Industrie textile et pollution
- Par Thierry LEDRU
- Le 08/09/2019
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Le monde agricole en prend plein la figure depuis quelques temps par rapport à l'impact environnemental. Je ne dis pas que c'est injustifié dans de nombreux cas mais il ne faut pas oublier les autres secteurs. Celui de l'inudstrie textile est très fort en la matière...
Ici, on lit que les industriels vont prendre des mesures... La fameuse "croissance verte".
"Achetez nos produits, ils sont écologiques".
Aucune croissance n'est verte. C'est impossible.
Le recyclage, qui consiste à jeter dans des bennes, ne l'est pas, puisqu'il déculpabilise les consommateurs, tout autant que les producteurs. L'idée sous-jacente reste encore et toujours de ne pas freiner la consommation et donc la croissance.
Le recyclage qui remet dans le circuit de ventes des produits dont les gens ne veulent plus, celui-là est réellement utile.
L'écologie est juste devenue un élément marketing.
Seule, la décroissance est écologique. La simplicité volontaire. Le refus de la consommation.
J'ai beaucoup maigri ces dernières années et j'ai toujours les mêmes pantalons de montagne. Je me fiche de l'allure que ça me donne. J'ai juste besoin d'un pantalon, pas d'un pantalon qui me va bien. Celui-là tient avec une cordelette mais il tient. Si j'en avait le droit, je marcherais tout nu d'ailleurs. La vie en société impose qu'on soit habillé mais elle impose aussi que ça doit être seyant, ajusté, en très bon état... Et personne ne viendra vous dire : "Ce pantalon est très beau mais sa fabrication est très polluante."
Et pourtant, c'est bien le cas.
Un de nos garçons s'est marié cet été et j'ai acheté une veste et une chemise dans une recyclerie. Cinq euros les deux. Voilà le recyclage que je soutiens. Personne au mariage ne s'est rendu compte que mon costume venait d'une recyclerie. En quoi il était nécessaire que j'aille acheter un costume neuf ? Je n'en mets jamais. Sauf là.
CO2, eau, microplastique : la mode est l’une des industries les plus polluantes du monde
En marge du G7, trente-deux groupes du textile se sont engagés à réduire l’impact du secteur de l’habillement.
Par Juliette Desmonceaux Publié le 01 septembre 2019 à 10h00 - Mis à jour le 02 septembre 2019 à 07h32
Temps deLecture 5 min.
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Toujours plus de vêtements et de moins en moins cher. Le succès du prêt-à-porter a révolutionné notre façon d’acheter des vêtements, mais fait de la mode une des industries les plus polluantes de la planète. Pour la première fois, en marge du G7, trente-deux entreprises du textile, des groupes Adidas et Nike à Chanel et Prada, en passant par H&M et Gap, ont décidé de s’engager à diminuer l’empreinte carbone du secteur de l’habillement. Vendredi 23 août, ces géants de la mode ont signé un « Fashion Pact » (pacte de la mode) visant à atteindre zéro émission nette de dioxyde de carbone (CO2) d’ici à 2050 et à passer à 100 % d’énergies renouvelables sur toute la chaîne d’approvisionnement d’ici à 2030.
Synthèse : Des groupes de mode s’engagent à réduire leur impact sur l’environnement
Plus de 12 kg de vêtements par an pour un Européen
Selon l’Agence européenne pour l’environnement (EEA), la quantité de vêtements achetés dans l’Union européenne (UE) a augmenté de 40 % entre 1996 et 2012. En 2015, les Européens ont acquis 6,4 millions de tonnes de nouveaux habits et chaussures, selon une étude du Parlement européen. A l’échelle mondiale, la tendance est la même : 100 milliards de vêtements ont été consommés dans le monde en 2014, selon Greenpeace.
Cette frénésie de consommation connaît un bond depuis les années 2000.
Les ventes de vêtements et de chaussures ne cessent de grimper
Le début des années 2000 s'accompagne d'une explosion des ventes avec la multiplication des collections proposées en magasins et le succès du commerce en ligne.
Cette consommation cache de fortes disparités.
Si un Nord-Américain achète en moyenne 16 kg de vêtements par an, le chiffre n’atteint que 12,6 kg dans l’Union européenne et chute à seulement 2 kg dans les pays du Moyen-Orient, selon Greenpeace.
La demande en vêtements est toutefois en progression sur les continents asiatique et sud-américain, d’après la Fondation environnementale Ellen MacArthur. Les Français se situent dans la moyenne basse en Europe, avec 9 kg de vêtements achetés par personne et par an, suivant une courbe descendante depuis les années 1960.
Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le budget des foyers s’est vu de plus en plus contraint par des dépenses préengagées et difficilement négociables à court terme (loyer, contrats d’assurance et de téléphone). De nombreux ménages français ont donc diminué leurs achats de vêtements pour compenser. Le marché de la seconde main s’est par ailleurs bien installé en France après la crise économique de 2008, contribuant à la diminution des achats en boutique.
