JUSQU'AU BOUT : l'impuissance apprise
- Par Thierry LEDRU
- Le 03/04/2019
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Pierre, jeune instituteur, est nommé dans un petit village des Côtes-d’Armor, en Bretagne. C’est son premier poste, une classe unique avec 8 enfants.
Tourmenté, cherchant à donner un sens à sa vie, il s’engage dans cette tâche avec une folle énergie. Mais il se heurte rapidement à l’autorité et à la violence de Miossec, un des parents d’élèves qui semble entraîner tous les autres derrière lui.
La relation privilégiée qu’il développe avec les enfants le stimule, mais une angoisse tenace le submerge rapidement. Il accepte mal la dictature imposée par les programmes scolaires, celle qui le prive trop souvent d’un lien affectif essentiel.
Malmené par les événements qui vont s’enchaîner, et qui vont réveiller ses instincts les plus dangereux, Pierre ira jusqu’au bout de sa quête existentielle, entraînant avec lui les enfants.
"Dans la soirée, il se plongea dans la lecture. Il était consterné de voir le retard général que l’école avait accumulé dans ses méthodes alors que depuis 1920, une femme avait découvert qu’il était tout à fait possible de travailler différemment. Pour les auteurs de ces ouvrages, notre système scolaire était le plus efficace pourvoyeur de cas « d’impuissance apprise. »
L’expérience du brochet l’effraya au plus haut point : Un chercheur avait plongé un brochet dans un aquarium divisé en deux parties par une vitre invisible pour le prédateur. De l’autre côté de la vitre, il avait placé un petit poisson. Lorsque le prédateur eut faim, il se précipita sur la petite proie et se heurta violemment à l’obstacle. Il revint à la charge et s’assomma de nouveau. Toutes ses tentatives s’avérèrent évidemment infructueuses. Il finit par abandonner et resta prostré, piteusement, dans son coin. Lorsque le chercheur retira la vitre, le brochet ne fit aucun essai pour manger le petit poisson. Il avait appris l’impuissance.
Le chercheur, après d’autres expériences du même type, avait défini exactement ce que ces termes impliquaient chez l’enfant. Lorsqu’il subissait plusieurs échecs consécutifs dans une matière ou dans plusieurs, l’enfant finissait par ne plus manifester le moindre désir de maîtriser la situation, il devenait incapable d’établir un lien entre ses actions et ses résultats et il pouvait même tomber dans un état dépressif.
Revoyant son comportement dans la classe, face à des programmes dictatoriaux, il eut beaucoup de mal à s’endormir, rongé par les doutes, assailli par des idées contradictoires, incapable de cerner la vérité et d’établir une attitude stable, construite, positive. Ce mot surtout lui tourna longtemps dans la tête. Donner à la classe une image essentiellement positive. Faire en sorte qu’aucun exercice ne soit perçu comme un échec certain."
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