Jean-François Brient : De la servitude moderne
- Par Thierry LEDRU
- Le 14/12/2020
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Je ne considère aucunement une révolution violente comme une issue. Je ne crois aucunement que le chaos social puisse être libérateur. L'Histoire des pays démontre d'ailleurs à quel point ces révolutions violentes ont systématiquement échoué puisqu'aucun pays concerné n'est aujourd'hui parvenu à sortir de la société marchande.
Je pense par contre que la construction d'une "société parallèle" relève du champ des possibles. Il s'agit plutôt de "micro-sociétés" d'ailleurs, des entités communautaires insérées dans un Etat. Des groupes humains qui se sont extraits du modèle capitaliste et qui ont construit une société à visage humain et mieux encore à visage naturel, c'est à dire pour moi, une osmose entre le Vivant et nous alors que la société marchande considère le Vivant comme une marchandise qui nous "environne".
Il n'y a de toute façon aucune autre voie de transformation dans un registre réfléchi et volontaire. Il se pourrait par contre, si rien ne change, que survienne un jour une voie dévastatrice.
De la Servitude Moderne
EAN : 9782361940287
62 pages
Éditeur : EPERVIER (24/03/2016)
Note moyenne : 3/5 (sur 1 notes)
Résumé :
De la Servitude moderne est un livre construit sur une inquiétude et sur un espoir. D'une part sur la crainte que le système de domination ne parvienne à créer et à pérenniser une société sans opposition, où le consentement collectif rendrait l'oppression éternelle. D'autre part sur l'espoir que la prise de conscience à laquelle ce livre veut participer renaisse et se fortifie, dans la radicalité et la détermination. . Passant en revue les impasses politiques, économiques, sociales, culturelles, environnementales, vers lesquelles le capitalisme contemporain envoie l'humanité tout entière, l'auteur nous appelle, dans un style à la fois réfléchi et poétique, à une désobéissance active dirigée vers des changements véritablement libérateurs. Ecrit au milieu du tourbillon des luttes sociales, parfumé au gaz lacrymogène, cet ouvrage, dont le style est à la fois incisif et poétique, entend redonner à la jeune génération comme à l'ancienne, le goût du combat et le sentiment que la victoire contre l'aliénation du monde de la marchandise est possible.
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société langage démocratie poetique occident vin luttes sociales non-sense anarchisme capitalisme
CRITIQUES, ANALYSES ET AVIS (3)AJOUTER UNE CRITIQUE
TerrainsVagues 05 décembre 2020
« Ils ne sont pas esclaves parce qu'il existe des maitres mais il existe des maitres parce qu'ils ont choisi de demeurer esclaves. »
Tout est dit de « La servitude moderne » dans cette phrase. Ca tombe bien car ce bouquin est malheureusement introuvable… étonnant non?
Un billet de l'ami Serge (Hardiviller) m'a fait rechercher ce titre et trouver un texte court de Jean François Brient. L'intégral du bouquin est-il dans les pages que j'ai trouvé, je ne sais pas et j'en doute mais le message, s'il ne fait que renforcer le sentiment d'un convaincu (que je suis) de la vulgarité, de l'obscénité, du non sens de notre système sociétal, pourrait juste faire réfléchir monsieur tout le monde sur cette condition d'esclaves modernes qui nous caractérise.
Pas de solution ni de projet dans ces quelques lignes, juste une piqûre pour éveiller quelques consciences pas encore complètement endormies.
Je sais que dans notre Oxydant, le hors piste est discrédité, moqué et marginalisé, c'est tellement facile et tellement confortable d'être dans les clous, comme tout le monde. La religion de l'argent et du pouvoir mène l'Ô vin de messe à l'abattoir et le beau vin en redemande.
Sans forcément adhérer à ce qui est dit dans ces pages car remettre en cause tout ce qu'on nous a appris depuis toujours n'est pas à la portée de tous et que ça peut être très violent, si vous trouvez parfois que nous marchons sur la tête votre curiosité vous mènera peut être par là :
https://fr.theanarchistlibrary.org/library/jean-francois-brient-de-la-servitude-moderne
« On conçoit en occident, on produit en Asie et l'on meurt en Afrique. »
Hardiviller 30 novembre 2020
Une analyse très claire de la condition des citoyens du monde capitaliste . l'auteur montre que nous nous croyons en démocratie puisque nous avons le droit de vote , mais que notre choix se limite dans la pratique à nous choisir un maître entre deux tendances , certes opposées sur des points de détail mais qui se rejoignent toujours dans la défense acharnée du capitalisme et de ses lois du marché . le tout est expliqué dans un langage accessible à tous . Lecture assez déstabilisante pour les esclaves modernes que nous sommes .