Les Français se placent parmi les plus petits acheteurs de l'Union européenne
Source : ECAP
Une mode plus accessible et plus rapide
Première raison de cet engouement croissant pour la mode : la montée des classes moyennes dans les pays en développement et la baisse des prix de l’habillement. Avec le développement du prêt-à-porter à partir des années 1950, puis les nombreuses délocalisations de la production de textile vers des pays au coût de production plus faible, les tee-shirts à 5 euros font leur arrivée dans les rayons, permettant à une classe moyenne en plein essor de consommer davantage.
En vingt ans, le prix des vêtements a moins augmenté que les autres biens de consommation
Entre 1995 et 2014, la hausse des prix de l'habillement a été moins forte que l'ensemble des autres biens, les rendant plus abordables.
Vingt-quatre collections par an dans les boutiques Zara
Au début des années 2000, la fast fashion fait son arrivée. Certaines enseignes passent des traditionnelles collections printemps-été et automne-hiver à une dizaine de collections par an. Zara renouvelle même ses rayons vingt-quatre fois chaque année.
Conséquence, la durée de vie d’un habit a été réduite de moitié ces quinze dernières années, selon une étude de la société de conseil McKinsey. Et près d’un tiers de la garde-robe des Européens n’est pas sortie du placard depuis au moins un an, selon l’EEA.
De nombreux vêtements passent donc à la poubelle. Les méthodes de recyclage étant encore peu efficaces, 1 % seulement des matériaux utilisés dans la fabrication de vêtements sont utilisés pour en fabriquer de nouveaux, d’après la Fondation Ellen MacArthur. Au total, un peu moins des deux tiers de l’ensemble de la production mondiale finissent dans des décharges ou des incinérateurs, estime McKinsey.
7 500 litres d’eau pour fabriquer un jean
L’industrie de la mode est une grosse consommatrice de matières premières, notamment de coton, qui représente un quart de la production mondiale de textiles. Sa culture n’est pourtant pas sans conséquence pour l’environnement. Un rapport des Nations unies estime qu’il faut 7 500 litres d’eau pour fabriquer un jean, soit l’équivalent de l’eau bue par un être humain pendant sept ans.
Nécessaire à toutes les étapes de fabrication d’un vêtement, l’eau est aussi indispensable pour appliquer teintures et produits chimiques. Quatre-vingt-treize milliards de mètres cubes d’eau sont employés chaque année par l’industrie textile, selon la Fondation Ellen MacArthur.
Une autre matière première, à laquelle on pense moins, est indispensable à l’industrie de la mode : le pétrole, qui sert notamment à fabriquer le polyester. Cette fibre synthétique est devenue, à partir du début des années 2000, la matière la plus utilisée dans le prêt-à-porter, car peu chère et plus résistante que le coton. Or cette ressource fossile n’est pas renouvelable.
Explosion du polyester dans l'industrie textile
A partir de 2006, la fibre synthétique dépasse le coton dans le domaine du prêt-à-porter.
Fortes émissions de gaz à effet de serre
L’industrie de la mode produit d’importantes émissions de gaz à effet de serre. Elles sont liées à la production des matières premières, par le biais de l’élevage de vaches, pour produire du cuir, ou de moutons, pour produire de la laine. S’y ajoute la question du transport du textile et des produits finis. Il se fait majoritairement en avion, moyen de transport le plus rapide, mais gros producteur de CO2, et sur des longues distances, puisque la grande majorité des vêtements achetés en Occident sont importés d’Asie du Sud-Est.
Le transport des matières premières et des produits finis ne recouvre pourtant que 2 % des émissions de gaz à effet de serre produits par l’industrie de la mode, d’après une estimation de la Fondation Ellen MacArthur. L’empreinte carbone de la mode est particulièrement élevée à cause de la production des textiles. La fabrication de coton, de matières synthétiques artificielles et naturelles produit à elle seule 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, toujours selon l’organisation environnementale.
Lavage et microplastiques
Le plus gros impact environnemental de la mode n’est pas lié aux matières premières, à la production ou au transport, mais au lavage des vêtements. A la fois à cause de l’eau et de l’énergie utilisées, mais aussi à cause de la pollution des eaux et des sols qu’elle provoque.
En effet, les fibres textiles contiennent des produits chimiques, principalement des détergents venus de la lessive ou de parfums, et des microplastiques, contenus dans le polyester ou les polymères acryliques. Ces particules sont rejetées dans les océans lors des lavages et mettent des décennies à se dégrader. Plus du tiers (35 %) des microplastiques rejetés dans les océans viendrait du lavage de textiles, selon l’organisation environnementale l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).
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