et certains devront mettre la clé sous la porte. Des compagnies aériennes ont déjà appelé à l'aide le gouvernement de leur pays en espérant être renflouées, comme l'ont été les banques en 2008. Le transport aérien américain a demandé jusqu'à 50 milliards de dollars d'aide au gouvernement fédéral et les compagnies britanniques, plus de 9 milliards de dollars.
Les secteurs d'activité ne sont pas tous égaux face à la crise. "En récession, la production de produits subit souvent une baisse, mais si vous avez besoin d'une voiture une année, vous l'achèterez sûrement quand même l'année d'après", illustre Alexandre Delaigue. En revanche, c'est plus compliqué pour les services.
Tous les gens qui ne mangent pas au restaurant en ce moment ne vont pas y manger trois fois plus à la fin de la pandémie.Alexandre Delaigue, professeur d'économie à l'université de Lilleà franceinfo
Les achats de services et produits en ligne pourront-ils pallier les pertes ? A priori non. "Il faudrait que les gens conservent leur pouvoir d'achat, or, ça ne sera pas le cas pour tout le monde. Et pour vendre des produits en ligne, il faut quand même des personnes dans les usines pour les fabriquer", explique Dany Lang, maître de conférence à l'université Paris-Nord, membre des Economistes atterrés.
A ce stade de la pandémie, l'Organisation internationale du travail (OIT), estime que 25 millions d'emplois pourraient être perdus dans le monde.
4Que peut faire l'Etat pour limiter la casse ?
Pour limiter les dégâts, notamment des faillites en cascade, l'Etat va prendre à sa charge la plupart des pertes des entreprises via un arsenal de 45 milliards d'euros. L'essentiel – 32 milliards d'euros – passera par un report ou une annulation de charges sociales et fiscales des entreprises sur le mois de mars. Pour les salariés, un dispositif de chômage partiel et un fonds de solidarité de 2 milliards d'euros environ ont été mis en place.
Les petites entreprises, les très petites entreprises (TPE) et les microentrepreneurs bénéficieront d'une suspension du paiement de leurs factures d'eau, de gaz, d'électricité et de loyers. "Si nous mettons autant d'argent maintenant sur la table, c'est pour aider (l'économie) à redémarrer rapidement", a déclaré Bruno Le Maire. Pour protéger les plus grandes entreprises françaises, le ministre envisage même des participations, voire des nationalisations "si nécessaire".
Pour permettre aux banques d'octroyer des crédits aux entreprises en difficulté après la crise, l'Etat va garantir à hauteur de 300 milliards d'euros les prêts bancaires. Et pour que ces banques disposent de suffisamment de liquidités, la Banque centrale européenne (BCE) a maintenu ses taux très bas (le taux directeur étant déjà à 0% depuis 2016). L'institution a également dévoilé un plan colossal de 750 milliards d'euros pour des rachats de dette privée et publique, soit six fois plus que le montant initial. Car, logiquement, plus un Etat dépense, plus il s'endette.
5Du coup, le pays risque d'être en faillite ?
Ce qui est certain, c'est que le coronavirus va plomber le budget de l'Etat et la consommation des Français. Le recul de l'activité et les dépenses pour sauver les entreprises vont encore plus alourdir la dette publique, qui dépasse déjà 100% du PIB, rappelle Le Monde. Le déficit public devrait grimper à 3,9% du PIB et les recettes fiscales devraient être amputées de 10,7 milliards d'euros en 2020.
La consommation des ménages, "le principal canal par lequel les mesures d'endiguement du coronavirus affecteraient l'économie", chuterait de 2%, soit deux fois plus que la diminution envisagée du PIB en 2020, selon le nouveau projet de loi de finances publié le 18 mars. Pour faire face à cette situation, "les gouvernements et banques centrales vont devoir coordonner étroitement leurs actions. Les banques centrales devront se mobiliser bien au-delà des mesures mobilisées lors de la crise des subprimes", estime Jézabel Couppey-Soubeyran. "Dans la situation actuelle, il ne s'agit plus simplement de faciliter les crédits, il va falloir combler des manques à gagner." La chercheuse estime que les banques centrales pourraient notamment prendre à leur charge les dépenses budgétaires que les Etats vont engager.
