Brûler des pneus, très peu pour elle. Annie Legoff est productrice de lait bio, à Évran, et ne connaît pas la crise. Par ailleurs trésorière du syndicat minoritaire Confédération paysanne 22, l'agricultrice expose sa vision d'un système « au bout du rouleau ».
Le Télégramme : vous ne participez pas aux manifestations de colère agricole. Pourquoi ?
Annie Legoff :« Même si on n'y participe pas, on comprend la colère. Le métier d'éleveur est très prenant, c'est inadmissible de ne pas pouvoir vivre de sa production. En filière conventionnelle (non bio, NDLR), le lait n'a plus de valeur marchande, on dit qu'un litre vaut une demi-cigarette ! Par contre, les manifestations donnent une image catastrophique et contre-productive du métier. Ils brûlent leurs déchets, bâches, pneus, tôles... pendant des heures, alors qu'on parle d'intoxication aux particules fines. Ce n'est pas une bonne idée, ça complique la vie du citoyen, et surtout, ça ne débouche sur rien. Quant aux revendications sur l'origine des produits, on ne peut pas vider des rayons les produits étrangers et en même temps demander l'ouverture des frontières à l'export. Si on veut vendre dans d'autres pays, il faut accepter leurs produits ».
La crise, vous la ressentez ?
« On est mal placé pour en parler : on est en bio, on s'en sort. On vend notre lait 420 € les 1.000 litres, alors que le lait conventionnel se vend autour de 260 €. En Bretagne, le choix a été fait de produire en masse un produit qui se banalise, devenu une matière première pour les industriels. Avec la fin des quotas laitiers, le 31 mars 2015, on a abandonné toute régulation publique. Les laiteries ont fait la réglementation elles-mêmes, favorisant la surproduction et entraînant la baisse des prix. Il y avait comme une sorte d'euphorie à la fin des quotas, les producteurs ont investi en bâtiments, matériel, automatisation... Mais il y a une différence entre améliorer ses conditions de travail et se lancer dans des investissements démesurés. Dans la durée, " plus je produis et plus je gagne ", c'est faux. Ça reflète un manque de réflexion et d'esprit critique vis-à-vis d'un système qui arrive au bout du rouleau ».
Comment faites-vous pour vous en sortir ? « On est installés depuis 1994, en bio, on produit du lait et on fait également du camembert. On maîtrise toute la chaîne : production, transformation et vente. On a toujours un risque commercial et sanitaire, mais on ne subit pas la crise de la filière longue. On essaie d'adapter l'offre à la demande, alors que les laiteries conduisent à une fuite en avant, en favorisant une production laitière de masse, suivant un grand choix industriel des années 1960. On dit qu'un excédent de 1 % sur le marché, c'est au moins 10 % de prix en moins. Par ailleurs, on produit nous-mêmes notre fourrage, on est autonome, c'est un avantage. Notre système est basé sur le pâturage, la solution la plus économique pour nourrir les animaux, alors qu'on voit de moins en moins de vaches dans les prés et de plus en plus de tracteurs sur les routes. Avec notre quarantaine de vaches Jersiaises et nos 62 hectares, on produit 150.000 litres de lait par an, dont 110.000 sont transformés en fromage. Quatre personnes travaillent sur la ferme ».
Que conseillez-vous à un producteur souhaitant sortir du système que vous critiquez ?
« À la Confédération paysanne, on favorise les circuits courts, pas forcément bio, mais on ne donne pas de leçons. Individuellement, pour un producteur, la seule marge est de réduire son coût de production, quitte à produire moins. Renouer les liens avec le sol, notamment en produisant son fourrage et en réduisant les importations de soja. Il y a sûrement aussi beaucoup de surmécanisation. Collectivement, il faut une régulation de la production à l'échelle européenne, on ne peut pas avoir et du prix, et du volume. Il ne faut pas laisser les laiteries gérer le système à titre privé ».
En naturel (je préfère naturel à bio) les aides sont productives, elles sont essentiellement versées à l'installation.
en classique les aides servent à garder la tête hors de l'eau, et quand l'eau monte de trop, on casse tout et les aides viennent donner un peu d'air....jusqu'à la prochaine fois
Chez nous, on récupère des morceaux de ces bâches noires d'ensilage que l'on pose en paillage sur notre potager. Après 2 mois, tout est brûlé dessous . Une bonne dose de compost maison enrichi à la consoude, un coup de croc et c'est parti pour la culture bio pas chère sans efforts de bêchage !
