KUNDALINI : La danse de Maud

Kundalini web 1

 

Milena écrivait dans son commentaire : « ...la danse de Maud m’a transportée...».

En voilà l’extrait  :

 


« Être là. Jusqu’à ne plus se regarder vivre soi-même mais devenir la vie en soi.
Danser, tourner, absorber la musique, elle aimait ces longues plages sonores, les battements lointains comme des cœurs apaisés.
Elle ouvrit la bouche quand son cœur accéléra. Danser, tourner, bouger, dans une totale absence aux autres, dans une totale présence à soi. Elle ferma les yeux.
Danser, danser…
Oublier les émotions figées, délaisser les entraves, se dénuder. Elle n’aurait jamais imaginé que la nudité puisse prendre une telle dimension. Elle se trouva ridicule d’avoir limité cette expérience à un scénario répété, limité, cartographié. Elle voulait désormais marcher nue dans les forêts, elle voulait jouir dans les tapis d’herbes, danser sous les étoiles, ouvrir son cœur, user de son corps, étendre son âme.
Elle voulait vivre, maintenant.
L’impression d’une âme ouvrant son cœur dans une gestuelle aimante.
Cœur, corps et âme. L’unité retrouvée, les trois Maîtres dans une danse commune.
L’impression d’une trinité divine, une présence.
Une présence déjà aperçue, effleurée, une vision éphémère.
Elle était là, tapie dans un recoin, un amour céleste, une énergie qui s’observe.
Laisser l’amour danser en elle.
Elle tourna sur elle-même dans une ronde hypnotique.
Le contact de l’air agité sur sa peau, entre ses cuisses, sur ses seins, dans son cou, sur ses mains, sur ses fesses, ce bonheur si doux du câlin, elle tournoya et fit jouer ses cheveux, les bras ouverts comme pour l’accueil d’un être aimé, un sourire à cœur déployé, paupières éteintes, les yeux retournés sur les espaces intérieurs, le pétillement de ses cellules, comme des bulles de limonade, le souffle affairé, respirations intensifiées, la musique dans sa tête, sous sa peau, dans ses fibres, un flux électrique qui l’irradiait et gonflait son énergie et le désir de tourner, de se cambrer, de se déhancher, de jouer avec son corps, de sentir poindre des chaleurs sensuelles, comme si l’air frissonnait contre sa peau, comme un amant invisible qui caresserait les territoires les plus secrets, elle s’efforça de se concentrer visuellement sur différentes zones, tous les sens affinés et en laissant le reste du corps s’étendre librement, mouvements d’épaules, flottements du bassin, les oscillations des fesses, les bascules latérales, rotations sur les chevilles, fléchissements des genoux, glissements des pieds sur la terre, des impulsions jaillissant de leurs antres, c’était comme une autopsie vivante, une capsule d’observation lancée dans les vaisseaux sanguins, une caméra mouvante reliée à son cerveau puis, peu à peu, elle se sentit réellement enlacée, enveloppée, comme insérée dans une matrice, enserrée dans les chaleurs, intégralement choyée, chaque fibre, la moindre parcelle de peau, caressée, effleurée, épanouie, ouverte, absorbant les tendresses sur son corps comme un air de jouvence, elle dansa à ne plus savoir qu’elle dansait, à ne plus être là sans jamais disparaître, et c’était comme une évaporation joyeuse dans un nuage stellaire, une dispersion moléculaire, la légèreté des rêves, une aura lumineuse qui vibrait sous les cieux, comme un parfum ondoyant, des volutes encensées de bonheur.
L’impression soudaine d’être un membre érigé dans un cocon féminin, de pénétrer l’air comme une verge dans un vagin, de caresser l’atmosphère comme une montagne en mouvance. L’image la stupéfia et elle l’accueillit comme un nectar, elle l’engloba sous ses paupières, l’ancra dans la mémoire de ses cellules, partout où elle devinait des points de contact, la douceur des parois utérines, la chaleur humide, le délice des frottements, elle effleurait l’air comme un pénis aimant.
Elle entendit dans l’obscurité de ses yeux fermés une accélération cardiaque, des percussions accompagnant la montée des violons, un synthétiseur s’amplifiant comme une érection sublime, une vague de plaisirs qui entraîna son corps dans des arabesques libres, l’impression d’une corolle ouverte buvant des lumières et les larmes coulèrent, les larmes chaudes des amours qui bouleversent, juste l’amour de tout, de là, de maintenant, de l’instant, l’amour des étoiles, l’amour de la Terre.

Les yeux fermés, il avait senti autour de lui des zébrures d’orages magnétiques, des ondes telluriques, des étincelles contre son enveloppe éthérique.
Il s’était arrêté.
Et maintenant, il la contemplait.
Elle dansait dans l’amour et son aura crépitait de plaisir.
Il ne dit rien.
Elle ondoyait lentement, le visage extasié, les bras soulevés par des courants intérieurs, bercés par les risées tièdes, envahie, envoûtée, libre dans l’air.
Il le savait. Elle était au-delà du connu. Au-delà des émotions antiques, projetée dans un instant suprême, une succession infinie de naissances, des mises à jour spirituelles, le déploiement intégral du réseau.
Il se sentit soudainement aspiré par le sillage idyllique qu’elle traçait dans l’espace, comme des foulards de soie qui l’invitaient aux caresses.
Il plongea dans le bain de particules.
À quelques centimètres de sa peau. Des effleurements suspendus, des frôlements sans matière, des haleines de cœur, des proximités d’auras. Il ouvrit ses mains et enlaça l’entité, sans aucun contact corporel, juste un accompagnement des bras autour du champ lumineux.
La musique s’apaisa comme une marée descendante, un retrait progressif, l’effacement des crêtes écumeuses.
Il l’accompagna sans révéler sa présence, attentif à ne même pas frôler ses bras, comme un reflet dansant dans un miroir.
Longuement, longuement…
Puis, il caressa l’entité invisible, cajolant amoureusement l’air de ses mains, lissant les creux et les arrondis, les doigts suivant les reliefs ondulés, comme des touches de piano, l’infime espace entre les peaux.
Il devinait dans le vide le satin moelleux de ses seins, la cambrure de ses reins, les arabesques lentes de ses mains, la plénitude de son visage. Elle frémissait contre lui sans le moindre contact.
Il en était stupéfait, encore une fois. Jamais, il n’avait rencontré un tel champ vibratoire, des fréquences aussi intenses.
Qui était-elle ? La question revenait en boucle.
Elle dansait comme une Déesse joyeuse, dans une liberté d’enfant.
Il ne la quittait pas des yeux.
C’est là qu’il sentit la poussée sanguine et son cœur battre plus fort que la musique. Une pression chaude dans sa verge, une montée de sève comme une avalanche inversée, des palpitations insoumises.
Gonflement.
Érection.
Stupéfaction.
Il se retira soudainement et sortit du cercle. Comme on s’éloigne d’un danger impalpable, d’une menace sans nom, la conscience soudaine que la maîtrise de la situation est une illusion.
Il n’était plus qu’un amas de limaille de fer capturée par un aimant improbable, une puissance inconnue, un trou noir sidéral.
Sa verge palpitait comme un cœur d’étoile.
Érection.
Stupéfaction.
Fascination.
Émerveillement.
Les désirs au-delà des savoirs, l’énergie de la vie comme un effaceur de mots, le chef d’orchestre qui pose sa baguette et enlace la musique avec son corps dénudé, l’âme envoûtée et le cœur en flammes.
Il la regarda danser. »

 

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