Entre nos gènes et notre déterminisme social, nous sommes en liberté surveillée. Nous avons hérité de nos gènes et nous sommes le produit d'un environnement social et de l'histoire qui s'en nourrit. Il existe pourtant une incertitude générée par notre cortex. En tout cas, on peut le supposer...La liberté est souvent définie comme un libre-arbitre, c'est à dire comme le pouvoir de prendre une décision contraire à l'évidence. Personnellement, je n'y vois qu'une "réaction", un état d'esprit rebelle. Je n'appelle pas ça la liberté. Mais l'illusion d'un pouvoir. Le dictateur ne prend pas des décisions lucides mais celles qui permettront le maintien de son statut. Lorsque nous "décidons" d'aller à l'encontre de l'évidence et de rompre avec le déterminisme, nous agissons sous la force d'un contrepoids, d'un esprit de contradiction. C'est à cet état d'esprit que nous nous alliénons. S'il n'y avait le poids du déterminsime, cette rebellion n'existerait pas. Elle n'est pas issue de rien, elle est nourrie par l'insupportable dépendance que nous portons.
La liberté n'est pas accessible dans une démarche réactive. Le prisonnier qui s'échappe de sa geôle n'est pas libre, il court désormais sous la menace d'être rattrapé...Nous sommes toujours sous la menace des chaînes et nos instants de liberté sont hallucinogènes si nous les nourrissons de notre colère.
C'est là qu'intervient la notion d'acceptation.
"Plus nous remontons dans l'histoire, plus nous voyons que la personnalité disparaît dans la collectivité."
Carl Gustav Jung
Même dans la lutte, cet effacement de l'individu est inévitable. Il sera bien entendu moins abject que cette alliénation acceptée par la masse mais il ne faudra pas y voir pour autant autre chose qu'une dispersion. Les guerres ne peuvent exister qu'à partir du moment où deux entités s'opposent. Si je décide de lutter contre un déterminisme qui me révolte, je viens nourrir de mon énergie l'entité que je combats. Elle profitera de cette lutte pour se dresser.
L'acceptation a un pouvoir d'épuisement parce qu'elle ne cherche pas à lutter, elle absorbe. Il n'y a pas de combat et par conséquent, l'entité agressive est désamorcée, comme une bombe à laquelle on retire le détonateur. L'armée, prête à lutter, n'a plus d'opposition et ses intentions s'estompent d'elles-mêmes. L'indifférence est un antidote surpruissant.
Il ne s'agit pas pourtant d'un abandon ou d'une soumission. Il est toujours possible de dénoncer, de s'opposer, de refuser de s'alliéner à la masse mais tout doit se faire dans une complète inertie émotionnelle. Il ne faut pas projeter sur l'ennemi l'énergie de ma colère, sinon, je le nourris et je tombe dans le piège. Délibérément...Ce qui est bien plus grave que l'indifférence elle-même. L'indifférence nourrit le mimétisme mais elle n'est qu'une nourriture fade, terne, sans force. Elle peut facilement être vaincue. La colère est bien plus dangereuse puisqu'elle pervertit la lucidité de l'individu. Combien de combats inutiles par simple entêtement egotique ? La politique est la scène la plus risible qui soit dans ce registre.
Pas d'abandon, pas de collaboration, ni de colère.
L'acceptation. C'est la seule solution.