Réflexion pleine de bon sens! il faut aussi que le consommateur soit très attentif . Bien sûr que quand on a un petit salaire et une famille à nourrir c'est difficile de faire les courses ! Il est temps de donner un coup de pouce au pouvoir d'achat ! Tout le monde est conscient que la qualité à un prix! il faut consommer local le plus possible pour éviter les intermédiaires. En allant acheter auprès des petits producteurs , amenez vos enfants car il faut qu'ils redécouvrent la ferme, les champs , les potagers, les basses cour etc. ...
Mme le Goff a raison quand elle parle de tous ces pneus brûlés , ces déchets qui vont devoir être traités en fonction de leur contenu: c'est un beau gâchis et une bien mauvaise image pour la profession. Il est néanmoins anormal qu'un agriculteur ne puisse pas vivre de son métier mais je suis effarée par la taille des tracteurs et des remorques qui coûtent horriblement cher , n'y a t'il pas d'autres alternatives telles que la mutualisation ou la location, étant fille d'agriculteur j'ai toujours vu mes parents acheter du matériel avec 2 ou 3 voisins . Merci pour votre article
il faut arrêter tout le monde ne peux pas se mettre à faire du bio sinon le marché va se casser la gueule ; en se qui concerne la transformation du lait c'est pareil vous vous voyez aller sur un marché avec 30 autres agri de la commune autour qui vendent la même chose ; et pour finir en ce qui concerne l'alimentation vous venez sur ma commune du printemps à l'automne toute les vaches sont dehors (je pense que personne ne peut dire lesquelles sont en bio) alors il faut arrêter de critiquer le conventionnelle tout le monde a besoin a manger et tout le monde ne peux pas se permettre d'acheter bio
Agriculteurs et gestionnaires sont 2 métiers différents! Mais on ne parle pas des banques qui prêtent , elles sont bien contentes de s'engraisser sur le dos des agriculteurs. Pourquoi elles continuent d'accorder des prets en leur faisant croire que c'est de cette facon qu'il faut gerer???
Voilà ce que devrait être l'agriculture.
Mais y a-t-il de la place pour tout le monde dans le bio ?
Et tous les consommateurs sont-ils prêts à dépenser plus pour avoir quelque chose de meilleure qualité ? Moi oui.
BRAVO ,et felicitations pour votre courage ; Vous donnez du baume au coeur de tous ceux qui luttent pour une agriculture paysanne respectueuse des des sols de l'eau et donc la diminution des marées vertes. .Enfin avec vous le cauchemar des feux sur les routes s'estompe et vous nous donner une vision de bien vivre a la campagne Merçi infiniment .
Bravo Madame. Nous soutenons depuis de nombreuses années votre démarche en achetant nos produits dans l'enseigne bio spécialisée de Brest rive droite. Acheter bio c'est voter pour une agriculture respectueuse de tous. Alors votez !
BRAVO MADAME, c'est vraiment courageux de votre part de dire enfin LA VERITE aux consommateurs.Quand j'entends le montant des prêts faits par certains, et dont des remboursements sont finis au bout de 3 ans, cela me choque, car cela veut dire que certains ont bien gagné leur vie pendant longtemps.Pour ma part beaucoup d'agriculteurs sont de mauvais gestionnaires!!!
" brûler des pneus , très peu pour elle " .
C'est bien !
Impressionnant le nombre de pneus brûlés ou déversés depuis plus d'un mois .
Pourquoi ?
Parce que mettre ces pneus sur les bâches des tas de mais va bientôt être interdit , pour cause de pollution !
Il faudra les remplacer par des boudins de sable .
C'est pourquoi ils les jettent . Les manifs sont également faite pour nettoyer les cours de ferme .
Oulà ! Elle a tout à fait raison, mais elle va se faire bien voir par les bloqueurs et brûleurs de déchets agricoles ! Moi je dis : bravo Madame et bon courage, ce sont les gens comme vous qui donnent, ou redonnent, sa noblesse à ce métier .