ProfDoc45 19 septembre 2016
★★★★★
★★★★★
Réflexions à caractère volontairement anti-capitaliste, voire anarchique, autour de questions de société très variées (aménagement du territoire, langage, médecine marchande...). Avec une ambition commune : décrypter le mécanisme d'asservissement.
Lecture aisée : chaque chapitre aborde un thème précis, et le traite de façon très succinct, incitant ainsi le lecteur à développer lui-même le raisonnement.
Quelques répétitions tant idéologiques, que textuelles, se rencontrent au fil de la lecture.
CITATIONS ET EXTRAITS (5)AJOUTER UNE CITATION
TerrainsVagues 05 décembre 2020
Or l’esclave moderne est persuadé qu’il n’existe pas d’alternative à l’organisation du monde présent. Il s’est résigné à cette vie car il pense qu’il ne peut y en avoir d’autres. Et c’est bien là que se trouve la force de la domination présente : entretenir l’illusion que ce système qui a colonisé toute la surface de la Terre est la fin de l’Histoire. Il a fait croire à la classe dominée que s’adapter à son idéologie revient à s’adapter au monde tel qu’il est et tel qu’il a toujours été. Rêver d’un autre monde est devenu un crime condamné unanimement par tous les médias et tous les pouvoirs. Le criminel est en réalité celui qui contribue, consciemment ou non, à la démence de l’organisation sociale dominante. Il n’est pas de folie plus grande que celle du système présent.
TerrainsVagues 03 décembre 2020
Comme tous les êtres opprimés de l’Histoire, l’esclave moderne a besoin de sa mystique et de son dieu pour anesthésier le mal qui le tourmente et la souffrance qui l’accable. Mais ce nouveau dieu, auquel il a livré son âme, n’est rien d’autre que le néant. Un bout de papier, un numéro qui n’a de sens que parce que tout le monde a décidé de lui en donner. C’est pour ce nouveau dieu qu’il étudie, qu’il travaille, qu’il se bat et qu’il se vend. C’est pour ce nouveau dieu qu’il a abandonné toute valeur et qu’il est prêt à faire n’importe quoi. Il croit qu’en possédant beaucoup d’argent, il se libérera des contraintes dans lesquels il se trouve enfermé. Comme si la possession allait de paire avec la liberté. La libération est une ascèse qui provient de la maitrise de soi. Elle est un désir et une volonté en actes. Elle est dans l’être et non dans l’avoir. Mais encore faut-il être résolu à ne plus servir, à ne plus obéir. Encore faut-il être capable de rompre avec une habitude que personne, semble-t-il, n’ose remettre en cause.
Hardiviller 29 novembre 2020
La servitude moderne est une servitude volontaire , consentie par la foule des esclaves qui rampent à la surface de la terre . Ils achètent eux-mêmes toutes les marchandises qui les asservissent chaque jour un peu plus . Ils courent eux-mêmes derrière un travail toujours plus aliénant , que l'on consent à leur donner s'ils sont suffisamment sages . Ils choisissent eux-mêmes les maîtres qu'ils devront servir ( par le vote ) . Pour que cette tragédie mêlée d'absurdité ai pu se mettre en place , il a fallu d'abord ôter aux membres de cette classe toute conscience de son exploitation et de son aliénation . Voilà bien l'étrange modernité de notre époque . Contrairement aux esclaves de l'antiquité , aux serfs du moyen-âge ou aux ouvriers des premières révolutions industrielles , nous sommes aujourd'hui devant une classe totalement asservie mais qui ne le sait pas ou plutôt qui ne veut pas le savoir . Ils ignorent par conséquent la révolte qui devrait être la seule réaction légitime des exploités . Ils acceptent sans discuter la vie pitoyable que l'on a construite pour eux . Le renoncement et la résignation sont la source de leur malheur .
Voilà le mauvais rêves des esclaves modernes qui n'aspirent finalement qu'a se laisser aller dans la danse macabre du système de l'aliénation .
L'oppression se modernise en étendant partout les formes de mystification qui permettent d'occulter notre condition d'esclave . Montrer la réalité telle qu'elle est vraiment et non telle qu'elle est présente par le pouvoir constitue la subversion la plus authentique . Seule la vérité est révolutionnaire .
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