On est dans une situation d'urgence absolue, c'est le moment d'opter pour des solutions exceptionnelles.Jézabel Couppey-Soubeyran, maîtresse de conférence en économieà franceinfo
"Les banques centrales ont déjà beaucoup fait depuis 2008, elles ont baissé leurs taux, racheté des crédits pourris et de la dette... C'est maintenant aux gouvernements d'agir", pondère Dany Lang. "Le problème, c'est qu'on a des politiques monétaires expansionnistes et des politiques budgétaires restrictives. On appuie sur l'accélérateur et le frein en même temps. Ce n'est pas cohérent." A ce sujet, Emmanuel Macron a prévenu : "On ne calcule pas quand il s'agit de la vie des gens". La Commission européenne est également allée dans ce sens. Pour la première fois, elle a suspendu ses règles de discipline budgétaire afin de permettre aux Etats de l'UE de dépenser autant que nécessaire.
6Est-ce que, à la fin de la pandémie, la croissance repartira comme avant ?
C'est peu probable. Cela dépendra, entre autres, des politiques menées sur le long terme par le gouvernement. Une récession n'est pas simplement un ralentissement de la production, c'est aussi "une destruction du potentiel de production", rappelle Jézabel Couppey-Soubeyran. Certaines entreprises produisent moins, mais d'autres, trop fragiles, disparaissent. "Dans ces conditions, il est compliqué de faire repartir la croissance sur sa trajectoire initiale", reprend l'économiste.
Si l'on prend exemple sur la Chine, qui redémarre petit à petit après avoir été à l'arrêt pendant près de 50 jours, l'activité n'a pas repris d'un coup comme avant. "Une partie de l'économie chinoise est basée sur les exportations, mais comme les pays importateurs sont à leur tour à l'arrêt, il ne peut pas y avoir d'échanges", décrit Alexandre Delaigue. Pour s'assurer que l'épidémie ne reparte pas, il est également compliqué de faire revenir des touristes ou investisseurs étrangers, qui pourraient être contaminés et faire repartir l'épidémie.
Peut-être qu'à l'issue de cette crise, on constatera qu'on peut consommer moins et vivre tout aussi bien, qu'on peut réduire les dépendances entre les pays et que les marchés financiers sont extrêmement vulnérables.Jézabel Couppey-Soubeyran, maîtresse de conférence en économieà franceinfo
Pour l'économiste Dany Lang, cette crise est également l'occasion de repenser totalement notre modèle économique en prenant en compte l'urgence climatique. "Après 2008, pire crise du capitalisme après 1929, on est repartis comme si de rien n'était. En Europe, les Etats ont continué à comprimer les salaires et faire reposer toute la croissance sur une augmentation du crédit privé déraisonnable, comme en Irlande, ou sur les exportations, comme en Allemagne. Il faut maintenant investir dans la transition écologique."
7J'ai eu la flemme de tout lire, pouvez-vous me faire un résumé ;) ?
La France traverse actuellement une crise sanitaire et économique exceptionnelle due à la pandémie de coronavirus. Pour endiguer la propagation du virus, elle a mis en place un confinement général. Les économies sont à l'arrêt, les entreprises ne produisent plus ou moins, et les acheteurs consomment moins. La production de la richesse en France va baisser, ce qui devrait conduire inévitablement à une récession (soit un recul du PIB sur deux trimestres consécutifs selon la définition de l'Insee).
Sur les marchés financiers, ces perspectives ont déjà fait chuter les indices, à Paris, New York ou encore Francfort. Pour éviter des faillites en masse des entreprises et limiter les pertes d'emplois, le gouvernement a pris plusieurs mesures de sauvetage. Il a annoncé un allègement – report ou annulation – des charges des entreprises à hauteur de 32 milliards d'euros sur le seul mois de mars, un dispositif de chômage partiel et n'a pas exclu de procéder à des nationalisations. De son côté, la Banque centrale européenne va mettre 750 milliards d'euros sur la table pour racheter, entre autres, la dette des Etats.
Ces mesures suffiront-elles ? Difficile à dire pour le moment car tout dépend de la durée de la pandémie. Certains économistes estiment que cette crise pourrait permettre de revoir entièrement notre modèle économique, et d'y inclure à l'avenir l'urgence climatique.
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